Un desert de sentiments
Simon avait du venir toquer à ma porte pendant (au moins) 10 bonnes minutes avant que je décide à me lever. J'étais au fond de mon lit, et il fut forcé de marchander, me promettant le plus beau des petits déjeuner pour que j'accepte de me dépêcher. Au final, nous avions eu droit à quelques raviolis d'une texture non identifiée, ainsi qu'à des galettes de riz au goût de carton. La journée commençait très bien !
Heureusement, Emma et Marco nous attendaient patiemment devant notre hôtel, et ils ne firent aucun commentaire sur notre retard. Elle afficha un sourire radieux en nous voyant arriver et me sautai dans les bras. Cela faisait bien longtemps que je n'avais plus aucune proximité avec personne, donc, j'essayais de paraître naturel en lui rendant son étreinte. Je n'avais jamais été le genre de personne qui aime les papouilles, je me classais plutôt dans le sac de ceux qui regardent les autres s'en faire. Que voulez-vous, je n'attirai pas grand monde avec ma maladie. Cet unique mot pouvait faire fuir une personne en seulement quelques secondes. Pourtant, je ne me trouvais pas d'une "profonde" laideur. D'accord, j'étais loin (très loin) de ressembler à Kendal ou Gigi, mais mon physique n'était pas trop ingrat.
Alors que nous montions à bord d'un de leurs taxis locaux, je croisai mon regard dans le rétroviseur gauche de la voiturette. Mes yeux bleus affichaient un air lasse et mon visage carré était marqué par la fatigue. Quant à mes cheveux noirs de jais, qui avaient été coupé, quelques semaines avant que j'apprenne la nouvelle, ils ne manquaient pas de volume. M'arrivant jusqu'à la mâchoire, ils formaient un dégradé très fouilli (exubérante, comme les anglais), ce qui me donnait un petit côté "sauvage" ou plutôt, "je ne me suis pas coiffée depuis 1 semaine".
J'étais au tout début de mon périple donc on ne pouvait pas dire que je me sentais reposée, et ça se voyait !
J'étais montée à bord au côté de ma jolie rousse, et elle m'arracha à mes contemplations quelques minutes seulement après que nous ayons pris la route.
"- Tu es sure que tu vas bien ?
J'avais sursauté.
- Pourquoi cette question ?
- Je sais pas, tu m'as quand même l'air assez crevée !
Si seulement elle avait su
-T'as pas à t'en faire, j'ai juste eu une année très... chargée.
-J'imagine que t'as pas mal bossé ouais, mais sinon, niveau vie privée ça se passe comment?
J'étais rouge pivoine. Comment lui avouer que la seule notion d'amour que j'avais eu durant mon séjour, avait été celle qui unissait les personnages de la série Game of Thrones.
-Ça... se passe. Lentement mais sûrement...
-Tu veux dire qu'il ne s'est rien passé. Avec personne. De toute l'année ?!
Mon désert sentimental avait l'air de la surprendre.
-Si enfin... est-ce que tu comptes les relations amoureuses avec des acteurs. Dans le cadre d'une série certes, mais de mon côté, j'étais on ne peut plus sincère.
Emma avait éclaté de rire, m'envoyant son point dans le nerf de l'épaule droite, ce qui ne manqua pas de m'arracher un petit cris.
-Mais qu'est-ce que tu peux être con ! Tu sais très bien de quoi je te parle !
-Non, c'est bien ça le problème.
-PERSONNE ?! Ma pauvre...
-Oui bon, ne te sens pas obligée de me plaindre non plus.
-Non, c'est pas du tout ce que je voulais dire. Mais l'amour Axelle, c'est tellement beau !
Gna gna gna, encore une qui allait m'en faire tout un discours.
-Écoute, je suis vraiment heureuse que tu aies trouvé ton Roméo. Pour ce qui est de mon cas, je ne vois pas la nécessité d'être en couple, surtout en ce moment.
J'avais été bête, je le sais. Je venais de balancer un bout de la bombe en seulement quelques minutes.
-Qu'est ce que tu entends par "en ce moment" ?
Comment pouvais-je me justifier ?
-En ce moment.. parce que.. tu sais.. euh.. le voyage tout ça. Je vais pas me mettre en couple alors que je bouge tout les jours non ?
Je m'étais rattrapée comme je le pouvais mais Emma avait le sourcil gauche haussé, signe évident de sa perplexité.
-Quoi de plus romantique qu'une amourette de vacances ?
-Je te résume cela en une belle citation "rien ne sert de tomber amoureux, tu en ressortiras malheureux."
-Pff, elle est de qui ?
-De moi !
-Quelle poète, et que dis-tu de celle-ci " Je suis plein du silence assourdissant d'aimer"
-Tu te mets à citer Aragon ?
-Pourquoi pas, il résume très bien ce qu'est l'amour.
-C'est beau, d'accord, mais pourtant je trouve ce concept bien trop compliqué.
-Je te l'accorde, personne ne t'en dira le contraire.
-Un point pour moi !
-Mais est-ce que c'est forcément mal ? Que ce soit compliqué ?
-Développe...
-Je veux dire, est ce que ce serait aussi beau si c'était simple ? Sans quelques rebondissements, aimer deviendrait banal. C'est comme les montagnes russes.
-Oui et bien sachant que la dernière fois que je suis montée sur ce genre de truc, j'ai vomi tout ce que j'avais dans l'estomac... Je me sens encore moins concernée par ta comparaison.
-D'accord, j'ai peut être mal choisie mon image mais...
-UN AUTRE POINT POUR MOI !
-Laisse moi finir ! Mais... sachant que tu ne sais pas ce que c'est que d'être amoureuse, tu ne peux pas juger et condamner l'amour.
-Touchée...
-Ce point là, il est pour moi.
Elle me montrait toutes ses dents, affichant son plus grand sourire. Quelle amie ingrate elle pouvait faire.
-Ne la ramène pas non plus ! Je ne sais peut être pas ce que c'est, mais j'ai eu le temps de vous observer.
-Nous ? Marco et moi ?
-Entre autres. Mais mon vous désigne plutôt toutes ces personnes naïves qui se laissent berner par l'amour.
-Le discours classique de la célibataire.
Argh
-Allez 2 points pour toi.
-Bon, en tout cas sache qu'il me semble que tu as une touche avec Simon.
Je m'étais tournée vers Emma et lui avais fait les gros yeux.
-Ça va pas non ? Simon ?! Et pourquoi pas Le chauffeur tant que t'y es. Je lui désignai du doigt le vieil homme au ventre bedonnant qui conduisait le taxi.
-Arrête t'es vachement dure. Il n'est pas si moche, en plus c'est un mec sympas et intelligent.
Je l'avais fixée quelques secondes, cherchant des traces d'humour dans son regard. Seulement, à la place, j'avais rencontré ses deux pupilles vertes accusatrices.
-Non enfin Oui t'as raison, Simon est adorable. Il est gentil et il sait parler de tout. Mais physiquement, il ne m'attire pas. Enfin même si on ne se base pas uniquement sur le physique, je ne vais pas non plus faire comme si il ne comptait en rien hein ! Après, je pense qu'il faut mieux connaître une personne pour en tomber amoureuse.
-Pas forcément, Marco et moi ça a tout de suite était le coup de foudre !
-Allez 3 points, t'es contente ?
-Tu sais très bien que je n'essaie pas de gagner de points. Sauf s'ils peuvent t'aider à comprendre que tu loupes quelque chose.
-Après il faudrait qu'on désire une relation avec moi. Partie délicate.
Emma avait brusquement pris mon visage dans ses mains et me fusillait du regard.
-Tu es Brune, tu as les yeux bleus, une mâchoire canon et un sourire d'enfer. En plus de tout ça, t'es une fille qui (d'après ce que je me rappelle), ne manque pas d'intelligence. Et pour finir, tu sais redonner le sourire aux gens en les faisant rire.
Elle avait dit cela très vite et ses ongles lacéraient la peau de ma joue.
-Je...
-ALORS NE VIENS PAS ME DIRE QUE TU NE PLAIS PAS.
-Ok ok ok...
J'avais reculé et m'étais réfugiée dans le creux de mon siège, après avoir déchaine les foudres de mon amie.
-Excuse-moi, mais je ne supporte pas l'auto dénigrement.
-Je le saurai la prochaine fois qu'il me prendra l'envie de me plaindre !
Emma me regardait tendrement. Elle prit ma main dans la sienne
-Je te souhaite de connaître ça Axelle.
-Qui sait.
-Bon on fait une pause dans notre discussion parce qu'il me semble que ton beau chauffeur nous arrête là.
Je jetai un dernier coup d'œil à l'homme au volant et lui envoyai un baisé. Emma morte de honte me poussa à l'extérieur et s'excusa devant la mine abasourdie du chauffeur.
-Putain Axelle, tu es irrécupérable."
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