Elle prit rendez-vous chez le médecin pour un contrôle. Elle demanda à revenir pour qu'il lui annonce les résultats en personne. Il accepta et elle revint le lendemain, une deuxième feuille dans son sac, la gorge nouée de ce qu'elle s'apprêtait à faire.

« Combiné à de la fatigue, c'est encore pire. Vous devez être très vigilante, vous comprenez ? »

Il l'avait regardée droit dans les yeux avec un sérieux glaçant. Eva avait compris et son attention se reporta sur la feuille de son bilan médical où s'étalait en toutes lettres une interdiction à toutes sortes de sports. Elle avait vu le médecin lever la main, se saisir de son cachet et l'abattre sur la feuille dans un claquement qui avait résonné dans tout le corps d'Eva. Si ce papier était retrouvé par quelqu'un avant son match en or, elle pouvait dire adieu à ce dernier et allait au-devant de graves ennuis.

Elle sortit du bureau du médecin qui prit un autre patient sans tarder. Se tournant vivement vers la secrétaire, Eva se tapa le front de la paume de la main et lui dit :

« Oh, j'ai oublié ! C'est trop tard maintenant. Je devais demander au médecin d'appliquer son cachet sur le bilan médical de ma fille. Il a été envoyé à la poste sans le cachet. Est-ce que vous pourriez me le faire ? »

La jeune secrétaire regarda cette dame désolée qui attendait de l'autre côté du bureau :

« Eh bien, je suppose que je peux vous le mettre. Où est la feuille ? »

La gorge nouée, Eva eut du mal à répondre, mais elle se ressaisit :

« Ici, oui, là dans mon sac à main. C'est d'ailleurs pour cela que j'ai oublié de la présenter au médecin. Merci beaucoup madame.

- De rien. Vous devez être fière d'elle, son premier match en or !

- Oh oui. Encore plus car je n'ai jamais joué mon match en or, je pense que vous avez entendu d'ici.

- ... Oui. Faites bien attention à vous, laissez à votre fille le soin de courir après le ballon ! Bonne journée à vous.

- Pareillement. Au revoir.

- Au revoir. »

Eva sortit soulagée du cabinet. Incroyable, cette secrétaire avait cru à son histoire du début à la fin ! Au moins, elle avait son certificat médical (falsifié) validé par le tampon d'un médecin. La signature n'était qu'une formalité. Le plus dur était fait.