Elle ne savait pas comment, mais Hermione avait réussi à rejoindre la Salle Commune des Gryffondor. Elle n'avait pas terminé son tour de garde mais cela restait un détail aux vues de ce qu'elle venait de vivre. Chaque pas avait été pour elle une torture. Elle s'était sans cesse demandée quand il réapparaîtrait et de qu'elle façon il s'en prendrait à elle, cette fois. Pourtant, elle avait vu le regret dans son regard. Il semblait avoir réalisé la bêtise qu'il avait faite, mais comment être sûre qu'il ne recommencerait pas ? Comment être sûre qu'il ne se montrerait pas plus violent la prochaine fois, comprenant qu'elle ne se montrait pas docile ? Hermione comprit que jamais elle ne pourrait être certaine d'une telle chose et qu'elle devrait faire preuve de courage pour affronter l'avenir sous un jour plus serein. Mais pour l'heure, elle avait envie de pleurer.

   La Grosse Dame la laissa passer presque sans qu'elle n'ait à dire le mot de passe. Hermione fut persuadée qu'elle n'avait pas finit de le prononcer avant qu'elle ne lui ouvre le passage. Elle marchait à pas lent, se tenant un bras dans un geste protecteur, l'œil aux aguets de le voir de nouveau. Le soulagement fut grand et particulièrement intense lorsqu'elle vit la Salle quasiment vide, remplie seulement de quelques premiers années encore assez fous pour manquer de sommeil en cette période. Fred se trouvait là, avec George. Ils discutaient à voix basse de ce qui paraissait être une de leur conversation sérieuse. George fut le premier à relever la tête. Son expression devint inquiète et Hermione le vit taper doucement le bras de Fred pour attirer son attention. Ce dernier croisa son regard et alors elle ne résista pas. Sans plus attendre, elle courut presque jusqu'à lui, s'affala sur le canapé rouge à ses côtés et commença à pleurer dans ses bras. Le rouquin l'enveloppa alors et cela lui fit du bien.

« Qu'est-ce qu'il s'est passé, Hermione ? »

   Dans son trouble, elle ne saurait deviner lequel des deux avaient posé la question. Elle reprit son souffle, tentant de se maîtriser, rapidement, ne pouvant s'empêcher de serrer dans ses mains le pull de Fred. Son visage se trouvait sur son ventre, elle avait conscience de mouiller son haut mais cela restait un détail superflu, peu important dans cette situation.

« Il... Il m'a attrapé et...

-Qui ?

-Il disait qu'il ne me ferait pas de mal, que j'aurais dû sortir avec lui. »

   Fred avait resserré son étreinte.

« Je crois qu'il a comprit que c'était mal... J'ai eu si peur...

-Qui ça, Hermione ? »

   La voix de Fred était dure. Elle lui fit l'effet de s'écraser contre les pierres du château. Elle lui répondit tout de même :

« Cormac... »

   Le rouquin s'apprêtait à se lever mais Hermione resserra sa prise autour de lui. Elle ne voulait pas qu'il s'en aille, elle ne voulait surtout pas qu'il s'en aille. Il devait rester auprès d'elle si elle voulait vivre cette nuit moins douloureusement. Fred s'installa un peu mieux. Le silence lui fit comprendre qu'il échangeait un regard avec son frère. George prit la parole, de façon plus calme :

« Est-ce qu'il t'a touché ? »

   Elle secoua la tête.

« Non, il m'a juste attrapé les bras... »

   Elle sentait Fred tout tendu à côté d'elle mais fut soulagée de constater qu'il restait à ses côtés. Il passait une main dans ses cheveux, les caressant délicatement. Il se mit alors à l'apaiser de douces paroles, lui affirmant que tout allait bien se passer, que le plus dur était derrière elle. L'effet lui fit bénéfique et bien vite elle se détendit. Au bout d'un certain moment George partit se coucher et elle comprit qu'ils étaient seuls dans la Salle Commune. Et sans s'en rendre compte, elle s'endormit dans ses bras.

*

   Hermione fut réveillée par un bruit de grand fracas. Elle se rendit compte qu'elle se trouvait encore dans la Salle Commune, allongée sur un des canapés. Elle se redressa bien vite pour avoir une vue d'ensemble sur le reste de la pièce. Baignée par le soleil matinal, elle put distinguer la masse de Gryffondor qui se trouvait rassemblée. Et dans cette masse, elle put voir Fred et Cormac.

   Cormac se trouvait à terre, Fred debout devant lui. Apparemment, il l'avait poussé. On pouvait voir que Fred avait passé la nuit tout habillé : ses vêtements étaient froissés et ses cheveux plus décoiffés que jamais. Hermione se mit debout et s'approcha de la scène. Aucun des deux ne l'avaient vu. Elle vit alors Fred se pencher sur Cormac et le prendre par le col de sa chemise, le soulevant ainsi de plusieurs centimètres :

« Tu la touches encore une fois et tu ne seras plus capable de boire le moindre jus de citrouille de ta vie, c'est bien compris ?! »

   Il hocha frénétiquement la tête alors que George venait de débarquer, s'approchant de Fred et lui posant une main sur l'épaule. Le rouquin le vit et lâcha brusquement Cormac qui tomba lourdement au sol. Ce dernier se relevait péniblement, s'éloignant à grand pas pendant que Fred croisait le regard de la jeune fille. Son expression changea et il s'approcha d'elle à pas rapide, la prenant dans ses bras sans attendre. Hermione lui rendit son étreinte alors que les élèves autour se dispersaient.

« Fred, tu pourrais être renvoyé pour ce que tu as fait...

-Si George n'avait pas été là, il n'aurait plus été capable de se servir de son nez. »

   Hermione se décala pour le regarder.

« Je ne supporte pas qu'on te fasse du mal. »

   Songeuse, elle ne dit rien, mais les questions commençaient petit à petit à arriver. Elle le prit de nouveau dans ses bras, la tête contre son épaule, oubliant le temps et le décor.