DES SOURIS ET DES HOMMES - JOHN STEINBECK
Résumé : George Milton et Lennie Small, deux amis, errent sur les routes de Californie. George protège et canalise Lennie, une âme d'enfant dans un corps de géant. Lennie est en effet un colosse tiraillé entre sa passion - caresser les choses douces – et sa force incontrôlable. Animés par le rêve de posséder leur propre exploitation, ils travaillent comme journaliers, de ranch en ranch.
L'amitié qui les lie est pure et solide, mais ne suffit pas à les protéger de la maladresse de Lennie. Une maladresse presque poétique, qui les conduit à changer sans cesse de travail, et qui laisse poindre à l'horizon un drame sans égal.
Note : ★★★★★
Des Souris et des hommes est sûrement un des livres les plus courts et les plus forts à la fois que j'ai pu lire dans ma vie - un peu comme Bonjour Tristesse de Sagan, mais dans un tout autre genre.
Steinbeck a été révélé suite à la publication de ce livre, qui reste encore aujourd'hui un très grand classique de la littérature américaine.
" Ce qu'il faut à un homme, c'est quelqu'un... quelqu'un près de lui. "
L'histoire est pourtant tout aussi simple que courte, dans ses grandes lignes. Nous suivons deux personnages principaux : George et Lennie. Le premier est petit, rusé, terre à terre tandis que le second est un colosse au visage laid et possédant une intelligence moindre - voire nulle. Dès le début du roman, on comprend que ces deux hommes aux antipodes l'un de l'autre sont pourtant liés par une amitié indéfectible et qu'ils fuient ensemble la ferme où ils travaillaient à cause d'une "maladresse" de Lennie. On apprend également au détour de leur conversation qu'ils ont un rêve : posséder leur propre lopin de terre et y élever des lapins, que Lennie pourrait nourrir de luzerne et caresser autant qu'il voudra. Mais dans le ranch où ils vont travailler par la suite, les deux amis croisent le chemin du fils très bagarreur du patron et de sa femme aguicheuse, et l'on sent le drame se profiler à l'horizon, inévitable.
" Dis-moi tout ce qu'on aura dans le jardin, et les lapins dans les cages, et la pluie en hiver, et le poêle, et la crème sur le lait qui sera si épaisse qu'on pourra à peine la couper. Raconte-moi tout ça Georges. "
Je ne dirais rien de plus de l'action, afin de ne pas dévoiler la fin du roman qui est extrêmement puissante, mais je vais m'étendre un peu plus sur les personnages. Si Georges m'a paru au premier abord assez sec et intransigeant avec Lennie, Steinbeck a su par la suite dévoiler lentement son caractère sensible. C'est un personnage qui m'a beaucoup touché, car il a cette pudeur tendre et simple qui le rend terriblement humain. Lennie, beaucoup plus lent d'esprit, est également attachant. Il agit parfois comme un enfant ou un petit animal, sans réfléchir aux conséquences de ses actes. Il a peur, il aime, il oublie ce qu'on lui dit, il est plein d'espoir, il veut caresser les choses douces et il ne comprend pas que parfois ses émotions le conduisent à faire d'énormes bêtises.
Le roman dresse aussi le portrait de quelques autres personnages plus qu'intéressants, comme Crooks, le palefrenier noir de la ferme qui est mis à l'écart par les autres ou Candy, handicapé de la jambe et qui sait qu'il sera bientôt renvoyé à cause de son infirmité.
" Parce que je suis noir. Ils jouent aux cartes, là-bas, mais moi, j'peux pas jouer parce que je suis noir. Ils disent que je pue. Ben j'peux te le dire, pour moi, c'est vous tous qui puez."
John Steinbeck a su à la fois écrire une histoire d'amitié - je dis amitié mais il me semble que c'est bien plus de l'amour qui lie Lennie et George - profonde mais aussi dresser le portrait d'une Amérique très peu mécanisée, empreinte d'une violence sourde. De plus avec les personnages de Crooks ou de Candy, Steinbeck fait également l'esquisse mordante d'une société raciste et excluant les plus faibles. Oscillant entre poésie, espoir et dureté, ce petit roman m'a beaucoup marqué, tant par sa fin que par les personnages qui y sont dépeints, tous plus humains les uns des autres. Un grand chef d'oeuvre !
Et si vous voulez découvrir un autre roman de l'auteur, je vous conseille Les Naufragés de l'autocar, que j'ai lu au début des vacances et qui est aussi drôle que profondément touchant.
" - Pour nous c'est pas comme ça. Nous, on a un futur. On a quelqu'un à qui parler, qui s'intéresse à nous. Si les autres types vont en prison, ils peuvent bien y crever, tout le monde s'en fout. Mais pas nous.
Lennie intervint.
- Mais pas nous ! Et pourquoi ? Parce que moi, j'ai toi pour t'occuper de moi et toi, t'as moi pour m'occuper de toi, et c'est pour ça."
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