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Partie Une


Hello !

Oui, oui, c'est encore une nouvelle fic alors que j'ai pas mis à jour les anciens depuis plus d'un an. Puis c'est encore l'histoire de l'OS qui se transforme en fic beaucoup trop longue et où je contrôle plus les perso.

Je vous présente donc cher lecteur (est-ce qu'il y en à encore qui ose s'aventurer dans mes fic aux updates plus d'aléatoires ?) le deuxième plot soulmate issu de ce qui devait être un recueil d'OS UA soulmate -Nuance étant le premier, ouais ouais Nuance aussi été sensé être un OS-

Bref, voici Juste avant l'Aube, autrement appelé par l'élite "Touya est dans la merde" , une (petite) fiction TouyaHawks (oui oui Touya pas Dabi, Dabi n'existe pas dans cet UA sorry) qui devrait compter (pour l'instant) 6 chapitres. Les chapitres de cette fic étant plutôt long (7k pour le premier) et étant une auteur très très lente, ils risquent de mettre du temps à paraître.   

Vous allez vite vous rendre compte que j'ai aucune connaissance du domaine judiciaire, j'ai essayé de faire au mieux en m'aidant de mon ami, internet, mais évitez d'y regarder de trop près mdr.

Petit point spoiler, je sais plus du tout où en est l'animé mais dans le doute, je mentionne les véritable nom de Hawks, de Shigaraki et de Mirko, donc si vous ne les connaissez pas et ne voulez pas vous les spoiler... il va falloir remettre votre lecture à plus tard, désolée !

Ensuite, cette fiction sera sûrement classée en T (parce que Touya jure comme un charretier, le vilain). Mis à part ça, il va y avoir un potit peu de sang (parce que le dramaaa), niveau TW je préviendrai à chaque chapitre normalement.

Les TW de cette partie : un peu de violence policière je suppose ?

Bonne lecture et n'hésitez pas à laisser un commentaire et une petite étoile , ça fait toujours plaisir !



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Partie Une

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Des bruits sourds résonnent soudain dans le petit appartement, ils se répètent en boucle, déchirent le silence de la nuit. Ils vrillent les tympans de l'être affalé sur le divan et lacèrent les derniers lambeaux d'un sommeil bien trop bref pour être reposant.

Touya ouvre un œil, désorienté par l'obscurité qui règne encore, il met un moment à reconnaître son propre salon. Trop fatigué par son service au bar, il n'a pas eu la foi de rejoindre son lit et s'est effondré sur le sofa aussi petit qu'inconfortable. Il a juste eu le temps de balancer ses chaussures et de retirer son pantalon avant de sombrer dans les bras de morphée.

Il laisse tomber son bras à la recherche de son jean et fouille ses poches à l'aveuglette pour y dénicher son portable. La lumière de l'écran lui bousille les yeux et il met un moment à déchiffrer l'heure.

6h02.

Et les coups n'ont toujours pas cessé.

Touya réalise avec un temps de retard que c'est parce qu'on frappe à sa porte. Il s'extirpe du divan, fait craquer sa nuque endolorie et insulte l'abruti qui trouve marrant de le réveiller à six heures du matin. Il a cours dans deux heures et n'a clairement pas assez dormi pour être de bonne humeur.

— Police ! Ouvrez la porte !

La main au-dessus de la poignée, Touya se fige brusquement. Il entend les mots, les comprend, mais n'arrive pas à leur trouver du sens. Que vient faire la police chez lui ?

Les images de la soirée défilent rapidement dans sa mémoire, mais il ne se rappelle pas du moindre incident justifiant l'intervention des forces de l'ordre. Il était de service au bar, quelques habitués sont passés, il a fini tard à cause du ménage et est rentré directement se pieuter, épuisé par la semaine de cours et son job étudiant qui le fait finir à pas d'heure.

Le tambourinement contre sa porte reprend, plus violent qu'avant, et sort Touya de sa léthargie. Il s'empresse de déverrouiller la serrure avant qu'ils ne leur prennent l'idée de la défoncer, et se retrouve devant trois hommes en uniforme qui le dévisagent.

— Todoroki Touya ? crache le policier qui lui fait face dans l'entrebaille.

— Euh, oui ?

Ébahi, Touya louche sur le canon des armes à feu que ses collègues de l'uniforme pointent sur lui comme s'il était un dangereux criminel. La situation est tellement incongrue qu'il oublie d'en avoir peur.

Un sourire asymétrique étire le visage de l'homme qui lui a demandé son identité. Ses petits yeux noirs brillent plus intensément lorsqu'il pose une main contre l'épaule de Touya qui se retrouve soudain plaqué contre sa propre porte, un bras tordu dans le dos.

— Hé !

— Vous êtes en état d'arrestation pour vol et effraction, annonce le policier avec arrogance.

— Quoi ?!

— Vous avez le droit de garder le silence. Si vous renoncez à ce droit, tout ce que vous direz pourra et sera utilisé contre vous devant une cour de justice.

Un cliquetis se fait entendre et Touya sent un étau métallique se refermer contre son poignet, son deuxième bras est ramené vers l'arrière sans qu'il ne puisse rien y faire. On est en train de lui passer des menottes, comprends-t-il subitement. Il a du mal à y croire tellement ce qui se passe est surréaliste.

— Mais je...

— Oui ?

La voix du policier trahit son sourire jubilatoire et Touya entend soudain la voix de son père l'engueuler dans sa tête : « Si un jour tu te fais arrêter, ce qui finira bien par arriver avec tes mauvaises fréquentations, -il se souvient de sa grimace dégouté et Touya s'était marré en pensant à la crise cardiaque qu'il aurait si jamais il lui présentait Tenko- surtout : ferme-là. Tout ce que tu diras sera retenu contre toi. Le moindre mot, la moindre phrase sera déformé et utilisé contre toi. »

Alors il prend une brève inspiration et essaye de calmer la panique qui monte en lui pour demander :

— Je peux au moins mettre mon pantalon ?

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~oOo~

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Le front de Touya cogne contre la surface métallique du bureau, il est déjà épuisé par les heures interminables qui s'annoncent. La chaîne des menottes teintes lorsqu'il étire ses bras à la recherche d'une position plus confortable. Il maudit les policiers de l'avoir laissé attaché, alors qu'il n'est clairement pas une menace. Au moins, maintenant qu'il est menotté à la table, il n'a plus les bras tordus dans le dos. Bon, c'est un maigre réconfort, mais s'il n'essaie pas d'être un peu positif, la journée va être un calvaire, et le soleil n'est même pas encore levé.

Il appuie sa joue contre la table, regrettant son divan trop mou, et balaye la salle d'interrogatoire du regard à la recherche d'une distraction. Mais c'est une simple pièce, bien loin des clichés de séries télé. Les murs ne sont pas en métal mais d'un papier peint blanc sale qui commence à s'éffriter aux angles. Le sol est un lino gris moche imitant du carrelage, il n'y a même pas de vitre sans teint au fond de la salle et Touya est vraiment déçu. On le traite comme un dangereux criminel, mais il n'a même pas droit à la salle d'interrogatoire haut de gamme.

Il étouffe un bâillement contre son épaule et se demande s'il a le temps de faire une sieste avant que les policiers ne reviennent. On l'a foutu ici dès son arrivée, il a à peine eu le temps de demander un avocat. Il a hésité à faire valoir son droit de passer un appel, avant de se rétracter. Le seul type qu'il connaît dans le domaine judiciaire risque plus de l'enfoncer dans les problèmes que de l'aider à en sortir.

Alors maintenant, il lui faut juste attendre qu'un commis d'office daigne se pointer. Et ce n'est visiblement pas le temps qui le presse.

Touya est sur le point de s'endormir quand le grincement de la porte le sort de ses pensées. Il se redresse dans un sursaut, mais elle se referme déjà derrière l'homme qui vient d'entrer.

— Aaaah, soupire celui-ci. Je déteste les consultations matinale...

Il s'avance vers Touya et s'affale plus qu'il ne s'assoit sur le siège d'en face. Ses cheveux d'un blond sale sont en désordre et ses cernes tellement prononcés qu'il pourrait faire concurrence à Tenko, le meilleur ami de Touya qui passe ses nuits sur les jeux vidéo. L'homme dépose sur le bureau une chemise d'où s'échappe une tonne de feuilles volantes et resserre sa cravate, ce qui attire l'attention de Touya sur les coudes élimés de sa veste de costume délavée.

— Yokumiru Mera, se présente-t-il mollement. Avocat de l'aide juridique. Bon, tu es là pour quoi ?

— Mais... commence Touya, décontenancé par l'attitude désintéressée de l'homme. Mais j'en sais rien !

Son exclamation a au moins le mérite de faire lever les yeux de l'avocat qui ne l'avait pas regardé juste là. L'homme l'observe longuement, avant de soupirer.

— Je vois, un récalcitrant... Écoute mon gars. Je suis un commis d'office. Je suis pas assez payé pour supporter des gosses qui n'assument pas leurs actes. Alors, il va falloir tout me dire et on sortira plus vite d'ici. Enfin, je sortirai plus vite. Toi, je sais pas.

Il parle d'un ton monocorde, tellement lent que Touya à l'impression de regarder une vidéo au ralenti.

A ce stade, Touya commence à se dire que ça ne peut être qu'une très mauvaise blague, qu'il doit y avoir une ou deux caméras planquées dans la pièce. Il lève une main pour se pincer l'arête du nez, mais son poignet est retenu par les menottes, toujours attachées à la table.

Bordel.

Le tintement de la chaîne fait sursauter l'avocat -enfin, si son mouvement d'épaule (bien trop lent) peut être assimilé à un sursaut- et il pose sur lui un regard dépité.

— Être violent n'arrangera pas votre cas, Monsieur...

Il laisse traîner sa voix le temps de fouiller dans ses feuilles et de sortir un dossier aux coins déjà écornés. L'avocat en lit rapidement les premières lignes et Touya voit distinctement le moment où ses yeux se posent sur son nom, il les écarquille et lui jette un regard ahuri.

— Todoroki... ? Vous êtes de la famille de...

Et Touya soupire, désespéré. Parce que bien sûr, il faut qu'il le connaisse. Enfin, tout bon avocat se doit de le connaître, mais ce Mera avait l'air tellement à côté de la plaque que Touya avait fondé de maigre espoir pour que son nom passe inaperçu. Raté.

— Oui, confirme-t-il. Et si vous pouviez m'expliquer pourquoi on m'a arrêté et enfermé ici avant qu'il ne vienne s'en mêler, j'apprécierai.

— B-bien sûr !

En le voyant plonger dans son dossier, Touya retient de justesse un souffle soulagé de franchir ses lèvres, peut-être qu'il va pouvoir bien s'en sortir finalement. Mais plus les yeux de son avocat parcourent les lignes, plus ses sourcils se froncent et Touya comprend que ça ne sera pas aussi facile. Mera achève sa lecture et repose son regard sur lui. Après un moment de silence, où l'homme se contente de l'observer longuement, Touya ne tient plus et demande :

— Alors ?

L'homme baisse de nouveau la tête, prenant le temps de relire plusieurs fois le dossier.

— Vous êtes accusé de vol avec effraction, annonce-t-il.

— Ouais, ça, j'avais cru comprendre, s'agace Touya.
Il ne voit pas en quoi ce genre de petit délit lui a valu une arrestation musclée à six heures du mat' devant un parterre de voisins trop curieux (heureusement qu'il avait pu enfiler un pantalon avant d'être traîné dans le couloir).

