Partie 3 : ... tombait pour elle...
-Tu n'es pas censée être à Paris ? Demanda Isaac étonné, mais impassible.
Il s'installa à ses côtés sans la regarder. Dans un face à face silencieux de plusieurs minutes, le froid qui s'était installer il y a quelques mois entre eux deux ressurgit. Suzie ne le lâchait pas, son regard glacial le détaillant une dernière fois. Ses longs cheveux bruns étaient quelque peu en bataille et retombaient d'une manière sauvage sur ses épaules. Regrettait-elle ce qu'elle allait fait ? Non. Pas le moindre du monde. Elle s'était même surprise à le détester. Toujours en train de parler de Luna. Luna par ci, Luna par là... Il fallait qu'elle lui dise en face.
-Si. Et je vais y retourner. Pour t'oublier. Répondit-elle amèrement.
Il la regarda incrédule.
-Je croyais que tu y allais pour te ressourcer et revenir en pleine forme !
-Oh pauvre chou, tu vas pleurer ? elle roula les yeux en levant les bras au ciel, sérieusement, comment tu peux encore penser ça ? Ca fait deux mois que je suis partie ! Deux putain de mois.
Il se sentit mal. Il s'enfonça un peu plus dans le canapé. Il est vrai que deux mois pour un simple « break », c'était énorme.
-J'ai un mec là-bas Isaac.
Il arqua un sourcil. Il ne se rappelait pas avoir rompu avec elle. Ou alors il n'avait pas compris que la pause qu'elle avait prise pouvait signifier un départ ET une rupture. Dans ce cas, elle avait en autre refait sa vie à Paris. Une pointe de colère monta alors en lui.
-Qu'est-ce que tu fous là alors ? Dit-il en se levant.
Elle croisa ses bras, toujours assise en tailleur.
-Il faut que je te dise un truc. Tu sais pourquoi tu te trouves pas de copine ? Parce que tu es toujours en train de causer de Luna. Ton appart est rempli de photos d'elle et toi, elle prit un cadre sur la table basse, et ton portable aussi.
Elle lui montra le cadre : C'était un gros plan prit dans un jardin. Luna avait ses cheveux roux lâchés et un sourire rayonnant. Isaac était à côté, tout aussi souriant. Il la prit dans ses mains et sourit en la regardant.
-Vous avez pris cette photo la semaine qui précédait votre départ à Londres et Cardiff.
-Comment tu sais ça ?! S'étonna-t-il en fronçant les sourcils.
-D'après toi ! Hurla-t-elle les larmes aux yeux, qui d'autre que toi aurait pu me le dire ! Je ne l'ai jamais rencontré ta Luna d'amour ! Tu ne m'as jamais aimé ! A chaque fois que tu vois une photo d'elle et toi, tu affiches un sourire bête et amoureux. Tu crois que je ne le vois pas ?! Tu n'as aucune photo de nous deux ! Juste de vous. Vous dîtes que vous vous considérez comme des cousins/cousines mais en fait, vous voulez pas avouer que vous êtes amoureux. Alors Isaac, fais moi plaisir. La prochaine que tu la vois, penses-y. Réfléchis à ça s'il te plaît.
Elle enfila la veste en cuir qu'elle avait posé à côté d'elle sur le canapé.
-Adieu. Fit-elle pour clore la discussion.
Elle passa devant lui. Il voulut l'arrêter, dépité. Mais c'était trop tard. Elle avait franchi le seuil de la porte et claqué cette dernière. Il souffla longuement. Il se frotta le visage et enleva ses lunettes. Il s'était attendu à tout sauf à ça. Il observa de nouveau le cadre qu'il avait dans les mains. Il sourit et s'en rendit compte.
-Mais qu'est-ce qui me prend... Souffla-t-il.
Isaac s'assit sur le canapé. Que lui arrivait-il ? Que se cachait-il, que reniait-il ? Si Suzie lui avait dit ça, c'est que c'était vrai. Plusieurs fois on lui avait demandé s'il était en couple avec Luna, tant son admiration pour cette jeune fille paraissait grande. Il répondait toujours non et expliquait la vraie nature de leur relation. Mais au final, il doutait. Il se rappelait toujours ce bisou sur la joue qu'elle lui avait donné le jour de son anniversaire, quand ils avaient sept ans. Il avait une sensation étrange que jamais il n'avait expérimenté auparavant. Plus tard, quand il eut son premier baiser, il avait ressenti la même chose. Il venait à peine de s'en rendre compte.
Mon dieu... Serais-je... ? se dit-il, non c'est impossible.
Il commença à paniquer. S'il était vraiment amoureux d'elle, comment allez se passer le voyage ? Allait-il se mordre les doigts toutes les secondes devoir garder ça pour lui ? Allait-il de voir faire semblant ?
Rien de tout ça n'arrivera car je ne suis pas amoureuse d'elle. C'est mon amie point barre.
Il eut le malheureux réflexe de regarder la photo. Il fondit littéralement. Et comment Luna le voyait-il ? Comment le considérait sa rousse adorée ? Il ne voulait pas la perdre pour ce genre d'histoire. Non il ne voulait absolument pas la perdre. Il se sentit tellement mal qu'il jeta à côté de lui la photo et enfouit sa tête dans ses mains.
C'est juste la fatigue... Va te coucher.
Isaac se leva. Le cadre tomba silencieusement sur le tapis, cachant leur sourire et leur visage rayonnant. Il alla dans sa salle de bain. Son appartement était plongé dans le noir. Il ne voulait pas allumer les lumières. Il essaya de se regarder dans le miroir. Mais il préféra éviter. Il voulait vite aller se coucher pour que la nuit lui porte conseil, sans avoir à faire face à une réalité troublante qui pourrait tout détruire. Comment n'avait-il pas pu remarquer ça plus tôt ? Il enleva sa chemise lentement, pensif. Mais quand tout cela avait commencé ? Il finit de se déshabiller et entra dans la douche. L'eau glacé commença à tomber en cascade. Apparemment, ses voisins avaient vidé le réservoir d'eau chaude. Génial. Malgré tout, son cerveau lui ordonnait de ne pas bouger. Cela le faisait se sentir mieux. Aurait-il pensé trop vite ? Une goutte glissa le long du creux formé sur la peau par sa colonne vertébrale. Dans ce cas, s'il n'aimait pas Luna charnellement, pourquoi Suzie était jalouse ? Il passa sa main dans ses cheveux corbeaux imbibés d'eau. Les gouttes tombèrent sur ses joues et les dévalèrent comme des larmes. Il aurait tout donné pour que ce problème soit résolu d'un coup de baguette. Il allait malheureusement devoir se débrouiller. Ce mélange de sentiment, un sac de nœud, il va falloir le démêler. Mais comment ?
Après s'être essuyé et changé, il se glissa dans son lit. La fraicheur des couettes le fit soupirer ; un long et lourd soupire rempli de différentes émotions. Peur, incompréhension, doute, tristesse (il venait tout de même de se faire larguer !). Il éteignit son portable. Il fallait qu'il se coupe du monde, être seul pour pouvoir réfléchir. Les lumières extérieures de Londres immergèrent sa chambre de la même lueur jaunâtre que la petite lampe de son salon. Il rabattu les draps sur lui et se cala. Ses iris vert bleu fixèrent le vide. Enfin son placard. Il se laissa bercer par les bruits extérieurs que n'arrivait pas à filtrer sa fenêtre. Son esprit ne pouvait pas se fixer ; il déviait sans cesse. Pour son plus grand bonheur, Morphée vint l'accueillir à bras grands ouvert.
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