Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

✨Chapitre 58 - D'un royaume et d'une histoire

Le vol dura une éternité. Sans que rien ne la porte, May volait, elle flottait, plus légère que l'air, aussi effacée que les Voleurs qui la suivaient. Elle ne pensait plus à ses amis, ni au C.I.S.I. Elle avait laissé derrière elle sa vie d'avant, elle pensait à ses parents.

Au milieu de la nuit, le cortège ralentit, puis s'arrêta tout à fait. Sans le savoir, May avait survolé les terres des Savants de Lo, en direction du sud et avait traversé une bonne partie – c'est-à-dire une centaine de kilomètres – de l'océan de Draeh. Au centre de cet océan, elle découvrit qu'une terre volait parmi les nuages. Ses contours se dessinaient à peine dans le ciel d'encre, loin au-dessus d'elle, pourtant elle savait qu'elle l'atteindrait, que c'était là qu'elle se rendait. Mais elle n'était pas au bout de ses surprises. Les créatures semblaient dans l'attente de quelque chose, qui bientôt, se produisit.

Des piliers, immenses, jaillirent des remous de l'océan. De différentes tailles et de différentes formes, ils fendaient l'eau et s'élevaient comme des flèches dans les airs. May s'aperçut que les créatures se posaient sur eux lorsqu'ils arrivaient à leur hauteur et montaient vers la terre dans les nuages.

Ébahie par tant d'ingéniosité et par la magie du phénomène, elle se prépara à prendre pied sur un pilier qui arrivait sous elle. Lorsqu'il fut assez près, elle fléchit ses genoux pour amortir le choc et tenta de garder son calme. L'excitation faisait battre son cœur à toute allure. Ses semelles rencontrèrent la dureté de la roche dont le pilier était fait et celui-ci la propulsa à une vitesse vertigineuse vers un lieu plus vertigineux encore.

Les yeux écarquillés, elle se tint droite, les pieds ancrés dans la pierre, certaine qu'elle ne tomberait pas. Elle réalisa alors avec émerveillement qu'elle n'avait pas le vertige. Le vide ne lui donnait plus aucune sorte de peur. Elle réalisa aussi que depuis son Évaluation, elle en avait fait du chemin...

Cette ascension la fit vibrer.

Un sourire discret étira ses lèvres, elle écarta ses bras du corps avec précaution d'abord, puis de plus en plus, jusqu'à ce qu'ils fouettent le vent et lui déclenchent une euphorie comparable à celle qu'elle avait eu un an et quatre mois auparavant, en haut de l'arbre qui avait marqué le début de son incroyable aventure.

Le pilier s'immobilisa. Encore sonnée, la sorcière tituba comme Charly un peu plus tôt, vers la terre à laquelle la pierre s'était arrimée. Un chemin de terre se dessinait devant elle. Et à quelques centaines de mètres, un rocher énorme. Tellement énorme qu'il ressemblait presque à une montagne. Une montagne de calcaire, contre laquelle l'éclat de la Lune étincelait. Et à l'entrée de cette montagne éblouissante se dessinait une bouche béante, une entrée si haute qu'elle aurait pu accueillir des fusées.

« Fille de la Lune... » l'interpela de nouveau la voix. May sursauta. Elle ne s'était pas fait entendre depuis qu'elle avait quitté le sol. « Fille d'Adélaïde et Dilwyn... » Le cœur de la sorcière manqua un battement. La voix connaissait ses parents. C'était irréel.

Le cortège s'apprêtait à franchir l'entrée colossale. La voix reprit : « Fille de l'union défendue de la Muyok et du guerrier d'Aonghasa, du Néant et du Soleil, notre Gardienne tant d'années exilée, te voilà enfin de retour. » Et tandis qu'elle posait son pied de l'autre côté de l'entrée, à l'intérieur de la forteresse de calcaire, la voix conclut : « Bienvenue à la maison. »

May commençait à ressentir des vertiges. Le lieu était vaste, elle avait l'impression que les murs lisses s'élevaient jusqu'au Soleil. La sorcière éprouvait une nostalgie douce à l'évocation de ses parents disparus qu'elle aurait tant aimé connaître. Pourtant, elle savait qu'elle se trouvait dans le lieu qui lui permettrait de s'en rapprocher le plus. La voix avait raison, elle était ici chez elle. Un sentiment de sécurité s'empara d'elle, elle se sentait bien.

L'ouverture par laquelle elle était entrée se referma. Une porte de calcaire coulissa du haut vers le bas dans le crissement de la pierre. La pièce se retrouva dans le noir complet. Soudain des couleurs illuminèrent les murs. De secondes en secondes, ils se teintaient de mille-et-unes couleurs différentes. Elles apparaissaient, se mélangeaient, disparaissaient dans un subtil ballet du spectre des nuances de l'arc en ciel.

En avançant de quelques pas, May se rendit compte que la pièce se déversait dans d'autres semblables et que de larges et hauts piliers soutenaient chaque pièce de telle sorte que la jeune fille aurait pu se croire dans un labyrinthe.

Le sol était inégal, tantôt incliné vers le haut, tantôt incliné vers le bas. May avait les pieds nus, le sol était rugueux, elle trouvait cela agréable. Sur les murs, les couleurs formèrent des images. Des nappes sonores infiltrèrent l'espace et une mélodie s'éleva dans l'air. Discrète d'abord, plus puissante ensuite, elle se propagea entre chaque grain de poussière, dans chaque molécule d'air pour envahir l'espace tout entier et accentuer le vertige de la sorcière.

« Connais-tu l'histoire de tes parents, jeune Gardienne ? »

May secoua la tête. La voix résonnait par-dessus les sons. Elle semblait venir de partout mais n'être nulle part.

« Alors laisse-moi te la conter... Il y a une trentaine d'années, le monde des Sorciers n'était pas exactement celui que tu as pu côtoyer. À l'ouest s'étendait le royaume d'Aonghasa, peuplé de guerriers redoutables. Tout à l'est, vivaient les Muyoks, un peuple pacifique vivant en autarcie, coupé du monde par la Barrière de Mars, une chaîne de montagne réputée infranchissable. Au nord, caché sous terre, le C.I.S.I. était comme tu l'as connu... Au sud vivaient d'autres peuples, comme les Savants de Lo, mais eux ne nous intéressent pas pour le présent récit.

« Ta mère, Adélaïde, était Muyok, un être fin et sage, à l'image de ses semblables. Les Muyoks se nourrissent de la chasse du petit gibier, de la cueillette de baies. Le pays regorge d'arbustes. Ils mènent une existence paisible, n'embêtent personne et ne sont embêtés par personne. Ton père en revanche, Dilwyn, vivait dans la capitale d'Aonghasa. Il était le neveu du roi. Avec son cousin, Loïsren, l'héritier du trône, ils aimaient se prendre pour de grands guerriers. Ils s'entraînaient dans les vastes prairies des terres de l'Ouest et volaient des manuels de sorcellerie pour s'y essayer. Loïsren excellait dans l'art de manier les sorts, tandis que Dilwyn s'emmêlait dans les formules à la moindre occasion. En revanche, Loïsren n'aimait pas le combat. »

May sourit à l'évocation de ce père qui attisait sa curiosité de parole en parole. Elle se tenait debout, les pieds ancrés dans le sol, comme reliée à cette terre par des kilomètres de racines.

« Tes parents, » continua la voix, « menaient chacun l'existence à laquelle ils étaient destinés, jusqu'au jour où une ville du Sud d'Aonghasa fut touchée par une terrible épidémie. Elle ravagea les cultures. Cela déclencha une famine sans précédent et la situation empira lorsque le fléau s'en prit aux habitants qui tombèrent tous malades et à quelques exceptions près, moururent. À cause des échanges entre les différentes villes du royaume pour le commerce de biens, l'épidémie se propagea et bientôt, gagna la capitale. La maladie touchait tout le monde et le feu sorcier qui l'animait décima des centaines de villages en quelques jours à peine. Le roi lança une expédition menée par Loïsren et Dilwyn pour aller quérir de l'aide auprès des Muyoks, le seul peuple à leur connaissance capable de trouver un moyen de guérison. Après des jours de voyage, la troupe arriva à la Barrière de Mars. La traversée ne se fit pas sans pertes. L'équipage avait perdu la moitié de ses hommes lorsqu'elle atteint les habitations Muyoks. Eux, connaissaient l'existence du fléau qui ravageait l'ouest. Le jeune Dilwyn rencontra Adélaïde car elle faisait partie de la délégation que le peuple Muyok envoyait dans l'ouest pour guérir Aonghasa. Elle était portée par le Néant, elle connaissait les plus sombres des énergies sorcières, elle était l'espoir d'Aonghasa. Pendant le voyage, Dilwyn et Adélaïde tombèrent amoureux. Mais la délégation arriva trop tard et lorsqu'ils regagnèrent l'ouest, toutes les villes et les villages qu'ils traversèrent étaient métamorphosés et dépourvus de vie. »

La sorcière frissonna et croisa ses bras autour d'elle pour tenter de préserver sa chaleur. Elle avait de plus en plus froid. La voix ne semblait pas se préoccuper de son état et continua son monologue :

« Malgré tout, lorsqu'ils atteignirent la capitale, sur la côte ouest qui jouxtait l'océan de Heard, ils trouvèrent cent survivants, cent miraculés. Ils racontèrent aux voyageurs comment, ceux qui n'étaient pas tombés malades s'étaient dispersés, certains en direction du C.I.S.I, d'autres vers les Terres du Sud, les autres avaient disparu dans le Sauvage et avaient formé ou intégré, lorsqu'ils en avaient eu la chance, des tribus de nomades. Jugeant que sa mission ne pouvait se poursuivre, la troupe de l'expédition se démantela et chacun fut libre de prendre la route qui lui plaisait. La plupart des Muyoks s'en retournèrent vers leurs terres mais tes parents et d'autres, dont Loïsren, curieux de découvrir d'autres contrées, choisirent de monter au C.I.S.I. Ils furent chaleureusement accueillis, nourris et logés par le peuple souterrain. Cependant, Adélaïde, ta mère, ne s'y sentait pas à son aise. Elle avait besoin d'air frais, de voir le ciel, d'embrasser la nature. Elle n'était pas faite pour la vie souterraine et ne la supportait pas. »

À cette évocation May sourit de nouveau, se trouvant un point commun avec sa mère.

« Dilwyn et Adélaïde regagnèrent alors le Sauvage où ils s'installèrent dans une tribu de nomades. Ils y vécurent sept ans. Au bout de la huitième année, Adélaïde tomba enceinte. De toi. Mais l'union entre un porteur du Soleil et un porteur du Néant est défendue par les peuples sorciers et des millénaires de légendes. Ils le savaient mais avaient décidé d'ignorer les menaces des anciens de la tribu. Maintenant, pour comprendre la suite, je dois te poser une question. Sais-tu de quoi la Lune est l'union ? » demanda la voix, interrompant son récit.

May, ensorcelée, plongée dans un passé qu'elle aurait tant aimé connaître plus tôt, secoua la tête, incapable de réfléchir. Elle avait le visage maculé de larmes et se sentait pleine de reconnaissance envers ces êtres qui lui avaient donné la vie, envers cette voix dont elle ignorait encore tout de l'identité mais dont elle chérissait déjà le timbre.

« La Lune est l'union du Soleil et du Néant », reprit la voix. « Du jour et de la nuit, de l'été et de l'hiver, de deux unités opposées et complémentaires. C'était la même chose pour Adélaïde et Dilwyn. Leur appartenance à deux peuples opposés ferait de leur descendance un être associé au Néant, un être du Néant. »

Tout se mettait en place dans la tête de la sorcière. Ces révélations la faisaient trembler. Ses larmes continuaient de couler. Des larmes obscures, épaisses, intimidantes.

« Tu naquis. Tes parents avaient besoin d'un prénom pour toi. Ils réfléchirent longtemps puis décidèrent de demander conseil à une guérisseuse qu'ils avaient rencontrée au C.I.S.I. Tu la connais, elle se nommait Feuille d'Automne. Dès qu'elle apprit l'union des deux sorciers et te vit, sa réponse fut immédiate. Il te fallait un prénom à deux visages. Tu t'appellerais—

— Maygheard, souffla la sorcière en même temps que la voix.

— Sais-tu ce que cela signifie ? lui demanda-t-elle.

La jeune fille secoua la tête.

— Mayg désigne l'esprit en sircien et Heard signifie plein, clairvoyant, c'est un synonyme de soleil. 

— Heard... Comme l'océan dont vous avez parlé... comprit May.

— C'est exact, reprit la voix. Et sais-tu ce que donne Heard à l'envers ?

— Draeh ?

— Oui, cela signifie vide en sircien.

— C'est lié au Néant. Nous sommes sur l'océan de Draeh... Je suis donc liée au Néant jusque dans mon nom...

La sorcière émit un rire, se sentant ridicule de n'avoir pas fait le rapprochement plus tôt. Qu'est-ce qui l'avait empêché de chercher si son nom si bizarre en français n'avait pas une signification en sircien ? Une fois l'explication donnée, cela semblait pourtant couler de source... Mais la voix reprenait justement sa tirade et la sorcière ne se concentra plus que sur le son apaisant de cette entité omniprésente.

« Tes parents furent convaincus que ce prénom était fait pour leur fille et ils s'en retournèrent dans le Sauvage avec Maygheard. Mais sur le chemin du retour, un groupe de Voleurs d'âmes coupèrent leur passage. Ils étaient là pour te réclamer. Parce que tu étais l'incarnation de l'union entre le Soleil et le Néant, tu étais la tant attendue Gardienne qui permettrait la jonction entre le plein et le vide, le monde des vivants et celui des morts... Bien entendu, Dilwyn et Adélaïde ne l'entendaient pas de cette oreille. Ton père combattit les Voleurs seul pendant que ta mère s'enfuit pour te mettre en sécurité. Le combat dura un jour et une nuit. Il fut féroce, ton père était coriace. J'ai entendu dire que tous les êtres vivants du Sauvage s'étaient tus pendant l'affrontement. On l'appela le jour aux deux visages.

« Victorieux mais affaibli, ton père chercha ta mère pendant deux jours entiers. Il décima des indices qu'elle lui avait laissés dans les bois, sur les rochers, dans les feuilles des arbres. Il sentait son parfum unique qui le guidait, le parfum des femmes Muyoks. Adélaïde s'était réfugiée dans la montagne du Reflet, dans la grotte qui abrite la source miroir. Elle le persuada qu'il n'y avait qu'une possibilité pour te faire vivre parmi les vivants. »

— M'emmener chez les humains... souffla la jeune fille.

« Exact. Mais cela requérait son sacrifice. Et Dilwyn ne voulait pas la laisser faire. Ils se disputèrent violement à ce sujet. Puis une nuit, quelques heures après que Dilwyn se fut endormi, certain que sa femme et sa fille dormaient à poing fermé, une décharge d'énergie prodigieuse le réveilla. Adélaïde réalisait le sort qui permettrait aux deux êtres qu'elle chérissait le plus au monde de se cacher dans le monde des humains. Des sueurs froides parcoururent Dilwyn. Adélaïde agonisait devant lui, son poignet taillé, le sang rouge carmin gouttant dans la source miroir. Maygheard flottait à la surface de la source, entourée de pétales de fleurs sauvages. Elle dormait.

« Adélaïde souffla à son amour de rejoindre sa fille dans l'eau pour que le sort puisse prendre effet. N'ayant d'autre choix que d'obéir, Dilwyn te rejoignit, au milieu des fleurs. Les yeux d'Adélaïde se fermaient, ceux de Dilwyn pleuraient, tandis que les tiens s'ouvraient. Tu avais compris que quelque chose de grave se produisait, tu étais enlevée à ton monde par tes propres parents. Tu étais arrachée à ta destinée. Tu étais arrachée aux portes du Néant. Un éclair illumina la grotte, le Sauvage et le ciel. Dans la seconde qui suivit, toi et ton père disparurent dans un monde où nous ne pourrions jamais venir te chercher... La suite, tu la connais. »

May avait du mal à respirer. C'était bien... ? C'était son histoire ? Oui, elle le savait. Et avec les explications de la voix, elle savait tout. Son père était bien celui avec lequel elle avait grandi parmi les humains. Il avait toujours su, il lui avait toujours caché son identité véritable... May se demanda ce qu'avait pu éprouver son père, Dilwyn, ce sorcier, son père, guerrier d'Aonghasa, pour quitter sa terre, s'intégrer dans un monde si différent du sien et protéger sa fille...

Mais il était trop tard pour ces considérations car elle savait désormais qui elle était. May était la Gardienne. Le Gardienne du Néant. Son devoir était de veiller sur l'entrée du royaume des morts. Elle était prête à remplir le but ultime de son existence, celui pour lequel elle avait été conçue, celui pour lequel elle existait, elle respirait.

Les images et la musique contre les murs de pierre s'intensifièrent et les vertiges déstabilisèrent de plus belle la sorcière. Les couleurs dansaient devant elle, le sol était instable, elle trébucha. La musique remplissait ses oreilles, lui faisait perdre ses repères. Mais elle était dans sa demeure, parmi les siens. Elle se releva, redressa la tête, toisa son nouvel environnement des yeux et ressenti une joie et une satisfaction immenses la parcourir. Elle sourit une dernière fois avant de s'avancer dans le dédale de couleurs et de sons qui, dans une dernière envolée magistrale, l'enveloppèrent et l'intégrèrent à eux.

C'était l'apothéose de la nuit. C'était l'apothéose de sa nuit.

_______________________________

*publication : 26/04/18, dernière mise à jour : 01/01/19*

Tadaaaaa ! Ne pleurez pas s'il vous plaît... *tend tout de même une boîte de mouchoirs extra doux*

Alors qu'en dites-vous ? Vous attentiez-vous à cette fin ? Come d'habitude mais plus que jamais, j'attends vos réactions !

On se retrouve bientôt pour l'épilogue !
xx

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro