Jamais Link ne s'était senti aussi peu préparé.

Certes, il avait vaincu la horde de démons de Ghirahim, lorsque le Banni, forme qui retenait prisonnier l'Avatar du Néant, avait menacé de faire surface.

Certes, il l'avait vaincu.

Certes, il avait réussi à avouer ses sentiments à Zelda.

Mais dans tous les cas, cela avait exigé un entraînement, un choix des mots ou des coups, une rigueur, une ascèse.

Aujourd'hui, il devait retourner dans ce royaume maudit, le Levant, pour une mission qui paraissait d'une simplicité enfantine : jouer un rôle.

Qui n'avait jamais joué un rôle étant enfant ? Tenté de réécrire l'histoire à sa façon ? Un prince, un chevalier, une princesse éperdue, un féroce ennemi ?

Mais quand il s'agissait de retourner le cours de l'Histoire, la vraie, comment savoir si on y était bien préparé ?

Dans les bois qui bordaient le Château, il plissa les yeux. Quelque chose n'allait pas, quelque chose lui échappait. Il repensa à Herenya. Sa vision des choses. Son plan pour qu'il devienne son mari ; la falsification de la prophétie ... la mort d'Elfy, le seul lien qui lui restait avec sa famille.

Pourquoi ce revirement soudain ? Certes, les démons avaient changé la donne ... c'était plutôt crédible, mais Link sentait que quelque chose d'autre se tramait. Alors que tout semblait soigneusement planifié, Herenya se retrouvait soudainement propulsée reine, sans qu'on ne sache les causes de la mort de sa prédécesseuse. Suicide. Accès de vin, excès de folie. Les mots officiels communiqués, pourtant ... le jeune hylien n'y croyait pas. Elfy était calculatrice. Pas du genre à se laisser distraire par de l'alcool.

Ça ne tenait pas debout.

Alors il repensa à la prophétie. Après tout, elle était censée les éclairer sur la marche à suivre.

« Quand trois seront réunis. »

En proie à un affreux doute, il s'accroupit, comme pour mieux réfléchir, réduire son champ de vision, tourner ses yeux vers l'intérieur de lui-même. Peut-être qu'il devait creuser son idée initiale. Lui donner davantage de reliefs, de texture, de poids.

« Deux êtres réunis / pour en former un seul suffit. »

Par tous les anciens dieux, serait-il possible que ... ?

Depuis le début, Herenya les avait manipulés. Pourtant elle n'avait pas toujours été ainsi. Il avait entendu des fragments de la conversation entre elle et Zelda. Suffisamment pour comprendre que quelque chose avait radicalement transformé la jeune reine.

Link se mordit la lèvre. Peut-être était-il trop naïf, et qu'il n'y avait rien de plus qu'une ambition démesurée. Herenya avait trouvé le moyen de se débarrasser d'Elfy. Point à la ligne.

Le doute se creusait de plus en plus ... Herenya n'était-elle pas retournée seule à Célesbourg ?

Et si elle l'avait conduit tout droit dans la gueule du loup ?

Loin de ses proches. Proche d'eux. Suffisamment pour les attaquer.

Link, Link, calme-toi. Ils ne sont pas sans défense.

Mais si j'ai raison, alors ils sont tous en danger en ce moment même.

***

Dans la salle du Conseil, où la voix de l'Avatar du Néant avait percé tel un abcès, le silence était total.

« Vous avez de la chance ... ricanait la voix mélodieuse affreusement perturbée par des sonorités rugueuses. Mes pouvoirs ne me sont pas entièrement revenus dans ce corps mortel ... Mais je vous assure, le peu que cette jeune fille possède m'est extrêmement utile ! »

Et il repoussa Mrs Handy sans effort.

Sous l'effet de son poids, celle-ci s'effondra sur le sol, et ses lunettes s'éjectèrent de son visage comme un boulet de canon. Ses boucles rousses retombèrent anarchiquement sur ses joues.