Mera lisse les bords de ses feuilles, lentement, et Touya sent la frustration l'envahir. S'il n'était pas menotté, il se serait déjà levé de sa chaise pour le secouer dans tous les sens en lui ordonnant de lui répondre au plus vite.

— Est-ce que le nom de Hawks vous dit quelque chose, demande finalement l'avocat.

— Le cambrioleur ? Evidemment, il fait la une des journaux depuis des mois.

Difficile de passer à côté des actions de ce Robin des Bois moderne. Depuis presque deux ans, les grandes fortunes du pays se font cambrioler les unes après les autres. Le voleur dérobe seulement quelques objets de valeur et ne laisse derrière lui qu'une longue plume carmine pour signer ses crimes. L'histoire aurait pu juste s'arrêter là, mais celui que la presse a surnommé Hawks, distribue toujours son butin dans les quartiers les plus pauvres, s'attirant la sympathie du peuple et devenant ainsi la coqueluche des tabloïdes.

Alors, comme tout le monde, Touya le connaît. Il suit ses agissements de loin, et ricane avec sa bande d'amis lorsqu'une nouvelle proie est annoncée à la télé. Ces types-là sont des arnaqueurs, des banquiers ou des compagnies d'assurances véreuses qui ont fait fortune sur le dos de pauvres gens. Parfois le voleur dénonce publiquement les agissements immoraux de ses cibles. La dernière en date, un producteur de cinéma, a vu des centaines de vidéos l'incriminant dans une affaire de proxénétisme de grande ampleur, être publiées au lendemain du cambriolage et l'argent du vol entièrement redistribué à toutes ses victimes.

Mais Touya ne voit pas ce que le le célèbre cambrioleur a à voir avec lui. Il est juste un étudiant en biologie, un mec lambda qui ne risque pas de s'attirer les foudres du justicier plumé.

— Quel est le rapport avec moi ?

— Eh bien, explique Mera, les yeux rivés sur le dossier, il bute presque à chaque mot. Il semblerait que, lors du dernier cambriolage qui lui ait imputé, les enquêteurs ont retrouvé des empreintes digitales...

— Oui et ?

— Elles ont été comparées au fichier des dactylogrammes pour les âmes-soeurs...

Le cœur de Touya rate un battement lorsqu'il réalise là où l'avocat veut en venir.

— Il n'y a eu qu'une seule correspondance...

Mera n'a pas besoin de finir sa phrase pour que Touya comprenne que ce sont les siennes qui ont été identifiées. Si les empreintes digitales ne sont pas uniques, il n'y a qu'une seule personne qui partagent les mêmes que lui. Une personne spéciale choisie par le destin, son âme liée à la sienne.

Son âme-sœur est un criminel.

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~oOo~

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Si jusqu'ici Touya ne croit pas avoir commis un seul crime, ça va très vite changer lorsqu'il va assassiner le gars qu'il l'a foutu dans cette histoire. Il n'a aucune idée depuis combien de temps il se trouve dans la salle d'interrogatoire. Son avocat, Mera, lui a fait une description détaillée et incroyablement barbante de ses droits. Mais la seule chose que Touya a retenu c'est qu'il ne passera pas la nuit en cellule. Pour le reste, il a juste essayé de ne pas s'endormir avec la voix monocorde de l'avocat comme berceuse.

Sans prévenir, la porte de la salle d'interrogatoire s'ouvre et vient claquer contre le mur. Les deux hommes sursautent et se retournent vers le responsable de cette bruyante interruption, un policier blond aux muscles surdéveloppés. Il leur adresse un sourire sardonique et Touya reconnaît le type qui lui a passé les menottes pendant son arrestation. Il plaque un tas de papier sur la table.

— J'viens prendre tes empreintes, déclare-t-il avec emphase.

— Monsieur Goto, je suis en rendez-vous avec mon client, tente de s'interposer Mera, la voix tremblante.

Mais le policier pose le reste de son matériel sans lui préter la moindre attention. Touya se dit que s'il se retrouve un jour dans un tribunal avec cet avocat pour le défendre, il sera bien dans la merde.

— Signe moi ça, ordonne le colosse en lui fourrant une feuille et un stylo dans les mains.

Touya a à peine le temps d'en lire une ligne qu'il s'agace déjà :

— Et dépéche toi, j'ai pas que ça à foutre.

— Je lis.

— Pas besoin, c'est juste pour autoriser à c'qu'on relève tes empreintes.

— Je signe rien sans l'avoir lu.

Goto grogne une série de jurons imagés mais finit par le laisser lire le document. Ce dernier stipule effectivement qu'il donne son autorisation pour que la police prenne ses empreintes digitales pour les comparer au registre criminel ainsi que celui sur les âmes-soeurs.

— Je croyais que vous les aviez déjà et que c'était pour ça que vous avez débarqué chez moi ce matin, fait remarquer Touya.

— On les as, confirme agressivement le policier. C'est juste pour une vérification.

— Et si je signe pas, il se passe quoi ?

Touya s'en fiche de donner ses empreintes, elles sont dans les fichiers du ministère des âmes-sœur depuis qu'il a dix-huit ans, dès qu'il a pu se faire recenser sans avoir besoin de l'accord de ses parents. Il n'est pas vraiment du genre à chercher sa moitié à tout prix, il espère un jour pouvoir la rencontrer, bien sûr, mais n'est pas non plus pressé de finir sa vie avec un ou une inconnu.e choisi par le destin, la génétique ou tout autre entité surnaturelle capable de créer deux êtres aux empreintes digitales identique. En fait, il a surtout suivi le mouvement, s'inscrire dans le fichier c'est un peu une étape du passage à l'âge adulte. Et si en même temps il pouvait faire chier son père, c'était un plus.

