« Marco a grandi », pense mélancoliquement sa mère, assise dans les vestiaires d'Ysores, quelques courtes années plus tard. Il a huit ans seulement, huit ans déjà ! Il s'en est passé des choses durant ces huit ans !

Laissant ses souvenirs de côté pour un moment, Eva noue ses lacets. Elle a peur de monter sur le terrain à présent. Elle voudrait fuir, fuir, fuir loin de ce stade gris et métallique. Mais elle ne peut pas, elle ne doit pas car ce match est son seul espoir pour l'avenir de son fils.

Elle se retourne, prend son téléphone dans la poche de sa veste. Un message de Marco.

« Vas-y Maman, t'es la meilleure ! »

Elle sent les larmes lui piquer les yeux mais les chasse en clignant des paupières. Elle remet le téléphone dans la poche, à côté de l'avis médical. La feuille est pliée en quatre, écornée par le temps qu'elle a passé dans le vêtement, porteuse de mauvaises nouvelles. Eva se souvient des mots du médecin :

Il l'avait regardée droit dans les yeux avec un sérieux glaçant. Eva avait compris le message, mais elle n'en tient aucun compte comme le montre sa présence dans ces vestiaires.

« Tu es complètement folle à négliger ainsi un avis médical des plus sérieux ! », lui rappelle sa conscience. « Mon fils mérite cette folie. Il en a besoin. » La conscience d'Eva se tait. C'est la seule solution, tout son être le sait, alors il se résigne à suivre les élans d'un cœur maternel.