« DeBaillac fait une passe à Toran qui l'envoie à Molineux, mais la balle est interceptée par Gignord ! La balle est aux noirs ! Gignord avance, la défense bleue se met en place mais la passe est déjà faite à Dumarais... »

La jeune fille n'écoute pas le présentateur. Sa voix l'horripile et elle déteste sa manière d'appeler les gens uniquement par leurs noms de famille. D'habitude ces tics l'énervent, mais là, elle a la tête à autre chose.

« Il faut que je la sorte de là, même si elle le refuse. Ils vont la tuer ! »

Elle prend son téléphone et compose un numéro.

« Allô ? Oui, bonjour. J'appelle concernant le match en or qui se déroule, c'est très important. »

Au même moment, sur le terrain, la pression est montée d'un cran comme l'étonnement général : « C'EST KRINGLER QUI A RECUPERE LE BALLON ET QUI MONTE A UNE VITESSE VERTIGINEUSE VERS LE BUT ADVERSE ! ET... ET... DEBAILLAC REVIENT ! KRINGLER SHOOTE ET ... C'EST UN BUT !!! LE PREMIER DE TOUT LE MATCH ! UN BUT MAGNIFIQUE ! Personne ne s'y attendait et pourtant, elle était là à attendre la bonne occasion et n'a pas manqué de savoir en tirer profit ! Un admirable profit ! Elle ramène un premier but à son équipe et ouvre le score d'une manière inoubliable ! A joueuse extraordinaire, match extraordinaire ! La balle est remise en jeu. Engagement ! »

Jetant un regard affolé à l'écran, la jeune fille commence à paniquer. Personne ne voudra croire qu'une si bonne joueuse risque sa vie en ce moment. Elle semble tellement en forme !

« Oui, c'est très important. C'est au sujet d'une joueuse.

- ...

- Eva Kringler. Sa vie est en jeu.

- ...

- Elle a certainement falsifié des papiers pour participer à ce match, elle ne devrait pas être là. S'il vous plaît, arrêtez ce match !

- ...

- Diffamation ? Vous m'accusez de diffamation ? Ce n'est que la vérité, je vous le jure, je vous le promets !

- ...

- Vous ne voulez rien faire tant que vous n'avez pas de preuve ? Vous risquez la vie de quelqu'un, en êtes-vous conscient ? Quel scandale cela ferait si elle meurt pendant le match par votre faute !

- ...

- Désolé ? Je ne crois pas que vous le soyez vraiment. Vous pouvez arrêter ce match, il le faut !

- ...

- Sans preuves vous ne faites rien, espèce de lâche ! ET SA VIE ? VOUS EN FAITES QUOI DE SA VIE ?

- ...

- Il m'a raccroché au nez l'espèce de... !! »

Hors d'elle, la jeune fille prit ses clefs et sortit en coup de vent.

« Il veut des preuves ? Il en aura. Au bureau, vite ! »