Chapitre 4
J'ai passé une nuit très agitée à me retourner dans mes draps. Ma pauvre maman qui travaillait en bas m'a entendu toute la nuit. Après tout, le sommeil me devient de plus en plus facultatif en grandissant et j'aurais dû me résigner. Mais je m'imaginais tellement toutes les possibilités qui pourraient se produire.
Lorsque le soleil s'est levé au-delà de l'horizon pour frapper ma chambre de se rayons, j'ai bondi et me suis habillée en vitesse ; je voulais dans un affairisme constant oublier la soirée, tellement j'en avais peur. Mais petit à petit, les heures s'égrenèrent et le moment fatidique arriva.
Me voilà dans une salle de bain avec mes deux caméristes prêtes à me transformer. Pour une fois que c'est dans ce sens...
Maman est heureuse que je puisse accéder une nouvelle fois à l'opéra mais elle grimace à l'idée que j'y aille avec Tampia. Non pas que je puisse forniquer avec lui mais plutôt parce qu'elle a très peur que j'accouche dans neuf mois. Pauvre maman.
— Hop hop hop ! lance Djalah, retire-moi ces horribles fripes qu'on t'habille convenablement.
Gênée, je retire mes vêtements et ne tarde pas à me retrouver nue sous leurs yeux. Je n'aime vraiment pas être ainsi exposée alors je me glisse aussitôt dans l'eau chaude.
— On va te parfumer avec des arômes aphrodisiaques, sourit Pigelley, comme ça ton Tampia sera au garde-à-vous dès que tu seras près de lui.
Je lève les yeux au ciel. Elle n'arrêtera jamais, celle-là :
— Merci mais je n'y tiens pas vraiment.
— Nous allons quand même te donner quelque-chose pour toi, assure l'autre, il ne faut pas que tu aies mal, non plus.
— Il faut que ça glisse bien, me chuchote l'astre à l'oreille.
— Mais... Nous n'allons qu'écouter un opéra, hein ?
— Foutaises !
— Allez, sors de l'eau, on va te pomponner comme il faut !
Djalah m'attrape par les aisselles et m'extraie du bain pour me poser sur les dalles froides. J'empoigne de quoi me sécher pendant qu'elle me donne des sous-vêtements d'un érotisme qui ne me ressemble pas. On se calme, ce n'est même pas un rendez-vous galant !
Me voilà donc avec une sympathique petite lingerie noire et des jolis bas de dentelles. Par-dessus ces effets, une robe courte et évasée tombe avec fluidité de mes épaules, laissant apparaitre le porte-jarretelle.
— C'est un peu trop...
— Pas du tout ! contredit Pigelley en brossant ma tignasse blonde.
Je me regarde dans le grand miroir ovale et contemple ma tenue. Le rouge fait ressortir ma peau pâle et tachetée alors qu'une large ceinture noire se resserre sous ma poitrine. Mon décolleté n'est pas ce qu'on pourrait qualifier de discret. Là, c'est sûr, on ne va pas me louper.
Heureusement, les deux prostituées ne me surchargent ni de bijoux, ni de maquillage.
— Tu es parfaite !
— Je vais peut-être avoir froid, murmuré-je comme prétexte.
— Prends ce châle.
— Merci !
Me voilà fin prête. Juchée sur mes hauts talons, je sautille hors de la pièce après avoir salué mes amies.
Avec appréhension, je rejoins désormais le balcon inférieur. Et s'il me trouvait horrible ? Et s'il pensait ma tenue trop dévergondée ? Que penseront ses amis ? Instinctivement, je referme mon châle sur ma gorge nue.
— Püpe, te voici !
Je me tourne vers Tampia et lui offre un sourire légèrement crispé.
— Je ne pensais pas que tu viendrais ainsi, sourit-il.
Son visage cordial me rassure ; il ne semble pas me juger trop sévèrement :
— Comment ça ?
— Eh bien, ta robe est très jolie.
— Parce qu'elle ne l'est pas d'habitude ? relevé-je les yeux plissés.