Bon, maintenant qu'il se retrouve en garde à vue à cause de sa foutu âme sœur criminelle, il comprend un peu mieux pourquoi son père s'opposait autant à ce qu'il s'inscrive dans les fichiers dactylogrammes du gouvernement. Mais si refuser de les donner de nouveau contrarie ce type dont la tête ne lui revient pas, c'est tout bénéf'.

— C'est tout à fait dans votre droit de...

Mais l'avocat a à peine le temps de bredouiller quelques mots que le policier abat son poing sur la table, froissant les documents qu'il a lui-même apportés.

— ... M-mais c'est dans votre intérêt de ... Enfin ils les ont déjà alors autant ne pas faire d'histoire juste pour ç-ça...

— Ecoute moi bien gamin ! Tu vas signer tout'suite, sinon j'te fous en taule pour obstruction à la justice !

— Je doute que ce soit très légal de menacer vos suspects, agent Goto.

Surpris d'entendre une nouvelle voix, Touya se redresse brusquement. À cause des beuglement de Goto, il n'a pas entendu la porte s'ouvrir. En face de lui, son avocat fait un bond de stupeur vraiment pathétique, et laisse s'échapper des feuilles et des stylos qui vont rouler sur le sol. Le policier, quant à lui, se tourne vers l'arrivant en grinçant des dents, déjà près à invectiver celui qui ose le contrarier dans sa tentative d'intimidation.

— T'es qui, putain ? demande agressivement Goto, puis voyant d'autres policiers passer près de la porte, il n'attend pas sa réponse et hurle : Bordel, qui a laissé rentrer ce type ?! Je suis en interrogatoire !

Le type en question ne se laisse pas démonter, adossé avec nonchalance contre le chambranle de la porte, sans doute pour se donner un style faussement décontracté que Touya juge ridicule, il les observe en souriant derrière de grosses lunettes à montures rondes qui lui cache une partie du visage. Ses cheveux blonds gominés luisent sous les néons artificiels lorsqu'il incline poliment la tête.

— Effectivement, je ne me suis pas présenté, fait-il avec ce même ton bien trop léger et amusé que lorsqu'il a repris le policier.

Il sort une carte de nulle part et la lance sur la table.

— Keigo Takami, assistant du magistrat Todoroki. Le patron m'envoie m'enquérir des raisons pour lesquelles vous avez arrêté son fils.

— Et merde, soupire Touya avant de plonger sa tête entre ses paumes.

Son père est au courant, il est foutu.

— Je vais prendre le relais, annonce Keigo Takami alors qu'il s'avance vers la table d'interrogatoire. Allez zou !

Il fait un signe de la main pour indiquer à Mera de lui laisser la place. L'avocat observe à tour de rôle tous les participants de l'interrogatoire, s'attarde un peu plus longtemps sur Touya qui le supplie du regard de ne pas le laisser, et se lève brusquement.

— Euh, oui, très bien, marmonne-t-il en réunissant ses affaires, mais l'assistant du magistrat lui arrache le dossier de Touya des mains avant qu'il n'ait le temps de le fourrer dans sa pochette.

Mera ne proteste même pas, et file vers la porte sans demander son reste, sous le regard désespéré de son ancien client.

Le traître.

— Bonjour Touya, fait Takami en lui adressant un immense sourire, ses yeux bleus brillent bien trop de joie et ça l'agace déjà. Comment ça va ? Ne t'inquiète pas, je suis là pour m'occuper de toi.

— Franchement, non merci.
Avoir un larbin de son père sur le dos est la pire chose qui puisse lui arriver. Quoi que cette journée semble lui réserver son lot de surprises plus désastreuses les unes que les autres.

— Bon, dit Takami.

Il tire la chaise délaissé par l'avocat pour venir s'installer à côté de Touya. Il s'y assoit, le dos parfaitement droit. Son sourire s'efface lorsqu'il relève les yeux sur le policier, pour laisser place à un visage professionnel. Il remonte ses lunettes sur son nez et annonce :

— Il semble évident que mon client n'a rien à voir avec ce... criminel.

Il prononce le mot du bout des lèvres, presque dégoûté, comme s'il s'agissait d'une chose immonde et que la simple évocation du cambrioleur lui donne la nausée. Touya sent quelque chose s'agiter en lui. Sans trop comprendre pourquoi, il a envie de protester contre cette manière d'évoquer Hawks.

C'est parce que c'est son âme sœur, réalise-t-il avec horreur. Son instinct n'aime pas qu'on critique la personne qui lui est liée.

Ses chaînes claquent lorsqu'il lève ses mains et masque une grimace écoeurée derrière ses doigts. Pas question de laisser ce stupide lien lui dicter ses actes ou ses émotions. Il n'a jamais été du genre protecteur, prévenant ou un autre truc dégoulinant de romantisme mièvre, et ce n'est pas parce qu'il a découvert son âme-sœur que ça va changer quoi que ce soit. D'ailleurs il ne l'a connait même pas cette foutu âme soeur, c'est un abruti de voleur qui l'a mit dans la merde. Un total inconnu pour qui Touya éprouve seulement une rancune colérique qui enfle en même temps que les minutes qu'il passe enfermé au poste de police.

Putain, il commence à comprendre Tenko maintenant. Son meilleur ami déteste toutes ses histoires d'âme sœur, affirmant qu'il ne laissera pas le destin choisir pour lui et il n'a jamais voulu enregistrer ses empreintes digitales, malgré la propagande agressive du gouvernement.

— Néanmoins tout cela semble une bonne opportunité, poursuit Takami. J'ai un plan à vous proposer qui pourrait permettre de l'appréhender et par la même occasion d'innocenter mon client.

— J'en ai un moi aussi, réplique Goto. Foutre ce type en prison, si ce putain de piaf commet un nouveau vol, c'est que c'était pas lui, on le libère et c'est réglé.

— Ça m'a l'air d'être une stratégie finement élaborée, effectivement, ironise Takami. Mais les cambriolages sont totalement imprévisibles, le prochain peut avoir lieu demain comme dans plusieurs mois. De plus, cela ne permettrait pas de l'attraper et s'il apprend que la police détient son âme-soeur, il pourrait attaquer la prison pour le faire évader et nous n'aurions plus aucune piste pour le retrouver.

— Il n'est pas au courant de l'existence du gosse, c'est un volatile narcissique, il ne tiendra pas deux mois avant de refaire parler de lui.

— Donc votre plan consiste juste à envoyer mon client en prison pour deux mois ?

— Oui.

— Non ! proteste Touya mais les deux hommes l'ignorent, bien trop pris dans leur échange pour se préoccuper de l'avis du principal intéressé.

— Si le piaf refait parler de lui, il sera innocenté. Peut-être qu'il suffira juste de quelques jours, avant que l'emplumé ne craque et ne commette un nouveau crime.

— Vous pensez vraiment qu'une telle information va rester cachée bien longtemps ? Je suis prêt à parier que les articles sur la découverte de l'âme-soeur de Hawks fleurissent déjà sur tous les réseaux sociaux.

Touya espère qu'il se trompe, si la rumeur arrive jusqu'aux oreilles de Tenko, sa vie sociale est foutue.

— Il y a beaucoup trop d'incertitudes, reprend l'assistant Cette stratégie repose sur des paramètres imprécis, bien trop de "si" et de "peut être" pour être fiable.

Takami croise minutieusement les doigts, tel un grand méchant de série policière, et Touya trouve cette mise en scène ridicule. L'employé de son père se donne un air hautain, le menton levé et un sourire carnassier sur les lèvres qui ne le font paraître que plus agaçant aux yeux de Touya. Et son antipathie envers lui ne fait qu'augmenter, lorsque Takami se penche vers le policier pour déclarer :

— Mais assez perdu de temps avec ces idioties, maintenant, permettez-moi de vous exposer mon plan.

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~oOo~

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Touya s'échoue la tête la première sur son canapé avec un grognement à mi-chemin entre le soulagement et le cri de désespoir. La journée a été interminable. Entre les différents interrogatoires, les procédures et la mise en place du plan stupide proposé par le larbin envoyé par son père, il n'a pu sortir du poste de police qu'en fin d'après-midi.

Il se tortille sur le sofa pour dégager son bras droit et tâtonne le sol à l'aveuglette pour tenter de récupérer son portable, abandonné là depuis le matin. Après le réveil le plus brutal de toute sa vie, il a à peine eu le temps d'enfiler un jogging et d'attraper ses papiers avant d'être embarqué dans une voiture de police sous les regards indiscrets et avides de tous ses voisins.

Touya soupire, déjà que sa réputation en tant que locataire laisse à désirer (sans doute à cause de ses soirées trop bruyantes qui lui ont valu nombres de plaintes pour tapage nocturne, -et peut être aussi à cause de cette fois où il a mit le feu au hall de l'immeuble avec un mégot de cigarette mal éteint). Mais être arrêté par la police à six heures du mat', ça bat tous les records, on va le prendre pour un criminel maintenant. Bon, peut être qu'au moins la vieille du cinquième arrêtera de lui envoyer des remarques désagréables à chaque fois qu'elle le croise dans l'ascenseur.

Ses doigts frôlent enfin la carcasse de son vieux téléphone. L'appareil n'a presque plus de batterie et derrière les fissures sur l'écran s'affiche au moins un millier d'appels en absence. Touya ignore consciencieusement ceux de son père et du reste de sa famille, et soupire en lisant les notifications de ses amis de fac qui, en ne le voyant pas venir en cours, ont harcelé sa boîte de réception. Il entend déjà leur ricanement moqueur lorsqu'il va devoir expliquer ce qui lui est arrivé et il a juste envie de s'endormir pour au moins les deux prochaines semaines.

Mais l'horloge dans le coin de l'écran lui rappelle que c'est bientôt le moment de son service au bar, et même si sa vie à pris un tournant des plus absurde ses dernières heures, il ne peut pas échapper à la réalité. Il se lève dans un grognement fataliste et met son portable à charger, le temps de se changer et de remplir son estomac d'autre chose que les immondes gâteaux secs qu'on lui a proposés au commissariat.

Douze minutes plus tard, Touya marche à vive allure vers la station de métro d'à côté, un sandwich au fromage (dégueulasse, il n'aurait pas dû mélanger autant de variétés différentes) coincé entre les dents et les doigts qui s'agitent sur le clavier tactile de son téléphone. Il a à peine le temps d'envoyer un premier message que l'écran fige et lui signale un appel entrant.

Pendant une seconde, il caresse l'idée de l'ignorer, après tout , il a déjà plus d'une vingtaine d'appels manqués, un de plus un de moins... Puis il se souvient que son meilleur ami est un abruti capable de se pointer sur son lieu de travail et de foutre son service en l'air s'il continue de faire le mort. Alors il décroche.

— Mec, j'ai pas le temps, lâche Touya en arrachant un bout de sandwich. Ch'ui à la bourre pour le boulot.

À la bourre pour le boulot ? Tu te fous de ma gueule ? fait l'irritante voix de Tenko Shimura, déformée par le téléphone.

— J'ai eu une longue journée, ok. Je t'expliquerai plus tard. Chi t'es sage.

Il s'engouffre dans la station et dévale l'escalier en courant, tout en maudissant la ville pour avoir installé le réseau 4G dans le métro, ça lui aurait fait une super excuse pour raccrocher, mais non, au lieu de ça il doit se farcir une litanie d'insultes. Le progrès c'est vraiment de la merde.

Mais va te faire foutre ! Tu te pointes pas en cours, tu réponds pas à ton portable, t'es même pas chez toi, Rumi à cru que t'étais mort, mec ! Et ça me faisais grave chier d'avoir à faire un putain de discours pour ton putain d'enterrement, mais non ! En fait tu te tappais un putain de criminel !

