Dans l'ancienne société, le football était porteur d'espoir. Pour tous ceux qui excellaient avec un ballon et avaient de l'ambition, il y avait l'espoir d'être, peut-être, repéré par un club important. Il y avait l'espoir de réussir à vivre de sa passion.

La gloire et la richesse appelaient de tous temps les joueurs de leurs voix de sirènes ; mais alors qu'avant le football n'était pas le seul moyen d'y parvenir, dans cette nouvelle société, il l'était devenu.

Eva s'était répétée plusieurs fois qu'elle le devait et qu'elle n'avait pas d'autre solution avant de falsifier les divers papiers qu'elle devait rendre. Elle ne pouvait pas les faire dans les règles ou alors elle se retrouverait privée de match en or, purement et simplement.

Il lui restait encore de longs mois avant de rendre ces papiers, mais elle s'y prit tôt. Elle entra en action le jour où une amie l'invita chez elle. Elle commença par lui raconter la dérogation que lui avait accordé le gouvernement :

« Et dans un peu moins d'un an, je jouerai mon match en or et celui de mon fils.

- Eva, c'est incroyable ce qui t'arrive ! Je me souviens encore de toi en primaire jouant au foot, c'est vrai que tu n'étais pas mauvaise du tout.

- Il faudra que je sois un peu plus que pas mauvaise pour assurer une belle vie à Marco.

- Oh, tu réussiras, j'en suis sûre et certaine !

- J'aurai besoin de ton aide pour un tout petit peu de paperasse.

- Mais bien sûr ! Quoi exactement ?

- Si tu pouvais au moins me montrer des certificats d'entraînements et médical qu'il faut, ce serait déjà beaucoup ! J'aimerai me faire une petite idée de ce qu'il faut que je rassemble comme documents. Tu comprends, pour les jeunes de dix-neuf et vingt ans, l'Etat se charge de presque tout ! Mais comme je suis un peu « « hors-normes », il faut que je me débrouille seule.

- Ce n'est pas un problème ! Viens avec moi, je vais te les montrer. J'ai même les versions les plus récentes car un de mes neveux a fait tous ses papiers pour son match en or de l'année dernière. »

Tout en parlant, l'amie d'Eva lui tendit quelques feuilles qu'elle avait retrouvées dans une pochette. Les feuilles ne semblaient pas trop dures à copier. Cela pouvait être possible, à part pour le cachet du médecin qui semblait incopiable. Elle se débrouillerait. Il le fallait.