« Eh, Maman, tu sais quoi ?

- Marco, mange proprement, le réprimanda sa mère. Non, je ne sais pas.

- Théophile m'invite à venir chez lui samedi. Je peux y aller ?

- Je crois qu'on a rien de prévu, alors oui.

- Je t'y emmènerai » propose Rafaël.

La mine réjouie du garçon réchauffe le cœur de son père. Après avoir contemplé les boucles sombres de son fils, il reporta son attention sur sa femme. Elle semblait songeuse, observant Marco ou plus précisément le fauteuil de Marco. Rafaël savait combien le handicap de leur fils pesait à Eva, même s'ils veillaient tous deux à l'oublier le plus possible et à adapter leurs activités en famille au garçon. Ce dernier ne s'en plaignait pas : il était chouchouté par ses parents de tous les côtés.

Malgré le fauteuil de Marco, Rafaël pouvait dire sincèrement qu'il était fier de sa famille et que c'était la plus belle dont il puisse rêver. Tout n'était pas toujours facile, comme dans toutes les familles. La seule différence, c'était ce handicap et pourtant cela ne changeait rien à son bonheur. Il se mettait simplement à détester de plus en plus cette société qui petit à petit rejetait son fils. Mais qu'importe, ils allaient leur montrer à tous que Marco pouvait avoir une belle vie, même sans jouer au foot. C'était la promesse qu'il avait faite avec Eva le jour de la naissance de Marco.

Et ils étaient bien partis pour la tenir, envers et contre tout, ensemble, en famille.