Un jour d'automne, alors qu'Eva rentrait du collège, où elle venait de commencer sa cinquième, elle retrouva sa mère en pleurs dans la cuisine. Cette dernière leva la tête en l'entendant arriver et lui fit signe de venir près d'elle.

« Aurélien... Aurélien... » commença-t-elle, mais c'était déjà trop. Les larmes coulaient à flot, sans pouvoir s'arrêter. Elle prit Eva par les bras et lui annonça d'un coup :

« Aurélien s'est suicidé. »

La nouvelle assomma la petite sœur d'un être qui n'était plus. Un poids immense s'abattit sur ses épaules. Il lui semblait qu'on lui arrachait une partie de son cœur, qu'on la piétinait, qu'on la giflait. Son frère. Son frère. Son frère.

Eva n'avait plus conscience de rien. Elle ne sentait plus sa mère la serrer fort dans ses bras, elle ne sentait pas les torrents de larmes dévaler sur ses joues. Elle ressentait juste un immense vide dans sa poitrine, à l'emplacement de cet organe vital qui tambourinait chez elle et qui s'était arrêté chez son frère.