« Sous ma véritable forme, vous auriez été exterminée, cracha-t-il avec dédain. Expulsée de votre corps. Votre âme aurait volé à travers les murs, et se serait disloquée, comme le véritable pantin que vous êtes, asséna-t-il. Aux ordres d'un vieux moucheron qui a eu l'extrême, dirais-je, privilège ? De plaire à Hylia. La protection qu'elle a érigé autour de vous, Monseigneur Gaepora, est puissante, loin s'en faut, reconnut-il. Pour cette raison je ne peux vous atteindre, comme c'est regrettable.

— Votre faiblesse est conséquente, attaqua Gaepora. Ce corps ne vous offre que peu de possibilités.

— Croyez-vous ? Lorsque je l'ai intégré quand elle était jeune, disons, après la fermeture du passage vers Célesbourg et sa chère amie, sa haine était telle qu'elle m'appelait de tous ses vœux. Croyez-vous vraiment que j'aie fait de son corps une faiblesse ? »

Le silence retomba comme un linceul.

« Vous voulez dire que ... Vous la manipulez depuis qu'elle est toute petite ?! » S'étouffa le Directeur, réfléchissant toute vitesse à ce que cette déclaration impliquait.

Les yeux d'Herenya brillèrent d'une haine sans nom. L'émotion pure, sans filtre, s'exprimait à travers ses iris verts.

« Il est fâcheux que vous ne vous en soyez pas aperçus plus tôt, regretta l'Avatar du Néant en sifflant. Une aubaine pour moi, un tragique accident pour vous et toute sa famille qui a ... Qui a... »

L'espace d'un instant, le bégaiement de l'Avatar du Néant paralysa Bram, Mrs Handy, et même la mère Them, qui s'était approchée, s'était figée.

« Qui a quoi ? rugit une voix suraiguë en provenance de la bouche d'Herenya.

— Sois patiente, maugréa l'intonation forte du démon, avant de dévoiler des dents blanches ivoire. Cette jeune fille a trop de fougue, trop d'émotions refoulées en elle, constata-t-il d'un air ennuyé.

—Vous étiez banni, remarqua Mrs Handy en rechaussant prudemment ses lunettes. Comment avez-vous fait pour...

— ... Gagner cette enveloppe ? J'ai passé, disons, un pacte avec Herenya. Une grande partie d'elle-même reste dans le corps du Banni, ainsi suis-je libre de mes exactions ici. L'opération a demandé beaucoup de concentration de sa part ... Et du temps. »

Une grimace informe tordit son visage. La lutte entre le démon et l'ange ; l'innocence, contre la culpabilité.

« Mais j'ai grandi ... indiqua un ton de voix légèrement plus aigu que la voix habituelle de la jeune femme. Tu m'as trompée !

— Battez-vous ! l'encouragea Mrs Handy, toujours au sol, qui n'osait plus bouger d'un pouce, malgré une tension qui électrisait ses muscles.

— Ce ... Ce moment ... Est ton sacrement ! rétorqua un octave au-dessus du ton de la voix qu'Herenya avait employée auparavant. Ce moment ... Est celui qui va te permettre de connaître la vérité... toute la vérité !

— Mon dieu, expulsa Arfang dans un souffle, ce démon a fait en sorte que ni Link ni Zelda ne puissent être présents pour la ramener à la raison. »

Il y eut un instant de flottement inédit. Gaepora comprit qu'il devait gagner du temps. Bram le comprit en un éclair :

« Mais je fais partie de la vérité, et ça, ce n'était pas prévu dans ton plan ! Même ceux qui se proclament comme des Seigneurs n'arrivent pas à la cheville d'Hylia.

— Que dis-tu, misérable hylien ? cracha le démon.

— Bram, qu'est-c'qui t'prend ? Le provoc' pas ! » tenta de temporiser la mère Them.

Mais l'homme n'en démordit pas :

« Tu voulais mettre la pagaille, n'est-ce pas ? Tu voulais que je déroge aux ordres de Mgr Gaepora, ainsi tu m'as fait croire que j'avais toujours le pouvoir de décision du roi que je fus jadis. Si tu as un don, c'est celui de trouver les failles. Mon passé en fait partie, reconnut-il, la tête haute. Je regrette les décisions que j'ai dû prendre pour sauver mon royaume. Je regrette de ne plus avoir la mainmise sur mes sujets, moi qui aimais tant les écouter, les guider ... Oui, c'est cela aussi ma faille, ma faiblesse, là où je faillis : vouloir tout contrôler des autres, jusqu'à les rendre dépendants de moi, de mon jugement. »

Telle une enluminure animée, le visage d'Herenya passa de la fureur à la délectation.

« Il est encore temps, susurra-t-elle d'une voix suave. Le pouvoir n'est qu'à une portée de bras ... Tu peux tout gagner en étant à mes côtés. Tu peux retrouver la grandeur passée du Levant. Tu peux retrouver ton influence d'antan. Regarde-toi : aujourd'hui, tu n'es plus rien. Tu n'es qu'un poids mort pour ceux qui t'entourent. Tu as sombré dans le découragement. Tu as erré, des années durant, à la recherche de ce que tu avais perdu. Tu as même laissé ton fils seul, en lui faisant courir le risque de mourir là-haut, pendant que toi, tu étais en sécurité ici-bas. »

Bram fronça les sourcils. Gaepora lui fit signe de poursuivre en son sens.

« Que m'accorderiez-vous ? » demanda-t-il d'un air faussement intéressé.

L'Avatar du Néant esquissa un sourire.

« Tu dis que je vois les failles. Je ne vois que du potentiel. Tu seras mon bras armé diplomatique. Ta mission sera de convaincre tous les peuples de rejoindre notre bannière. De former l'Uni. Notre rêve à tous. » il marqua une pause théâtrale. « Vous voyez, au fond nous voulons la même chose. » un frisson d'horreur parcourut l'échine de Gaepora tandis que la voix fluette mais néanmoins profonde d'Herenya, radicalement différente, poursuivait le discours du démon : « Tous, autant que nous sommes, nous couvons ce rêve secret de devenir un héros, quelqu'un dont on parlera pendant longtemps ... Or très peu de personnes restent dans l'histoire. Vous avez construit un pouvoir accessible ... Et donc, d'autant plus fragile et critiquable, déplora-t-elle. Les gens se croient tout permis. Ils se croient au-dessus des règles. Là réside le vrai danger. » elle marqua une pause éloquente. Gaepora était soufflé par autant d'éloquence à un âge aussi jeune. « En réalité, en matière de pouvoir et d'histoire, il y a beaucoup de candidats pour très peu d'élus. Alors autant faciliter les choses. Autant rendre ce qui semble accessible, ne plus l'être, comme cela devrait l'être naturellement. Pourquoi donner l'illusion aux gens qu'ils peuvent marquer l'Histoire ? Vos sujets n'en seront que plus dociles. Ils arrêteront de vouloir le pouvoir. Ils ne voudront que votre reconnaissance. Notre reconnaissance, sera l'ultime récompense, pour ceux qui connaissent la valeur de l'obéissance, de la loyauté indéfectible, et avant tout, de la probité. »

Le malaise avait envahi l'assemblée. Même Them avait détourné les yeux. Herenya posa sur elle un regard dur.

« Les gens comme vous devraient se contenter de suivre les directives, cracha-t-elle. Vous devriez avoir honte de faire étalage d'une telle mauvaise foi.

— Quoi ? se récria la pauvre Them. C'toi qui parle d'mauvais' foi ?

— J'ai assumé chacun de mes actes !

— Moi, au moins, je mesure la portée de ce que je fais, je me fais mon propre avis, asséna la cuisinière d'une voix soudainement claire. Si j'suis pas d'accord, j'ai la liberté de le dire. Et je fais pas de mal aux autres, jamais.

— Du mal ? Mais à quel moment ai-je fait du mal ? » ricana Herenya.

Il était difficile de savoir exactement à qui s'adresser. Chacun avait de la rancœur envers la jeune femme, mais où commençait son libre arbitre ? Avait-elle conscience de la portée de ses actes ?

