(Attention, ce OS contient des propos qui peuvent heurter la sensibilité de certains... A lire avec prudence!)

-Est-ce que je pourrai avoir une photo avec vous, s'il-vous-plaît?

Toute heureuse, la jeune Kasumi Miwa pu finalement réaliser l'un de ses plus grands rêves: celui de prendre la pose aux côtés de son idole de toujours, Gojo Satoru. Elle espérait que la photo ne rende pas trop mal au final, et qu'elle n'avait pas de tête bizarre dessus.

Elle n'avait pas eu le temps de brosser ses cheveux, entre le moment où le directeur de son école l'avait envoyée chercher un thé et celui où elle avait finalement pu rattraper Gojo, afin de lui demander ce qu'elle désirait depuis des années.

En proie à une euphorie presque impossible à cacher, elle regagnait le bâtiment en sautillant, son téléphone dans la main, observant sous toutes les coutures le cliché de l'homme aux cheveux blancs qu'elle détenait dorénavant. Jamais elle ne se serait crue capable de lui demander, mais à présent elle ne regrettait pas d'avoir eu le courage de le faire.

Elle s'était empressée de mettre la photo en fond d'écran, et était revenue dans la salle où le directeur de l'école de Kyoto l'attendait. Sans le thé qu'elle était pourtant censée avoir été chercher. Aïe.

Tandis qu'elle repartait en courant pour remplir sa mission de base, elle bouscula dans le couloir une jeune fille dont elle ne vit pas le visage, criant par-dessus son épaule des excuses dont elle n'était même pas certaine qu'elles aient effectivement atteint leur destinatrice.

Elle tourna à l'angle d'un mur, et le silence retomba dans les longs couloirs lambrissés. La jeune fille bousculée resta immobile un bon moment, le regard braqué sur l'endroit où venait de disparaître Miwa, avant de baisser les yeux sur ce qu'elle tenait dans la main.

Un téléphone. Avec, en guise de fond d'écran, une jeune fille aux cheveux bleus et un homme avec un bandeau sur les yeux, juste derrière elle.

Elle laissa un sourire se dessiner sur ses lèvres sèches, et glissa le portable dans l'une des poches de son sweat à manches longues, ramenant la capuche sur ses cheveux de sorte à cacher son visage.

L'instant suivant, plus aucune trace d'elle.

Elle s'était comme volatilisée.

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-Nous revenons encore une fois sur l'affaire qui secoue Tokyo depuis maintenant plusieurs mois, presque un an au jour d'aujourd'hui: hier, aux alentours de dix heures du soir, un promeneur a découvert un corps, dans un local poubelle de son immeuble alors qu'il était sortit promener son chien.

La présentatrice, qui débitait ces quelques paroles macabres avec un ton presque détaché, remua quelques pages sur son bureau avant de trouver l'information dont elle avait besoin pour continuer.

-Il s'agit ici aussi d'une jeune femme d'une vingtaine d'années, et la piste du meurtre est privilégiée. En effet, vous n'êtes pas sans savoir qu'une dizaine d'autres corps de jeunes filles, de quinze à presque trente ans, ont été retrouvés un peu partout dans Tokyo et ce depuis plusieurs mois. La possibilité d'un lien existant entre ces affaires est maintenant une certitude d'après les enquêteurs, au vu des similitudes que présentent toutes les scènes de crime.

Derrière la journaliste, sur un écran géant, se trouvaient les photos de toutes les victimes connues jusqu'à présent, de même que celle de la plus récente, qui avait été retrouvée la veille au soir. Sous sa photo, le nom de Yuka Fujiwara était inscrit. Une belle jeune femme aux longs cheveux noirs et aux yeux sombres pétillants, souriante, qui venait tout juste d'entrer dans la vingtaine.

-Si vous avez une quelconque piste ou même un témoignage à soumettre à la police afin de permettre l'arrestation d'un suspect, un numéro s'affiche dès maintenant en bas de votre écran. Merci d'avance pour votre collaboration. Passons maintenant au prochain sujet d'aujourd'hui...

La télévision continua de déverser ses informations diverses et variées, mais plus personne ne l'écoutait vraiment à présent. Les élèves restaient silencieux, chose relativement rare lorsque l'on connaissait quelque peu leur groupe très hétérogène.

-Encore une victime... C'est la onzième déjà, non?

A la phrase que venait de prononcer Megumi calmement, les autres personnes présentes dans la salle hochèrent la tête, l'air à la fois grave et pensif. Cela faisait un jour depuis la première partie de leur tournoi, qui s'était soldée sur un incident plutôt grave, et la deuxième partie était encore en option. Personne ne savait encore si le tournoi allait continuer ou non.

Ainsi, les apprentis exorcistes de Tokyo et Kyoto attendaient que le temps passe en traînant dans la salle équipée d'une télévision, regardant cette dernière ou bien jouant au billard et au babyfoot, certains préférant traîner aux alentours du bâtiment sans réel but à part tuer le temps autant que possible.

-Ç'est que je commence à avoir peur, moi... Des jeunes filles, extrêmement belles pour la plupart, qui disparaissent et qui sont retrouvées des jours plus tard dans cet état... Est-ce que c'est un humain au moins, qui fait ça?

Nobara, malgré l'ironie légèrement mal placée de son début de phrase, soulevait une réelle question. L'état des corps était beaucoup trop horrible pour que cela soit l'œuvre d'une seule personne, et l'on se demandait même si ce n'était pas une bête qui leur faisait subir un tel traitement. L'identification rapide des victimes était seulement dûe au fait qu'elles avaient, la plupart du temps, leurs papiers d'identité sur elles au moment de la découverte de leurs cadavres.

Dans tous les cas, quelque chose ne tournait pas rond dans les rues de Tokyo, qui n'étaient alors quasiment plus fréquentées une fois la nuit tombée. Aucun lien apparent entre les victimes si ce n'étaient les conditions de leurs morts, ce qui ne faisait que renforcer la peur des habitants. Qui était la prochaine?

D'après les policiers, celui qui faisait cela ne pouvait être autre chose qu'un homme. Déjà à cause de ses victimes exclusivement féminines, mais également à cause de la force qu'il faudrait au meurtrier pour lacérer ses proies de la sorte.

Mais, et c'est ce qui inquiétait le plus, aucune piste sérieuse malgré les nombreux appels à témoins et les centaines de témoignages qui avaient pu être récoltés. Les victimes disparaissaient du jour au lendemain, sans qu'on ne voit quoi que ce soit d'anormal, et finissaient par réapparaître...

Mortes.

Le long et pesant silence qui avait suivi les quelques déclarations de Nobara fut finalement interrompu par le bruit d'une porte que l'on ouvre brusquement. Les élèves présents dans la pièce tournèrent alors leur attention vers le nouveau venu, la télévision oubliée depuis longtemps.

-Je vois que vous êtes tous à peu près là, c'est super! Réunion d'urgence, j'ai besoin de vos avis!

L'entrain et la légèreté avec lesquels leur professeur était arrivé contrastait fortement avec l'ambiance noire qui régnait sur les apprentis exorcistes quelques instants plus tôt. Gojo, toujours avec une énergie débordante, rassembla alors tous les étudiants dans la salle de jeu, ceux qui étaient sortis prendre l'air rentrant en traînant des pieds.

-Bon, tout le monde est présent? Alors, la question est de savoir, concernant le reste du tournoi, si-

-Monsieur, excusez-moi...

C'était l'une des étudiantes de Kyoto, la sœur de Maki, qui venait d'interrompre Gojo tout en jetant des coups d'œil autour d'elle, intriguée.

-Il manque quelqu'un, elle est peut-être encore dehors... Puis-je aller la chercher?

Contrarié de s'être fait couper la parole de la sorte, l'homme aux cheveux blancs croisa les bras en gonflant ses joues, comme le ferait un enfant en bas âge. Sous les regards blasés des élèves, deux d'entre eux partirent à la recherche de la personne manquante à l'appel.

Mai et Momo parcoururent quasiment la moitié du gigantesque lycée, sans toutefois trouver celle qu'elles recherchaient activement. Bientôt, tout le monde fut mobilisé afin de retrouver leur camarade disparue, qui s'était comme évaporée.

Mais rien à faire. Malgré tous leurs efforts...

Miwa restait introuvable.