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With Mate - Oh Jun Sung

Love & Friendship - Oh Jun Sung

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Alors que les oiseaux chantaient déjà, Taehyung lui, était accoudé à la barrière de son manège, situé alors dans son grand jardin. Il était encore tôt, et pourtant, c'était un moment privilégié pour le jeune noble, qui aimait particulièrement s'y retrouver seul à tête reposée, afin de se laisser bercer par les chants de la faune et de la flore.

Il se sentait étrangement excité dans son esprit, et s'était réveillé en pensant que la Terre entière s'était retournée. En si peu de temps, sa vie avait pris un tournant des plus intéressant. C'est ce qu'il avait timidement espéré en venant vivre à la capitale, lui qui n'avait jamais eu de groupe d'amis, ou bien de personne à qui penser, car oui, depuis la première fois où il avait vu son visage...

Depuis la première fois où le visage de Jungkook s'était présenté à lui, Taehyung n'arrivait plus à le faire décamper de sa mémoire. Il était partout, et nul part à la fois. Le jeune homme aimait fermer les yeux, car ainsi, il lui était accordé de le voir autant qu'il le souhaitait.

Il se demandait, dès que le soleil se levait, ce qu'il pouvait bien faire, quelle était la couleur de ses vêtements ou de son couvre-chef, comment était coiffer ses cheveux, quelle odeur pouvait traîner derrière son passage. C'était des questions peut-être simples pour les autres, mais pour Taehyung, elles étaient déjà une aubaine.

Une nouveauté inouïe.

Alors, accoudée ainsi, les cheveux au vent seulement attachés en une demie couette, Taehyung laissait un joli sourire se dessiner sur son doux visage, se demandant si c'était cela, "ressentir" quelque chose, envers une autre personne. Il se demandait si c'était cela dont parlait sa sœur aînée lorsqu'elle évoquait Namjoon, ou bien encore, si c'était bien ce sentiment dont on parlait dans les contes.

— J'aimerais en savoir encore plus...chuchota-t-il, pour lui-même.

La légère brise de vent fut nécessaire pour le faire sortir de ses songes, et c'est ce qui le poussa à se rendre dans sa chambre, inspiré. Aujourd'hui, il n'écrirait pas, mais laisserait son imagination s'exprimer par le dessin.

C'était une occupation que Taehyung aimait beaucoup. Il avait déjà suivi quelques cours sommaires, et depuis sa jeunesse, et Yoongi lui-même lui apprenait tout ce qu'il savait sur le sujet, étant lui aussi un peintre et un dessinateur plutôt doué. Cela les avait fortement rapprochés, et Taehyung aimait se dire que c'était en perpétuant ces doux souvenirs que l'amour qu'il portait à cet hobby durerait toujours.

Tout comme cet amour fraternel qu'il ressentait depuis sa plus tendre enfance pour Yoongi, son plus fidèle serviteur, mais surtout véritable ami.

Ce matin, il était seul dans sa chambre, sachant que sa mère se trouvait dans le pavillon le plus proche, et que son loyal serviteur lui, s'occupait du linge à l'extérieur.

Désormais assis en tailleur sur son lit, une feuille sur les genoux, elle-même déposée sur un socle de bois, Taehyung attrapa un pinceau et laissa ses mains parler à sa place. Concentré, il en oublia même la jolie mélodie qui se jouait dehors, et ne fit même pas attention lorsqu'on vint toquer à sa porte.

Un peu plus loin, et quelques minutes plus tôt, un autre jeune homme, l'air déterminé et sérieux, venait de se présenter aux portes de la demeure des Kim. Il fut accueilli avec grâce et honneur, d'autant plus lorsqu'il présenta ses présents de bienvenue. On lui accorda quelques belles paroles, avant de le rediriger vers un jeune homme, qu'il connaissait déjà.

— Yoongi, fit la voix sévère d'une femme.

En se redressant après avoir attrapé un bout de linge à étendre, Yoongi se courba lorsqu'il se rendit compte que la Maîtresse de maison venait de l'interpeller.

— Bonjour, Madame, dit-il en se courbant.

— Nous avons ici un invité qui souhaite rencontrer mon fils, reprit elle sans lui rendre ses salutations.

— Bonjour, dit-il en souriant au serviteur.

Yoongi le regarda un instant, étonné qu'un noble puisse le considérer ainsi, puis accorda de nouveau toute son attention à sa Maîtresse, qu'il salua une dernière fois sans un mot, avant de demander à leur invité de le suivre. Sur le chemin, aucunes paroles ne fut échangées, bien que Yoongi sentait le regard de ce jeune Maître lui brûler le dos, comme s'il essayait de l'analyser. Soit, ils arrivèrent bientôt au pavillon de Taehyung, et Yoongi demanda à son vis-à-vis de rester en retrait, le temps qu'il l'annonce, comme il était coutume dans la noblesse de ce pays, même chez les plus jeunes.

Il toqua donc trois fois avant de coulisser la porte sur sa gauche.

— Monseigneur ?

Lorsqu'il ouvrit la porte, Yoongi fut attendri par la simplicité de l'image que renvoyait Taehyung. Il ne portait pas ses plus beaux vêtements, certes, car ceux-ci étaient encore en train de sécher, mais il restait tout de même élégant. Il avait brièvement attaché ses cheveux à l'aide de sa barette fétiche, et tenait son stylo, dont l'encre coulait un peu sur sa feuille, entre ses dents.

— Hm ? dit-il en relevant enfin la tête. Désolé Yoongi, je ne t'ai même pas entendu venir. As-tu besoin de moi ?

La gentillesse de Taehyung était l'un des points faibles de Yoongi, qui ne serait jamais rassasié de le voir aussi bienveillant envers lui, comme envers la plupart des personnes qui travaillaient pour sa famille. Alors il lui sourit, et paniqua un peu lorsqu'il le vit prêt à se lever pour l'approcher.

— Non non, je vous en prie, Monsei-

— Taehyung, c'est Taehyung. S'il te plait, il n'y a que nous ici, combien de fois vais-je devoir te le répéter, Yoongi.

— Justement, Mon...Taehyung, se reprit Yoongi. Vous avez de la visite.

— Ah oui ?

— Puis-je le laisser entrer ?

Les sourcils froncés, Taehyung fit la moue et se laissa retomber sur son lit tout en croisant les jambes en tailleur, puis il lui sourit en hochant la tête. Il n'avait pas vraiment envie de voir qui que ce soit, il voulait tout simplement peindre, alors pourquoi venait on le déranger ? Sur ce, Yoongi lui rendit son aimable sourire, et se retira pour laisser place à son invité qui le remercia avant d'entrer. Cette fois-ci, il ne fit aucune remarque, et pensa même à laisser un peu d'intimité à son jeune maître. Il attendit seulement que la porte coulisse à nouveau, avant de retourner à sa tâche.

Dans la chambre, Taehyung venait tout juste de reprendre son stylo en main, lorsqu'il entendit une voix peu familière le saluer.

— Bonjour.

Soudain, le jeune homme cru recevoir une avalanche d'énergie dans son corps, pensant même que son cœur venait de louper un battement. Il n'osa pas relever les yeux, et quand il le fit, il tomba dans le fabuleux regard de Jungkook.

Le fameux, le véritable Jeon Jungkook, et non celui de ses rêves, se tenait là, devant lui.

Dans ...dans sa chambre ?

— Bon...Bon-bonjour, Hyungnim ? dit-il un peu perturbé par le charisme du jeune homme.

— Il me semble que c'est à moi de t'appeler ainsi, pas vrai ? Je suis plus jeune après tout, Hyung.

Gêné, Taehyung se racla la gorge et se mit à bafouiller des mots sans aucun sens, avant de se reprendre.

— Oui...Oui, c'est vrai. Tu es plus jeune que moi, finit il par dire les joues rouges.

— Alors je peux t'appeler Hyung, pas vrai ?

En guise de réponse, Taehyung hocha la tête, tout en le fixant. L'attention de Jungkook, jusque-là portée sur son visage, venait de se détourner sur son environnement de vie. C'était une chance qu'il ait pensé à remettre de l'ordre la veille, bien qu'il était rare pour Taehyung de vivre dans un espace que sa mère aurait familièrement jugé de "bordélique". Cela dit, sa chambre était simple, il n'y avait que quelques meubles ici et là, souvent remplis de livres et de pinceaux, ou de peinture. Quelques feuilles étaient disposées sur quelques surfaces, et mis à part cela, il n'y avait rien d'autre que son lit, décoré d'un beau drap en satin vert d'eau, et de coussins décoratifs, cadeaux de son père.

Pourtant, cette pure simplicité semblait être assez intrigante pour que Jungkook s'y attarde, semblant vouloir se plonger dans cet environnement qui lui était nouveau. Taehyung se demandait s'il cherchait à le comprendre ainsi, car pour lui, une chambre ne pouvait que refléter l'âme de son propriétaire. Mais alors qu'il se laissait emporter, il finit par reprendre ses esprits, et délaissa son dessin sur ses draps, avant de se relever et de faire face à son invité.

— Que faites vous ici ?

— Tu devrais plutôt me tutoyer Hyung, je n'ai pas besoin d'autant de formule de politesse, lui sourit Jungkook, en continuant d'observer la pièce.

— Très bi-bien...Mais tu n'as pas répondu à ma question ?

Concluant qu'il en avait terminé, Jungkook croisa de nouveau son regard, et bien que Taehyung essaya de feindre la surprise, il put y lire de la gaieté. Si Jimin ne s'était pas trompé, alors Jungkook était certain que cette visite était la chose qu'il devait avoir le plus attendu après leur dernière rencontre. Cette idée le fit sourire, conscient que sa personne ne laissait jamais indifférent. Il était beau, il avait du charisme et un charme irrésistible et savait toujours l'utiliser à bon escient. Aussi, ce jeune noble n'y échapperait pas, il en était complètement persuadé.

— Ca faisait un moment que je ne t'avais pas vu à l'auberge, alors j'ai pensé que tu étais peut-être malade, je m'inquiétais.

Il s'inquiétait ?

Taehyung n'en crut pas ses oreilles, et se sentit presque rougir à cette remarque.

Jungkook s'était inquiété ? Pour lui ?

Cela lui paraissait presque impossible, tout droit sortit de son rêve. Etait ce pour cela qu'il avait fait le chemin pour venir lui rendre visite ? Il était encore tôt.

— Mais...pourquoi vous inquiéter ?

— Hyung, je t'ai dis que tu pouvais me tutoyer. Plus vieux que moi, tu te souviens ? le taquina Jungkook.

— Ou-oui...Oui, oui. Je voudrais savoir pourquoi tu t'es inquiété pour moi.

Jungkook ne répondit pas, et se contenta de lui sourire, avant d'avancer dans la chambre, les mains dans le dos. C'était presque aussi grand que chez lui, peut-être un peu moins, cela dit. Pourtant, il semblait que Taehyung avait réussi à rendre cet espace chaleureux, à son image. Tout en s'y baladant sans réel but, Jungkook put faire attention à quelques détails.

Comme il l'avait imaginé, c'était peut-être sobre, mais pas moins précieux. Il y avait tout un tas de jolis petites choses, et il se demandait même si Taehyung avait une idée de leur prix. Après tout, pour des personnes n'ayant jamais vécu dans le besoin, il en doutait légèrement. Mais tout était possible, avec Taehyung, pensa t-il.

Ce dernier avait beaucoup de goûts, et Jungkook se demanda même s'il avait dû insister pour participer à la décoration de son espace. A vrai dire, il pouvait facilement se l'imaginer, à l'image d'un doux tyran, afin que l'on agence son espace personnel avec minutie.

Un Taehyung capricieux, c'était plutôt...excitant.

Comme Jimin le lui avait décrit, il y avait aussi tous ces tas de livres un peu partout, et lorsque Jungkook s'en approcha, il remarqua que tous étaient des romans. Ainsi, il en étudia un de plus prêt, et détourna les yeux vers Taehyung, qui le regardait faire, pris au dépourvu et attendant toujours sa réponse.

Ce dernier ne portait pas un hanbok, mais plutôt un habit assez simpliste, caché quelque peu par un beau kimono violet. Ses cheveux étaient retenus par cette barrette qu'il avait de suite reconnue comme étant sa favorite, eux-mêmes attachés par un simple ruban en demi couette.

Taehyung était beau, c'était un fait. Jungkook ne put le penser autrement, alors, pour ne pas s'y attarder plus longtemps, il détourna le regard et c'est là qu'il remarqua ce qui se trouvait juste derrière lui. Il y avait cette feuille et ce stylo sur les draps, et Jungkook put facilement deviner que son dessin représentait un cou sur lequel des lèvres s'y déposaient délicatement.

De nouveau intrigué, un sourire vint habiller ses lèvres, et Jungkook s'approcha alors de Taehyung, les mains toujours dans son dos.

Ce pouvait il que cet être si pur, puisse avoir quelques pensées...impures ? C'était intéressant.

— Crois tu au grand amour, Hyung ?

Ce dernier hocha seulement la tête, de la façon la plus adorable possible.

C'est ce que pensa Jungkook.

— L'as-tu déjà trouvé ?

— Non, je...je le saurai, répondu timidement l'hôte.

— Ne penses tu pas...que deux êtres peuvent se désirer sans être amoureux ?

— Non ! s'écria alors Taehyung, les joues rouges.

Mais pourquoi lui posait il une telle question ?

Cela lui fit étrangement échos à sa dernière discussion avec Jimin, et des images de ces romans...d'actions, lui revinrent en tête.

— Vraiment ? sourit Jungkook.

Taehyung le regardait avec tant de pureté et d'innocence, que Jungkook eut l'envie de lui attraper le menton pour le serrer entre ses doigts. Mais il ne fit rien, et se contenta de le toiser avec insistance jusqu'à ce qu'il ne finisse par lui répondre en secouant négativement la tête. Pourtant, il avait l'air si sûr de lui.

Troublé et certain à la fois, c'était amusant, pensa Jungkook.

— J'aimerais beaucoup que l'on fasse plus ample connaissance toi et moi Hyung. Voudrais tu être mon ami ?

— Mais...Pourquoi ? demanda-t-il.

Voilà que Jungkook se présentait chez lui de bon matin, alors qu'il avait tant espéré dans ses rêves, qu'il lui disait avoir été inquiet pour sa personne, et maintenant, il lui demandait d'être son ami ?

Cela paraissait même trop beau pour que Taehyung puisse y croire, et en plus de ça, son cœur n'arrêtait pas de battre si fort dans sa poitrine, il pouvait le sentir sous sa main, qu'il tenait contre son torse, comme pour se rassurer.

— Tu sais, reprit Jungkook en le faisant presque sursauter, moi, je peins.

— Vou- enfin...tu peins ?

— Oui, acquiesça Jungkook, en s'approchant du dessin qu'il l'intriguait.

— Quel genre de peinture ? demanda Taehyung, curieux.

Il se tenait assez droit, et se mordillait les lèvres inférieures de temps à autre. Il se détestait de se sentir si étrange et excité à la fois, et dès qu'il y pensait, il avait l'impression d'être pris de frissons à chaque fois.

C'était bien la première fois qu'il ressentait une chose pareille.

— Les natures mortes, répondit Jungkook en passant la main sur le fameux dessin, qu'il finit par attraper. Et...les corps.

Le dessin en main, Jungkook remarqua qu'il n'était pas encore terminé et qu'il s'agissait alors que d'une simple esquisse, ce qui le fit sourire de plus belle. Au-dessus de la petite feuille, il vit les yeux de Taehyung devenir aussi gros que des tomates, et aussi brillants que les étoiles.

Il venait titiller sa curiosité.

— Les corps ?

— Tout à fait Hyung, dit Jungkook avec entrain. Et je me suis dis à l'instant que tu pourrais peut-être devenir un de mes modèles, qu'en dis-tu ?

— Mo-moi...? Moi, un modèle ? Pour...toi ?

— Oui, reprit Jungkook en passant la langue sur ses lèvres et se redressant avec élégance, j'en ai assez de peindre Jimin. Je le connais par cœur.

— Il est ton ami, c'est...normal, je crois.

La façon dont la voix de Taehyung venait d'énoncer cela fit sourire Jungkook, avant qu'il ne repose le dessin sur l'un des meubles, croisant de nouveau ses mains dans son dos.

— C'est vrai, mais j'aimerais peindre quelque chose de nouveau.

— Mais...quel genre de peinture fais-tu ? Les...Les corps...?

— Des nus.

A l'annonce de son invité, Taehyung sentit ses joues devenir si rouges, qu'il dû se cacher le visage derrière ses mains. Jungkook ne pouvait que se délecter de cette timidité, et que dire de cette innocence qu'il lui tardait de briser.

Oui, maintenant, quand il le regardait, il pouvait si bien l'imaginer.

Taehyung, nu, seulement recouvert d'un de ses beaux draps vert d'eau, prêt à devenir éternel par le pinceau.

— Non...non je...je ne peux pas faire ça...murmura t-il.

— Pourquoi, Hyung ? Ce n'est que de l'art, rétorqua Jungkook.

— Parce que c'est...c'est trop intime, c'est...

— De quoi as-tu peur ? demanda Jungkook, en s'approchant un peu.

Peut-être un peu trop près, trop vite, ce qui fit reculer Taehyung par pur réflexe.

— De...rien...mais mon corps, je...

D'un air bien sérieux, Jungkook se mit à le fixer tout en passant sa langue contre sa joue. Ce geste fit trembler Taehyung une nouvelle fois, qui essaya d'ailleurs de le cacher, avant de continuer :

— Je le réserve pour mon grand amour, seul lui pourra le voir, je...je ne peux pas.

— L'art ne requiert pas l'amour, Hyung. L'art est le plus court chemin d'un homme à un autre. C'est un plaisir. Aurais tu peur d'éprouver du plaisir ?

— Non, souffla le plus vieux. Personne ne pourra provoquer cela chez moi, à part mon grand amour.

Tout en disant cela, Taehyung croisa les yeux de son invité, et presque électrifié par son regard, ressenti le besoin de s'accroupir sur le sol, avant de tirer un coussin, et de s'asseoir sur ce dernier. Jungkook l'imita alors, amusé, mais pas moins intéressé, puis il s'accroupit face à lui.

—Tu...,tu peins Jimin, nu ? s'offusqua-t-il.

— Oui.

— Mais, tu...tu vois son corps nu ?

— En effet, mais passons, dit-il en levant la main au ciel, comme pour chasser cette idée. Hyung, reprit il, puis-je te poser une question... ?

— Hm ?

— Je ne veux pas paraître malpoli, seulement faire ta connaissance. Et en tant qu'amis, nous partagerons nos anecdotes, et nos secrets, pas vrai ?

— C'est cela, être ami ? demanda innocemment Taehyung, levant des petits yeux de chiots vers son vis-à-vis.

Jungkook le trouva si mignon, si pur, qu'il eut de nouveau cette envie mesquine de lui attraper les joues, mais il se retint, et se contenta seulement de sourire en hochant la tête.

— Bien sûr, tu pourras aussi me poser toutes les questions que tu veux.

— Alors...d'accord.

— Bien, souffla Jungkook. Je suis curieux, à vrai dire, après avoir vu tes dessins. As-tu déjà été plus loin, avec quelqu'un ?

Il était direct, peut-être un peu trop pour lui, mais le déstabiliser était sûrement la meilleure chose à faire pour attiser sa curiosité.

