Chapitre 6
— Püpe ! Ma chérie !
J'ouvre difficilement les paupières à cause des larmes séchées. Maman se tient en bas de l'échelle :
— Que fais-tu ? me demande-t-elle, tu dors à cette heure-ci ?
Je hausse péniblement les épaules.
— Oh, ma chérie, tu as pleuré ?
— Un peu...
Elle monte quelques échelons et me caresse la joue :
— Si ça peut te réconforter, murmure-t-elle, il y a quelqu'un qui t'attend à la porte.
Mes oreilles se dressent soudain d'intérêt :
— Qui ?
— Un certain Tampia, assure-t-elle avec un sourire en coin, tu veux que je quitte l'appartement ?
— Si ça ne te dérange pas...
Elle hoche la tête et disparait de la mezzanine. Je l'entends ouvrir la porte et parler au gnome.
Quelle horreur, je dois ressembler à rien. À un petit troll, dirait Gisandre. Mais au lieu de me précipiter pour me recoiffer, je décide de ne pas bouger. Si Tampia s'enfuit en courant dès qu'il m'aperçoit, je me ferais une raison. Peut-être que je ne vaux pas le bonheur d'un couple amoureux ? Peut-être...
— Dis-moi, tu en tires une tête !
Je lève les yeux vers lui. Mon khôl a dû couler sur mes cernes avec ces histoires.
— Bonjour, dis-je d'une voix atone.
— Je pensais que tu serais contente de me voir... Tu veux que je parte ?
Je prends une soudaine inspiration :
— Non, reste. Désolée pour l'accueil. J'ai eu quelques soucis avec les filles.
— Ah.
Il ne parait pas vraiment saisir et comment le pourrait-il ?
— C'est la première fois que je rentre dans une maison close, assure-t-il en observant la décoration de ma chambre, ça me fait un peu bizarre.
— Je ne vais pas te demander de payer quoique ce soit, si ça peut te rassurer.
Il se tourne vers moi, sans comprendre si je lui vends du lard ou du cochon. De mon côté, il faudrait peut-être que je fasse un effort d'amabilité. Mais à côté de ça, je reste posée en tailleur sur mes draps, un coussin dans les bras.
— Je peux m'asseoir ?
— Oui, bien sûr...
— Je semble te déranger...
— Non, pas du tout.
Tampia se mord la joue, ne sachant quoi rajouter. Bon, va falloir que j'entretienne la conversation ; ce n'est pas un bavard :
— Tu sais quoi ?
— Quoi ?
— Je t'ai toujours beaucoup apprécié, même si je te connaissais pas. Enfin, tu m'attirais.
Cette fois-ci, il sourit et se rapproche de moi :
— Je pense qu'on s'est bien trouvé, murmure-t-il en m'embrassant.
Je laisse sa langue rencontrer la mienne alors que ses mains encadrent mon visage rond. Mes paupières se ferment comme si je voulais garder au fond de mon âme la sensation d'être désirée.
— Dis Tampia...
— Mmh ?
— Est-ce que... tu comptes simplement profiter de moi, de ma disponibilité ?
— Profiter ? s'étonne-t-il, Püpe, je ne te considère pas comme les femmes de cette maison. Je suis attristé que tu penses cela de moi.
— Tu sais... J'ai toujours eu des sentiments pour toi, alors... J'ai vraiment peur d'être laissée pour compte.
Il fronce les sourcils comme pour trouver une phrase adéquate.
— Cesse de te poser trop de questions. Il faut bien qu'on essaie. Je t'ai rencontré et je t'apprécie.
Mes lèvres se relèvent dans un sourire goguenard :
— Tu apprécies surtout ça ?
Je redresse mes jupons avec effronterie sans le lâcher du regard.
— La culotte est moins érotique qu'hier.
Ah oui ? Et bah si c'est comme ça je la retire. Cette initiative semble lui plaire puisqu'il ne tarde pas à m'allonger en vue d'une perspective toute réfléchie. Mes jupons ne tardent pas à rejoindre ma lingerie pendant que je dégrafe lentement mon corset. Je ne suis pas dupe : Tampia est venue me voir simplement à cette fin. Mais je ne peux pas le renvoyer comme un malpropre. Le simple fait qu'il soit revenu me réconforte, à vrai dire.
