𝒞𝒽𝒶𝓅𝒾𝓉𝓇𝑒 𝟸𝟸
Missing - Inhee Choi, Haejoo Oh
Don't leave me - Park ji won (fromis_9)
Missing - Inhee Choi, Haejoo Oh
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– Que diable a t-il pu arriver à mon cher fils pour que je le retrouve à se morfondre devant sa toile, qui plus est, encore vierge ? Cela ne te ressemble vraiment pas, Jeon Jungkook.
La mère observait son fils depuis qu'elle était rentrée du palais, et en trente minutes, il n'avait pas bouger, debout, les bras ballants devant sa toile, le regard plongé dans un sombre néant.
Rare était les fois où sa mère avait vu Jungkook contrarié, du fait de son fort caractère, il arrivait que Jungkook agisse comme le jeune homme fougueux qu'il était, mais il ne se laissait jamais abattre bien longtemps. Tout comme l'avait été son père dans sa jeunesse, Jungkook était à la fois un élève modèle et sérieux, comme il pouvait être un jeune homme impatient et un éternel insatisfait. Il aimait que les choses soient bien faites, quitte à redoubler d'effort pour arriver à ses fins, mais malgré tout, sa mère était fière d'avoir porté un garçon qui savait être juste, et modeste.
Jungkook n'avait jamais été un enfant difficile, il avait toujours fait ce qu'on attendait de lui tout en ayant sa propre ligne de conduite, que sa mère avait pris soin d'encourager et de supporter pour qu'il soit un homme épanoui et heureux.
Seulement, voilà que son fils atteignait un âge bien difficile. Elle n'était pas dupe, et savait que Jungkook avait des passe temps et des hobbies parfois bien particuliers, et bien qu'elle n'ai jamais rien dis à ce propos, elle avait longtemps attendu le jour où le coeur de son fils se confronterait à ce qu'il avait toujours chercher à fuir.
Si elle avait toujours encouragé ses enfants à faire parler leur coeurs, la mère de Jungkook savait que naître en tant qu'homme dans leur société n'était pas plus facile que d'être femme. Tout comme elles, on attendaient des jeunes seigneurs qu'ils deviennent dignes de perpétuer leur nom et leur rang, qu'ils soient à la hauteur de l'exemple qu'ils devraient un jour eux-mêmes donner à leurs propres progénitures.
Oui, quelque part, Jeon Mi-ri savait qu'elle avait eu la chance d'aimer et d'être aimée en retour. Bien que son mariage avec son mari avait été arrangé, elle s'était octroyé la liberté de le connaître au-delà de ce qu'il voulait bien laisser paraître, et elle ne regretterait jamais son audace. Elle avait pourtant grandi dans une famille stricte et conservatrice, ce qui ne l'avait jamais empêché d'agir comme bon lui semblait, pour son propre bien, son bonheur.
Dire qu'elle savait tout de l'amour serait un mensonge, car après tout, l'amour n'était qu'un vaste mirage à cette époque, mais Jeon Mi-ri était persuadée qu'il pouvait naître là où on ne l'attendait pas, et elle était également certaine que l'amour ne pouvait être que plus beau ainsi.
Jeon Mi-ri aimait ses enfants de tout son cœur, mais elle avait un attachement particulier à Jungkook, son petit dernier, qu'elle, il fallait l'admettre, choyait comme le plus précieux des trésors. Si son cher mari avait élevé ses premiers nés en suivant les préceptes qu'on lui avait inculqués, elle, avait porté Jungkook avec douceur et tendresse, dans l'espoir qu'il devienne moins rigide que Jungkang, et plus empathique que Jungwan.
Elle ne considérait pas avoir raté l'éducation de ses aînés, mais parfois, lorsqu'elle les regardait, elle éprouvait une profonde tristesse. Non pas qu'elle n'était pas fière de ses enfants, loin de là. Mais elle avait espéré que Jungkook connaisse un avenir plus radieux, qu'il ait la chance d'explorer le monde et de faire l'expérience de toutes les choses que pouvaient offrir la vie.
La raison pour laquelle elle avait fait tout ce qui avait été possible pour convaincre son mari que Jungkook n'était pas le meilleur prétendant pour la fille du roi ne concernait pas seulement les préférences de son fils, mais aussi parce qu'elle savait, au fond, que Jungkook, derrière ses promesses, cherchait à atteindre la chose pour laquelle elle s'était elle-même battue : la liberté.
Elle n'avait pu se résoudre à envoyer son fils à une vie de regrets et de mensonges. Elle se doutait bien que Jungkook aurait été capable de faire un bon roi, d'être un bon mari, mais jamais il n'aurait connu l'amour, le vrai, celui-là même qu'il disait être que légende.
En d'autres mots, il aurait été malheureux.
C'est en l'observant aux côtés du jeune seigneur Kim que Jeon Mi-ri su qu'elle avait fait le bon choix. Jamais encore elle n'avait vu ce sourire radieux sur le visage de son fils, jamais elle n'avait vu ces milliers d'étoiles dans ces yeux lorsqu'il le regardait, ou bien cette expression douce et sereine lorsque Kim Taehyung lui souriait.
A ses côtés, Jungkook redevenait ce petit enfant qu'elle avait mis au monde. Celui-là même qui s'extasiait devant toute chose, qui ne se laissait pas prendre au piège par le temps, les attentes de cette société hypocrite et rigide qui l'avait vu grandir.
Ceci dit, Jeon Mi-ri connaissait son fils mieux que personne, et bien qu'il était un être bon, elle savait qu'il était parfois influençable, qu'il se laissait bien trop emporter par sa grande fierté et son égo démesuré. Jungkook ne supporte pas l'échec, ou bien même le fait d'être considéré comme un lâche. De fait, elle l'avait souvent surpris à se dépasser pour faire le beau tel un paon devant les beaux yeux de Jimin, et elle se doutait que ce petit jeu finirait un jour par se retourner contre eux.
Ce n'était pas faute d'avoir essayé de raisonner Jungkook à plusieurs reprises, et il arrivait même qu'il éprouve des remords auprès de sa mère. Cela était rare, mais il lui était arrivé de venir à elle, à moitié soûl, lui disant à quel point il pouvait être un homme misérable et odieux. Malgré tout, tout ceci n'empêchait jamais Jungkook de recommencer, le faisant basculer dans une boucle infernale.