— Ce n'est pas ce que je voulais dire mais un peu.
Mmh, tu te rattrapes mal aux branches, coco.
— Vilain garçon, lâché-je en lui donnant une petite tape sur la tête.
Il écarquille les yeux devant mon geste mais cela ne l'agace pas, heureusement. Va falloir que j'apprenne à me contrôler si je ne veux pas qu'il m'abandonne sur le passage.
— Mes amis sont là.
Il me présente alors à trois gnomes dont une fille. Mauvais point, ça. En plus, elle est jolie et bien plus fine que moi. Heureusement je ne vois pas d'hostilité dans son regard. Ce ne sera peut-être pas une ennemie ; les deux autres garçons me semblent gentils mais pas aussi intéressants que Tampia.
— On y va ?! lance la gnome.
— Calme-toi, Firine. Nous arriverons à temps.
D'un mouvement naturel, nous prenons le chemin pour le département qui nous concerne. Nous parlons gaiement et ma langue se délie en même temps que je commence à prendre confiance en moi.
— Au fait ? demandé-je, comment avez-vous eu ces places ?
— C'est Karlan qui les a volées, explique son ami Vron.
Je hausse des sourcils. Eh bah, espérons que nous aurons aucun souci là-bas.
Mais par la force des choses, nous accédons enfin à l'entrée titanesque qui bloque l'accès à l'opéra. Les vigiles nous laissent passer en contrôlant nos tickets. Nous grimpons alors dans les hauteurs des gradins. C'est magnifique. Les dorures, les sculptures, le marbre des colonnades et les plafonds moulurés, tout est parfait. Même les sièges où nous prenons place sont garnis de coussins confortables.
Tampia prend place à côté et me jette un sourire malicieux que je ne suis pas sûre de saisir. Par contre, ses amis lui envoient des regards rieurs. Bon, je ne sais pas ce que ce garçon-là prévoit pour la soirée mais en tout cas, les autres gnomes ont l'air de penser qu'il tentera quelque chose avec moi. Et ça me va. D'ailleurs, je dirais que ma tenue accrédite un peu trop l'idée. La sienne est composée d'une belle tunique de velours avec un col légèrement ouvert sur ses clavicules.
— Tu es bien installé ? me demande-t-il.
— Très bien, oui.
Il s'enfonce dans son dossier alors que la fosse où prennent place les musiciens, commence à nous partager une ravissante mélodie. Mes oreilles pivotent dans tous les sens pour capter la moindre nuance musicale. L'histoire racontée dans cet opéra n'a rien de très originale. Le compositeur a encore fantasmé sur les civilisations précédentes, aujourd'hui totalement disparues. Il y a joint une histoire d'amour impossible entre un dieu et une astre. Mmh, ça m'évoque le parcours de ce pauvre Arquen. Mais cela crée surtout en moi une fascination pour ce genre de représentations. Je suis comme transportée dans un autre monde, un endroit fantastique où la laideur n'existe plus...
Tampia me tend une flasque que j'accepte. Espérons qu'il n'y ait rien mis de problématique. Non, je crois que c'est un simple whiskey. Je le remercie d'un sourire qu'il accepte avec une fausse modestie, l'air de dire : « alcooliser les femmes, c'est normal pour moi ». Peut-être qu'il me trouve trop tendue ?
Faut vraiment que j'arrête de me poser des questions et que je continue à profiter du spectacle.
Je sens soudain sa main caresser mon épaule nue avant de descendre sur le bras. Une chair de poule apparait brusquement sur ma peau alors que mes oreilles se dressent. Il continue plus doucement, comme s'il attendait mon approbation. Je tourne donc mon visage vers lui et lui souris pour lui faire comprendre qu'il a patte blanche. Aussitôt, il se mord les lèvres et ramène sa main sur ma cuisse dévêtue. Instinctivement, mon muscle se contracte ; j'ai peur qu'il me trouve un peu grosse. Ce n'est pas la partie de mon anatomie la plus fine. Mais ce n'est sans doute pas nécessaire qu'il décèle mes complexes. Il se penche alors davantage vers moi et dépose un baiser sur ma joue.
