Avant dernier jour avant la fin du cours périple qu'aura été ma vie.

"La vie est trop courte pour pouvoir permettre qu'autrui ne nous la gâche ni ne la raccourcisse considérablement." Voilà ce que j'aurais dit à mon enfant si j'avais eu le loisir de l'élever convenablement. Je tiens cette phrase de ma grande sœur. Elle me l'a dite lorsque je revenais d'une journée difficile à l'école. Le lendemain, j'ai résolu le problème et jamais plus personne ne m'a cherché d'ennuis. Adèle, si tu m'entends, sache que tu m'as sauvé la vie plus d'une fois. Sans toi, je n'aurais jamais pu vivre ma vie comme je l'ai fais, sans me laisser marcher sur les pieds. Enfin, jusqu'à ce jour maudit où tout a basculé. J'aime à me dire que ma vie entière a été structurée par des femmes. D'abord par toi, ma chère Adèle, puis par Mathilde, qui a prit la relève après mon mariage. Elles étaient mes cadres, mes barrières contre le monde autour. Elles me fesaient gardé les pieds sur terre lorsque je me plongeais si loin dans le monde de mes histoires que j'en oubliais le monde réelle, autour de moi.
Être écrivain n'a rien de facile. Il faut savoir manié les mots, les mariés entre eux de façon à avoir une belle harmonie dans ses phrases. L'imagination abondante est aussi d'une grande aide. Inventer un histoire clichée n'a absolument rien d'intéressant. Mieux vaut une histoire tirée par les cheveux plutôt qu'un nouvelle exemplaire d'une histoire où l'on retrouve toujours les mêmes personnages, les mêmes intrigues...
Ma vie entière est constituée de personnages aussi farfelus les un que les autres qui vivent des aventures que je m'amuse à relater. Que deviendrai-je sans eux ? Ils m'ont permis de faire décoller ma carrière mais ils m'ont aussi valu mon séjour en ce lieu sombre, sinueux et humide. Cette nuit sera la dernière, je l'ai su lorsque j'ai posé sur la feuille le point final de mon livre. J'ai vu la pointe de ma plume s'écraser sur le papier comme mon corps le fera sans doute demain, lorsque je tomberais sur le sol de ma cellule, fade fantôme d'un vécu gâché. Je finirai ce journal par le même mot qui a clôturé mon livre. Il n'y aura pas de demain. Au lueur de l'aube, ils l'auront fait disparaitre. À toi, Mathilde, à toi, Adèle, à toi, petit ange que je n'ai jamais eu l'occasion d'apprendre à connaître, je crois que ta mère voulait t'appeler Hugo. J'aurais préféré t'appeler Victor mais qu'importe le prénom que tu portes, je t'aime du plus profond de mon cœur. À vous tous, je dédis mon livre et mon existence. Je finirai par un seul mot. Adieu.

Yann.
L'écrivain séquestré.