— Quoi ?!

Le pied de Touya rate une marche et il ne doit son salut (et son intégrité physique) qu'à ses réflexes qui lui font aggriper la rambarde. Écrasant son sandwich dessus.

Eurk.

Le cœur battant sous l'adrénaline de sa presque chute, il regarde le fromage s'étaler sur la barre de métal et dégouline jusqu'au sol pendant que Tenko continue de déblatérer un tas d'informations incompréhensibles ponctuées de temps à autres d'injures. Ou alors c'est un tas d'injures ponctuées d'informations, il n'est pas trop sûr, à vrai dire, il l'écoute que d'une oreille.

— Quoi ? répète finalement Touya après avoir repris son souffle.
Putain il a faillit crever dans des escaliers dégueulasse qui sentent la pisse et l'herbe. Cette journée est vraiment merdique.

Y a ta sale gueule partout sur internet, annonce Tenko. T'es numéro 1 des tendances twitter et j'crois bien que t'as au moins quinze comptes insta de fangirls à ton nom.

— Bordel.

Keigo Takami avait évoqué la possibilité que la nouvelle de l'arrestation de l'âme-sœur de Hawks ne reste pas secrète bien longtemps, mais Touya ne s'attendait pas à ce que la rumeur circule aussi vite, ni que son identité soit révélée sur les réseaux.

Ouais, putain de bordel de merde. Paraît même que tu as participé au cambriolage de ce bâtard de réalisateur. Putain mec, tu fais un fucking cambriolage et tu m'invite même pas !

— J'ai pas fais de-

Ton connard de père va te buter, coupe Tenko. Oh merde, j'crois que je devrai quand même l'écrire ce discours.

Touya l'entend ricaner en même temps qu'il se glisse dans le métro juste avant que les portes ne se referment.

— Le vieux est déjà au courant.

Et t'es toujours en vie ? Eh bah merde alors.

— Ouais merde, il m'a refiler un con d'avocat, enfin un assistant, je suis même pas sûr qu'il soit avocat. C'est son idée de laisser la rumeur que l'autre emplumé est mon âme-sœur se répandre. J'pensais pas que ça irait aussi vite.

Putain, mais c'est complètement con ! Toute la ville connait ta sale gueule maintenant, t'es une putain de célébrité.

— Je crois que c'était un peu le but. Il a dit quelque chose à propos d'avoir un alibi géant, un truc comme ça.

Le métro fait un arrêt et Touya profite qu'une place se libère pour s'y précipiter. Il s'y affale et fait un doigt à la femme à qui il vient de pique le siège.

Mais sérieusement mec, t'es dans la merde. J'ai entendu des connards en amphi parler de te kidnapper pour demander une rançon, fait gaffe à ton cul. Il vaut de l'or maintenant.

— Quoi ?! Qui ?

C'était la bande de-

Bip.

Touya décolle son portable de son oreille, et fixe son reflet dans l'écran devenu totalement noir. Plus de batterie.

Merde.

D'un geste nerveux, il fait tourner son portable entre ses mains, il n'a plus aucune idée de l'heure qu'il est, mais arriver à l'heure ou non ne fait plus grand sens maintenant. Son boss à du voir qu'on parlait de lui et de son arrestation sur internet. Ça lui fait une bonne excuse. Peut être.

Est-ce que Tenko à mentionner l'arrestation au fait ? Il n'en est même pas sûr. Il tapote ses doigts contre l'écran inerte. Et il ne peut même pas aller lire ce qu'on raconte sur lui, putain.

Il jette un coup d'œil dans la rame, croit capter deux trois regards qui se détournent avant de le croiser. Deux lycéennes discutent à voix basse un peu plus loin en l'observant à la dérobée. La vieille à qui il a piqué la place le fusille toujours de ses yeux trop maquillés. Un mec qui rentre dans la rame fait subitement demi-tour pour prendre le wagon d'après et putain, Touya à l'impression que le monde entier l'observe le juge.

La ville entière connaît son visage.

.

~oOo~

.

Son meilleur ami est un connard, alors bien sûr, il se pointe sur son lieu de travail.

— Mec ! J'peux avoir un autographe ? fait Tenko en s'affalant sur le comptoir.

— Dégage, grogne Touya. Tu fais fuir les clients avec ta gueule de zombie.

La nuit est déjà bien avancée, il lui reste encore deux heures à trimer avant de pouvoir rentrer, mais il ne pense déjà qu'à rejoindre son lit au plus vite pour pouvoir enfin dormir. Le manque de sommeil se fait durement ressentir, ses yeux le brûlent et un début de migraine à élu domicile derrière ses tempes. Ses mouvements sont plus lents que d'habitude et il a déjà cassé deux verres depuis le début de son service. En l'état, c'est plutôt lui, le zombie.

— Quels clients ? ricane Tenko. Il n'y a jamais personne dans ce bar pourri.

— Pourquoi tu viens si c'est pourri, soupire Touya.

C'est pas vraiment une question. Quand Tenko fait une insomnies (c'est -à -dire, à peu près tous les jours) et que Touya travaille, il passe le voir entre deux parties de jeux vidéos pour profiter de son meilleur ami. Et surtout avoir un verre de coca gratuit. Tenko ne boit pas d'alcool, ça le rend dangereux et lui donne des idées révolutionnaires. Touya se souviendra toute sa vie du jour où il a dû l'empêcher de foutre le feu à la fac. Il a déjà assez d'un seul criminel à gérer dans sa vie.

— J'viens pour tes beaux yeux de chienne, oh, est-ce que j'ai encore le droit de dire ça maintenant que t'es maqué ? J'espère que ton petit copain plumé va pas m'en vouloir.

— Ferme-la, t'as pas un jeu à finir au lieu de me faire chier ?

— Eh, j'espère au moins que tu m'oublieras pas quand tu seras célèbre.

Touya roule des yeux et profite qu'un client l'appelle de l'autre côté du bar pour l'ignorer. Tenko n'a pas tout à fait tort quand il affirme qu'il n'y jamais personne, le bar est tout juste assez grand pour accueillir une dizaine de personnes et seule une clientèle d'habitués solitaire vient s'y oublier régulièrement. Touya aime bien y bosser. C'est calme, il y peu de passage, les clients sont silencieux et il y a peu de bagarre d'ivrognes.

Quand Touya revient vers lui, Tenko s'amuse à souffler dans sa paille pour faire des bulles.

— T'en fou partout.

— C'est ce que disait mon ex.

— Quel ex ? Personne n'a jamais voulu de toi.

Tenko lève la tête pour le fixer droit dans les yeux. Puis souffle plus fort.

— Au moins j'ai pas le type le plus recherché du pays comme mec, réplique -t-il après avoir vidé la moitié de son verre sur le comptoir.

Il évite habilement le torchon que lui lance Touya et poursuit :

— Tu comptes faire quoi ?

— Te forcer à nettoyer le bar jusqu'à ce qu'il brille même dans le noir.

— Non mais avec ton cambrioleur ?

Tenko s'amuse maintenant à tracer des formes dans les flaques de coca du bout de sa paille et Touya le regarde faire un instant avant de froncer les sourcils, intrigué par la question. Tenko n'a jamais été un très grand fan des âmes-soeurs, il est le premier à en critiquer le système, alors le fait qu'il s'y intéresse tout à coup au lieu de se continuer à se moquer de lui est assez suspicieux.

— Rien, qu'est-ce que tu veux que je fasse ?

— Je sais pas, c'est ton âme-soeur, tu veux pas le retrouver ?

— La seule raison pour laquelle je voudrais le retrouver, ça serait pour lui mettre mon poings dans la face pour la journée de merde que j'ai passé à cause de lui.

— Awh, je savais que tu étais un romantique. Eh ! Mes dessins !

D'un coup d'éponge agacée, Touya vient de faire disparaître les œuvres d'art en coca-cola.

— T'abuse, j'étais en train de faire le roi lion !

— Dans mes souvenirs le roi lion ressemblait pas à une patate pourtant.

— Ton avis ne compte pas, tu n'as jamais eu le moindre sens artistique, rétorque Tenko.

Et il s'affale brusquement sur le comptoir, manquant de renverser le peu de coca qu'il reste dans son verre et seul Touya et ses bons réflexes lui évite d'avoir droit à un shampoing au soda.

— Fait gaffe putain ! râle le barman en déposant le verre hors de portée. Si tu casses encore un truc, t'as intérêt à le rembourser cette fois.

— J'ui crevé, marmonne Tenko, la joue appuyé contre la surface froide du bar.

— Rentre chez toi, alors.

— Nan. J'arriverai pas à dormir de toute façon.

— Toujours des insomnies ?

— Hm.

Comme Tenko ne semble pas vouloir développer, Touya en profite pour aller récupérer les verres abandonnés dans la salle. En dehors de Tenko, il ne reste plus que deux clients qui discutent à voix basse autour d'un pichet d'alcool. L'heure de la fermeture approche enfin et Touya n'a plus qu'une envie, se glisser dans son lit et dormir jusqu'à midi. Heureusement, il n'a pas de cours le vendredi matin.

— Eh, mec ? soupire Tenko d'une voix lasse alors que Touya passe à côté de lui pour déposer son plateau sur le bar.

— Quoi ?

— Tu vas pas tous lâcher pour ce type, hein ? fait Tenko toujours affalé sur le bar.

Il se redresse un peu pour croiser les bras sous sa tête et pose son regard cerné sur Touya.

— Pourquoi je ferai ça ?

— J'sais pas, ça serait bien ton genre.

— N'importe quoi, assure Touya en s'installant sur le tabouret d'à côté. J'en ai rien à faire de ce gars, âme sœur ou non.

— Tu dis toujours que t'en à rien à foutre des âme soeur, mais t'as quand même fait enregistrer tes empreintes dès que tu as eu dix-huit ans.

— C'était pour faire chier le vieux, tu sais bien.

— Mouais.

— Quoi ? T'as peur que je t'abandonne ? se moque Touya en lui donnant un coup de coude qui fait grogner l'insomniaque.

— Au contraire, j'espère que ce type pourra enfin me débarrasser de toi.

Mais la réponse met une seconde de trop à arriver pour être véritablement sincère.

.

~oOo~

.

Il y a deux mecs dans son couloir. Deux types fringués de manière ridicule avec sweat et joggings gris, casquette plus capuche enfoncés sur la tête. Ils ont un air louche et leur accoutrement détonne totalement, ils ressemblent à une parodie de gangster des années deux mille. Mais Touya est bien trop épuisé pour s'interroger sur leur présence incongru et décide que ce sera un problème pour le Touya de demain. Il passe devant eux, fait semblant de ne pas remarquer leur regard insistant posé sur lui et pousse un soupir de soulagement une fois la porte de son appartement claquée dans son dos.

Enfin rentré.

Sans prendre la peine d'allumer la lumière, il se débarrasse de ses chaussures d'un coup de talon et file directement dans sa chambre pour s'effondrer sur son lit telle la loque qu'il est. Il sait qu'il doit encore se relever, au moins pour enlever son jean et se laver les dents, mais déjà le peu d'énergie qui lui restait le quitte. Il sent ses paupières lourdes de fatigue se fermer contre son gré et son esprit se déliter dans la brume floue qui sépare la conscience du monde des rêves.

— Euh, salut ?

— Bordel !

Le sursaut qui parcourt son corps est si fort que Touya bascule par terre. Les mots qui ont déchiré le silence ont sonné bien trop fort, trop réel, pour n'être que le fruit de son imagination.

Il y a quelqu'un dans sa chambre.

L'adrénaline fait hurler son cœur alors qu'il se précipite pour attraper la lampe de chevet. La lumière lui nique les yeux mais ça ne l'empêche pas de la brandir devant lui. Peut être qu'il pourra éblouir suffisamment l'intru pour le prendre de vitesse et l'attaquer avant de se faire découper en morceau. Quoi que, le dit intru n'a pas l'air spécialement près à l'attaquer. Il se tient dans l'encadrement de la porte, un bras en l'air pour protéger ses yeux de la lumière.

— Tu veux pas baisser ça ? Je vais rien faire.

Il n'a pas l'air agressif, mais Touya décide de garder son arme de fortune lumineuse entre eux. Pas qu'il n'ait pas confiance, mais... Si. Un type qui s'incruste chez lui, habillé de lycra noir de la tête au pied, et en plus, qui l'empêche d'aller dormir, ça lui donne pas vraiment envie de faire confiance.

— Putain de bordel de merde, grogne Touya (il a vraiment besoin de sommeil). T'es qui putain ?

— Sérieusement ?

L'intru hausse un sourcil étonné et se désigne d'un mouvement de la main comme pour dire c'est pas évident ? Et, ouais bon ok, c'est plutôt évident

— Hawks, souffle Touya.

Qui d'autre qu'une âme-sœur cambrioleuse pour s'introduire chez lui au milieu de la nuit ?

— Ok, je reformule : putain de bordel de merde, qu'est-ce que tu fous dans ma chambre ?

— Alors de base, je t'attendais dans le canapé. Mais tu es passé devant moi sans me voir, alors je me suis dis que je devais te notifier de ma présence plus oralement.

Il lui adresse un clin d'oeil et même si Touya ne peut pas voir le bas de son visage, dissimulé par un masque de tissus noir, il est certain que Hawks a un énorme sourire.

Ce type l'agace déjà.

— Super, maintenant que j'ai remarqué ta présence, est-ce que tu aurais l'amabilité de dégager, ou tu veux aussi dire bonjour à ma lampe de chevet ? propose Touya en ajustant sa prise sur la dite lampe.

La lumière orangée se reflete un instant dans les iris d'un jaune surnaturel -sûrement des lentilles- avant que Hawks ne baisse les yeux et qu'une ombre soucieuse se dessine sur son visage. Il semble un peu décontenancé par sa réaction. Tant mieux, s'il s'attendait à ce qu'il lui tombe dans les plumes seulement parce qu'ils sont -soit disant- des âmes sœurs, il peut aller se faire cuire un œuf.

— Écoute, fait Hawks, sa voix a perdu un peu de son énergie, il soupire et reprend : Je sais que ça doit te sembler un peu surréaliste tout ça. (Il fait un vague geste de la main et Touya se demande s'il parle de leur lien ou du fait qu'il s'est introduit chez lui à trois heure du mat') Mais il faut vraiment qu'on en parle.

— Plus tard, grogne Touya. J'ai eu une très longue journée de merde, et pour l'instant, la seule chose qui me retient d'appeler la police pour qu'ils te dégagent de chez moi, c'est parce que j'ai pas envie de passer encore des heures en interrogatoire avant de pouvoir aller dormir.

— Je comprends, dit Hawks, mais ses mots exultent de frustration mal contenue. Je voulais juste...

Il termine sa phrase par un long soupir.

— Et moi je veux juste dormir.

Hawks lui jette un regard agacé.

— Ok très bien, (il lève dramatiquement les bras en l'air pour les laisser tomber bruyamment contre ses cuisses). Je laisse tomber pour se soir.

— Génial, enfin une bonne nouvelle.

— Mais crois pas qu'on se débarrasse de moi comme ça, reprend Hawks.

Apparemment il a retrouvé toute sa bonne humeur, au grand écoeurement de Touya qui grimace de dégoût quand il lui adresse un nouveau clin d'œil. C'est vraiment ça son âme sœur ? Un mec irritant au possible qui pense que battre un peu des cils suffit à le rendre séduisant ? Sérieusement, à quel moment l'univers à penser que c'était une bonne idée de les lier tous les deux ?

Hawks se redresse et commence à se déplacer lentement sur le côté, respectant la distance de sécurité que Touya à établi. Il l'observe tout en marchant et Touya ne le quitte pas des yeux parce qu'il se méfie (et certainement pas parce que son regard dorée souligné de khôl a quelque chose d'hypnotisant). Mais le voleur ne s'approche pas, et se contente d'ouvrir la fenêtre.

Leur jeu de regard se brise lorsque Hawks se penche par l'ouverture pour observer l'extérieur.

— Qu'est-ce que tu fous, s'inquiète soudain Touya.

Il n'y a pas de balcon de ce côté de l'appart, il ne va pas se jeter dans le vide quand même, ils sont au quatrième étage, les chances de survivre à une telle chute sont plutôt faibles.

Hawks se retourne vers lui, et Touya devine à ses yeux pétillant qu'il sourit sous son masque. Nouveau clin d'œil. Tch, ringard.

— A plus tard !

Et sur ses mots il bascule par-dessus la rambarde et se fait avaler par la nuit.

Touya reste figé une seconde.

La lampe éclate en morceau sur le sol lorsqu'il la lache pour se précipiter à la fenêtre. Il n'y a aucun corps sur le trottoir en contrebas et Touya soupire de soulagement. Il aurait eu du mal à expliquer pourquoi un type (Hawks le célèbre cambrioleur !) s'est jeté de la fenêtre de sa chambre. Il reste un moment à scruter l'obscurité mais ne trouve pas une seule trace du passage du voleur alors il finit par refermer la fenêtre.

— Taré, murmure-t-il et il n'est pas très sûr de si les mots s'adressent à Hawks ou à son propre reflet dans la vitre.

Puis il va s'effondrer sur son lit.

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