— Püpe, tu saignes sur le flanc.
Étonnée, je me redresse et découvre des petites écorchures sur ma peau.
— C'est rien, juste mon corset.
— Tu es en train de te blesser, fais attention.
Je suis touchée qu'il s'intéresse à ma santé.
— Et puis, continue-t-il, ça ne va pas faire disparaitre ça.
Il me pince le gras du ventre.
— Tampia !
— T'as pas à complexer, hein. J'aime bien enfouir mes mains dans de la bonne chair.
Cet imbécile me chatouille à me palper ainsi. Ça me met très mal à l'aise car il aura beau affirmer le contraire, je ne m'aime pas ainsi.
— Arrête Tampia... Laisse-ça tranquille !
— Et ça ?
Il empoigne mes fesses avec un sourire bien trop satisfait plaqué sur son visage. Je rougis en le sentant enfoncer ses doigts dans ma graisse. Il va trouver de la matière par-là, c'est sûr.
Devant mon trouble, il lâche un gloussement et me cale contre le mur pour me lécher les seins. D'une main, il m'écarte les cuisses et de l'autre, il baisse son pantalon. Son caleçon est déjà déformé par une érection et vu l'accélération de son souffle, je crois bien qu'il apprécie vraiment mon contact. Je le libère et le laisse me prendre. Je m'accroche à ses épaules, dérangée par l'inconfort de notre échange.
— Attends...
Il recule en me sentant tendu. La frustration marque son front :
— Ça ne va pas ?
— Tu veux bien qu'on échange ?
Mon partenaire penche la tête sur le côté, comme pour essayer de comprendre où je veux en venir. Doucement, j'appuie sur son épaule et le fait pivoter de manière à ce qu'il soit adossé aux oreillers. Je me cale ensuite au-dessus de son bassin et m'enfonce son membre non sans difficulté. Faut vraiment que j'arrête les pénétrations trop directes, ça passe mal. Mais ceci-dit, je préfère largement cette position où c'est moi qui contrôle. Tampia me renvoie son sourire charmeur avant de poser ses mains sur mes hanches, histoire de guider mes mouvements.
Pendant plusieurs minutes, nous avons fait l'amour ainsi et je crois bien avoir perdu un peu les pédales tellement j'ai aimé. Surplomber mon amant pendant l'acte a un petit côté croustillant qui me plait bien.
Lorsque je m'allonge enfin à ses côtés, encore haletante, je jette un regard au pauvre gnome qui semble au bout de sa vie.
— Tu sais me prendre mon énergie, toi, ahane-t-il.
— Tu n'as pas eu l'air de passer un mauvais moment, rétorqué-je.
— En effet...
Je jette un regard sur son membre trempé par les fluides corporels. Compte-pas sur moi pour une pipe dans l'immédiat, mon gros. Heureusement, il décide de remonter ses grègues :
— Je ne veux pas que ta mère me voie si débraillé, sourit-il.
— Ne t'en fais pas, elle nous laissera tranquille.
Je descends du lit et ramasse mes affaires éparpillées pendant que Tampia s'étire.
— C'est quoi ça ? demande-t-il en découvrant le grimoire de Djinévix sous l'oreiller.
— Rien de très intéressant, ne t'en fais pas.
Et surtout repose ça !
Il hoche la tête et se lève, probablement satisfait d'avoir tiré son coup. D'un pas sûr, il me rejoint et encercle ma taille de ses bras avant de poser son menton sur l'épaule :
— Dis-moi, ma belle, j'ai aperçu des bains fort sympathiques en passant.
— Tu veux y aller ?
— C'est permis ?
— Non, mais on s'en fiche.
Il glousse devant mon air facétieux et descend l'échelle, aussitôt suivi de mon humble personne. Je lui attrape la main et le conduis vers la salle de bain la plus proche. Pas question de s'aventurer dans les thermes privés ; nous y rencontrerions les prostituées. Le seul hic, ici, c'est que l'on risque de tomber sur des clients.
On va croiser les doigts et espérer être seul. Je referme la porte et me dirige vers le bassin unique pour ouvrir les vannes d'eau chaudes. La baignoire ne tarde pas à se remplir pour notre plus grande satisfaction. Un nuage de fumée s'échappe dans la pièce confortable alors que d'enivrantes odeurs de parfums nous montent au nez.