Ça y est, je vais mourir de chaud. Et le pire, c'est que Tampia sent bien que je suis réceptive à ses caresses. Il ne va pas les arrêter en si bon chemin. Désolée maman, mais je crois que je rentre avec un garçon ce soir.
D'un geste lent, il relève ma robe pour découvrir ma culotte en dentelle. Il hoche la tête comme s'il approuvait puis pose sans complexe sa main sur mon entrejambe.
— Tampia, murmuré-je avec une fausse indignation.
— C'est moi ou tu commences à mouiller ?
Je rougis encore lorsqu'il appuie. Je bénis l'obscurité qui évite aux trois autres gnomes de voir cet autre spectacle.
— Tu veux que je te fasse l'amour après l'opéra ?
Ma tête hoche sans vraiment que ma raison n'ait son mot à dire.
— Bien, déclare-t-il simplement en se recalant dans son siège.
Oh non, c'est pas possible. Je vais étrangler ce type. Comment vais-je pouvoir me concentrer sur le spectacle, après ça ?
C'est pourtant ce que j'ai réussi à faire. J'ai oublié les gestes de Tampia et je me suis laissée bercée par la beauté de la musique. Ça a été plus fort.
Aussi lorsque le spectacle s'est fini, je me suis retrouvée un peu bête. Voulait-il finalement que je rentre avec lui ?
Nous nous sommes levés des gradins et avons regagné la sortie. Karlan, Vron et Firine nous ont ensuite quitté à l'entrée du département.
Je me retrouve maintenant seule avec Tampia et c'est vrai que je le connais très peu. Espérons qu'il ne décide pas de m'égorger ou de me vendre.
Mais il n'a pas l'air bien méchant, à vrai dire. Alors que nous regagnons son logement, je détaille son visage que des cheveux courts encadrent fougueusement. Son nez droit se relève légèrement à l'instar de sa lèvre supérieur. Je trouve ça charmant. Mais sa face reste très peu mobile donc j'ai un peu du mal à savoir ce qu'il pense.
— J'habite dans les logements du personnel, m'explique-t-il, on y sera très bien.
Très bien pour coucher ? Nous traversons quelques passerelles et arrivons devant une façade où se succèdent plein de petites maisons carrées. Ça fait un peu clapier, tout de même. Un étroit passage donne accès à sa porte, sur le côté du lotissement. Il me laisse alors entrer avant de refermer derrière lui.
L'espace n'est pas très accueillant, c'est sûr. Je retire quand même mon châle avant qu'il ne me propose encore un verre. J'accepte et m'assieds tranquillement sur sa couchette.
— Tu viens d'où exactement ? demandé-je.
— Tu as vraiment envie de parler ? sourit-il avec une ride de contrariété entre les sourcils.
— Pas nécessairement...
— De Calca, comme ta mère, j'imagine. Mais je voulais gagner plus d'argent. Et je ne voyais pas où le faire mieux qu'ici.
Je hoche la tête, satisfaite de la réponse.
— Autre chose ? me demande-t-il avec une pointe de taquinerie dans la voix.
— Oui... C'est ma première fois.
Il s'avance vers moi et s'assit à mes côtés avant d'enrouler mes épaules de son bras :
— Je vais faire ça bien, ne t'inquiète pas.
Je hoche la tête et hésite un court instant avant de l'embrasser. Ce simple contact suffit pour me faire sourire et me détendre. Qu'est-ce que je voulais finalement ? Qu'un homme me montre son attention et me désire. C'est finalement ce que j'obtiens.
Je retire ma ceinture et délasse ma robe mais j'hésite encore à m'exposer. Je suis un brin pudique, tout de même. Et j'ai surtout peur qu'il me trouve laide. Mais après tout, il n'y a pas de raison.
D'une main douce, il desserre ma prise et laisse le tissu retomber sur mes hanches. D'un signe de tête, il me demande de retirer le reste, ce que je fais sans vraiment réfléchir même si d'un coup je me retrouve nue devant lui, seulement vêtue de mes bas et escarpins.
Son regard s'attarde alors sur mon corps et ça me gêne un tantinet. Comme il commence à se rapprocher de moi, je l'arrête d'une main.
— À ton tour, maintenant.
Il sourit devant ma requête et se déleste de ses effets. Bien, nous voilà à pied d'égalité ! Je préfère ça. Je ne suis pas embarrassée par sa nudité, c'est pas comme si je n'avais jamais vu d'hommes nus dans mon département !
Cette fois-ci, sans hésiter, je colle ma poitrine contre son torse pour l'embrasser. Je fais aussitôt basculer mes jambes de chaque côté de son bassin de manière à ce que nous soyons imbriqués.
— Je te pensais peut-être plus timide, sourit-il.
— Il semble que non.
Sans se départir de son air charmeur, il m'écarte légèrement pour saisir ma poitrine. Je crois que Djalah avait raison sur ce point. Mes mamelons se durcissent sous le toucher de mon amant alors que je sens son sexe se dresser contre le mien.
— Je suis désolé, mais je crois que je vais abréger, souffle-t-il.
Mouai te défile pas, mon petit. Je lui prends la main avant de la caler sous ma chatte, l'air de lui dire de préparer le terrain avant de s'y aventurer.
— Püpe... halète-t-il.
— C'est ça ou rien.
— Tu sais un peu trop ce que tu veux.
— Oui mais toi aussi.
Il accepte ma requête et me doigte comme il peut. Je crois que son désir croissant le rend un peu brusque dans ses mouvements et je grimace de douleur avant que mon vagin ne s'accoutume davantage à cette présence inhabituelle.
Malgré ces petits désagréments, j'apprécie, plus que je ne l'aurais pensé, le désir pour moi qui transparait dans ses yeux.
Comme pour le remercier de cette sensation, je caresse sa hampe déjà rigide ce qui lui arrache un râle de plaisir. Satisfaite de mon effet, je me dégage de lui et m'allonge sur son lit avant de me mettre à quatre pattes et lui présenter ma croupe.
— Tu es sûre de vouloir cette position ? murmure-t-il surpris.
Je ne me suis pas posée la question, à vrai dire.
— Ce... ce sont surtout les putes qui se mettent ainsi, Püpe.
Ah. Je me retourne et lui offre mon corps dans un timide écartement de jambes.
Il sourit devant mon soudain manque d'assurance et s'allonge au-dessus de moi.
— Ça sera mieux pour toi dans ce sens.
— C'est pas trop ennuyant ?
Je commence brusquement à être prise de doutes. Est-ce qu'il va me faire mal ? Est-ce que je vais m'endormir avant qu'il ne finisse son affaire ?
Comme s'il sentait ma crainte, il me recouvre de baisers et de caresses en même temps que je sens son membre s'enfoncer en moi. C'est trop étroit par ici ! ça ne passera pas. Une brûlure soudaine sonne le glas de ma virginité. Ça devait arriver, de toute façon.
Tampia me laisse ensuite quelques temps de répits, comme pour me familiariser à sa présence en moi mais je ne suis pas sûre que ça ait réellement son utilité. Il ressort lentement avant de donner un coup de rein un peu fort. Il répète ce manège pendant de longues secondes jusqu'à ce que je commence à apprécier ; mon visage se détend je m'abandonne à ses assauts. Finalement, j'aime bien, c'est plaisant. Quelques gémissements soudains me trahissent alors qu'il continue à me faire l'amour. Et puis finalement, il se déverse en moi avant de se retirer.
Le pauvre semble épuisé. Moi aussi, du reste, mais pas vraiment pour les mêmes raisons. Il s'allonge contre moi pour reprendre son souffle. Je l'embrasse tendrement avant de me blottir contre son torse.
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