Aucune pitié ne semblait l'atteindre. Une force inhumaine le gagnait peu à peu, il ne retenait plus ses coups. Il me battait inlassablement jusqu'à ce que je m'écroule au sol. Ma vue se troublait progressivement; la forte lumière qui émanait de l'éclairage du plafond m'aveuglait – c'était insoutenable.

-          Montre-moi ce que tu as dans le ventre June, relève-toi ! M'ordonna-t-il fermement d'une voix impassible.

Une grande quantité de sang dégoulinait de ma bouche. Mon regard terrifié, ne lâchait pas un seul instant celui de mon prédateur. C'était mon père – je le connaissais bien mais pourtant, dans ces moments-là, j'avais l'impression qu'il était un parfait inconnu.

-          N'oublie jamais qu'un ennemi peut te surprendre à n'importe quel moment !

-          Mon seul ennemi c'est toi... bafouillais-je en me relevant difficilement, encore toute secouée.

Je m'apprêtais à lui donner un violent coup de poing en plein visage, mais il plaça la paume de sa main dans ma trajectoire pour m'arrêter.

-          Encore raté ! Ajouta-t-il, exaspéré que j'échoue une énième fois.

Mais mon physique n'était pas compatible avec le sien. Notre affrontement était comparable à celui d'un chat et d'une souris dans lequel, je serais la souris.

-          Tom, interrompit ma mère en faisant irruption dans le sous-sol, arrête tu vas sérieusement la blesser !

-          Je ne fais que l'entraîner, rétorqua-t-il en descendant de l'arène de combat, c'est pour elle que je fais ça ! Pense un peu à son avenir !

-          L'entraînement est terminé pour aujourd'hui ! Lui imposa-t-elle fermement.

Une serviette à la main, ma mère s'approcha lentement de moi. Sa présence suffit à me rassurer.

-          Tiens, déclara-t-elle d'une voix harmonieuse, va te débarbouiller dans la salle de bain puis rejoins-nous à table.

     Je me tenais face au grand miroir psyché, observant mes blessures. De petites tâches bleuâtres avaient déjà fait leurs apparitions un peu partout sur mon corps et plus particulièrement sur mon ventre. Mais cela m'indifférait totalement, j'y étais habituée. Mes parents appelaient ce combat : l'entraînement. Je devais m'y prêter plusieurs heures par jour depuis que j'arrivais à tenir sur mes deux pieds. Ma mère et mon père m'avaient toujours affirmé que c'était essentiel pour moi, que cela m'apporterait des capacités dont j'aurais besoin à l'avenir.Je n'avais jamais réellement douté de leur parole, elle me paraissait sincère.Mais j'ai toujours été consciente qu'ils ne voulaient pas tout me révéler.Pourquoi était-il si important que je sache me défendre, que je devienne forte et que je m'améliore de jour en jour ?

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