Depuis l'arrivée de Taehyung dans sa vie, sa mère avait pourtant remarqué que les choses semblaient être différentes. Pourtant, ces derniers jours, Jungkook n'était que l'ombre de lui-même. Il était irritable à souhait, ne pensait qu'à manger et s'entraîner du petit matin jusqu'au crépuscule, et dès lors qu'on lui parlait d'autre chose que de l'armée royale, il partait dans des colères sans nom et finissait par s'enfermer dans ses quartiers. Lorsque Jungwan cherchait à le taquiner, Jungkook en venait presque aux mains, et il fallait que ce soit leur propre père qui s'en mêle pour les en dissuader.
Cela était pire encore lorsque quelqu'un osait prononcer le nom de Jimin.
Jungkook refusait catégoriquement d'en entendre parler, et lorsqu'on lui apportait ses lettres, il s'en servait pour agrémenter son feu, s'il ne les utilisait pas comme cible lors de ses entraînements acharnés de tir à l'arc.
Jeon Mi-ri savait que son fils n'était pas du genre à se confier de bon cœur, il préférait tout garder pour lui et attendre que l'orage passe. Ceci dit, elle savait aussi que ces récents comportements traduisaient une peine bien plus grande que ce qu'il ne laissait paraître, et qu'elle était la seule à pouvoir l'en libérer, ne serait-ce qu'un peu.
– Aurais-tu fini par faire vœu de silence, Jungkook ? Cela m'étonne, tu as pourtant la langue bien pendue, d'habitude...
– Si vous êtes venue pour me troubler, Eomeoni, sachez que ce n'est pas le bon moment.
– Il faut croire que ce n'est jamais le moment, c'est à peine si j'arrive à croiser ton regard ces derniers jours.
– C'est parce qu'il n'a rien d'intéressant dans mon regard. Rien qui ne puisse vous donner satisfaction.
– Crois-tu vraiment que je cherche à me moquer de toi, mon fils ?
– N'est-ce pourtant pas ce que vous faites toujours ?
– Allons, allons... Tu peux jouer au grand méchant loup avec qui te chante, mais je suis ta mère, Jungkook. C'est moi qui t'ai porté, moi qui t'ai donné la vie, et une mère sait reconnaître lorsque son enfant est troublé.
– Je ne suis pas troublé.
– C'est la colère qui détient ta langue, mon fils. Viens donc t'asseoir un peu.
Sachant très bien qu'il ne pourrait pas la contredire, Jungkook abandonna sa toile et vint prendre place face à sa mère. On vint alors leur apporter du thé, et quelques collations, qu'il ne regarda même pas. Il ne trouvait plus aucun plaisir à se sustenter, et même l'alcool n'avait plus aucun goût.
– Ce n'est pas en restant muet et têtu comme une mule que tu apaiseras ton coeur mon enfant, parle donc.
– Je n'ai rien à dire.
– Tu es bien des choses Jungkook, mais tu as toujours été un mauvais menteur, s'amusa sa mère, en pouffant derrière sa tasse fumante. Tu agis comme si tu étais ton propre ennemi, j'imagine donc que tu éprouves regret et culpabilité à ton égard...
Jungkook inspira profondément, et finit par souffler. Il n'avait jamais rien pu cacher à sa mère, et parfois, il pensait même qu'elle était un être venu d'ailleurs, peut-être même une chamane, pour toujours trouver la voix de raison. Elle ne se trompait jamais, était une fine observatrice, et il l'admirait autant qu'il la craignait pour cela. Toutes les mères étaient-elles aussi rusées ?
– Et bien, tu n'as rien à dire à ce propos ? relança cette dernière, sachant bel et bien qu'elle avait vu juste.
Jungkook baissa les yeux, fixant les mèches rebelles de ses cheveux qui dansaient au vent. Ils étaient vraiment long maintenant, et s'il avait pu, il les aurait fait couper. Mais c'était signe de noblesse que de posséder une aussi longue chevelure, et il ne pouvait s'y résoudre. Il enviait son frère aîné parfois, lui n'avait pas ce problème en tant que soldat.
– Vous avez raison, finit-il par avouer à demi-mot. Je crois que j'ai fait une énorme erreur, et je crois aussi que je ne pourrais pas la réparer. Mais comme vous me l'avez appris, je dois l'assumer, et c'est de mon devoir d'accepter mes fautes.
– Quelque soit l'erreur que tu ai commise, Jungkook, il est déjà noble de ta part de pouvoir la reconnaître. Ceci dit, toute erreur mérite pardon.
– Demander pardon ne pourra jamais effacer ce que j'ai fait, souffla Jungkook, agacé, comme pouvait le traduire la façon dont il poussa l'intérieur de sa joue avec le bout de sa langue.
– Quoi que tu aies fait, ne penses-tu pas que la personne dont tu te languis mérite tes sincères excuses ? Il est bien plus facile de se cacher au fond d'un trou et de laisser la honte nous envahir, et tellement plus difficile de l'assumer et d'agir en conséquence de nos actes... Mon fils, tu es un jeune homme intelligent, et je sais que tu as un grand cœur.
– Là n'est pas la question, Eomeoni...
– Tu te trompes, le coupa sa mère en sirotant son thé. Nous faisons tous des erreurs, même les meilleurs gens commettent des fautes, Jungkook. Néanmoins, tout le monde n'a pas la chance de pouvoir les réparer. Toute ta vie, tu rencontreras des obstacles et tout ne pourra jamais se passer comme tu le souhaites. Il est bien plus lâche de se cacher derrière le masque de la honte que d'affronter la vérité.
– Je ne suis pas lâche ! hurla presque Jungkook, regrettant aussitôt d'avoir élevé la voix.
Il détourna les yeux, quelque peu honteux d'avoir parlé ainsi à sa mère, puis il se mordit les lèvres, cherchant les bons mots.
– J'ai fais quelque chose de stupide... En pensant que cela n'aurait aucune conséquence. Je me suis trompé. Il est déjà bien difficile pour moi d'affronter cette vérité, et maintenant... Maintenant, je ne sais plus quoi faire, comment le faire ! Eomeoni, toutes ces choses sur l'amour.... Je les ai si longtemps reniés, pensant que ce n'était que légende et mensonge... Si j'avais su que cela faisait aussi mal d'aimer, je ne l'aurais jamais laissé m'atteindre.
– Alors c'est donc l'amour, la cause de tous ces soucis...
La mère de Jungkook souriait, non pas par moquerie, mais parce qu'elle était touchée d'apprendre de la bouche de son propre fils qu'il était enfin tombé amoureux. Il n'avait pas besoin d'en dire plus à ce sujet, elle savait déjà qui était l'heureux élu, et se doutait même de la raison pour laquelle les événements avaient pris une tournure aussi dramatique.
– Jungkook, la douleur de l'amour est une douleur nécessaire pour grandir. Aimer, c'est prendre le risque de souffrir, mais c'est aussi la promesse de vivre des moments inoubliables et sincères. Tu ne trouveras pas Maître que l'amour pour t'apprendre la vie, et encore moins pour faire vibrer ce petit cœur qui se trouve là, dit-elle en pointant sa poitrine du doigt.
– Vous me parlez comme si je n'étais encore qu'un enfant, souffla Jungkook, comme s'il n'était pas attentif à ses paroles.
Cela fit rire sa mère de plus belle, car elle connaissait son fils, elle savait qu'il n'admettrait jamais que cette discussion était bénéfique pour lui, et qu'elle lui apportait des réponses aux questions qu'il n'oserait jamais poser.
– Plus tu le combattras, et plus il reviendra au galop, mon fils. Les erreurs sont humaines, et tous nos choix ne sont jamais les bons, comme tous ne reflètent pas ce qui nous sommes vraiment.
– Pourtant, qu'est-ce qui m'empêcherait aujourd'hui de penser que je ne suis pas un monstre ?
– Les monstres n'existent que dans les contes, Jungkook. Tu n'es pas un monstre, tu es comme nous tous un être qui apprend par essais et par erreurs. Tu t'efforces de te trouver une place dans ce monde, alors que ton cœur sait déjà qui tu es. Comme il sait déjà à qui il appartient. Ta colère et tes regrets ne te quitteront jamais ainsi, et si tu penses qu'il est plus habile de te laisser consumer, tu te trompes une fois encore.
– Et alors, que me conseillez-vous de faire ? Pleurer ? Eomeoni, je ne...
– Tu dois agir, Jungkook. Fais ce que ton cœur te demande, écoute ta raison. Ne te laisse pas convaincre par la rancœur et la peine. A moins que tu ne souhaites devenir le parfait sosie de ton frère...
– Jungwan ? pouffa Jungkook. Par tous les Dieux, un seul nous suffit, et c'est déjà trop.
Sa mère répondit à son sourire, bien heureuse de voir que son fils reprenait peu à peu des couleurs, et que doucement, la colère qu'il ressentait à son propre égard s'évaporait lentement dans l'air. Tout à coup, alors qu'il réfléchissait déjà à la meilleure des façons pour aborder Taehyung et lui présenter ses excuses, le regard de Jungkook fut interpellé par un magnifique papillon blanc qui vint se poser sur le bord de sa tasse. Il papillona des ailes, et si avant le jeune homme aurait pu penser que cela était pour le narguer, il le vit d'une autre façon.
Les yeux ronds, l'air surpris et étrangement apaisé, il l'observa un moment, et sans qu'il ne puisse le contrôler, un léger sourire étira ses lèvres.
– Sais-tu ce que représentes les papillon blanc, mon fils ?
Interpellé par la question de sa mère, Jungkook secoua à peine la tête de peur de faire fuir son nouvel ami qu'il ne quitta pas des yeux.
– On dit qu'il est rare d'en croiser, et celui-ci semble t'apprécier... sourit sa mère.
– Il est vraiment magnifique, vous ne trouvez pas ?
– Ces papillons portent toutes sortes de symboles de chance. Il me semble que quelqu'un a déjà dû te dire que tout papillon est symbole de changement, mais les papillons blancs, eux, annoncent un renouveau. Lorsque tu es en pleine transformation dans ta vie, que tu apportes des changements positifs à ton existence et qu'un papillon blanc apparait, ce n'est pas une coincidence, mon fils. C'est signe que tu es sur le bon chemin, c'est un signe d'espoir de nouveau départ. Autrement dit, c'est un messager qui alerte qu'il s'agit du bon moment pour voler de tes propres ailes, à ton tour.
Voler de ses propres ailes...
Jusqu'alors, Jungkook ne s'était jamais senti contraint à quoi que ce soit, mais plus il regardait ce papillon, plus ses idées devenaient claires comme de l'eau.
Il n'avait jamais porté de grande importance à la faune et la flore auparavant, ni même à tout ce qui pouvait bien l'entourer et qui ne pouvait lui être utile. Des choses aussi insignifiantes, tel que ce simple et pourtant si majestueux insecte volant ne lui aurait jamais paru important, s'il ne l'avait pas rencontré, lui.
Si ce papillon était un messager, un signe du Divin, ou qu'importe, il était ici pour signifier une seule et unique chose à ses yeux.
– Oh... A bien y penser, ajouta sa mère en feignant l'ignorance, il me semble avoir entendu que les papillons blancs annonçaient une rencontre venue ou à venir. Une rencontre belle, sincère et puissante, et que la personne qui en croiserait se verrait tomber amoureux...
Cela ne faisait plus de doute pour Jungkook désormais, si tel était le destin, alors ce papillon aussi petit et futile pouvait-il être était bel et bien la réponse à toutes ses questions et venait de lui apporter la dernière once de courage et de détermination qui lui manquait pour retrouver le coeur de celui qu'il aimait et de lui donner tout, absolument tout ce qu'il mériterait.
Ce n'est que lorsque le papillon s'envola et reprit sa route, que Jungkook releva les yeux vers sa mère, qui le toisait déjà avec toute l'affection qu'une mère pouvait porter à son enfant.
– Cherche au fond de toi, tu connais déjà le réponses à tes questions. La haine tue toujours, mais l'amour lui, ne meurt jamais.
