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09 avril 2016 : Discussion nocturne part I

« Je vais finir par les tuer ! » déclara-t-il à haute voix, en plongeant une cuiller dans son chocolat chaud.

                Il mélangea un long moment sa boisson tout en maudissant ses meilleures amies. Billie et Norah manigançaient constamment pour qu'il se rapproche d'Emily. Il ne savait pas comment elles avaient fait mais il était sûr qu'elles avaient triché pour qu'Emily pioche son nom. Ce ne pouvait pas être possible autrement, il ne pouvait pas avoir si peu de chance.

Même la photo que Billie avait postée sur son compte Instagram faisait partie de leurs plans. Billie était appréciée par les fans à présent – en tout cas par la majorité – et elle savait pertinemment que si elle se montrait avec Emily, cette dernière remonterait dans l'estime des fans même s'il fallait dire que l'histoire du bébé imaginaire avait déjà bien aidé pour ça, étrangement. Mais...

Il devenait parano ! Billie aimait beaucoup Emily, il ne devait pas aller chercher plus loin. Mais depuis qu'il avait reçu le message de Norah disant qu'elle allait se mêler de sa non-relation avec Emily, il était sur le qui-vive et après la soirée d'hier, il se rendait compte qu'il avait bien raison. Le lendemain, il devrait être encore plus sur ses gardes et ceci, à longueur de temps.

Sa tasse à la main, il retourna dans le salon qu'il avait investi après avoir fui la chambre qu'il partageait avec Janel. Il avait fui son lit et il en avait honte mais ne réussissant pas à dormir, il avait eu besoin de réfléchir, d'être seul et surtout de sortir cette mélodie qui l'avait envahi quand il s'était assis à côté d'Emily pour le jeu. Il alluma la lumière du salon et fut soulagé de le trouver vide.

Une fois installé, il but une longue gorgée de chocolat, la laissant presque brûler sa gorge puis ouvrit son carnet, prêt à être noirci. Il avait eu une bonne idée de mettre au dernier moment, sa guitare, dans la voiture. Il la prit entre ses mains, la caressa du bout des doigts avant de finalement commencer à gratter dessus pour retrouver la mélodie qu'il avait dans la tête...

Presque une heure plus tard, toujours la guitare sur le genou, Nick laissait son inspiration l'emporter. Le plus loin possible de ce salon, de cette maison, de cette planète. Comme cela ne lui était pas arrivé depuis une longue année. Depuis Learn to Love Again. Depuis Emily.

« Tell me that you've had enough of our love, our love... » fredonna-t-il pour ce qui était peut-être la millième fois. « Just give me a reason, just a little bit's enough, just a second we're not broken just bent and... »

« We can learn to love again ! » entendit-il chanter derrière lui quand il bloqua encore.

Il s'arrêta brusquement de jouer, surpris et même s'il avait très bien reconnu la voix, il se retourna pour en avoir la certitude. Le temps avait dû passer rapidement ou alors ce n'était qu'une impression. Il ne savait plus. Il était tellement investi dans cette composition qu'il n'avait pas vu que le monde continuait de tourner autour de lui et lui avait apporté de la compagnie. Debout à la porte, Emily était appuyée légèrement sur le chambranle, serrant une couverture contre sa poitrine. Elle avait écouté sa chanson, enfin son ébauche de chanson et s'il y avait bien une personne qu'il n'aurait pas dû l'entendre, c'était bien Emily. Parce que cette compo parlait d'elle, que d'elle, toujours d'elle...

Il déglutit et tout en baissant son instrument, tenta de poser la question qui le perturbait :

« Ça fait longtemps que... »

« Assez pour savoir que tu as chanté ce couplet au moins six fois et que tu bloquais toujours au même endroit. » répondit-elle le plus simplement du monde comme si elle n'avait pas compris le sens des mots.

« Et pourquoi... »

« Parce que j'ai trouvé la suite. » le coupa-t-elle comme si c'était une évidence.

Un silence s'en suivit. Il ne savait pas vraiment quoi penser de cette situation et surtout comment réagir. Ça le dépassait complètement d'avoir si peu de chance. Il se passa une main dans les cheveux et souffla finalement :

« C'est... C'est une bonne suite. »

                Il se racla la gorge et se repassa les mots qu'elle avait dit. Ça collait à la perfection et avait un lien avec sa dernière chanson.

« Tu as le droit de le noter... Tu sais, avec le reste, sur ton petit carnet. » lui assura-t-elle en faisant un geste du menton vers le dit carnet ouvert sur la table basse. « C'est cadeau ! »

                Il secoua la tête de haut en bas mais ne bougea pas et n'écrit pas un seul mot dans son cahier. Ce n'est pas qu'il ne voulait pas, qu'il cherchait à la blesser ou quoique ce soit de ce genre, il était juste chamboulé. Encore et toujours. Il avait été pris au dépourvu au moment où il était le plus vulnérable. Quand il composait, il mettait tout son esprit, tout son cœur et tous ses souvenirs. Dans chacune de ses chansons, il y avait une partie de lui, plus ou moins importante bien sûr mais il était dans chacune d'elle. Et là, Emily... C'est comme si elle avait lu ses pensées les plus intimes.

                Puis cela ne servait à rien d'écrire parce que quoiqu'il arrive, il se souviendrait de ces quelques mots. C'était loin d'être compliqué.

« Ok, je... C'était... Pour plaisanter, je... Je voulais pas... » bredouilla-t-elle perdant peu à peu son apparente assurance.

« Merci. » se contenta-t-il de glisser entre deux des bafouillages de la brune.

« De rien. »

                Et à nouveau ce silence. Gênant. Il inspira à fond et c'est à cet instant qu'il remarqua la tenue de son ex. Un T-shirt ! Un simple T-shirt ! Ok, elle voulait sa mort. Il se passa une main sur les yeux comme pour se retirer cette délicieuse image de sa vue mais même les yeux fermés, il avait la silhouette d'Emily imprimée sur ses rétines. Puis elle prit la parole :

« Elle est jolie ! Ta chanson. » précisa-t-elle inutilement. « Triste mais jolie. »

                A sa voix, il sut tout de suite qu'elle était aussi mal à l'aise que lui, voire plus et ça lui fit plaisir. Il leva les yeux vers elle, faisant bien attention à ne pas baisser le regard sur ses jambes nues et murmura :

« L'amour, c'est toujours joli. Triste mais joli, non ? »

« Je suis pas sûre que... Janel serait contente d'entendre ça ? »

« Je suis pas sûr que... Janel ait besoin d'entendre ça ! »

                Il aurait eu tellement de choses à lui dire à la place de cette stupide réplique. Il aurait pu lui dire qu'entre Janel et lui, il n'y avait aucun amour. Il aurait pu ajouter qu'il se fichait complètement que Janel soit contente ou pas. Il aurait même pu déclarer que c'était elle qui aurait dû ne pas être contente d'entendre ça. Mais bien sûr, il s'était tu. A quoi cela aurait-il servi ? A rien !

« Pas faux. De toute façon, ce n'est pas moi qui irais me frotter à elle. »

« Pourquoi ? Aurais-tu peur d'elle ? » la taquina Nick.

« Moi ? Peur ? Complètement ! » confirma-t-elle avant de rire légèrement. « Tu l'as pas vu me fusiller du regard toute la soirée ? »

« Non, pas vraiment. »

« Pas vraiment ? Tu es devenu aveugle depuis... Je veux dire, c'était plus que flagrant quand on jouait à leur satané jeu. »

« Arrête de critiquer ce jeu ! » s'exclama-t-il en faisant exprès de ne pas relever ce qu'Emily s'apprêtait à dire. « Tu l'as adoré ! Il est génial. »

« Il est bien mais je n'avais pas réellement prévu de me ridiculiser devant... Tout le monde. »

                Il l'observa passer son poids d'une jambe à l'autre, gênée, pendant quelques secondes avant de lui répondre :

« Tu ne t'es pas ridiculisée. Tu as une excellente mémoire. »

« On a fini avant-dernier, de trois petits points. » lui rappela Emily après avoir haussé les épaules, peu convaincue par ce qu'il avait dit.

« Tout était contre nous. Dès que Shawn a pioché le papier de Lewis, j'ai su qu'on avait perdu ! Ils ont trop d'expérience. »

                Elle fronça les sourcils, ne comprenant peut-être pas totalement ce qu'il racontait.

« Sur notre première tournée, on y jouait tout le temps dans les chambres d'hôtel après les concerts. Shawn et Lewis gagnaient presque constamment. David, Norah et moi, on les regardait exécuter leur danse de victoire, chaque soir. »

« Tu veux dire que la danse de ce soir n'était pas due à l'euphorie mais à des années d'entraînement ? »

« J'aimerais te rassurer mais... Ouais ! Je les soupçonne même de se faire quelques rappels quand ils sont que tous les deux pour ne pas l'oublier. » plaisanta-t-il en posant la guitare à côté de lui, sur le canapé.

« Comment ils pourraient oublier une telle... Horreur ? »

                Ils se mirent à rire en chœur, se moquant gentiment. Quand il retrouva un peu de son sérieux, il ajouta :

« Ils se sont un peu inspirés de la danse de Ross et Monica. »

« Ross et Monica de Friends ? La Routine ? Mais oui ! » s'écria-t-elle en levant les yeux au ciel. « Vous êtes tous barjes dans ce groupe. »

« Si tu pouvais me retirer de ce jugement, ça m'arrangerait. Je ne danse pas, moi. » rétorqua-t-il en levant les mains à hauteur d'épaules, comme pour se défendre.

« Parce que tu perds ! Je suis sûre que tu ne rêves que d'une chose... Danser avec eux ! »

                Ce n'était pas totalement faux mais il en avait toujours été ainsi. Cette danse était celle de Lewis et Shawn. Leur truc à tous les deux et bien que parfois, il aurait voulu y participer, il savait au fond de lui qu'il n'y avait pas sa place. Non pas que les gars le lui aient interdit et il était même persuadé qu'ils ne lui diraient rien s'il le faisait mais il ne pouvait pas... Alors il se contentait de les regarder et de rire, de beaucoup rire ce qui était déjà pas mal.

« Vous ne changiez jamais d'équipe ? »

« On a tenté mais au bout de leur troisième victoire, c'était foutu pour nous. Et même le destin les met ensemble quand on tire au hasard. »

                Le destin ! Saleté de destin ! Il jouait avec eux, les pauvres humains sans défense. Il avait joué avec eux aussi à cette soirée en les mettant dans la même équipe ou en les empêchant sans doute tous les deux à trouver le sommeil. Le destin faisait parfois très mal les choses et puis parfois, il les faisait peut-être bien...

« Je soupçonne les filles d'avoir triché à ce tirage au hasard. » annonça-t-elle naturellement au bout de quelques secondes.

                Il ricana. Il pensait la même chose mais il ne savait pas réellement comment elles auraient pu faire un tel exploit. Elles étaient douées pour manigancer, c'était certain. Cependant, là, ça semblait impossible qu'elles aient réussi un tel tour.

« Pourquoi tu dis ça ? » demanda-t-il innocemment.

« Comme par hasard, Shawn se retrouve avec son grand partenaire. Toi et David qui êtes les seuls à pouvoir les contrer, vous vous retrouvez avec les seules personnes qui ne savaient pas jouer. Comme par hasard. Et Norah se retrouve avec l'une de ses meilleures amies. »

« Norah était entourée que de ses meilleurs amis, elle ne pouvait tomber que sur l'un d'eux. »

« Non, elle pouvait tomber sur Janel. Ou moi ! »

                Il avala difficilement sa salive.

« Elle... Norah, elle m'a dit qu'elle ne connaissait pas encore très bien Janel et... Ne nous mentons pas, elle ne me connait pas beaucoup non plus. » expliqua-t-elle.

Elle aussi avait trouvé ça bizarre que Norah l'invite à ce weekend. Mais avait-elle compris pour quelle raison elle était ici ?

« Elle n'en a pas vraiment eu le temps, il faut dire. » lança-t-il sèchement.

« Touchée ! » chuchota Emily mais il l'entendit parfaitement dans le silence de la maison et de la nuit.

                Sa spontanéité. Son impulsivité. Sa rancœur. Son incompréhension. Sa susceptibilité. Son amour propre. Sa méchanceté. Et après tout, peu importait comment il l'appelait. Ce sentiment au fond de lui avait encore frappé et comme elle l'avait dit, l'avait touchée.

« Désolé. Je sais que je ne devrais... »

« Non, non, t'inquiète ! Je suis pas encore coulée. Et puis c'est mérité. »

                En entendant Emily dire ça, il s'en voulut. Il n'était pas sûr que ce soit mérité. Avec le peu d'éléments qu'il avait, oui, peut-être qu'il avait le droit de lui lancer des réflexions comme il le faisait mais ne connaissant pas toute l'histoire, il ne pouvait pas l'affirmer. Alors il lui souffla :

« Je ne devrais pas faire ça mais c'est plus fort que moi. Je ne comprends pas tout ce qui s'est passé dans cette histoire et ça me perturbe. En fait, je ne comprends absolument rien. » rectifia-t-il en enfouissant une main dans ses cheveux, presque au niveau de sa nuque.

                Seul le silence, encore une fois, répondit à sa déclaration. Oh bien sûr, il ne s'était pas attendu à ce qu'elle lui débite toute leur histoire de son point de vue à elle comme cela se passerait sûrement dans un film ou un livre à l'eau de rose. Non, dans la réalité, sa réalité, elle gardait le silence et ne dirait rien de plus que ce qu'elle avait déjà dit. Elle avait cru qu'il la trompait. Un seul fait. Une seule erreur.

                Mais à son grand étonnement, après avoir baissé le regard vers le sol, elle le rejoignit sur le canapé. Il la regarda marcher vers lui puis s'installer à côté de lui, hésitante, les jambes sous ses fesses comme elle le faisait avant. Elle étendit le plaid sur elle et remit une mèche derrière son oreille. Il se rendit alors compte qu'elle ne portait toujours pas ses lunettes. Il n'aimait pas ça. Sans ses lunettes, Emily n'était plus réellement son Emily. Il sourit tristement avant de lui en faire la remarque :

« Tu n'as plus de problème de vue ? »

                Elle fut étonnée du changement de conversation mais elle se reprit vite et sourit à son tour.

« Je suis passée aux lentilles de contact. Je... Enfin... »

« Moi j'aimais bien. » l'interrompit-il dans sa phrase. « Ça te donnait un petit côté intelligent et... Sexy ! »

« Parce que sans je suis idiote et laide ? »

« Loin de là mais... C'était juste la vraie toi pour moi. J'aimais, c'est tout. »

« Merci... »

                Qu'il était con parfois ! Il ne manquait plus qu'il lui dise qu'il l'aimait encore et il passerait pour le plus gros naze que cette planète ait pu porter.

« Il y a quelque chose que j'aurais dû te dire depuis longtemps, très longtemps mais parfois, il y a des mots simples qui sont assez difficiles à dire. Surtout à certaines personnes et... » commença-t-elle, perdant un peu plus Nick à chaque mot prononcé. « Je suis désolée. Vraiment désolée. Je m'en veux tous les jours. »

« Tu es désolée pour quoi ? D'être partie ou de la façon dont tu l'as fait ? » la questionna-t-il en plongeant son regard dans le sien, incertain d'être prêt à entendre sa réponse, quel qu'elle soit.

« La façon dont je l'ai fait. » asséna-t-elle finalement.

                Il s'y attendait mais l'espoir s'était un peu emparé de lui pendant les quelques secondes qui avaient séparé la question de la réponse. Il fallait réellement qu'il arrête.

« J'ai cru que Lena et toi... Je sais pas ce que j'ai cru finalement. J'ai sans doute sauté tout de suite à des suppositions qui m'arrangeaient. »

« Pourquoi ? Pourquoi tu as fait ça ? Est-ce que j'ai fait quelque chose qui... »

« Oh non ! Tu étais super. A part prendre cette garce de Lena dans tes bras, tu n'as rien fait de mal. Je veux dire... Bon dans mon esprit, l'année dernière, tu avais passé toute l'après-midi à faire bien plus avec elle mais comme tu me l'as dit, j'étais complètement folle de penser ça. »

« Alors tu veux dire qu'en dehors de ça... »

« Ca n'aurait pas tenu de toute façon. On était, on est trop différents. » se corrigea-t-elle. « Je suis trop différente de toutes les personnes qui t'entourent. »

« Tu n'as pas pensé que c'était peut-être grâce à ça que tu me plaisais ? »

                Elle eut un petit rire avant de triturer un coin du plaid. Elle était nerveuse. Lui aussi. Ce n'était pas une conversation normale.

« On se lasse vite de la différence des autres. »

« Tu as appris ça où ? Dans tes livres ? » répliqua-t-il.

« Je pense juste que pour qu'un couple fonctionne, il faut qu'il ait des points communs. Et on en avait pas. »

« Parce que tu en as plus avec Brahim ? »

« Sans doute autant que toi avec Janel ! »

« Cette fois, c'est toi qui as touché. » ricana-t-il.

                Il se laissa enfin aller dans le canapé, profitant du confort que lui offrait le dossier moelleux. Il l'observa, la dévora des yeux, sans se cacher, sans honte. Il n'a plus vraiment de fierté ou de dignité à cet instant. Il sentait que cette nuit, dans ce salon, tout était autorisé. Que c'était un moment à eux. Rien qu'à eux. Qui ne sortirait jamais de ces murs et de leurs souvenirs.

« Mais je n'ai jamais affirmé que Janel et moi étions un couple qui fonctionnait... »

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Hey everybody !!
Je voulais seulement poster ce chapitre pour vous souhaiter de bonnes vacances si vous y êtes. Moi encore une semaine et demi à attendre.
En plus, ce chapitre est important et celui qui suivra vendredi, l'est encore plus !!!  Vous n'êtes plus très nombreuses à voter et/ou commenter mais j'espère surtout que celles qui lisent encore auront aimé ce chapitre. Un peu au moins.
A bientôt !