Chapitre 23
Dès notre retour aux Falaises Sanglantes, je me suis empressée de gagner l'infirmerie gnomique du palais. Là, un soignant m'a administré les onguents nécessaires sans vraiment me poser de questions.
Maman avait raison, Calca, ça pue la merde. Les paysages sont magnifiques, l'architecture est splendide et le temps plutôt clément comparé à mon précédent cadre de vie mais tout ce qui y vit me débecte.
Je profite de l'absence de Loula pour me laver dans ma piaule. Mon plan n'a pas changé : je rejoins Binou et je l'épuise jusqu'à atrophier le peu d'intelligence qui luit dans son regard noisette.
— Dis-donc, Püpe, j'ai l'impression que tu prépares encore un mauvais coup.
Je pousse un cri strident avant de m'apercevoir que Djinévix est assise sur mon lit, son livre dans les mains.
— C'est à moi, ça, petite voleuse !
— Djinévix ! Je suis presque nue ! Et comment avez-vous fait pour atterrir ici ? Le palais est gardé...
— Cesse un peu de miauler, veux-tu ? Je voulais simplement récupérer mon bien.
Je m'avance vers elle et lui arrache le grimoire :
— Non, je le garde jusqu'à ce que je le finisse !
— Quelle bourrique tu es devenue ! Et dire que tu étais toute timide avant.
— Je vous le rendrai bientôt.
— Les lectures de ma sœur te plaisent ?
— Votre sœur ?
Je fronce les sourcils. Que veut-elle dire ?
— Locea, la prêtresse qui écrit ses mémoires. C'est ma sœur.
— Mais alors... Vous êtes une Entité du Passé, vous aussi ?
— C'est exact.
— Comment avez-vous survécu ?
Je tombe des nues, ce n'est pas possible. J'ai une véritable relique sous mes yeux.
— Les Réceptacles survivent toujours, ma petite Püpe. Seuls les démons les éradiquent. Ils nous suivent un peu comme des ombres...
— Vous... Vous êtes la personne dont parle votre sœur ?
— Oui.
— Mais alors... Vous connaissez les autres Réceptacles ?!
Mon cœur s'emballe : et si elle connaissait le Réceptacle du Vala elfique ? Il me suffirait simplement de le supprimer et tous nos oppresseurs perdraient leur magie. Ce serait une victoire incontestable pour nous. Les royaumes elfiques se feraient envahir en quelques mois et ce serait la fin de notre esclavage. Un espoir illumine mon regard comme une avalanche de rayons de soleil.
— Oui, je suis forcée de tous les connaître.
— Locea... Elle parlait d'un empereur qui réduisait en cendres les cités divines... Vous savez de qui il s'agit ?
— Bien sûr. Je suis peut-être la seule sorcière à connaitre aussi bien les arcanes du Temps. Il se trouve que le prince Morgal a un potentiel bien plus important qu'il ne le soupçonne. D'une certaine manière, je vais prolonger le travail de ma sœur. Je vais faire en sorte que l'elfe chtarbé qui te sert d'employeur devienne empereur, qu'il engrosse une autre Réceptacle afin que cette prophétie se réalise.
— Il la connait, d'ailleurs, cette prédiction ?
— Il sait simplement que l'union entre deux Réceptacles peut engendrer des conséquences terribles pour l'équilibre du Cosmos. Mais il ne se doute de rien, pour l'instant.
— Il est Réceptacle de quelle race ?
— Des dieux, justement.
—Zut...
Un coup d'épée dans l'eau. Si seulement il gardait le Vala des elfes... Mais là, je vais mettre à mal des plans millénaires. Ou alors, Monsieur le prince nous fera l'obligeance de se dépêcher à faire une progéniture avant que je ne lui tranche la gorge.
— Et la princesse Selnar ? Il va devoir l'épouser. Ça risque d'être compliqué si ce n'est pas elle la Réceptacle qu'il faut pour vos conjurations.
— Il ne l'épousera pas, j'y veille bien.
— Ah ? Mais peut-être voudra-t-il un jour prendre une femme ? Il n'est pas permis aux elfes de papillonner à droite à gauche.
— Il n'y aura ni femme, ni libertinage pour lui : il est frigide.
— Ah... ça peut calmer, en effet.
— Et je souhaiterais que tu ne le supprimes pas, si possible.
— Qui ça ? Le prince ?
Elle hoche la tête.
— Il a tué ma mère.
— Non, il a profité du spectacle.
— C'est pareil. De toute façon, vous ne pourrez pas m'en empêcher.
— Alors bon courage !
Sur ces mots, elle disparait dans une fumée noire. Je recule précipitamment, abasourdie par cette téléportation soudaine. Mais elle va pas bien ! Elle ne m'a même pas laissé le livre, cette bigote squelettique.