Décidé, Jungkook se leva, embrassa rapidement sa mère et la remercia par mille paroles avant de s'élancer dans sa chambre. Là, il fouilla dans le moindre recoins de ses tiroirs et finit par en sortir un carnet déjà bien épais qu'il coinça sous son bras, avant d'attraper son durumagi à la hâte, envoyant valser son gat et sa bienséance. Peu importait la façon dont il se présenterait devant Taehyung, il était l'élu de son coeur, et si diable on devait le juger pour s'être promené dans les rues dans un tel accoutrement, sans même être coiffé, il couperait langue pendues du bout de son épée.
Une fois prêt, il traversa son pavillon dans de grande enjambées jusqu'à courir jusqu'au écuries pour grimper au dos de son cheval, son fidèle animal qu'il aimait tant, cadeau de sa mère pour sa quatorzième année, et s'élança presque au galop dans les rues de la ville en direction du domaine de la famille Kim.
Cela faisait des jours qu'il n'avait pas senti l'air frais épouser son visage, et la sensation de ses cheveux au vent était un bonheur qu'il ne pouvait décrire. Mieux encore, il pouvait sentir son coeur bondir au moindre pas que son cheval frôlait de ses sabots sur la terre boueuse. Cette fois, il le savait, cela était la sensation de l'amour, le vrai, celui qui lui donnait la force de s'aventurer au-delà de ses propres limites, quitte à perdre la raison, quitte à ce que les foudres de Kim Taehyung s'abatte sur lui, il irait jusqu'à lui, lui dirait tout ce qu'il avait sur le coeur.
Quelque part, une petite voix lui répétait qu'il existait un infime espoir pour que Taehyung se jette sur lui comme s'ils avaient été séparés bien trop longtemps, qu'ils oublient tout et qu'ils puissent vivre leur amour comme ils l'entendaient.
Et bien que cela n'était qu'un espoir, c'est bien celui-là même qui poussa Jungkook à arrêter son fidèle animal contre le grand mur de pierre, là même où il l'attacha avec précaution avant de presque bondir sur l'arbre qui le fit atterrir dans la cour arrière des jardins de la famille Kim.
Si ce n'est pas Taehyung lui-même, Yoongi le sermonerait certainement pour son geste irréfléchi, mais peu lui importait maintenant.
Les rayons du soleil commençaient déjà à disparaître lorsque Jungkook pénétra dans le pavillon qu'il savait être celui de Taehyung. Il fit attention à ne pas se faire prendre et attendit quelques minutes de plus derrière la bâtisse, de peur d'être surpris et arrêté dans son élan, puis, certain qu'il ne surprendrait personne, il se faufila jusqu'à la porte de la chambre de Taehyung.
Face à celle-ci, il serra les poings, tenant toujours son carnet abîmé sous le bras droit. Non pas qu'il hésitait, mais il craignait maintenant la réaction de Taehyung... Et s'il refusait de le voir ?
Pourtant, Jungkook savait qu'il ne pouvait faire marche arrière, pas maintenant qu'il se sentait assez fort pour tout affronter. Alors, il toqua à peine contre la porte, avant de la faire coulisser, mais à sa grande surprise, il ne vit rien.
Rien, à part...
– Jeune maître, je... Maître...? Maître Jeon ? Par tous les Dieux, que faites vous ici !
Il tomba nez à nez avec Yoongi, qui, tenant dans ses bras un tas de draps semblait-il, le toisant comme si Jungkook était un fantôme.
De suite, Jungkook referma derrière lui, et avança à pas de loup, lui faisant signe de baisser le ton, pour que personne ne soit averti de sa surprise, et surtout, de sa venue qui ne serait pas très bien reçue.
Jungkook avait confiance en Yoongi, et quelque part, sans trop savoir pourquoi, il savait que le serviteur lui aussi l'appréciait assez pour le laisser rencontrer son jeune maître en secret, cependant, son regard semblait changé, et il n'était pas du tout d'humeur à faire les choses en sa faveur.
– Vous n'avez rien à faire ici, reprit Yoongi d'un ton sévère sans pour autant hausser le ton. Il est tard, et je n'ai aucune obligation de vous cacher ! Bon sang, si Madame l'apprend... Pire encore, si Monsieur vous voit, il sera tellement en colère que je risquerais le fouet. Sans parler du jeune maître, croyez-moi, il n'a aucune envie de voir votre visage, ni en rêve, ni jamais.
– S'il te plait, lui dit faiblement Jungkook quelque peu décontenancé. Je... Je suis désolé de ne pas m'être présenté comme il le fallait, mais je dois voir Taehyung, peux-tu...
– Non, je ne peux pas, répondit le serviteur d'une voix ferme.
Aussitôt, Yoongi rougit, sachant qu'il s'adressait à un jeune homme qui lui était supérieur d'une façon bien trop familière, mais c'était plus fort que lui. Ce n'était pas le serviteur qui parlait, mais bien l'ami de Taehyung en personne qui prenait la défense du cœur meurtri de ce dernier. Il n'avait pu le confier à personne, mais Yoongi avait terriblement souffert de la peine de son jeune maître et ami, et même s'il avait espérait croiser la Princesse Ha-rin pour lui confier ses peines, cela ne s'était jamais produit. Il lui avait fallu bien du courage pour affronter toute cette colère, sans parler de son impuissance face à la tristesse de Taehyung qui n'avait jamais encore été aussi grande.
Jungkook se souvint alors que Yoongi était un être cher à Taehyung, qu'il était bien plus qu'un simple serviteur comme les autres, et qu'il devait alors être au courant de tout. Il se sentit si mal qu'il eut presque envie de reculer sur ses pas, mais il ne le pouvait tout simplement pas. Il laisserait Yoongi le haïr jusqu'à la fin de ses jours si cela devait se passer ainsi, mais il fallait à tout prix qu'il voit Taehyung avant tout. Il devait lui parler, lui présenter au minima ses plus plates excuses, avant de devoir tirer un trait sur ses tous derniers espoirs.
Après tout, tout était de sa faute, et il serait bien le seul à pouvoir se blâmer.
