Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Hold On


Elle n'avait pas mal.

A vrai dire, elle aurait bien aimé souffrir mille martyrs, être écorchée vive, brûlée, torturée, écartelée, oui, ses bras et ses jambes attachées à quatre chevaux qui se mettraient à galoper dans des directions opposées.

Et là, dans des craquements sonores et des déchirements plus que douloureux, elle aurait enfin conscience de son corps.

N'importe quoi tant qu'elle ait mal.

Attention, elle n'était pas masochiste.

Mais son corps tout entier réclamait de ressentir quelque chose, n'importe quoi, et son imagination fertile semblait prendre un plaisir sadique à lui faire croire que les pires souffrances possibles seraient les bienvenues.

Tant qu'elle ressentait quelque chose !

Elle ne sentait rien. Oh, elle entendait, sentait, voyait parfaitement, comme Avant, mais elle n'arrivait à toucher rien.

Rien, rien, rien.

Mis à part ses draps, que les infirmières changeaient toutes les semaines, elle ne pouvait rien sentir.

Elle ne pouvait pas se lever, marcher, courir, danser, parler, elle ne pouvait même pas émettre le moindre son. Elle ne pouvait strictement rien faire.

Si. Elle pouvait ouvrir et fermer les paupières.

Génial.

Elle était privée de tout, même pas capable de bouger le moindre muscle sauf ses paupières ? Elle ne se rendait même pas compte que bouger les paupières avait de l'importance, Avant.

Avant, comme la plupart des êtres humains, elle n'avait aucune considération pour les muscles faisant se lever et s'abaisser ses paupières, juste, juste... Elle n'en avait rien à faire !

Mais Après, ces muscles dont elle se moquait totalement étaient devenus plus importants que tout l'or du monde. L'entièreté de son corps était immobilisé, immobilisé, immobilisé.  Elle ne pouvait pas bouger. Elle ne pouvait rien faire. 

Compter les jours. Attendre la mort. 

Attendre, attendre, attendre que les secondes, les minutes, les heures, les semaines, les mois, les années passent. 

Attendre, espérer, attendre encore.

Sans rien faire.

Quand elle s'est réveillée, pendant les premières secondes de l'Après, elle ne comprenait pas. Elle n'avait mal nulle part, mais elle n'arrivait pas à se relever, elle n'arrivait même pas à respirer. Elle était clouée à son lit, incapable de ne bouger que d'un millimètre.

Elle pensait qu'elle était attachée. Comme elle était naïve.

Elle avait une magnifique vue sur son plafond, blanc immaculé, traversé par une minuscule fissure. 

Quand elle s'était rendue compte qu'elle pouvait bouger les paupières, elle s'était immédiatement mise à les ouvrir et les fermer à une vitesse impressionnante, pour quelqu'un ne pouvant pas bouger, ivre de mouvements, de quelque chose de concret. Ses yeux papillonnaient, elle se sentait un petit peu plus rassurée.

Mais à l'époque, elle sortait à peine de l'Avant, elle était trop attachée à ce monde de mouvements et de liberté  pour comprendre ce qu'il lui arrivait. 

Et c'est seulement quand,  une éternité plus tard, elle avait senti quelqu'un lever son bras qu'elle pensait cloué au lit comme s'il était en mousse, elle avait compris.

Son corps n'était en aucun cas cloué à son lit. Elle était juste incapable de bouger.

Elle avait besoin de machines pour respirer. Des aiguilles dans les bras lui procurait les nutriments nécessaires à sa survie.  Des infirmières la lavaient. Elle était prisonnière, son corps immobilisé était la pire des cages.

Presque incapable de communiquer. 

On lui posait des questions, elle répondait : un battement de paupière, oui, deux battements, non.

Elle se demandait s'ils avaient fait exprès de lui faire faire plus d'efforts pour dire non, comme pour lui dissuader d'essayer de leur refuser quoi que ce soit.

On la mettait en position assise, devant une télévision.
Sa soeur avait donné une vingtaine de DVD de ses films préférés.
Elle n'en regardait aucun.
Regarder des personnes bouger, parler, danser et chanter, des personnes libres de faire ce qu'ils veulent de leurs bras, leurs jambes, se plaindre et désespérer était pour elle la pire des tortures.
Elle voulait souffrir, oui, mais elle ne supportait pas cette torture psychologique.

Elle ne faisait rien. 

Avant, sa vie était rythmée par les randonnées en vélo. Elle roulait tous les jours, ivre de cette sensation de liberté, de vitesse, d'adrénaline. Son vélo était devenu une partie de son corps.

Rouler, c'était son défouloir, sa manière de canaliser son énergie, de sentir la vie dans tout son corps.

Elle devait faire une croix dessus.

Elle n'était pas un cas désespéré. Elle n'était pas perdue, il y avait une chance qu'elle puisse se mouvoir un jour.

Mais les randonnées en vélo, elle pouvait les oublier.

Elle devrait s'estimer heureuse d'être en vie.

Ses parents étaient morts dans l'accident.  Bien qu'elle était énormément meurtrie, elle n'avait pas pleuré. 

