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Chapitre 39

Comme dans une grotte, le monde résonne autour de lui. La tête lui tourne. Les yeux lui piquent. Il a mal au ventre, mal aux tempes, mal au cœur, mal partout.

Difficilement, Éridan se relève. Le monde bouge légèrement devant lui avant de se stabiliser. La lumière l'éblouit, il a l'impression que tout s'est paré d'un voile blanc trop perçant. Son esprit aussi est vierge de couleur. Il n'a aucun souvenir de la veille. Juste quelques sensations de flottement dans un nuage de brume. Il sent la migraine s'installer lentement comme une étreinte malvenue.

Maladroitement, il s'extirpe de la chambre où dorment encore ses deux compagnons. La nuit n'a pas été longue, le ciel est encore des couleurs de l'aube. Le bleu azur de l'été n'a pas encore empli l'immensité du ciel. Seuls les rayons du soleil encore timides colorent l'adversité de la lumière. Avec un grognement, il attrape une aspirine dans son sac et referme la fermeture éclair derrière lui. La fraîcheur matinale tend à remettre ses idées en place, mais la sensation d'étau continue de le faire souffrir.

Éridan s'assoit sur un des tabourets et se serre un verre d'eau avec toute la force qui lui reste avant d'y plonger l'effervescent. À travers le plastique semi-opaque, il voit les bulles s'élever dans le liquide de plus en plus trouble. La pastille se désagrège, trop lentement à son goût. Son regard finit par se perdre sur les restes du feu. Une dizaine de bouteilles vides jonchent le sol. Même si l'origine de son mal de tête ne lui était pas inconnue, il est maintenant certain que la veille n'a pas été bénéfique pour son foie.

Au terme de longues secondes, il peut enfin porter le gobelet à ses lèvres. Le goût désagréable du médicament lui vole une grimace.

Qu'est-ce qui lui a pris de réitérer l'expérience de la gueule de bois ?

Puis, décidé à faire passer la douleur, il se lève. Trop précipitamment sûrement, car l'élancement dans son crâne le fait tituber. Puis, ignorant la douleur, il commence à ramasser les déchets et le désordre laissé par les excès de la veille. La tâche mécanique le fait se déconnecter du monde. Son corps bouge de lui-même, mais son esprit, attaqué par la migraine, tente de s'éloigner au plus vite. Il gambade d'une sensation à une autre, d'une pensée à un souvenir. Mais malgré toutes les divagations, rien ne peut lui faire se remémorer la soirée passée.

Quand ses mains ne peuvent plus rien attraper, il balade un regard sur la parcelle de nouveau propre, avec satisfaction. L'aspirine a commencé à faire effet, la douleur n'est qu'une légère pointe dans ses tempes.

Les poubelles débarrassées, il continue son périple dans cette matinée de solitude apaisante. Devant de miroir de la douche commune, il se passe de l'eau sur le visage, ses mèches perlées de cristaux d'eau brillent sous le rayon de soleil de la lucarne des bains. Éridan observe les poches sous ses yeux, la blancheur de sa peau, ses lèvres gercées. Il fait peur à voir. Pourtant, la fatigue l'a complètement quitté, il se sent comme après une nuit complète et profonde. Revigoré, apaisé, prêt à parcourir l'infinité du monde.

À la même allure, il passe devant le bloc central du camping où la petite épicerie vient d'ouvrir ses portes. En fouillant ses poches, ses doigts rencontrent le métal froid de quelques pièces. En souriant à l'homme derrière le comptoir, il demande quelques croissants et une baguette de pain. Puis comme il est entré, il ressort de l'échoppe avec le même détachement.

Éridan a l'impression de ne pas vraiment habiter son corps ce matin. Même si tous ses gestes sont les siens, il voit le monde comme sous un filtre déformant. Cette sensation ne le quitte pas, quel que soit le nombre de pas.

Finalement, de retour à la tente, il se rassoit sur un tabouret plastique. Retour à la case départ.

« Ça va mieux ? »

Éridan, surpris, se retourne vers la caresse de la voix. Romane dans un grand sweat bleu voilant sa fine silhouette sort de la tente. Elle lui sourit doucement avant de s'installer à ses côtés.

« Tu te souviens de pas grand-chose, j'imagine.

– Non, déclare Éridan avec dépit.

– C'est peut-être mieux comme ça, le rassure-t-elle.

– J'ai fait du mal à quelqu'un, demande-t-il soudainement inquiet.

– Non t'inquiète pas, commence-t-elle en riant, enfin peut-être à toi-même... »

Il ne répond rien, imaginant sans difficulté l'état misérable dans lequel il devait être la veille.

« J'ai dit des choses étranges ?

– Tu m'as parlé de lui, un peu. Tu m'as dit qu'il te manquait, que tu voulais lui parler encore une fois, que tu ne sais plus ce que tu fais... Tu m'as dit que tu crèverais sans te poser de question si ça te garantissait de le revoir », souffle-t-elle avec douleur.

Éridan vit avec ces pensées depuis si longtemps que leur présence ne détonne pas, pourtant, aujourd'hui, il a si mal en les entendant.

« Je...

– Dis-moi que tu feras pas ça, Éri'... Dis-moi que tu me laisseras pas sans un mot... »

Sa gorge serrée empêche sa phrase de se terminer. La détresse perle dans les yeux de Romane.

« Je te le promets, je pensais pas ce que je disais, j'étais plus moi-même hier... »

Les larmes qu'elle retient avec force témoignent mieux que les mots. Elle sait que ce n'est que des paroles, que la vraie douleur, même en demi-teinte, se tapit toujours dans un recoin de leur esprit.

Éridan ne peut s'empêcher de l'attirer à lui. Elle se laisse faire. Une sensation de déjà vu le traverse. Il a soudainement l'impression d'avoir pleuré alors que ses yeux sont secs. Les souvenirs du corps sont plus forts, les larmes de la veille, il les sent presque sur ses joues. Il sait que ce n'est pas la première fois qu'il se laisse sombrer. Elle l'a déjà vu plus d'une fois dans cet état de désespoir dans lequel il n'ose s'imaginer. Quelle image a-t-il donné à voir à ses amis, hier soir ? Quelle misère il leur a montré dans l'ébriété la plus totale ? Jusqu'où la transe l'a emporté au fond du gouffre creusé en lui ?

« J'aime pas te voir comme ça... J'aime pas quand tu essaies de te détruire, chuchote-t-elle presque imperceptiblement.

– Je ne le referais pas. »

Paroles en l'air ? Sûrement, cette envie de disparaître revient si souvent. Mais il peut lutter, il en a la force, elle lui donne la force. Il se sent moins vide, moins lourd quand son odeur se mélange à la rosée et à l'herbe fraîche.

Elle le croit, il le sent dans ses muscles qui se détendent sous les siens. Elle a envie de le croire, elle lui fait confiance. Il commence à y croire lui aussi. Cette confiance qu'elle porte en lui le conforte dans l'idée qu'il en est capable. Capable de voir les choses autrement.

Ils restent l'un contre l'autre, longtemps. Romane a retiré son visage de son torse et observe la journée avancer. Éridan lui, ne la quitte pas des yeux. Il tente de retenir tous les grains de sa peau, chaque mèche de sa chevelure encre. Puis, elle lève les yeux vers lui, avec étonnement.

« J'ai quelque chose sur le nez ? »

Éridan rit.

« Non, t'es juste magnifique. »

Elle rougit, prise par surprise par la franchise de son amant. Pour cacher ses joues, elle replonge contre lui, dissimulant son visage dans les plis de son tee-shirt. Puis, furtivement, elle relève le visage et lui dépose un baiser sur la joue avant de disparaître à nouveau.

Éridan sourit, amusé par l'attitude enfantine de Romane.

« Ro', tu veux bien que je te dessine ? »

La question lui fait perdre toute envie de se cacher et elle lève ses yeux brillants vers lui.

« Fais-toi plaisir, pas besoin de demander ! »

Hésitant, Éridan entre dans le sanctuaire du sommeil. Il attrape son matériel à dessin avec discrétion.

Sa pochette est toujours remplie des mêmes croquis et dessins au crayon. Romane en attrape un avec curiosité tandis qu'il sort une feuille vierge et étale ses crayons sur la table en plastique. Presque neufs malgré les années.

« Ça fait longtemps que je ne t'ai pas vu dessiner, ils sont vraiment beaux, dit-elle pensivement en passant son doigt sur les lignes et les courbes de carbone.

– Merci. »

Déjà, il n'est plus là. Emporté par la concentration, plus rien ne compte mis à part le crayon qui frotte impitoyablement la feuille. Petit à petit, les formes donnent sens au dessin. Ce n'est pas la première fois qu'il dessine Romane. Et pourtant, chaque courbe est comme un miracle sous ses yeux. Avec la plus grande minutie, il trace la douce rondeur de son visage. Les courbes fines de son nez. Ses yeux qui lui sourient si souvent.

À côté de lui, elle regarde son visage se construire. Éridan n'ose pas se tourner vers elle. De peur de voir sa réaction, de peur de perdre cette magie qui s'opère entre le crayon et la feuille.

Les minutes passent et ils ne disent rien, absorbés par les traits de crayon gracieux. Les ombres se mêlent aux lumières dans un portrait presque photographique. Puis, Éridan lâche son crayon. Romane est sous ses yeux et à côté de lui. Il décide enfin de se tourner vers la version originale, vers celle qu'il aime. Ses yeux s'accrochent aux siens.

Noisette. Brillants. Magnifiques.

Instinctivement, il attrape le crayon marron encore inutilisé sur la table et ajoute l'éclat si captivant. Le bout de bois lui picote les doigts.

Pour la première fois, elles se sont invitées. Pour la première fois, les teintes se sont imposées à lui comme une évidence.

Le monde est si beau paré de mille couleurs.

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