LE PARFUM, SÜSKIND
Résumé : L'histoire abominable et drôle de Jean-Baptiste Grenouille, meurtrier ayant le don exceptionnel de sentir mieux que quiconque les odeurs...
Note : 4,5/5
Tous les livres ont une odeur – celle du parchemin poussiéreux, de l'encre fraîche, du bois de la bibliothèque. Une odeur qu'ils partagent tous, que l'on pourrait reconnaître les yeux fermés. Mais il y en a un parmi eux qui recèle de milles fragrances. C'est Le Parfum.
Incompréhensible, ce parfum, indescriptible, impossible à classer d'aucune manière, de fait il n'aurait pas dû exister. Et cependant il était là, avec un naturel parfait et splendide. Grenouille le suivait, le cœur cognant d'anxiété, car il soupçonnait que ce n'était pas lui qui suivait le parfum, mais que c'était le parfum qui l'avait fait captif et l'attirait à présent vers lui, irrésistiblement.
D'abord, c'est un livre vraiment très drôle. Très très drôle. Un humour un peu noir, cinglant, un humour qui va jusque dans les retranchements les plus sombres de l'humanité. Car Le Parfum, c'est aussi et surtout l'histoire de Grenouille, l'un des meurtriers (imaginaire) les plus méconnus de son siècle – et pourtant l'un des plus fascinants !
Jean-Baptiste Grenouille est le personnage principal du livre, c'est lui que nous suivons tout au long de son aventure mis à part quelques digressions de l'auteur qui s'amuse à nous révéler le futur des personnes qui croisent la route de notre meurtrier (et personnellement, j'ai adoré ce procédé et j'attendais presque avec impatience de connaître à chaque fois ce que serait la mort de tel ou tel personnage.... Ok, je suis quelqu'un d'affreux.) Le sujet du roman est extrêmement original puisque Grenouille, qui s'avère être doté d'un sens de l'odorat surhumain et d'un don prodigieux dans l'art de créer des parfums, va nous mener jusque dans les profondeurs d'un univers olfactif très bien transcrit par la plume de Süskind, et loin d'être ennuyeux.
De l'enfance difficile de Grenouille qui est né au milieu des poissons pourris à son apprentissage chez un tanneur le faisant vivre comme une bête jusqu'à son métier de compagnon parfumeur, on ne lit qu'environné par les odeurs qu'il rencontre sur son passage et dont il s'enivre.
Tout au long de sa vie, même dans les rares moments où il connut des bouffées de satisfaction, de contentement, voire peut-être de bonheur, il préféra toujours l'expiration à l'inspiration - de la même façon, d'ailleurs, qu'il n'avait pas commencé sa vie en prenant son souffle avec espoir, mais en poussant un cri meurtrier.
J'ai vraiment adoré le personnage de Grenouille... Süskind a réussi à faire de son anti-héros un personnage attachant (du moins, c'est ce que j'ai ressenti) qui apparaît aussi répugnant que fascinant car son don va de pair avec sa laideur et son génie de parfumeur avec ses tendances meurtrières. Il m'a semblé plus d'une fois être plutôt un animal qu'un être humain – d'ailleurs, il ne se qualifie pas comme tel. Rien ne l'émeut et tuer des jeunes femmes pour capturer leur parfum unique ne lui fait absolument rien. Il est juste froid, détaché du monde, vivant pour les odeurs qu'il emmagasine dans son esprit. Le fait de s'attacher à Grenouille fait évidemment beaucoup réfléchir sur la notion de monstre... Il en est un, sans aucun doute, mais j'avais envie malgré moi qu'il réussisse dans tout ce qu'il entreprenait, quitte à ce qu'il tue toutes les femmes qu'il voulait.
Personne ne sait comme ce parfum est réellement bon, pensait-il. Personne ne sait comme il est bien fait. Les autres sont seulement subjugués par son action, mais ils ne savent même pas que c'est un parfum qui agit sur eux et les ensorcelle. Le seul à en connaitre jamais la beauté réelle, c'est moi, parce que je l'ai moi même créé. Et en même temps je suis le seul qu'il ne peut pas ensorceler. je suis le seul pour qui il n'a pas de sens.
Cette oeuvre est ainsi difficile à qualifier puisqu'il s'agit à la fois d'un polar, d'un roman historique (l'intrigue se passe au Moyen-Age) & fantastique et d'un conte philosophique... Oui tout ça à la fois ! Et le mélange n'est pas aussi écoeurant qu'un parfum bon marché, promis. Il s'agit plutôt d'un cocktail aussi réjouissant qu'explosif, une grande aventure dans le monde des odeurs ! J'avais un peu peur que la fin du roman ne soit pas à l'auteur du reste (je voyais mal comment Süskind pouvait terminer en réalité), j'ai été définitivement conquise par les dernières pages qui sont gé-niales. Bref... Je vous conseille cette œuvre qui a vraiment été un petit coup de cœur pour moi !
Notre langage ne vaut rien pour décrire le monde des odeurs.
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