— Non, avoua timidement Taehyung.

Jungkook comprit bien vite qu'il semblait gêné de parler de ce genre de choses en sa présence, mais il paraissait aussi curieux d'aller plus loin, peut-être anxieux à l'idée de rejeter son nouvel ami.

— Tu n'as jamais éprouvé du désir, pour quelqu'un ?

Cette question n'était pas nouvelle pour Taehyung, d'ores et déjà lancer sur le sujet par nul autre que Jimin, quelques jours plus tôt. Alors, depuis, il avait eu le temps de se creuser les méninges, et s'était rendu compte qu'il ne connaissait cette notion que par la littérature. Il en connaissait la définition, mais pas l'application. Il s'était alors demandé s'il le connaîtrait un jour, et si cela serait aussi merveilleux que sa sœur pouvait le dire, lorsqu'ils en parlaient. Mais cela était toujours de courte durée, car gêné, Taehyung finissait toujours par rougir et s'en aller.

— Non...

— Vraiment ?

— Je le réserve pour celui ou celle qui saura prendre mon cœur, révéla discrètement le plus vieux.

— Alors de quoi as-tu peur, poser pour moi ne peut-être qu'une simple expérience de plaisir, et non de désir. Devient mon ami, Hyung. Si tu poses pour moi, alors je poserais pour toi. Je vois que toi aussi, tu peins des silhouettes. As-tu un modèle ?

Taehyung se mordilla les lèvres, jouant avec ses pouces.

— Yoongi...c'est mon modèle.

— Alors les corps t'intéressent aussi, pas vrai ?

— Je...je ne sais pas, répondit franchement Taehyung.

Se relevant à peine pour attraper un tas de feuilles qui devaient être d'autres dessins, Jungkook les désigna à son aîné et attendit son accord pour les regarder, ce qu'il fit. En silence, il les contempla un à un, et finit par les déposer sans aucun commentaire. Taehyung fut quelque peu angoissé par son absence de parole, et surpris, lorsqu'il le vit se lever pour aller chercher un petit miroir dans le coin de la pièce. Jungkook l'avait remarqué à son arrivée, et alla le déposer juste en face de son hôte, avant de le détourner pour se placer derrière lui.

— Que...que fa-fais-tu ? questionna Taehyung, un peu paniqué.

— Je te regarde, lui glissa Jungkook. Avec l'œil du peintre.

Leurs regards se croisèrent dans le miroir et Taehyung fut totalement subjugué par ses deux billes noires, tant qu'il ne remarqua pas que ce dernier vint défaire sa barette, laissant tomber sa chevelure noire dont il huma le parfum. Comme Jimin le lui avait dit, la chevelure de Taehyung était extrêmement douce et plaisante, mais Jungkook voulait encore plus, alors il se permit de défaire le ruban de sa couette, attendant même que Taehyung lui laisse le plaisir de le faire. Ce qu'il fit, et ce qu'il comprit en un regard complice.

Cependant, il sembla presque sortir de sa folie lorsqu'il attrapa la main de Jungkook, qui venait de se déposer délicatement sur son épaule, afin d'accompagner ses dernières mèches de cheveux.

— Qu'est-ce que tu fa-fais ? A-arrête...

— Chut, lui chuchota Jungkook auprès de son oreille, le faisant frissonner. Je veux juste imaginer ma toile.

— Mais-

— Taehyung, me fais-tu confiance ?

— M-mais...pour-pourquoi ?

— J'aimerais seulement t'expliquer l'essence même de mon inspiration, glissa Jungkook à son oreille.

Ainsi, détendu par sa voix, Taehyung décida de se laisser faire et laissa retomber ses épaules crispées. Aussi, il laissa Jungkook lui glisser le ruban autour du cou, puis sur ses yeux, le rendant désormais aveugle et à sa merci. Mais peu lui importait, tant son cœur battait la chamade dans sa poitrine. Il n'arrivait même plus à le contrôler, se demandant anxieusement si Jungkook pouvait le sentir.