Je me rhabille en vitesse et décide de retrouver Binou. En chemin, je repense à tout ce que m'a dit Djinévix. Est-ce réellement possible que les dieux puissent être éradiqués de la sorte ? Il faut croire. Et si plutôt que supprimer les Réceptacles pour plus d'égalité, on trouvait le moyen de créer un Réceptacle pour les gnomes ? Qui sait ? Peut-être avions nous une magie très puissante dans le passé ?
Mécaniquement, je rejoins le réfectoire mais ne trouve pas ma cible. Je m'en vais donc demander à Clark où se trouve son ami :
— Dans les appartements du prince, je crois, baragouine-t-il la bouche pleine.
— Ah ? Que fait-il là-bas ?
Il hausse les épaules tout en se resservant dans le plat de croissants chauds :
— Qu'est-ce que j'en sais, moi ? Il est mystérieux depuis qu'il a reçu sa mutation aux Falaises Sanglantes.
Bien ! Partons en quête des appartements de l'elfe. Alors comme ça, Monsieur deviendra empereur ? Et décidera de braver l'interdit en concevant six horribles petites répliques de son affreuse personne. Je me demande comment il va y arriver s'il est si peu intéressé par la chose...
Après avoir traversé tout le palais par les couloirs gnomiques, je parviens enfin au seuil elfique où commence les appartements de mon maître.
Ma tête se lève pour contempler les énormes voûtes de cristal et les fresques qui courent sur les murs. De grosses teintures alternent avec des boiseries et les tableaux au format gigantesque. C'est magnifique. La lumière des lustres et des chandeliers se propagent chaleureusement dans le vaste espace.
Je parviens enfin aux portes lourdement gardées. Les soldats me laissent passer sans m'adresser un regard. Je trottine ainsi jusqu'au vestibule mais la température a brusquement chuté. Mes bras nues se couvrent de chair de poule et mes oreilles pivotent pour capter le moindre son. Mais les bruits sont étouffés, ici.
Mes escarpins s'enfoncent dans le tapis moelleux alors que je parviens dans le salon. Des courants d'air gémissent dans les murs et se faufilent sur le plafond. J'ai l'impression que les lieux sont hantés...
Et comme pour accréditer mon impression, je remarque l'énorme tableau d'un démon, sa faux brandie, prête à s'abattre. Mmh, un peu trop vivant pour que ce soit une simple peinture. Mais je ne tiens pas vraiment à connaitre les activités occultes de Morgal. Dans le bureau, un autre tableau est accroché au mur de marbre noir : je reconnais le prince, aux côtés de son frère jumeau. L'a-t-il tué réellement ? J'ai un peu du mal à le croire.
Lorsque je parviens à la chambre, je trouve Binou, assis sur le bord du lit, un carnet dans les mains. Monsieur fouille dans les affaires de son maître ? Comme c'est mal !
Silencieusement, je m'approche sans qu'il ne se rende compte de ma présence.
— Tu fais quoi ?
Il sursaute en m'apercevant.
— Je cherche des informations sur le prince... murmure-t-il, pris en faute.
— Très bien. Je me joins à toi.
— Heu... si tu trouves quelque chose, pourquoi pas.
Il n'a pas l'air très enthousiaste de ma compagnie mais il le sera bien plus d'ici quelques minutes. Mine de rien, nous sommes tous deux sur un grand lit. Il peut se passer quelques folies. Même si je doute que le propriétaire soit vraiment ravi à l'idée de cette perspective.
Je jette un œil sur le carnet et y distingue des croquis finement réalisés. J'ignore qui a dessiné tout ça mais je dois admettre que c'est remarquable. Morgal, peut-être ? Il n'a pas vraiment le tempérament de l'artiste... Loupiote tourne la page suivante et nous tombons tous les deux sur la représentation d'un prisonnier, enchainé aux membres et au cou. Ses cheveux cachent son visage, ne laissant entrevoir qu'un large bandeau qui couvre ses yeux. Je frémis devant cette scène, peu à l'aise. Il se passe trop de trucs suspects dans ce palais... Pourquoi empêcher à ce détenu de voir ? Ou alors de verser des larmes ?
— On raconte que pour obtenir le Vala Interdit que contient un Réceptacle, il suffit de lui arracher les yeux et de lui extraire une larme, assuré-je nonchalamment.
Il déduit alors :
— Le bandeau est donc fixé au Réceptacle pour lui empêcher de perdre la moindre larme.
Je soupire et bascule sur les draps dans un long soupir :
— On dit aussi que les Réceptacles sont toujours tourmentés par des démons. Mais personne ne l'explique.
Il hausse les sourcils et semble s'abîmer dans les réflexions. Il se doute bien qu'il y a des enjeux bien plus grands que nous qui se trament. Mais qu'il ne compte pas sur moi pour dévoiler la sombre vérité.
Quoiqu'il en soit, il parait bien plus disposer à pioncer, ce mollusque ! Il retire ses chaussures et s'étale sur le lit dans un ronronnement de contentement. Ça lui plait apparemment de piquer un somme sur la couche de son maître despotique. Je peux le comprendre.
Mais comme si ma présence l'importunait, il me pousse soudain du lit et je m'écrase sur les dalles froides. Alors là...
Monsieur veut garder l'espace pour lui ? Cher lui coutera !
Je saute sur le matelas et attrape un des premiers coussins qui me passait sous la main pour lui éclater sur sa figure satisfaite.
Aussitôt, il pousse un petit cri ridicule et riposte tout aussi vite. Il se saisit d'un traversin et me l'abat sur le crâne de toutes ses forces. Ne te fatigue pas tout de suite, mon coco, tu auras besoin de ton énergie pour la suite. Je m'agrippe à son polochon et lui arrache des mains. Mais ce bouffon n'a pas l'air de vouloir en rester là. Il continue cette rixe ridicule avec un acharnement feint. Des plumes blanches volent dans toute la chambre alors que les coussins se crèvent et se déversent sur le lit. Il neige !
Inconsciemment, mes lèvres se sont relevées dans un rire d'amusement. Je suis brusquement retombée en enfance avec cette bataille de traversins. Mais mon compagnon ne prend pas la chose à la légère et après m'avoir plaquée contre le matelas, il m'aplatit son oreiller sur le visage.
Eh ! Je ne peux plus respirer ! Je lui tape les poignets pour lui demander d'arrêter, ce qu'il accepte triomphalement. Ça va, ça va, prends pas la grosse tête.
Il se passe quelques secondes pendant que rien ne se passe. Puis, je glisse ma main sur sa nuque pour le forcer à baisser sa tête. Ma bouche rencontre alors la sienne en même temps que mes jambes s'enroulent dans son dos. Tu es désormais mon prisonnier, mon chou !
D'abord passif, il ne tarde pas à réagir en répondant à mon baiser. Mais son regard est encore totalement absent. Eh ! concentre-toi un peu, Loupiote !
— Tu penses à quoi ? demandé-je en déboutonnant sa chemise.
Il revient d'un coup à la réalité et rougit devant mes iris enflammées. Lentement, je me déleste de mes vêtements avec des mouvements tout calculés. D'abord ma jupe puis ma chemise rejoignent les coussins éventrés. Ses yeux s'écarquillent et sa bouche s'entrouvre bêtement devant ma nudité. Il déglutit avec difficulté avant de retirer son pantalon et son caleçon, devenu trop serré pour lui.
Je crois que mon partenaire perd un peu les pédales. Il ne sait pas vraiment comment procéder alors que sa queue s'impatiente. Pauvre petit chou, je m'en vais t'aider. Je lui attrape sa hampe d'une main et commence à le caresser avec douceur. Loin de se détendre à mon toucher, Binou se crispe, sans doute dérangé par les sensations que je fais naitre dans son bas ventre. Dommage qu'il ne soit pas plus engagé parce que je trouve qu'il est drôlement bien monté. S'il est endurant je serai peut-être tombée sur un très bon coup.
D'ailleurs, il décide d'atterrir enfin et de passer à l'action pour mon plus grand plaisir. Sa langue accélère ses mouvements contre la mienne alors que ses mains s'enfouissent dans mes seins pour les presser énergiquement. Je gémis à cause de la douleur et me cambre contre son corps chaud. Binou n'est pas très musclé, c'est sûr, mais une fois qu'il est lancé, je crois qu'il peut se montrer très vigoureux. Ses lèvres descendent sur mon cou et ses dents mordillent ma peau délicate. De mon côté, je continue de me mouvoir sensuellement contre lui afin de mieux l'exciter. Ceci-dit, vu sa respiration laborieuse, je crois que c'est déjà bien le cas.
N'en pouvant plus, il me plaque les épaules contre les draps défaits et me pénètre sans hésitation. Il ne lui en faut pas plus pour commencer à donner de bons coups de butoir. Ses mèches noires se soulèvent à chaque fois alors qu'il prend son pied comme jamais.
— Han... Püpe... Haaa... C'est bon...
Continue, imbécile et tais-toi. Ceci-dit, je ne m'attendais pas à autant apprécier, de mon côté. Il se débrouille carrément bien, le petit cochon ! Je n'ai jamais été fourrée avec cette fougue et mon intimité ne comprend pas vraiment ce qu'il lui arrive.
Au bout de plusieurs minutes à ce rythme, je commence à jouir et mes gémissements se font de plus en plus forts.
— Binou... Je crois que je vais te garder...
Il grogne de plaisir et continue à me soulever hardiment. Et puis, il cesse d'un coup de se retenir, frappé par un orgasme. La respiration laborieuse, il se retire et s'allonge sur le dos, éreinté.
Te dérobe pas, mon gros, je suis sûre que tu as encore assez d'énergie. Je m'assois sur son bassin et m'empale sur lui avant de le chevaucher de plus belle. Son visage affiche alors un mélange de désarroi et de bonheur comblé. Il n'en peut plus. Mais je tiens à obtenir ma part. J'accélère mes mouvements avant d'atteindre les sommets de la félicité. Moi et mon partenaire sommes totalement au septième ciel.
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