Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

1

                

Depuis toute petite, elle avait eu conscience de sa différence. Elle voyait des choses qui ne semblaient exister que dans son monde, des choses immondes et qui la terrifiaient.

A chaque coin de rue, à chaque fois qu'elle se rendait au cimetière pour déposer des fleurs sur la tombe de ses grands-parents, elle les voyait. Des monstres répugnants, qui répétaient toujours les mêmes mots, ceux que prononçaient les différents passants qui marchaient non loin d'eux sans même les voir.

Parfois, même, c'était directement sur les personnes qu'étaient suspendues ces atrocités. Sur leurs épaules, autour de leur taille, de leurs jambes... Et personne ne semblait remarquer quoi que ce soit. Elle avait bien essayé de prévenir les victimes inconscientes de la présence de ces monstres, mais personne ne voulait la prendre au sérieux.

Pas même les autres enfants avec qui elle jouait à l'école, où se trouvait depuis toujours tapis dans un coin de la cour l'un de ces monstres effrayants. Très vite, elle avait reçu le surnom de "fille bizarre". Elle avait essayé de se tourner vers des adultes, dans l'espoir qu'eux au moins croient à son histoire et fassent quelque chose pour chasser ces apparitions, mais rien à faire.

Même ses propres parents ne la croyaient pas. Seule sa petite sœur semblait porter un quelconque crédit à ses visions, qu'elle qualifiait ironiquement de "cool", et de "comme à la télé"!

Dès qu'elle avait eu l'âge de parler, Aya racontait ses visions d'horreur à qui voudrait l'entendre, ces visions qui habitaient ses cauchemars la plupart des nuits.

Depuis lors, elle s'était faite auscultée sous tous les angles par des voyants, des prêtres et des médecins, sans qu'aucun ne trouve de solution à son problème. Enfin, pas totalement.

Depuis toute petite, elle savait qu'elle était différente. Non pas uniquement à cause de ses visions, mais également à cause de son corps fragile. Les allers-retours à l'hôpital étaient devenus monnaie courante pour elle, et elle passait même le plus clair de son temps là-bas, avec les infirmières, les autres malades et les monstres.

Les médecins à qui l'on avait parlé de ces visions pensaient tous la même chose: Aya souffrait très certainement d'hallucinations causées par son corps faible, ou bien imaginait-elle tout simplement des choses qui n'existaient pas pour combler son manque de relations amicales.

Elle avait toujours été une petite fille solitaire, à cause de tout cela. La seule enfant avec qui elle était proche était sa petite sœur, Ai, qui l'aidait plus que quiconque à surmonter toutes ces épreuves.

Elle ne pouvait pas courir comme un enfant normal, pas chahuter comme le faisait sa petite sœur, énergique et pleine de vie... Et était condamnée à rester sage, à supporter les innombrables rendez-vous médicaux et ses entrevues avec les prêtres et les voyants sans broncher.

Ses parents n'avaient pas renoncé au fait que leur fille puisse vivre un jour normalement, loin de ces visions et de ce corps faiblard.

Mais c'était sans espoir. Malgré les sommes impressionnantes dépensées pour elle, l'état d'Aya ne s'améliorait pas. Tout juste restait-il stable. Et ses parents commençaient à désespérer ; ils ne savaient pas encore combien de temps ils pourraient supporter financièrement les coûts élevés nécessaires à leur aînée.

Pour ainsi dire, leur cadette était la plupart du temps reléguée au second plan, que ce soit en question de temps ou d'argent. Ai ne faisait aucune activité en dehors de son école, se contentait de vêtements et de cartables achetés contre quelques yens... Mais, pour autant, elle ne s'en formalisait pas, même si cela la peinait un peu bien évidemment.

Elle savait que cette situation était nécessaire pour que sa grande sœur aille un jour mieux, elle voulait y croire. Alors Ai supportait, et n'hésitait pas à se battre contre ceux qui avaient le malheur de faire des commentaires déplacés sur ses vêtements usés.

Et Aya s'en voulait de faire subir tout cela à sa famille. Elle savait que, si elle n'avait pas été là, ses parents et sa sœur auraient pu vivre une petite vie tranquille et confortable. Mais, afin de ramener de l'argent pour leur fille malade, son père et sa mère travaillaient encore et encore, jusqu'à se ruiner la santé.

Son papa travaillait le jour dans une usine, la nuit dans une épicerie, et sa maman tenait une boutique de fleurs des premières heures de l'aube jusqu'à tard le soir. Ils avaient toutes les peines du monde à joindre les deux bouts, et Aya les entendait souvent pleurer et se disputer pour des questions d'argent, lorsqu'ils la pensaient couchée.

Et, dans ces moments-là plus que jamais, elle s'en voulait d'être née ainsi. Alors elle supportait tout et n'importe quoi, même la douleur la plus extrême, du moment que ses parents sourient avec l'espoir que leur aînée guérisse vite.

Malheureusement, quinze longues années après sa naissance, aucune amélioration. Au contraire, les séjours à l'hôpital se faisaient de plus en plus fréquents, tant et si bien qu'une chambre lui était à présent réservée et qu'elle passait le plus clair de son temps dedans, à attendre les quelques rares visites de ses parents lorsque leurs travails respectifs leur donnaient un peu de répit.

C'était sa petite sœur, maintenant âgée de treize ans, qui lui rendait le plus souvent visite. Presque chaque soir, dès qu'elle sortait de l'école, elle se rendait au chevet de sa grande sœur et faisait ses devoirs avec elle. Les seules distractions d'Aya étaient ses quelques rares visites, ses cours à distance qu'elle suivait difficilement et ses examens médicaux.

