Le collier de Jade
À mon réveil, j'avais prétexté (prétexte qui n'en était pas réellement un) devoir passer un appel important, afin d'échapper durant au moins une heure, à la protection rapprochée de mon nouvel ami. Nous étions le 1er juin, il était 7h du matin à l'heure chinoise et ainsi débutaient mes premières aventures dans Pékin. N'allez pas penser que j'étais une fille matinale, il devait y avoir 6 heure de décalage avec la France et j'avais dormi une bonne partie de la journée d'hier.
L'hôtel débouchait dans une rue bordée de toute part par un marché. Les commerçants étaient déjà en pleine agitation, les cris et les odeurs fusaient de chaque côtés. J'avançais lentement, me nourrissant visuellement de tout ce qui m'entourait.
Par contre, autant vous dire que j'allais avoir du mal à me faire comprendre dans ce pays, à peine voulais-je m'acheter une de leur friandise que je me retrouvai face à la barrière de la langue. J'essayai tant bien que mal de me dépatouiller à l'aide de l'anglais que je maîtrisais plutôt bien. Cette année en Angleterre, outre son apogée funeste, m'avait tout de même permise de travailler la belle langue de Shakespeare.
Finalement, j'avais réussi à m'emparer de la nourriture, glissant quelques pièces au hasard dans la main de la commerçante. J'étais bien consciente d'avoir trop donné et je réalisai que la présence de Simon allait s'avérer très utile. J'avais d'hors et déjà pu constater sa pratique plus qu'honorable du chinois lors de notre arrivée à l'hôtel, et elle me serait d'un grand secours.
Heureusement, j'étais parvenue à comprendre que le beignet que j'avais entre les mains s'appelait un Youtios. Mon fameux guide m'apprit qu'il était courant d'en déguster en Chine. De vu, ils représentaient l'équivalent de nos churros, mais au niveau du goût, cela se rapprochait plus du bol d'huile de cuisine. Un beignet de ce types devait représenter plus de 400 calories à lui tout seul, mais au diable les régimes, à quoi bon être maigre dans sa tombe ? Je finis de déguster mon beignet assise sur un poteau, observant, les yeux grands ouverts, le bouillonnement de la ville. En à peine 30 minutes, les gens étaient venus se masser dans cette rue étroite et le marché battait son plein. Balayant le paysage du regard, j'observai un petit magasin à ma droite.
La devanture était couverte de dessins et d'écritures que je n'étais pas en mesure de déchiffrer. J'étais entrée, intriguée et je me souviens encore de l'odeur : un mélange d'encan et de thé. Des objets, tous plus anciens les uns que les autres s'empilaient sur la multitude d'étagères. Mes yeux se promenaient sur la foule de bibelots, et s'arrêtèrent sur un collier monté d'une pierre verte où l'on pouvait voir dessiné le symbole chinois de l'air. Ne pensez pas que j'aurai pu dire cela si une nouvelle fois, je n'avais pas été munie de mon guide.
"JADE !", comme sortie de nul part, une vieille dame avait surgi à ma gauche et me répétait ce mot en boucle. Il me fallut quelques secondes de mûres réflexion pour comprendre qu'elle devait parler du types de la pierre et non pas du prénom, qu'elle-même portait. Il s'agissait donc d'une pierre de Jade, d'où sa belle couleur verte et sa surface d'un lisse impressionnant. La vendeuse plaçait ses deux doigts tendus devant mon visage, tentant de m'avertir du prix. 2 yens, ce n'était pas cher payé pour un aussi jolie collier, en Jade qui plus est. Je l'accrochai donc autour de mon coup après avoir déposé les deux pièces de 1 yen dans la main de la vieille femme aux cheveux grisonnants.
À peine avais-je mis un pied en dehors de la boutique que j'avais retrouvé cet univers agité. Je serrai la pierre de mon collier entre mes doigts, comme pour me convaincre de l'existence de cette petite boutique. L'instant passé à l'intérieur m'avait paru presque irréel. Je m'étais soudainement souvenue du but premier de cette charmante escapade et j'avais composé à la hâte, le numéro de mon père. Il ne lui suffit que quelques secondes pour décrocher, étant sûrement collé à son téléphone depuis mon départ.
Je l'avais rassuré, lui avais parlé de Simon et me sachant en sécurité, il avait poussé un soupir de soulagement.
À la suite du coup de fil, j'avais repris le chemin de l'hôtel, sans cesser d'observer les gens et les étalages de nourriture.
Je retrouvai Simon, en pleine discussion avec un homme appuyé sur un taxi-scooter. Dès qu'il m'apperçut, son regard s'illumina et il m'annonça d'un air enjoué qu'il avait prévu le programme de notre journée. N'ayant pas mon mot à dire, ni d'autres plans en réserve, je l'avais suivi enjambant gracieusement la marche du véhicule qui allait nous servir de taxi. Le jeune conducteur qui devait être du même âge que moi, se retourna pour me lancer un grand sourire et fit vrombir le moteur.
Les rues défilaient à mesure que le scooter accélérait. "Je t'emmène grimper Axelle". Simon était tourné vers moi et m'offrait une vue magnifique sur sa parfaite dentition. On ne pouvait quand même pas lui enlever cela !
Il nous emmenait prendre un bus vers Badaling, arrivés à destination, il prévoyait de monter dans un téléphérique qui nous déposerait en pleins sur la muraille. J'étais surexcitée, rêvant depuis longtemps de contempler l'immensité de la Chine depuis cette si connue et réputée muraille.
Je vous passe le voyage en bus, nous étions collés les uns-aux-autres, respirant d'un même souffle, un mélange de sueur et de cigarette. Je ne pouvais même pas apercevoir la fenêtre, compressée entre 2 hommes assez corpulents. Sortant de l'autocar, j'étais restée bouche-bée devant le téléphérique, oscillant entre peur et excitation. Il montait à une hauteur vertigineuse s'arrêtant par moment, nous laissant suspendu au dessus du vide.
Cependant, après cette longue ascension, à peine avions nous posé un orteil sur l'immense fondation de pierre que le spectacle avait été complet.
La vue était renversante. Se dessinaient un mélange de couleurs ocres et de paysages verdoyants. J'avais l'impression de surplomber le monde. Enfin, j'étais maître de l'univers.
Là haut, perchée dans les nuages, je ne ressentais ni le chaud, ni le froid, il ne me semble pas avoir songé à ma maladie un seul instant. J'étais montée sur l'un des remparts, le vent me fouettait le visage, me faisant vaciller au bord du vide. Il aurait suffit que je me penche pour abréger l'attente que j'allais vivre ces 3 prochains mois.
Mais je n'en fis rien, animée par l'envie soudaine et irrésistible, de vivre. Je pouvais sentir le regard fébrile de Simon. Il ne voyait pas d'un bon œil mon goût du vide. Et jouant dangereusement avec ce dernier, je comprenais ses appréhensions. Reconnaissante de tout ce qu'il avait pu organisé, je redescendai, revigorée.
"Axelle ? Axelle ! Axelle !" J'entendis soudain que l'on m'appelait. Mon prénom était scandé et je cherchais désespérément la source de ces cris. Enfin, une jeune fille, la vingtaine, m'attrapa par les épaules et me serra dans ses bras. L'étreinte terminée, elle posait ses grands yeux verts sur moi. Je la regardai interloquée "On se connait ?"
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Voilà, encore une fois, n'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé et à me donner vos suppositions quant à l'identité de cette mystérieuse jeune fille en commentaire !
Merci d'avoir consacré du temps à la lecture de ce chapitre.
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