– Yoongi, souffla un Jungkook presque désespéré surprenant alors son interlocuteur par la façon dont il venait de prononcer son prénom comme s'ils étaient amis, je dois le voir. Je ne suis pas venu pour autre chose que pour présenter mes excuses. Quel que soit son choix, je te promets sur mon honneur que je serais le premier à m'en aller avant qu'il ne me le demande, si cela est la finalité de cette rencontre. Je veux juste le voir, s'il te plait. Laisse moi le voir.
Devant son air de chien battu, Yoongi le toisa de bas en haut, réfléchissant sans dire un mot. Bien que Jungkook avait été l'unique et principale raison des peines de son ami, il savait, au fond de lui, par il ne sait quelle magie, que Jungkook n'était pas mauvais.
Il pouvait le lire dans ses yeux, dans la façon qu'il avait de reprendre son souffle comme si c'était la fin à chaque seconde. A vrai dire, Yoongi avait appris bien des choses depuis qu'il avait mis les deux pieds dans grand monde des nobles. Il était devenu, malgré lui, un fin observateur, et savait reconnaître le vrai du faux. Ce n'était qu'une question d'intuition, et il n'était pas dupe, le serviteur savait que cela n'était pas toujours véridique, mais à chaque fois qu'il s'y était fié, il ne s'était jamais trompé.
Depuis la visite du jeune maître Jung, Taehyung osait parfois lui demander ce qu'il devait faire de ses sentiments envers Jungkook. Il lui avait confié être perdu, et réfléchissait encore et toujours à ce qui devait être fait ou non, afin de pouvoir se libérer de sa peine. N'ayant pas la solution à ses malheurs, Yoongi n'avait jamais rien dit. Il avait espéré, plusieurs fois, que les choses s'écoulent avec le temps comme s'écoulait l'eau paisible dans une rivière, mais voilà que l'ouragan avait frappé à leur porte.
Malgré tout ce qu'il pouvait penser de cette histoire, Yoongi savait que ce n'était pas la sienne, et qu'il n'avait en aucune façon le droit de voler à Taehyung le choix qui lui revenait.
Ainsi, il se pinça les lèvres, relâcha les draps qu'il portait dans ses bras et disparut quelques minutes, laissant Jungkook dans un total désarroi, avant de revenir avec un long durumagi bleu qu'il lui tendit, plongeant ses yeux dans les siens.
– Le jeune maître se trouve près de l'étang, dit-il, la gorge serrée. Apportez-lui ceci, j'allais le faire de toute façon. Vous pourrez approcher tout en faisant semblant de vous faire passer pour moi, je vous couvrirais. Mais je vous avertis : s'il ne veut pas vous voir, je vous attendrai par là où vous êtes venu, et si je ne suis pas celui qui vous voit sortir de mes propres yeux, je ferais appeler la garde.
Aussitôt, Jungkook reprit des couleurs et sautilla presque sur place, le remerciant comme un serviteur l'aurait fait, à la plus grande surprise de Yoongi, avant de filer à toute vitesse dans les jardins.
Il remercia le ciel d'avoir une aussi bonne mémoire et arriva bien vite à l'étang, cherchant Taehyung les yeux plissés, dans la tombée de la nuit, quand soudain, il le vit.
Accoudé au kiosque qui surplombait l'étang, les yeux rivés vers le ciel comme s'il attendait la venue des étoiles, Taehyung se laissait bercer par la légère brise et la nouvelle venue de la lune qui pointait peu à peu le bout de son nez. Jungkook n'en avait jamais vu, il mais il ne put s'empêcher de penser que son amant ressemblait à une créature céleste ainsi vêtu de son habit blanc aux touches bleutés, les cheveux au vent coiffé d'un fin ruban et d'une barrette à l'effigie d'un papillon blanc.
Sans nul doute, l'esprit de Jungkook eut comme un choc, reliant les points un à un. Il ne le savait peut-être pas, mais Jungkook lui en était certain, c'était Taehyung qui l'avait appelé par la force de de ses sentiments et de son âme pour le mener jusqu'à lui.
Doucement, Jungkook s'approcha et grimpa les quelques marches du kiosque, sentant la légère brise lui caresser le cou, en même temps que les mèches libre de sa longue chevelure qui brillait presque à la lumière de la nuit, sans jamais valoir ne serait-ce qu'une once de la beauté de celle de son amant.
Il se tenait dans son dos, les bras ballant, et comme la fois où il l'avait croisé dans les jardins de fleurs du palais, il le toisa comme s'il était la plus belle merveille du monde et bon sang, même de dos, Taehyung était tout simplement la définition parfaite de l'élégance et de la beauté.
– Tu es enfin là, Yoongi, souffla alors ce dernier, sans même se retourner.
Il avait l'air bien trop concentré dans sa tâche.
Mais les étoiles n'allaient pas apparaître de si tôt, et Jungkook décida de saisir sa chance.
Sans un mot, il fit quelques pas de plus et déposa le durumagi sur les épaules de son amant qui frémit presque à sa chaleur.
– Mon père me punira sûrement si je tombe malade, mais on respire bien plus facilement ici, tu ne trouves pas ?
– J'en pense qu'il est toujours plus aisé de retrouver mon souffle à tes côtés, et que si ton père doit blâmer qui que ce soit, ce ne sera pas le vent, ni même la nuit.
Surpris par cette voix comme si elle sortait tout droit d'un rêve, Taehyung écarquilla les yeux et se retourna, s'accrochant à son durumagi pour que celui-ci ne se dérobe pas de ses épaules. Ainsi, il fit face à Jungkook, qui recula quelque peu, de peur de le brusquer encore plus.
D'abord étourdi, le visage de Taehyung changea pourtant d'expression, une fois, puis deux, passant de la surprise, à la joie, puis de la colère, à la peine, ses lèvres s'articulant mais ne pouvant laisser filer un son.
– Je comprendrais si tu ne désires pas me voir, le devança Jungkook. Je ne serais pas long, je te le promets sur mon honneur. Mais s'il te plait, laisse-moi une chance de m'expliquer... De tout t'expliquer. Et si c'est ce que tu veux, alors je partirais.