Elle s'était retrouvée à rester au lit toute la journée, alors que la mélancolie prenait de plus en plus possession de son corps, en même temps que la maladie qui ne voulait pas partir malgré tous ses efforts.

A la fin, elle s'était même mise à éprouver du soulagement aux monstres qu'elle seule voyait, qui étaient l'une de ses seules compagnies lorsque sa famille était occupée ailleurs.

L'un de ces soirs comme les autres, Aya était assise sur son matelas, une perfusion accrochée à son bras à l'aide d'un cathéter, et regardait par la fenêtre les lumières de la ville s'allumer les unes après les autres, à mesure que le soleil se couchait. Personne n'avait eu le temps de venir lui rendre visite aujourd'hui, pensa-t-elle le regard vide.

Ce ne fut que lorsque le soleil disparu entièrement derrière l'horizon que des coups furent donnés à la porte de sa chambre plongée dans le noir. Avec étonnement, la jeune fille de quinze ans regarda l'horloge au-dessus de son lit, la déchiffrant avec quelques difficultés à cause de l'obscurité et de ses yeux fatigués, constatant qu'il était aux alentours de huit heures du soir. En principe, sa sœur devrait déjà être rentrée chez eux, sa mère en train de fermer sa boutique et son père en train de se rendre à son travail de nuit.

Hormis ces trois personnes, elle n'avait aucune autre visite. Ce n'était pas l'heure à laquelle les infirmières passaient dans sa chambre non plus, elles venaient en effet de débarrasser son repas quelques instants plus tôt et sa perfusion était encore pleine.

La porte s'ouvrit sans qu'elle n'ait dit quoi que ce soit, et elle eut l'extrême surprise de découvrir sa famille au grand complet, sa mère actionnant l'interrupteur en entrant. En plissant les yeux à la lumière soudaine, Aya découvrit très vite qu'ils n'étaient pas seuls, et qu'un inconnu se trouvait derrière eux.

Il avait la peau mate, des cheveux noirs hérissées sur le dessus et rasés sur le côté, ainsi qu'une paire de lunettes de soleil qui cachait ses yeux.

Sans nul doute un autre de ces fameux voyants, pensa Aya avec amertume. Ses parents, malgré leur manque d'argent, ne semblaient toujours pas décidés à laisser tomber l'affaire avec ce genre d'individus.

-Bonsoir, ma chérie, commença son père d'une voix douce en venant près de son lit. Comment vas-tu?

Aya remarqua presque immédiatement les épaisses cernes qui soulignaient les yeux fatigués de son père. Elle lui répondit sur un ton monotone qu'elle allait bien, comme elle avait prit l'habitude de le faire depuis des années.

Sa sœur vint s'asseoir en tailleur au pied de son lit malgré les remontrances de leur mère, et Aya laissa échapper son premier sourire de la journée, alors qu'elle-même revenait se coucher pour écouter ce que voulaient lui dire ses parents.

-Le monsieur ici présent nous assure qu'il peut t'aider, reprit son père en déposant une main sur l'épaule de sa femme, désignant de l'autre l'homme en question. Il a une grande proposition à te faire.

Alors qu'elle soupirait mentalement, l'inconnu s'avança vers elle, avec beaucoup de sérieux. Chose qui changeait des autres charlatans, qui étaient toujours tous sourires lorsqu'ils l'abordaient, afin de gagner sa confiance au plus vite et de se faire un maximum d'argent avec la crédulité de ses parents.

Comme toujours, Aya attendit silencieusement que le nouveau venu parle, le regardant de ses yeux cuivrés dépourvus de vie.

-Bonjour, jeune fille, commença l'homme d'une voix calme et posée, plutôt grave. J'ai appris ta situation il y a peu, et je suis en mesure de te venir en aide. Tu vois des choses que les autres ne voient pas, n'est-ce pas? Comme ce qui se trouve actuellement dans le coin de ta chambre. Avec une petite tête, des gros membres et des yeux partout. De couleur brune tirant sur le violet.

Avec cette simple description, l'inconnu désigna d'un geste de la main le lieu en question, où se trouvait effectivement un monstre difforme, qui regardait de ses yeux globuleux les nouveaux venus en marmonnant des mots à voix basse.

A elle seule, cette réalisation fit éclater Aya en sanglots. Elle n'était donc pas folle. D'autres pouvaient également voir ces abominations, elle n'était pas toute seule.

Sa petite sœur, en voyant que son aînée venait d'éclater en sanglots, vint serrer le corps faible de cette dernière dans ses bras, inquiète pour elle. Mais, de toute sa vie, Aya n'avait jamais été aussi bien qu'à cet instant précis.

Pour la première fois, la douleur qu'elle ressentait perpétuellement passait au second plan. Pour la première fois, cette douleur ne la définissait pas entièrement.

Elle accepta presque aussitôt la proposition de l'inconnu, qui lui promettait de lui apprendre à combattre ces visions d'horreur aux côtés d'adolescents, tout comme elle, qui étaient différents des autres. Peu importait ce qui lui arrivait, elle voulait simplement se prouver qu'elle n'était pas folle.

Elle avait enfin trouvé quelqu'un qui la comprenait. Et elle voulait croire qu'il existait d'autres personnes qui pourraient remplir ce rôle, là où elle allait se rendre dès à présent. Peu importait si elle courrait à sa perte en fonçant tête baissée dans cette véritable brèche ouverte, comme si la vitre qui la séparait depuis toujours de sa vie rêvée avait finalement commencé à se fissurer.

De toutes les personnes qui s'étaient rendues à son chevet avec la prétention de pouvoir l'aider, c'était cet homme en qui elle voulait croire.

Aujourd'hui, une page de sa vie venait de se tourner.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro