Nous n'aurions jamais du pouvoir vivre ensemble. Pourtant nous l'avons fait. Il nous a fallu lutter, mais nous avons réussi.

Dès notre naissance, nous avons toujours été ensemble. L'une contre l'autre nous tétions goulûment le lait de notre mère, ce liquide de vie, chaud. Nous étions tout l'une pour l'autre. Collée côte à côte, l'œil de notre mère au dessus de nous, notre monde se résumait à ça.

Notre mère n'a jamais été tendre avec nous. Peut être nous préparait-elle à la dureté de la vie que nous allions vivre?... Je ne sais pas, et je ne veux pas le savoir. Elle était. Ce n'a jamais été un repère dans ma vie. Dans tout duo, il y a un fort et un faible. J'étais celle qui veille sur l'autre. Quand à ma petite sœur, elle m'apaisait.

Dès qu'on a commencé à manger autre chose que le lait de notre mère, celle ci nous a repoussé, allant parfois jusqu'à nous mordre. Les deux petites boules de poils que nous étions ne comprenaient pas. Je crois que c'est à cette période que j'ai commencé à devenir sauvage.

Un matin, alors que je dormais contre le pelage chaud de ma jumelle, je me suis sentie soulevée, arrachée à ma sœur. L'homme avait une poigne de fer. Je me suis débattue tant et si bien que j'aurai réussi à m'échapper si ma mère ne m'avait pas attrapé par la peau du cou. Sans ménagement, elle a planté ses crocs dans mon pelage et m'a emmené à son humain. Celui ci l'a récompensé d'une caresse affective sur le haut de la tête. Ma mère me dégouttait. Elle n'était tout juste qu'un vulgaire toutous, un animal de compagnie. Elle faisait honte au sang de husky qui coulait dans ses veines.

J'aurai voulu rencontrer mon père, un loup, un vrai de vrai, pas un hybride comme nous, un véritable animal indomptable. C'est l'homme de notre mère qui l'a tué alors qu'il essayait de nous récupérer ma sœur et moi.

Un peut plus tard, l'homme m'a posé dans un bac froid juste après m'avoir mis un collier qui me serrait le cou. Ma sœur est venue se blottir contre moi. Je lui ai léché la tête, comme aurait du le faire notre mère pour nous réconforter. A la place, elle s'est assise aux pieds de son maître et nous a jeté un regard noir, comme pour dire: "Si vous faites quelque chose de mal, je vous réduit en pièce."

La porte s'est ouverte, le froid est entré d'un coup. Derrière nous, l'homme accueillait des familles avec sa grosse voix accueillante. Plusieurs enfants se sont approchés, mais les choix se sont plus vite porté aux hybrides chats et chiens de compagnie. Nous, nous faisions trop sauvage. Je n'hésitais pas à grogner et montrer les dents d'ailleurs.

Et puis un homme est entré. Il avait le profil de la grosse brute. Son regard s'est posé sur ma mère, puis sur nous. Il a sourit. Un sourire mauvais. J'ai grogné contre lui quand il s'est approché. Et j'ai montré les dents quand sa main s'est approchée. Ma mère m'a mordu l'arrière-train. Ce n'était pas un petit rappel à l'ordre, c'était une domination. J'ai fait volte face et j'ai griffé ma mère. Sur son nez une traînée de sang est apparut. Je vivais sang, ça m'excitais.

Ma jumelle s'est rapprochée de moi, tremblante. J'ai délaissé ma mère pour fixer mes orbes de loups sur l'homme méchant.

-C'est une bête féroce...

Le commentaire fusa sur toutes les lèvres humaines. Je relevais quelque peu la tête.

-Je le prends. dit l'homme méchant

-Vous avez là une bonne femelle, je vous le garantie.

Les deux hommes se serrèrent la main.

J'eu à peine le temps de graver l'odeur de ma sœur dans ma mémoire que déjà je n'étais plus avec elle. C'est avec cet homme, dénommé Freïk que je commençais ma vie.