Gaepora pensait que ce serait Mrs Handy qui répliquerait de la manière la moins agréable. A sa grande surprise, ce fut Bram :

— Voyons voir... tous les deux, vous avez tué quelqu'un de sang-froid, vous avez mêlé deux communautés en paix à une guerre, entre autres choses, le reste, j'imagine que vous l'avez soigneusement dissimulé.

— Pas à Link, intervint Herenya sans la voix grave de l'Avatar du Néant.

— C'est-à-dire ?

— J'ai dit à Link que ... que je... que nous avions falsifié le contrat de mariage, en utilisant la signature qu'il avait gracieusement offert à Pimprenelle, une simple domestique. Je lui ai dit que je nous nous étions débarrassés d'Eden, mon demi-frère...

— Quoi ? » atterré, Bram n'avait plus qu'un filet d'une voix décomposée. « Tu as tué Eden ? »

Le visage d'Herenya esquissa une grimace, l'espace d'une minuscule seconde.

« Qu'il peut être difficile de rejeter ces accès « d'honnêteté » ... renifla le démon. Cette jeune femme fougueuse a malheureusement encore de la nature hylienne. Elle a vu en Link un modèle, quelqu'un qu'elle ne devrait pas décevoir, malgré toutes mes recommandations. Alors même que nous le tenions sous notre joug, après sa victoire contre Cassandre, le champion du Levant, elle s'est mise en tête de tout lui révéler, absolument tout ! J'ai dû la juguler, mais elle était tellement déterminée ... C'est un défaut que nous devons encore corriger.

« Je n'ai jamais mêlé mes sentiments personnels dans cette quête, se défendit-elle aussitôt. Ces gens-là ne me font absolument rien. Qu'il s'agisse de Tartempion ou Tartempionne, je m'en contrefiche. Il s'agissait d'un calcul purement rationnel pour optimiser mes plans.

— Des plans de conquête, oui... Rien ne t'arrêtera donc jamais ? »

A qui s'adresse-t-il ? se demanda Gaepora. Considère-t-il qu'Herenya a forgé sa personnalité autour d'un démon ? Ou bien s'adresse-t-il directement à l'Avatar ?

Puis il sut ce que Bram voulait faire. Gagner du temps. C'est notre meilleure arme. Ils veulent nous convaincre. Nous assujettir. Pas nous tuer.

« Pauvres rejetons d'Hylia, perdus sans leur très chère mère. » cette fois, la personnalité qui s'exprimait était clairement identifiable. « Vous rendez-vous compte que votre « mère » a des intentions tout aussi discutables que les nôtres ?

— C'est-à-dire ? intervint Mrs Handy, qui assistait depuis un moment à la scène sans oser se relever, au point que Gaepora craignît qu'elle ne se soit cassé quelque chose.

— Ériger tout un culte autour de soi ... Vous appelez cela du narcissisme à l'état pur. Mais quand il s'agit d'Hylia, une entité qui n'est supérieure qu'à votre misérable essence, vous trouvez ça normal.

— Nous n'avons jamais érigé un culte absolu envers Hylia. »

Toutes les personnes présentes dans la pièce – Gaepora, Mrs Handy, Bram, Arfang, la mère Them – se retournèrent.

« La foi n'implique pas une obéissance absolue. Du moins elle ne le devrait pas, ajouta le nouveau venu un ton plus bas.

— Link ! s'exclama Arfang. Mais comment ... Qui ... Je croyais que tu étais loin !

— Il faut croire qu'il subsiste un peu d'Herenya, quelque part. Tu t'es trompée dans le pouvoir que tu m'as donné, lui expliqua Link comme s'il ne voyait plus l'Avatar du Néant. Je n'ai pas pu imiter qui que ce soit. A la place, je peux voyager dans les replis de l'espace. Et je crois que cette volonté est la tienne. Pas celle de l'être qui t'a assujettie. »

Un rire grave, sonore, déchira l'atmosphère telle une lame.

« Tiens, tiens, tiens. Nous allons commencer à nous amuser.

— Jamais de la vie ! Jamais je n'aurais fait courir un tel risque à Link ! Je ... Je me suis mis en danger pour lui, au contraire !

— Ne rentre pas dans son jeu, conseilla Gaepora. Il veut te faire sortir de tes gongs.

— Je sais bien ! Et, par Hylia, il y arrive ! Je ne suis plus celui que j'ai été », rumina-t-il.

Une brusque idée lui vint en tête.

« Attendez une seconde. Pourquoi l'Avatar du Néant perdrait son temps à vouloir me faire tomber si je ne représente plus rien ? »

Une lueur indécise éclaira les prunelles d'Herenya.

« Ce démon ne t'aidera pas, prononça Mrs Handy en se relevant. Tu dois te ressaisir !

— Qui sait si elle ne joue pas la comédie pour nous duper et nous faire peur ! cracha Bram.

— Il suffit ! tenta de temporiser Gaepora. Le fait est que nous ne savons rien d'Herenya. Vous m'entendez ? Rien du tout. Nous ne savons pas qui elle est. Et je crois que c'est par cette faille que l'Avatar du Néant est entré dans sa conscience. Il a profité de sa construction chancelante pour s'approprier son identité. Il en a fait une personne totalement soumise à sa volonté, il a modelé sa personnalité à sa guise et nous a tous trompés.

— Non ... Pas totalement », rétorqua un timbre de voix de jeune femme, qui n'était plus du tout celle du démon.

Vacillante, elle se cramponna des deux mains au dossier de la chaise la plus proche. Elle semblait très fatiguée.

« Quand ma famille a disparu ... je n'avais plus rien, expliqua-t-elle sans regarder quiconque, les yeux perdus dans le vide. Mais ce que l'Avatar du Néant m'a donné, c'est un espoir.

— Cet espoir est faux ! rugit Mrs Handy. Il te fera tomber !

— Je n'en suis pas sûre. Qu'avez-vous à me proposer ? » demanda-t-elle d'une voix redoutable en se tournant vers Bram. « Vous, l'ancien roi du royaume voisin, qui jouissait de sa suprématie sur le Couchant ? » elle fit face à Gaepora. « Vous, le nouveau leader d'une cité qui se veut éclectique, tolérante, ouverte à la différence, tout en refusant la cohabitation avec des êtres différents ?

— A quel moment l'Avatar du Néant a-t-il parlé de cohabitation ? répliqua Gaepora.

— C'est de votre faute, assena la voix de la jeune femme, tremblante. Vous l'avez rejeté ... Hylia l'a rejeté, et vous l'avez suivi... Tous autant que vous êtes. Mais pas moi. L'Avatar du Néant a de grands projets pour moi.

— Écoute, Herenya. » au mépris du risque encouru, Gaepora s'approcha d'elle. « Cette volonté d'accomplir de grandes choses, c'est très noble. Mais ... » il saisit sa main, pris par l'émotion. « Cette créature n'a pas de bonnes intentions à l'égard du vivant. Son but, c'est... la destruction totale. L'Avatar du Néant a profité de la construction de ton identité pour t'influencer.

— Mais enfin, ça n'a aucun sens ! Que vaut un monde vide ? » une grimace déforma ses traits. « Pas un monde vide, rectifia une voix bien plus grave. Un monde à tes pieds. Un monde qui répondrait à chacun de tes besoins, chacune de tes envies. Un monde fait sur-mesure ... Pas par une Déesse, mais des êtres de chair et de sang ! »

La conversation conduisait à une impasse, Link le sentait. Il en faudrait plus pour convaincre Herenya qui, après des années de persuasion, ne devait plus savoir où donner de la tête. C'est alors qu'il prit conscience qu'ils avaient atteint un point de non-retour.

« Herenya, l'appela-t-il d'une voix grave. Notre avenir est entre tes mains. C'est toi qui as le contrôle du Levant depuis qu'Elfy n'est plus, mais aussi des démons. Tu es la seule à pouvoir mener l'assaut. »

Le regard mauvais de l'Avatar du Néant le transperça. Link espérait seulement qu'une fraction d'Herenya, même infime, avait compris le message. Tu es la seule à pouvoir stopper cette folie. En refusant le joug de l'Avatar du Néant, tu le condamneras pour toujours. Et en te faisant passer pour lui, tu nous sauveras tous...