Les larmes n'avaient pas leur place dans l'Après.

Comme elle aurait voulu mourir avec eux.

Les jours passent.
Puis ils se succèdent aux mois.
Trois mois qu'elle est prisonnière de son propre corps.
Sans bouger.

Elle compte. 

1.

Elle ne sait pas quoi faire, elle s'ennuie, c'est devenu son quotidien. 

22.

Alors elle compte.

146.

Pour s'occuper. Se vider l'esprit en le remplissant par une suite de nombres sans aucun sens.

359.

Elle se demande quand elle va en avoir marre.

523.

Elle se sent vide. Sa vie n'a pas plus de sens que ces nombres, elle est coupée du monde.

750.

Elle ouvre et ferme ses paupières à une vitesse phénoménale. C'est sa seule manière de bouger.

910.

Ses paupières, illusion d'avoir encore un but, une fonction.

1000.

Elle a atteint Mille. Elle ne s'est pas lassée. Au contraire, compter devient une drogue.

1010.

Et si elle arrivait à atteindre cent milles ? Non, mieux, sept millards, elle accordera son temps à chaque être humain sur terre.

1028.

Et puis elle a comme ça un objectif à atteindre. Elle pourra affirmer haut et fort qu'elle a compté jusqu'à sept milliards.

1125. 

Elle ne sert à rien. Elle se sent inutile.

1492.

Tiens, Christophe Colomb vient de découvrir l'Amérique. Lui, il a découvert ce continent dans lequel elle rêve d'aller, mais qu'elle ne pourra jamais voir. Pourquoi partir, si ce n'est que pour rester couchée dans un lit? 

Pourquoi essayer de de vivre, si elle ne peut rien faire ? Pourquoi ces médecins, ces infirmières, sa soeur se battent pour elle alors qu'elle ne veut que mourir ?

Elle vient de le dire. Elle vient de dire qu'elle veut mourir.

Il est vrai qu'elle déprime, qu'elle se sent inutile, qu'elle se demande à quoi sert sa vie. 

Mais jamais, jamais, elle n'avait osé dire -enfin, penser, ça.

Elle ne veut pas mourir !

Elle veut vivre, vivre de toutes ses forces !

Elle veut marcher, courir, crier, hurler, hurler, serrer quelqu'un dans ses bras, elle veut sentir la vie couler dans ces veines !

Alors pourquoi son corps ne répond-il pas?

Pourquoi emprisonne-t-il son âme dans cette cage, dans cette chambre d'hôpital ?

Pourquoi l'empêche-t-il de vivre ?

Bouge !

Si c'est son cerveau qui commande, alors donner un ordre pourrait très bien réveiller son corps.

Bouge ! 

Elle sait que ce n'est pas possible, sa moelle épinière est foutue, mais dans l'état dans lequel elle est, elle refuse de baisser les bras.

Fais quelque chose !

Elle reprend des réflexes d'Avant, elle essaye de faire aller ses bras, ses jambes, tout, tout.

Je t'en supplie !

S'il te plait...

Après un temps de frénésie et de colère que personne à l'extérieur n'aurait su deviner, elle comprend.

Comprend que ça ne sert à rien.

Peut être qu'elle doit s'y faire. Peut-être qu'elle doit abandonner l'Avant. 

En plus, elle n'a pas continué de compter.

1493.

A quoi bon espérer.

1827.

Elle est lasse. 

2574.

Pas de compter. Mais de s'accrocher à sa vie d'Avant.

3229.

Elle doit l'abandonner, abandonner ses randonnées, ses ballades, ses éclats de rire, ses pâtisseries, l'amour.

4250.

Oh, l'amour. Qui donc pourrait l'aimer, maintenant qu'elle n'était plus capable de rien?
Elle doit compter jusqu'à sept millards.

7203.

Elle vient de sentir l'espoir s'envoler.

7932.

Elle le sent, elle vient d'abandonner.

10 000.

Tant mieux. Elle acceptera mieux cette réalité propre à l'Après.


15 040.

Elle sent quelque chose. 

Ce n'est pas un rêve. 

Oui, elle sent quelque chose, au niveau de sa main, elle le sent, elle le sait.

Si elle arrivait à respirer, elle serait sûrement à bout de souffle.

Elle sent quelque chose au niveau de son auriculaire gauche.

Elle ferme les yeux. Se concentre. 

Elle bouge son petit doigt. 

Elle ose le croire.

Elle. Bouge. Son. Petit. Doigt.

Elle arrive à bouger son petit doigt.

Si elle avait pu, elle aurait dansé, crié, pleuré.

Elle arrive à bouger.

Et là, l'espoir qui s'était envolé revient au galop, pour se réfugier dans son auriculaire et ses paupières.

Elle sait qu'elle peut y arriver.

Elle sait qu'elle va y arriver.

Ce jour là, elle n'a pas compté jusqu'à sept milliards. Mais au fond, elle s'en moque. 

Elle sait qu'elle va pouvoir vivre, un jour. 

Et rien d'autre n'a d'importance.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro