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Chapitre 12

Il a fallu que je parte. J'ai pris mes affaires et d'un pas mécanique et boiteux, j'ai regagné mon logement. Un logement vide. La tête bourdonnante, j'ai gravi l'échelle avec quelques difficultés et je me suis allongée sur mon lit. J'ai retiré mes vêtements et me suis enroulée dans ma couette sans vouloir penser au lendemain. Pourvu qu'il n'arrive jamais...



Et pourtant, je me réveille, ce matin. Un matin comme les autres avec un ciel balayé par le vent. Les vagues mugissent toujours autant contre la forteresse. Je descends de la mezzanine et me prépare une collation. Je suis sérieusement en retard pour mon service...

Aussi, Méléra ne tarde-t-elle pas à frapper à la porte. Comme je ne réponds pas, elle pénètre dans la pièce, hors d'elle.

— Püpe ! C'est la moindre des choses de te présenter à l'heure pour ton travail ! Si ton second travail te prend tant de temps, je m'en vais te virer de ma maison !

— Cela n'arrivera plus, réponds-je d'une voix atone.

— Et où est Mily ? Elle devrait être dans les boudoirs depuis une heure.

— Elle est morte.

Ma maîtresse fronce les sourcils d'incompréhension. Voir sa tête interloquée me provoque un rire nerveux.

— Comment ça ?

— Ils l'ont tuée en bas.

Je me reconcentre sur le feu pour chauffer ma casserole. Un petit peu de pain me fera tenir jusqu'à la prochaine pause.

— J'arrive dans cinq minutes, assuré-je.

— Püpe, tu es sûre que ça va ?

Je lève un œil interrogateur vers Méléra. Depuis quand se mêle-t-elle de mon bien-être ?

— Non, ma cheville est foulée.

— Bon, hum... Je te laisse ta journée pour cette fois. Je vais envoyer un message au seigneur Lucasse pour lui demander des explications. Il commence sérieusement à m'agacer...

— Comme vous voudrez.

Eh bien, j'aurais plus de temps pour boire ma tisane. Je m'assois sur mon tabouret. La place d'en face reste insolemment vide.

Malgré la dispense de Méléra, j'irai travailler aujourd'hui.

Il faut bien que quelqu'un fasse le travail. Surtout que je suis seule désormais. Je traverse mon logement en m'en vais nettoyer les chambres apprêtées pour les clients.

C'est toujours aussi crade. Vieux lupanar de merde. Les gens sont dégueulasses. J'ai envie de parler essentiellement des hommes mais les femmes me débectent tout autant. Je sais quel genre de matrone on rencontre dans les bordels de gigolos, à quelques départements de là. C'est aussi pitoyable dans les deux sens.

J'ai l'impression que tout le dégoût que j'ai refoulé jusqu'ici me rattrape. Qu'est-ce que je fous là, bon sang ? Je me réveille soudainement, comme perdue au milieu d'un champ de lisier.

Je ferais bien de quitter cette île de connards au plus tôt.

Djalah et Pigelley viennent à mes devants avec un air désolé. Leur pitié me dégoûte aussi.

— Ma petite Püpe, lance Djalah en me prenant dans ses bras, nous sommes tellement désolées. Nous aimions énormément Mily.

— Vous n'auriez pas dû. Elle va vous manquer, à présent.

Elles semblent étonnées de ma réponse laconique.

— Mais toi ? demande l'astre aux cheveux cendrés avec un air moins dramatique, comment tu te sens ?

— Ma cheville me fait mal.

— Tu veux qu'on appelle Ranen pour te soigner ?

— Ça va partir.

— Et tu n'es pas trop... triste ?

— Si.

Elles commencent à m'agacer avec leurs questions à la con. Ça va deux secondes d'être la peluche qu'on bichonne et qu'on recouvre d'une tendresse mielleuse mais là, j'en ai par-dessus la tête. Je prends donc congé et continue mon travail. Au bout d'un moment, ma cheville me fait bien trop mal. Il me faut donc regagner ma suite. À peine ai-je ouvert la porte que Tampia se précipite vers moi.

— Püpe, ça va ?

Je pique un fard. Il est sérieux ?

— J'ai appris pour Mily. Je suis désolé...

Il semble très gêné, ne sachant comment s'exprimer.

— Ne te force pas à dire une ânerie de bienséance, assuré-je, ça ne ramène pas les morts.

Tampia fronce les sourcils et hésite à me prendre dans ses bras. Quelque chose le déroute :

— Tu ne sembles pas réagir... normalement, Püpe.

— Chacun réagit à sa façon.

— Oui, mais...

— Quoi ? tu préfèrerais me voir en larmes ? Ce n'est pas le cas, alors c'est bon. De toute façon, ça n'y changera rien. On ne peut rien changer.

— Tu m'inquiètes, Püpe.