Toujours figé comme une statue, Taehyung ne répondit pas et se contenta de le toiser, dans ses moindres détails. Jungkook était toujours aussi beau, et cela l'aurait même étonné qu'il puisse changer, bien que des jours, voire des semaines s'étaient écoulés. Jungkook portrait un ensemble peu conventionnel pour une balade ou une visite, mais il fallait dire qu'il avait la capacité de savoir porter absolument tout. Il était rare, voire presque inconcevable de le voir ainsi apprêté, les cheveux au vent et si peu coquet, si on pouvait le dire ainsi, mais Taehyung ne pouvait le trouver plus beau qu'à cet instant. Néanmoins, il remarqua bien vite qu'il semblait fatigué, à bout de souffle, et que des cernes creusaient ses yeux.
Taehyung se demanda alors si lui aussi, avait souffert de tout ce qui c'était passé, mais aussitôt, une petite voix lui rappela que tout ceci était de sa faute, et qu'il ne pouvait tout de même pas éprouvé de la peine envers l'homme qui lui avait brisé le coeur, et pourtant... Pourtant, son cœur résonnait bien plus fort que sa raison, et il ne pouvait le nier : il l'aimait.
Il l'aimait à bien des égards, il l'aimait jusqu'à le pleurer durant des jours et des nuits entières, jusqu'à l'épuisement, et c'était complètement fou de penser ainsi alors qu'il éprouvait une colère tout aussi profonde.
De son côté, Jungkook prit son silence pour un accord, et hésita à l'approcher pour réduire cet ignoble espace qui les séparaient, mais il comprit aussitôt qu'il ne valait mieux pas le faire, au risque de voir Taehyung lui échapper. Dès qu'il essayait de faire un pas, Taehyung, lui, reculait.
– Je ne sais pas par où commencer, mais... Je ne crois pas qu'il serait utile de te raconter toute une histoire, alors je vais me contenter de la simple vérité.
Serrant un peu plus son carnet dans le creux de son bras, Jungkook prit une grande inspiration, et ancra ses yeux dans ceux de Taehyung, sachant qu'il ne pourrait échapper à la punition qui serait la sienne. Si Taehyung devait avoir mal, il aurait mal avec lui, et accepterait le fait d'en être la cause.
– Je connais Jimin depuis toujours, et d'aussi loin que je me souvienne, nous avons toujours été très proches. En grandissant, nous avons compris que nous trouvions plus d'intérêt à quérir l'attention des hommes, plutôt que celle des femmes. Ce n'était qu'un jeu, stupide, tu peux le dire, ou bien le penser, je te l'accorde en toute bonne foi. Je ne pourrais pas te dire que je n'y prenais aucun plaisir, cela serait te mentir, et je l'ai déjà fait tant de fois... souffla-t-il, presque honteux, bien qu'il essaya de le dissimuler. Je n'éprouve aucun sentiment pour Jimin, mais nous avons bien eu des relations charnelles à plusieurs reprises, car cela nous amusait et c'était même pour moi une façon... Étrange, certes, de défouler mes états d'âme. Il le sait, il l'a toujours su, mais nous n'éprouvons aucun sentiment amoureux l'un envers l'autre. En grandissant, Jimin a trouvé amusant de nous jouer des hommes qui se pensaient trop droit et faussement juste, et j'y ai pris goût tout autant que lui. Jusqu'au jour où...
Bien qu'il était difficile de l'entendre dire toutes ces choses, Taehyung ne pouvait détacher ses yeux des siens, et avalait chacun de ses mots comme si ces derniers lui arrachait la gorge jusqu'à venir détruire ce qu'il restait encore de son cœur. Cependant, il ne l'arrêta pas, et laissa Jungkook continuer.
– Quand je t'ai vu pour la première fois, tu as de suite attiré mon regard. Je t'ai trouvé magnifique, et là-dessus, je n'ai jamais menti. Pour autant, je n'ai jamais pensé à te mêler à quoi que ce soit. Jimin ne semblait pas du même avis, et je pense qu'il a dû sentir que je t'avais porté un intérêt particulier, alors il m'a mis au défi de te conquérir. Comme dirait ma mère, je suis bien des choses, mais je ne suis pas un menteur. Je l'ai accepté, ce défi, car je suis un homme, tout comme ceux que j'ai voulu corrompre, possédant un égo bien trop grand, trop fort, et une fâcheuse tendance à vouloir toujours prouver de quoi je suis capable. Tu étais mon défi, Kim Taehyung.
Jungkook serra les dents à ces mots, voyant Taehyung déglutir, et pire encore, remarquant que ses yeux commençaient à s'embuer de larmes naissantes. Il faillit presque s'arrêter là, mais il préféra fermer les yeux, reprendre ses esprits, et affronter la chose jusqu'au bout. Après tout, c'était ce pourquoi il était venu.
– Je t'ai d'abord observé un temps, j'ai appris à te connaître de loin, et autant dire que tu m'exaspérais. Tu étais tout le contraire de ce que j'ai toujours connu, délicat, doux, gentil, serviable... J'ai d'abord pensé à jeter l'éponge, car tu me semblait être une proie bien trop facile, mais une fois encore, je me suis laissé emporter par mon égo, et j'ai fait en sorte que nos chemins se croisent. Dès lors, j'ai appris à connaître le vrai toi, celui qui se cachait derrière les sourires et les habitudes. Doucement, comme la première neige tombant en hiver, j'ai laissé ton cœur envahir le miens.
Jamais encore Jungkook n'avait été si franc avec quiconque, et bien que cela pouvait lui faire un bien fou, il aurait pu penser se trouver pathétique, et pourtant, il en était tout autre.
– Tu es... Bon sang, Hyung, tu es la personne la plus incroyable que je connaisse. Ce n'est pas seulement toi que j'ai appris à connaître, mais mon propre esprit à travers le tiens. J'ai retrouvé l'âme que j'avais égarée dans des jeux stupides et futiles, je me suis lentement rappelé ce que c'était que de ressentir des choses... Des choses pouvant changé un homme.
Par tous les Dieux, voilà qu'il devenait même romantique.
Amusant, diriez-vous, mais jamais encore Jungkook ne s'était senti en telle connexion avec lui-même, et plus il parlait, plus il se laissait porter par tout ce qu'il ressentait envers Taehyung, qui lui, le regardait avec des yeux à la fois doux, et peiné. Non pas parce qu'il était triste, mais parce qu'il pouvait ressentir à quel point c'était à la fois difficile et incroyablement bon pour Jungkook que de parler à coeur ouvert.
– C'était peut-être un jeu, mais que veux-tu, je ne serais jamais roi, pourtant je serais à jamais le roi des idiots pour avoir aussi longtemps refusé de voir ce qui était sous mes yeux... Il ne s'est rien passé avec Jimin, le soir où tu nous as surpris. J'avais trop bu, et lui aussi, j'allais même partir, refusant à tout prix de partager mon intimité avec qui que ce soit d'autre que toi mais... Je... Je ne sais pas ce que tu dirais après tout ça Taehyung, et je crois même que peu m'importe ce que tu diras, au moins, je l'aurais fait et je partirais le cœur lourd mais sans aucun regret.
Taehyung vit Jungkook se redresser quelque peu, la tête haute, tandis qu'il expirait lentement.
– Je suis amoureux de toi, Kim Taehyung. Je ne le serais certainement plus jamais de ma vie entière, mais au moins je mourrais tout en sachant que j'ai aimé. Quoi que tu dises, quoi que tu fasses, je veux te présenter mes excuses pour tous les torts que je t'ai causés, pour avoir essayé de bafouer une âme aussi pure et tendre que la tienne. Quoi qu'il advienne, je veux que tu saches que jamais personne ne pourra éprouver d'amour aussi grand que celui que je te porte, et même si le destin décide de nous séparer, et ce même si ce destin porte ton nom, je ne serais jamais bien loin. Je serais toujours là, quelque part, à attendre que tu veuilles bien m'accorder ton pardon, et qui sait, un jour, ton coeur, et seulement là, je serais à la hauteur des sentiments qui sont les tiens. Alors voilà, Kim Taehyung, les paroles que je suis venu te dire ce soir sont les plus sincères que je ne t'ai jamais adressées, et sache que tout ce que nous avons partagé, je saurais le chérir jusqu'à l'instant où je fermerais les yeux pour la dernière...
Avant même qu'il ne puisse finir sa longue tirade passionnée, Jungkook se vit projeté en arrière par une force telle qu'il eut du mal à rester debout. Taehyung venait de plonger sur ses lèvres, et il put sentir les larmes salées et pourtant douces couler sur ses joues, avant de finir par se fondre dans leur baiser.
La délivrance fut telle que Taehyung en abandonna son durumagi, et Jungkook son carnet si précieux, préférant chérir le corps de son amant dans le creux de ses bras comme si ce dernier allait lui échapper pour de bon. Ce n'était pas seulement un baiser de pardon, ni même un baiser traduisant colère et peine.
C'était un échange amoureux, un baiser traduisant la puissance inconditionnelle de l'amour que chacun portait à l'autre. Un baiser scellant leur amour à jamais, certainement même un baiser scellant leur destins pour toujours, en tout temps, à l'infini.
Jungkook laissa même des larmes lui échapper tandis qu'il profitait de cet instant qui lui paraissait jusqu'alors impossible. A vrai dire, Taehyung l'avait écouté, il avait tout entendu, ne laissant traîner aucun détail, et quand bien même il avait d'abord été terriblement attristé par la nouvelle d'avoir été un défi, il avait préféré écouter son coeur.
Celui-là même qui avait toujours voulu rencontrer l'amour, celui-là même qui avait toujours rêvé de vivre passionnément, à la folie, jusqu'à en perdre la raison. Celui-là même qui avait oublié toute haine, toute colère, au moment même où Jungkook se prononça sur ses sentiments.
Quiconque n'ayant jamais aimer ne pourrait le comprendre, car il fallait avoir connu l'amour et ses peines pour comprendre pourquoi, parfois, le coeur a ses raisons que la raison elle même ignore.
Taehyung aurait pu le congédier dès son arrivée, il aurait pu l'envoyer aux enfers avant même qu'il ne prononce un seul mot, mais il savait que la haine tue toujours, et croyait au fait que l'amour ne meurt jamais.
Ainsi, ils s'embrassèrent jusqu'à en perdre leur souffle, jusqu'à ce qu'ils se retrouvent front contre front, partageant à la fois le même espace, le même air, et surtout, le même cœur.
Après l'amour, c'était certainement le sentiment le plus serein et le plus doux que chacun avait été amené à connaître. C'était une drôle sensation que de se sentir aussi en paix avec soi-même, tout en étant connecté pleinement à la personne qu'on aime.
Jamais Taehyung n'avait lu cela dans un livre ou bien dans un poème, et il comprit alors que même les mots ne pouvaient suffire à décrire tout ce que pouvait faire ressentir l'Amour. Il pensa même un instant à s'essayer à le décrire lui-même, pour ne jamais l'oublier, et cela le fit rire.
Ce son délicieux et mélodieux fit sourire Jungkook, qui, tout en gardant les yeux clos, lui demanda :
– Tu te moques de moi, Hyung ?
– Non, répondit ce dernier en se pinçant les lèvres. Je me disais juste que... Que jamais personne ne pourrait décrire ceci.
Avant que Jungkook ne lui puisse le demander quoi, Taehyung scella de nouveau leurs lèvres, puis, il le porta dans ses bras comme l'aurait fait un chevalier jusqu'au petit banc du kiosque, sur lequel il le déposa délicatement.
Taehyung, qui s'attendait déjà à une suite quelque peu intime, commença à rougir, mais aussitôt, il se redressa et fut surpris de voir Jungkook s'éloigner pour attraper le carnet qu'il avait laissé tomber du creux de son bras. Puis, il vint prendre place à ses côtés, et tapota ses jambes pour que Taehyung vienne y reposer sa tête.
Rougissant de nouveau, Taehyung abdiqua à son geste doux et pourtant autoritaire, ne pouvant décrire à quel point il pouvait aimer lorsque Jungkook agissait ainsi, et dut même cacher ses envies plus profondes, de peur de gâcher ce moment. Pourtant, son fichu corps n'en pensait pas autant lui, et Taehyung dut serrer les jambes, tout en coinçant ses deux mains entre ses cuisses, espérant que sa petite comédie suffise.
Jungkook le remarqua aisément, mais à cet instant, ce n'était pas le corps de Taehyung qu'il voulait charmer, et bien que lui aussi mourrait d'envie de sceller leur amour fraîchement déclaré à travers une intimité sincère et partagée, il se contenta de sourire, et ne fit aucune remarque. Au lieu de ça, il ouvrit son carnet, et s'éclaircit la gorge avant de parler.
– Je ne peux pas dire que je n'ai pas essayé, mais j'ai écris ça, en pensant à toi...
Captant toute l'attention de son amant, Jungkook inspira calmement, appréciant même la simple fraîcheur de l'air s'imprégnant dans ses narines, avant de plonger entre ses lignes.
Mon Dieu, qu'il est difficile de vivre au quotidien
Et de garder mon Amour pour toi aussi lointain
Moi qui pensait que l'Amour était futile et inutile
Il n'aura fallu que d'un regard sur toi, pour en devenir cupide
J'aimerai vivre à tes côtés ce grand Amour
Te posséder pour toujours
Mais impossible de le vivre avec toi
Et encore plus impossible de le vivre sans toi
Tu es mon inspiration, tu es ma folie
Tu es l'amour de ma vie
Toute mon âme t'es entièrement dédiée
Saches que nos destins par le sang sont à jamais liés
Alors comment faire pour qu'il devienne Réalité
Pour nous permettre, enfin de nous Aimer
Peut-être dans d'autres mondes, dans d'autres vies,
Nous serons enfin réunis
Je ne veux pas que notre Amour ne soit qu'un rêve
Mon dieu, accordez-nous une trêve.
Que tu sois un Ange ou un Démon
N'oublie jamais mon nom
Que nous soyons Amis
Ou Ennemi
Souviens toi d'une seule et unique chose
Une seule chose
Souviens toi de cette seule et unique Promesse
Elle sera notre seule faiblesse
Chaque fois que la pluie tombera tu penseras à moi
Et alors
A chaque fois que la nuit tombera
Je penserai à toi
Un paisible silence suivit la lecture de Jungkook, laissant flotter dans l'air une drôle de sensation qui, en un rien de temps, eut un effet salvateur pour le cœur de chacun des amants.
Ce n'était pas seulement un poème comme Taehyung les aimait, c'était aussi une façon particulièrement pour Jungkook de déclarer son amour, et à la fois, un drôle de tirade qui liaient leurs coeurs, mais aussi, leurs âmes, à jamais, comme une promesse au fil rouge que rien ni personne ne saurait briser. A part eux-mêmes, s'il le fallait.
L'instant qui suivit, l'esprit de Jungkook retrouva la terre ferme et il se mit à craindre que Taehyung n'ai pas aimé son poème, ou bien qu'il ne le trouve tout simplement pas à son goût, lui qui était un grand amateur de littérature.
– C'est drôle, glissa ce dernier en brisant le silence, je pourrais presque croire que tu crois aux âmes soeurs.
– Et si c'est le cas ?
– Tu y crois ? demanda Taehyung, d'une voix enfantine, celle-là même qui fit fondre une fois encore le cœur de son amant.
Jungkook le regarda avec passion et tendresse, et déposa la paume de sa main contre sa joue.
– Qu'en dis-tu ?
– J'aime à penser que nous sommes des âmes sœurs, répondit Taehyung comme s'il ronronnait contre sa main contre laquelle il se blottit, sinon tout cela n'aurait aucun sens.
Jungkook ne pipa mot, mais il n'en pensa pas moins.
Il le regarda, imprima chacun de ses détails dans sa mémoire, puis finit par plonger dans son regard.
– Je ne veux pas te perdre, jamais.
Au moment même où il prononça ces mots, il eut la drôle d'impression que la vie ne leur ferait pas de cadeau. Pourtant, il préféra envoyer au diable ces horribles pensées, surtout maintenant qu'ils venaient de se trouver, pour de bon.
Taehyung, lui, ne sembla pas chambouler pour le moins du monde, et au moment où il lui sourit, la pluie se mit à tomber. Protégés sous le kiosque, il se laissèrent bercer par la douce mélodie de leur nouvelle compagnie, et Taehyung se leva comme dans un bond, surprenant Jungkook qui se mit à rire devant son enthousiasme.
– A une seule condition, dit-il munit d'un sourire bienheureux et innocent, qu'on se souvienne de tout. De toi, de moi, de nous.
– Je ne pourrais jamais oublier.
Taehyung pencha la tête sur le côté, tel un chat, et cligna des yeux, devant l'air amoureux transit de Jungkook qui se disait ô combien il était le plus chanceux des hommes sur cette fichue terre.
– Quoi qu'il arrive, moi, je te chercherais et je te trouverais dans chacune de mes vies.
– Dans chacune de tes vies ? s'amusa Jungkook, sans pour autant se moquer. Tu es plein de surprise, après les âmes soeurs, voilà la vie après la mort ?
– Et si c'était le cas ? se mit aussitôt à bouder Taehyung, tout en essayant de ne pas sourire.
– Dans ce cas, prononça Jungkook en se levant à son tour, le tirant dans ses bras avant de l'amener près de la bordure du kiosque, se glissant dans son dos, nous devons avoir nos propres promesses. Une pour toi, une pour moi.
Les yeux rivés sur les gouttes de pluie qui créaient de jolies dessins en se fondant à l'étang, Taehyung eut comme une illumination, et attrapa les mains de Jungkook dans les siennes, qu'il serra contre son ventre.
– A chaque fois que la pluie tombera, je penserais à toi. Qu'en dis-tu ?
Touché par la promesse de son amant, qui, il le savait, l'avait puisé dans son propre poème, Jungkook sourit et fondit le bout de son nez dans la chevelure de son amant qu'il huma comme si c'était la dernière fois, et après avoir déposé un baiser contre sa tempe, il le serra un peu plus fort contre lui, approchant ses lèvres de son oreille.
– Dans ce cas, à chaque fois que la nuit tombera, je penserais à toi.
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