De cette manière, Jungkook pu prendre tout son temps pour le regarder à travers le miroir, détaillant d'abord la forme de son visage, la taille et l'épaisseur de ses fines lèvres, remarquant aussi le grain de beauté qui régnait au bout de son nez, qu'il trouvait parfait. Oui, Taehyung possédait un très beau visage, aussi beau que la plus belle des femmes de la ville, pensa Jungkook. Pas étonnant que l'on raconte des éloges à son sujet, finalement.

Envieux, il se laissa emporter, et huma de nouveau l'agréable odeur de sa chevelure, avant de venir en pousser quelques mèches sur son épaule, et de passer l'une de ses mains sur son cou. Taehyung fut presque tétanisé, non pas de peur, mais de frissons. Il put le sentir si fort, provenant du bas de son dos jusqu'à la naissance de ses clavicules. Pourtant, il ne put rien dire.

Happé par le moment, Jungkook lui-même se laissa transporter et fit lentement glisser sa main vers la couture du kimono de son aîné, finissant par caresser le début de son torse à travers ses vêtements. Sa peau ne touchait pas encore la sienne, car un bout de tissu l'en empêchait encore, mais il fut étrangement intéressé par cette peau qui ne demandait qu'à être touché, ou simplement, à être vu. Non pas par désir intéressé, mais par désir artistique.

Taehyung ne pouvait se douter qu'il vivait une de ses premières expériences des plus sensuelles, bien trop plongée dans ce moment qui n'appartenait qu'à eux seuls. Quand il reprit ses esprits par pure mégarde, il ne sembla soudainement plus à l'aise et n'eut même pas à demander à Jungkook de se retirer que ce dernier le devança, l'ayant senti trembler entre ses mains.

Le souffle totalement erratique, Taehyung ne put se reprendre totalement par lui-même, et fut presque soulagé de sentir Jungkook à ses côtés, qui l'aida à retrouver ses esprits, lentement, par de longues et profondes inspirations et expirations.

Lorsqu'il retira le ruban de ses yeux, Taehyung se vit dans le miroir, rouge non pas de honte, mais d'il ne savait quoi, car il n'en pu le définir, et releva doucement et timidement les yeux sur le visage de son cadet.

— Pourquoi...as-tu fait ça ?

— J'avais juste besoin de trouver mon inspiration pour te dessiner, lui expliqua alors Jungkook en se reculant. J'avais besoin de trouver ton expression, sans filtre, neutre, sans que tu ne sois perturbé par le regard du peintre. C'est comme ça que je fonctionne, et que je m'inspire. Veux tu essayer Hyung ?

— Non, je...je...comment ça, essayer ? répéta Taehyung, dubitatif.

— Tu me bandes les yeux comme je viens de le faire, et tu me regardes à travers le miroir, comme je l'ai fait. Ensuite, tu laisses seulement tes mains faire le reste. Ta main, lui dit Jungkook en lui attrapant délicatement cette dernière, est l'extension de ton pinceau. Imagine que c'est lui que tu tiens entre tes doigts, et que tu dessines sur une toile. Tu verras, ça vient tout seul.

Jungkook le toisait si profondément, que Taehyung ne fit même plus attention au fait qu'il était encore mi-nu, le torse presque dévoilé. Alors, il se sentit rougir, se rhabilla à la hâte et se releva, hésitant un instant. Jungkook le regardait toujours lorsqu'il lui fit signe d'échanger leurs places. Pas peu fier, le plus jeune s'exécuta en souriant, comme pour le mettre en confiance.

Il laissa Taehyung se mettre dans son dos, et le regarda une dernière fois dans le miroir avant que celui-ci ne lui pose le ruban sur les yeux. Tout en le guidant par ces mots, il laissa Taehyung lui barrer la vue à son tour, et quémanda sa main, qu'il vint d'abord placer sur son cou.

— Qu'est-ce que tu sens ?

— Je...je ne sais pas...

— Essaye, Hyung. Respire profondément, expire, et concentre toi seulement sur la paume de ta main.

Taehyung s'exécuta, et il lui fallut quelques minutes pour trouver son calme. Enfin, il imagina ce fameux pinceau comme extension de sa propre main, et laissa cette dernière parcourir le bas du visage de son aîné, passant ses doigts sur sa mâchoire marquée, sur ses lèvres qu'il trouva douce et agréable, puis il descendit de nouveau sur son cou, contre lequel il sentit battre son cœur. Étrangement, celui de Jungkook était beaucoup plus calme que le sien, pensa t-il.

Il n'eut cependant pas le temps d'angoisser, car Jungkook ne lui relâcha pas la main, et le guida lentement et sûrement sous les coutures de ses vêtements, et laissa à Taehyung, le plaisir de découvrir ses clavicules.

— Qu'est-ce que tu sens, Hyung ?

— Seulement...t-toi.

Ce moment dura encore un instant, pendant lequel chacun des deux jeunes hommes semblaient y prendre goût, mais il suffit d'un minuscule geste, pourtant doux, de la part de Taehyung, pour que Jungkook ne se crispe. Sans crier gare, il se retira d'un seul coup, laissant Taehyung quelque peu déconcerté par ses agissements, et se releva en rajustant son durumagi.

Jungkook lui-même ne put l'expliquer, encore moins lorsqu'il ressentit un drôle de sentiment l'envahir lorsqu'il croisa le regard hébété de son aîné. Il passa la langue contre sa joue, vieille habitude, et pour le rassurer, se mit à lui sourire et lui tendit la main afin qu'il puisse se relever à son tour.

Taehyung ne pipa mot, et accepta sa main, avant de la relâcher dès qu'il fut sur pied. Lui-même ne savait plus quoi faire ou quoi dire, se sentant encore totalement épris par ce qu'ils venaient de partager, mais aussi, par sa simple présence, ou encore, par le regard qu'il portait sur lui.

Pour une fois, il remercia presque le ciel lorsqu'il entendit sa mère l'appeler au loin, et ne savant pas comment s'excuser auprès de Jungkook, il fut presque rassuré de le voir passer les mains sur les plis de son hanbok, et s'excuser de devoir s'en aller si vite.

Ils partagèrent un sourire confus, mais avant qu'il ne parte, Taehyung retient la manche de Jungkook, comme un enfant qui retiendrait son parent et ne put le regarder droit dans les yeux en lui chuchotant :

— Pourrions nous...pourrions nous nous voir, demain ?

Jungkook hésita un instant, ne sachant pas même pourquoi Diable il dut y réfléchir, avant de reprendre ses esprits et d'accepter sa demande. Enfin, il lui accorda un dernier regard, et s'en alla.

Ne faisait il pas une erreur, ne se trompait il pas en acceptant cela ? Que pouvait bien lui apporter ce pauvre garçon coincé ? Pourquoi avait-il eu soudain ce besoin de le revoir ?

Avant de passer les grandes portes de la demeure, Jungkook croisa aussi Madame Kim, qu'il salua avec respect avant de partir pour de bon. Il ne put se douter que cette dernière le regarda déguerpir avec dédain.

Elle l'avait peut-être accueilli avec politesse, car tel était son devoir, mais n'était pas moins ravie de savoir ce jeune Maître proche de son propre fils. Il fallait croire que la réputation de Jungkook n'allait pas en fleurissant, tout comme celle de sa mère que certains considéraient comme une véritable "sorcière" derrière son rôle de chamane.

Oui, la mère de Taehyung le regarda partir, tout en maudissant cela, ainsi que sa proximité avec la famille royale qui le protégeait, se jurant tout bas qu'un jour, son fils serait bien trop digne pour qu'il puisse continuer à le fréquenter.

Heureusement, il y avait ce jeune noble, ce Park Jimin, qui serait lui montrer le chemin de ce que devait être un homme de son rang. Oui, pour sûr ce garçon, lui montrerait le droit chemin....