— Ne te fais pas du mouron pour moi. Je vais bien. À part la cheville.

Je retire ma bottine et m'assois sur un fauteuil pour masser mon articulation endolorie. De son côté, Tampia reste indécis quelques secondes avant de mouiller un torchon propre au tuyau de canalisation.

— Ça te fera du bien.

— Merci.

Gentil garçon. Il me fixe intensément avec son habituel air inexpressif.

— Tu peux te servir dans les placards, permis-je.

— C'est ce que je fais depuis plusieurs mois, admet-il.

Un sourire se dessine sur mes lèvres. Pourquoi ça ne m'étonne pas ?

— Tu veux bien me porter jusqu'en haut ?

— Bien sûr.

Il me soulève dans ses bras et grimpe les échelons avant de me poser sur mon lit.

— Je voudrais que tu me laisses.

Il hoche la tête et sort de mon logement sans oser m'embrasser. Il a hésité à m'apporter son affection mais il n'est pas à l'aise avec la situation.

J'attends que la porte claque avant de retourner l'oreiller et me saisir du livre de Djinévix.

Les runes sur la pochette de cuir se rassemblent en relief pour former l'inscription : « La fin des âges et la perpétuité d'une race. »

Je passe les doigts sur l'opale qui est incrustée dans la pochette et ouvre enfin le livre. Mes sourcils se haussent. On dirait là, des mémoires. Si ça peut m'occuper pendant que ma cheville guérit... Et si ça peut m'apprendre deux, trois détails sur le fonctionnement de notre monde. Car je ne suis pas dupe. Ce grimoire appartenait au prince Morgal et ce dernier occupe une place extrêmement importante dans les jeux de pouvoirs actuels en raison de sa fortune indécemment immense. Qu'il parle de réceptacles avec Djinévix n'est pas une coïncidence.

Mon regard se pose donc sur les premières lignes, écrites avec une calligraphie très soignée.

« Voilà maintenant plus de trois cents ans que je travaille sur ce projet. Les autres prêtresses affirment que c'est une lubie qui me détruit à petit feu. Mais ce n'est pas mon avis. C'est pour cela que je décide aujourd'hui de poser sur papier mes recherches et découvertes. Au vu de la situation, nous n'avons plus le choix. Il faut provoquer la chute de l'empire divin avant qu'il ne nous détruise avant. »

Je m'arrête un instant : ce livre est un vestige de l'Ancien Monde. Le tenir dans mes mains ne me laisse pas indifférente. J'ignore qui s'exprime ici, mais il doit s'agir d'une entité du passé, une créature aujourd'hui disparue.

« J'ai souvent, trop souvent peut-être, interrogé le futur, multipliant les sacrifices. Je me suis séparée de mes consœurs, je me suis isolée dans mes appartements, penchée sur mes parchemins poussiéreux. Mon laboratoire s'est agrandi, mes expériences multipliées. J'ai cessé de vivre pour moi et pour mes sœurs. Seul mon projet comptait. Il me dévore. Mais je sais que c'est nécessaire.

Et puis j'ai fini par trouver une solution en sondant les entrailles des sacrifiés. La sorcellerie la plus noire m'a attribué des pouvoirs de médium. Je me suis perfectionnée dans cet art interdit. Et finalement une découverte révolutionnaire m'est apparue. Pourtant, mes sœurs n'écoutèrent point mes propos. Ils étaient pourtant évidents. Toute la solution résidait dans l'existence des Réceptacles. Jusqu'à maintenant je pensais leur existence comme une légende. Mais j'en ai croisé un. Ou plutôt une. Une de mes sœurs plus exactement m'a avoué qu'elle en était une. Je l'ai alors interrogée sans relâche jusqu'à ce qu'elle laisse tomber des informations. Elle restait très discrète sur sa seconde nature mais j'ai appris bon nombre de choses ; tout d'abord ces êtres se dissimulent parmi nous et vivent selon nos codes sociétaux. Ils adoptent une nature similaire à la nôtre mais une double personnalité se greffe en eux et est dotée comme d'un second Vala, ce qui les rend plus puissant. Ce second Vala sert majoritairement à préserver la charge valique de la race dont ils sont le réceptacle. Ce système ancestral et naturel semble toujours avoir existé. Les ères passent, les races disparaissent mais pas celle des Réceptacles. Et si cela advenait, la magie disparaitrait totalement de la Dimension. Car eux seuls sont la source de tout Vala.

Je crains que les dieux ne le sachent. Ils vont tuer notre Réceptacle et notre magie se tarira comme un fleuve sous un soleil de sécheresse. »

Je ne sais pas ce qu'a fumé cette femme mais elle devait un peu trop abuser d'herbes dans son laboratoire. La fumée lui a clairement brouillé l'esprit mais je dois bien admettre que ses recherches sont intéressantes même si je ne vois pas où elle veut en venir avec sa fameuse « solution ». Et surtout qu'est-ce que ce manuscrit foutait dans les appartements du propriétaire de l'île ?

Je me réinstalle plus confortablement sur mes oreillers, prise d'un bâillement intempestif. Ma cheville semble guérir gentiment.

Je retire mon corset pour être plus à l'aise dans ma chemise et me replonge dans cette palpitante lecture :

« J'ai demandé à ma sœur si elle rencontrait d'autres Réceptacles, d'une race différente. Elle n'a pas daigné me répondre, au début. Et puis, elle a avoué que c'était quelque chose que les Réceptacles préféraient cacher. — Nous ne sommes pas sensés nous réunir, avait-elle avoué. J'avais insisté pour connaitre la raison. Et puis, elle a simplement ajouté : — Qui sait ce qui arriverait si deux réceptacles concevaient un enfant ? Elle m'a laissée sur cette phrase et j'ai creusé de mon côté. Je me suis rendue compte que les dieux cherchaient le moyen de supprimer tous les Réceptacles hormis le leur. Toutes les races seraient ainsi forcées de se soumettre puis de disparaitre.

Alors je me suis acharnée dans mon travail, j'ai enchainé les sacrifices. J'ai même réussi à capturer des Réceptacles d'autres races. J'ai compris qu'en leur arrachant les yeux, je parvenais à trouver la charge valique dans leurs larmes. Étrange, non ? Cela semble insensé. Malheureusement, je ne pouvais utiliser ces Valas qui comprenaient la magie de races entières pour la bonne et simple raison que je ne suis moi-même pas une Réceptacle. Je me suis contentée alors d'élaborer des dialogues avec d'autres créatures de la même espèce. C'est tout ce dont je pouvais tirer des larmes. Mais surtout, cela a décuplé mes pouvoirs de médium ; je crois que certains Réceptacles ont ce pouvoir de manière naturel, dans leurs rêves. »

Elle part un peu loin, là, la prêtresse.

« Et puis une vision m'est apparue dans une fracassante réalité. Je voyais les cités divines se consumer dans les flammes, ses tours d'ivoire s'écraser dans l'abîme. Le ciel se teintait d'un rouge sanglant en même temps que la fumée opaque des flammes se propageaient dans le néant. Tout n'était que mort et désolation. Il y avait de l'espoir pour nous dans cette apocalypse. Je me rappelle encore distinctement d'une silhouette, celle de l'homme responsable de ce magnifique cataclysme. Une couronne impériale sur la tête, il surplombait la cité céleste du haut d'un balcon en ruine. Et puis, sur une terrasse, six guerriers en armures regardaient les murs s'effondrer.

Alors une voix glaciale s'échappa de l'homme : — Que mon sang fasse désormais couler le vôtre.

J'ai compris qu'il parlait ici de ses enfants. Sa descendance avait mis fin au règne de la plus puissante race. Et j'ai compris alors le véritable pouvoir des Réceptacles, ce qu'il adviendrait si un enfant naissait d'une union entre deux membres de cette race.

Il fallait provoquer la chose. »

Je referme le livre d'un claquement sec. Ça part beaucoup trop loin pour moi. Mais je ne peux m'empêcher de garder toute cette histoire en tête. Quelque chose me dit que cela me servira par la suite.

J'ai posé le bouquin sur ma table de chevet et je me suis endormie paisiblement.




Lorsque je me suis réveillée, la nuit commençait déjà à tomber. À cette heure, Tampia devrait être là. Mais sans doute a-t-il pensé qu'il devait me laisser seule. Absurde. Dommage qu'il ne vienne pas ; je me serais bien changé les idées.

Mon travail va bientôt commencer. Je me suis donc rendue à la loge de Lucasse, comme si de rien n'était. Mais étonnamment sa sale gueule ne m'avait pas manqué. Il m'a redemandé de chanter. Je lui ai dit d'aller se faire foutre. Ça ne lui a pas plus, dit comme ça. Alors il m'a mis aux barres de danses. Il espère que je changerai d'avis. Il se trompe. Ça me va très bien de danser dans les airs, ça m'évite les inconvénients de la scène. Et puis, c'est bien de prendre de la hauteur pour ourdir tranquillement mes prochains meurtres.

Oui, maintenant, c'est dit. Je vais les tuer. Ça n'a aucun sens, me direz-vous, puisque je ne sais pas me battre. Mais ma main ne tremblera pas et c'est le plus important. Je crois que je suis morte hier, finalement. Le basculement est totalement visible. Je me dessèche de l'intérieur et le pire c'est que cela me va. L'absurdité de ma vie s'est révélée à mes yeux dans sa plus terrible splendeur. Il est désormais temps de changer la donne. Le triomphe serait exquis si je parvenais à liquider ces grands seigneurs. Ils chuteraient lamentablement, frappés par la main d'une pauvre gnome de mon espèce.

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