— C'est la première fois que je me baigne dans de l'eau chaude, assure Tampia en se déshabillant.
Je suis heureuse que ça lui fasse plaisir. Je prends place dans l'eau dans un soupire de contentement. Je ne tarde pas à être rejointe par un gnome curieux de toutes les lotions qui trainent sur le bord.
— C'est quoi ça ?
— Un parfum à l'eucalyptus. Ça dégage les voies.
Il hausse les sourcils et verse le contenu dans le bain. Comme s'il avait découvert un nouveau jeu, il commence à donner le même sort à tous les autres flacons.
— Arrête, ça va empester !
— Allez, un dernier.
Il attrape la bouteille la plus proche et commence à la déverser dans notre bain moussu.
— Je te signale que tu es en train de vider la potion aphrodisiaque.
Il m'envoie un sourire pervers et continue sa bêtise. Ce n'est pas très intelligent de sa part. Il va totalement perdre le contrôle, cet idiot. Ça ne touche pas les femmes donc aucun risque que je ne devienne folle. Mais lui... Les effets sont en général immédiats. Je lui lance un regard moralisateur alors qu'il rougit déjà. Sa bouche s'entrouvre pour laisser passer un souffle brusquement rapide. C'est comme s'il avait le cul sur des braises, de la vapeur va lui sortir par les oreilles si ça continue. Il m'attrape le poignet et me rapproche d'un coup de lui. Innocemment, je glisse ma main sur son torse avec de me saisir de son sexe tendu. Je resserre ma prise, ce qui ne semble absolument pas l'amuser.
— Püpe !
— Sois gentil, mon chéri, occupe-toi de moi et ensuite... Tu feras ce que tu veux.
Il se lèche la lèvre inférieure et hoche la tête avant de porter ses doigts à mon clitoris. Voilà, bon garçon. Je le laisse me caresser alors qu'une agréable chappe de plaisir me recouvre.
Mais à bout, il décide d'abréger les préliminaires. Il me retourne, soulève mes hanches et commence à buter au fond de mon antre.
La surprise m'arrache un gémissement un peu trop érotique. Je me rattrape au perron du bassin pendant que mon partenaire me besogne en levrette. Ses coups de reins s'accélèrent pour mon plus grand plaisir ; je me hisse hors de l'eau pour me cambrer davantage. Avec la dose qu'il a versée, je crois que le gnome n'est pas près de s'arrêter. Et ça me va très bien. Nos gémissements résonnent dans la petite pièce en même temps que les claquements de chair.
Et puis la porte s'ouvre soudain sur Méléria, le visage incendiaire.
Oups, j'ai oublié que j'avais du travail...
Mais encore sous effets, Tampia ne remarque pas vraiment ma maîtresse et continue de me fourrer avec fougue.
— Püpe ! Lorsque tu seras décidé à finir ta partie de jambes en l'air, tu te mettras enfin au travail ! Que je ne t'emploie pas à te faire culbuter !
Je ne lui réponds que par un orgasme un peu inattendu. Elle va me détester avec ça. Mais tant pis, je ne pouvais pas arrêter l'autre en si bon chemin. Au moment où la maquerelle disparait, je sens Tampia se déverser à plusieurs reprises dans ma chatte.
Si ça continue il va claquer avant la fin de la semaine. Je tourne la tête vers lui ; ses paupières entrouvertes et sa respiration difficile témoignent de son état. Je crois qu'il n'a même plus la force de se retirer.
— Je vais être virée par avec tes bêtises, murmuré-je en remuant des hanches.
— Dans ce cas là... Je propose que tu viennes travailler au restaurant...
J'esquisse un sourire espiègle :
— Avec toi ? Pas sûre de beaucoup travailler...
Pour toute réponse, il pousse un grognement de plaisir avant de recommencer de forts agréables mouvements dans mon bas-ventre. Mes lèvres se pincent, sans doute pour qu'elles évitent encore une fois de me trahir, et mes paupières se ferment pour augmenter les sensations tactiles.
Bon, promis, je me remets au boulot après ça. Va tout de même falloir que je précise les règles avec mon compagnon. Pas question qu'il vienne tous les jours prendre son pied ; on ne rentre pas dans mon minou comme dans un moulin !
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