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𝒞𝒽𝒶𝓅𝒾𝓉𝓇𝑒 𝟿


Fly Butterfly - Oh Jun Sung

Sad cliff - Oh Jun Sung

Epiphany - Trent Reznor and Atticus Ross

Oktagak - Oh Jung Sung

Dreaming - Fromm


nda : les musiques sont a écoutés dans l'ordre, pour une moment plus sympas. Bonne lecture~


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Quelques jours s'étaient écoulés depuis la dernière fois que Taehyung avait partagé sa journée aux côtés de Jungkook. Il ne l'avait revu que quelques fois au carrefour de la rue qui menait à la maison des précepteurs, souvent accompagné de Jimin et d'autres nobles. Taehyung lui, était parfois accompagné de Hoseok, jeune noble qu'il appréciait particulièrement pour sa façon de pensée et son attitude éternellement joyeuse et stable.

Oui, stable pensait-il, car à ses yeux, Jungkook ne l'était pas.

Quand ils se croisaient, ce dernier le saluait à peine d'un sourire, ou d'un faible mouvement de la main. Taehyung ne comprenait pas ses agissements, mais le simple fait qu'il le remarque lui faisait chaud au cœur, alors, il s'en contentait et saluait aussi Jimin, qui lui, ne tardait jamais à tirer Jungkook un peu plus loin en riant.

Pourtant, Jimin était son ami, il le lui répétait assez souvent pour qu'il ai intégré, mais Taehyung ne se sentait jamais complètement à l'aise à ses côtés, préférant largement la compagnie de Jungkook, ou mieux encore, de Hoseok. Cela dit, Hoseok n'arrivait pas à faire battre son cœur comme le jeune Maître Jeon.

Mais à cette heure, le temps n'était plus à la réflexion.

Taehyung venait tout juste de rentrer de chez le précepteur, et voilà qu'on l'avait appelé à rencontrer son père à sa demande. Autant dire qu'il n'aimait jamais le voir de si bonne heure, encore moins en début d'après-midi. Cela ne présageait rien de bon, et Taehyung en tirait à chaque fois de mauvais souvenirs.

Déjà enfant, il redoutait de devoir parler à celui qu'il appelait père. Bien que sa mère ne leur avait jamais montré beaucoup de tendresse à lui et à sa sœur, son père, lui, était un homme d'une sévérité affreuse avec son seul et unique fils. Il n'était jamais assez fier de lui, et trouvait toujours quelque chose à lui reprocher, le faisant sentir comme un moins que rien.

Oui, Taehyung éprouvait un sentiment d'angoisse extrême rien qu'à l'idée de devoir l'affronter pour il ne savait quelle raison. Alors, il marchait lentement, bien trop lentement, foulant le sol comme si ce dernier était une étendue de sable mouvant. Il espérait que peut-être, le bois allait craquer sous son poids, et l'emporter dans les profondeurs de la Terre, afin de disparaître.

Cela était un réel supplice pour lui.

— Monseigneur, vous ne devriez pas marcher aussi lentement, lui dit Yoongi.

— Je ne veux pas y aller.

— Monseigneur, s'il vous plaît, ne mettez pas votre père en colère, je...

— Tu sais très bien combien j'ai peur de le voir, Saehee n'est pas là, elle ne pourra pas me protéger. Même toi, tu ne pourras rien faire s'il élève la voix. Si je pleure, il me dira encore que je suis trop fragile, un échec...

— Vous ne savez même pas la raison pour laquelle il vous a appelé, peut-être est-ce pour vous féliciter à propos des bons retours que vous a fait votre précepteur ?

— Impossible, souffla Taehyung dans un rictus amer, il ne m'a jamais fait un seul compliment.

Bien qu'il essayait de le motiver à avancer pour ne pas prendre le risque de voir le ciel s'effondrer sur sa tête, Yoongi ne pouvait que comprendre la peine de son jeune maître. Lui aussi, n'avait jamais aimé son père, et ce, même s'il l'avait élevé et accepté à leurs côtés. Après tout, il n'était que le fils bâtard d'un ancien militaire, ayant travaillé à la coupe du père Kim. Ce dernier l'avait pris sous son aile afin de respecter la dernière demande de son ancien protecteur et ami, enfin, c'est ce qu'il avait dit...

— Monseigneur...

— Je ne veux pas, je...je voudrais seulement retourner dans ma chambre...

— Mon...Taehyung, souffla Yoongi à demi-mot, mais assez pour que son ami puisse l'entendre.

Le concerné releva la tête et le regarda, ému, car rare étaient les fois où Yoongi lui faisait ce plaisir, même encore aujourd'hui. En le fixant, il ne se sentit plus seul, et même dans ce silence lourd de sens, il comprit qu'il était soutenu et aimé, quoi qu'il advienne.

— Merci, Yoongi...merci, dit-il les yeux larmoyants.

Son serviteur, plus que ça encore, son ami, le seul et le plus loyal, avait toujours été son plus grand pilier, après sa sœur aînée. Elle, avait les bras pour le réconforter, lui, avait les mots pour lui redonner du courage. Une fois encore, Taehyung remercia silencieusement le ciel pour lui avoir donné ce frère venu d'ailleurs, qui il le savait, serait toujours là pour le soutenir.

Quelque peu requinqué, Taehyung repris du poil de la bête et pris une profonde inspiration, avant de se remettre en route. Bientôt, il vit apparaître le pavillon de ses parents, et aussi, la porte qui menait au salon principal. Son père venait tout juste de revenir d'un voyage chez la nation voisine, avec qui il avait dû négocier quelques affaires. Ceci dit, Taehyung pensa que désormais, son père avait atteint son but, celui de devenir conseiller du roi, et que de ce fait, il serait un peu plus joyeux que d'habitude. Oui, il y avait un infime espoir que cela soit vrai.

Juste un peu.

Avant d'entrer, Yoongi joua son rôle, et posa la main sur l'épaule de son jeune maître, avant d'ouvrir la porte et de l'annoncer. Chose faite, Taehyung su qu'il n'y avait plus moyen de faire marche arrière, alors, il prit sur lui, et entra.

— Bonjour Abeonim, comment s'est passé votre voyage ?

Comme toujours lorsqu'il le voyait, Taehyung s'était courbé, et à peine s'était-il relevé, que son père lui envoya un objet en pleine figure. Le jeune homme eut du mal à saisir de quoi il s'agissait, passant alors sa main sur sa joue, ahuri. Ce n'est que lorsqu'il baissa de nouveau les yeux qu'il aperçut ses pots et ses pinceaux au sol, qu'il su.

— J'ai beau faire de mon mieux, je n'arrive pas à t'aimer. Tu essaies constamment de me déshonorer.

Les pieds cloués au sol, Taehyung n'arrivait même plus à bouger. Il pouvait sentir ses jambes tressaillir et ses mains trembler contre ses hanches, mais même ses poings serrés ne lui faisaient aucun effet. Ce n'était que le début, et pourtant, comme toujours, il se retenait déjà de verser de chaudes larmes.

— J-je...Je ne comprends pas, Abeonim. Je man-manque certainement de...encore de sagesse, je...

Pitié, il se faisait pitié. Mon Dieu, que pouvait bien en penser son serviteur, là, juste derrière lui. Lui qui avait seulement réussi à redonner un brin de courage, qu'il avait déjà perdu.

— Tu as encore le culot de me mentir ?! hurla son père.

Non, il ne devait pas abandonner si facilement. Il devait lui montrer qu'il était fort, alors, Taehyung puisa dans ses dernières forces pour relever les yeux, mais une fois encore, il sentit son cœur louper un battement. Devant lui, assis sur son siège qui faisait de lui le Maître de la maison, son père tenait dans ses mains l'un de ses plus précieux carnets. Ce n'était pas le seul, les autres étaient déjà tous empilés sauvagement à ses côtés, poser sur cette petite table sur laquelle trônait toujours les affaires personnels de son paternel. Cette vision eut l'effet d'un terrible cauchemar, et Taehyung eut du mal à avaler sa salive, de peur que ses biens les plus précieux soient endommagés par quelques gouttes de thé, ou pire encore.

Par la rage de son père.

— Dois-je lire chacune des phrases que tu as écrites ici ? relança ce dernier, avec dédain. Penses-tu que ces dessins soient dignes d'un jeune homme de ton rang ?

Il regarda ses petites œuvres avec mépris, comme si de simples esquisses pouvaient être synonyme de l'horreur.

— Je préférerais te savoir dépravé avec des jeunes femmes ou encore à parier de l'argent, au moins, tu garderais ton honneur d'homme, Taehyung. Comment peut-on s'adonner à des activités si grotesques ! hurla-t-il de nouveau.

Sa voix sembla même faire trembler les murs, qui devinrent une pauvre extension du corps meurtri du jeune homme qui ne savait plus quoi dire pour se défendre.

Alors, à bout, Taehyung se mit à pleurer. Un torrent de larmes envahit ses joues, lui brûlant les yeux et les paupières. Cela faisait si mal que de voir qu'avec le temps, rien n'avait changé. Depuis sa jeunesse, Taehyung n'avait jamais été le fils tant attendu de son père, et cela était l'une de ses plus grandes faiblesses. Il n'avait jamais su comment s'approprier cette douleur, et s'était réfugié dans l'art, dans cette personnalité bon enfant, riant à tout. Le fait de voir le bien en chaque homme n'était qu'une excuse pour lui, pour ne pas avoir peur du premier inconnu qu'il croisait. Il s'était caché derrière de multiples fantasmes inachevés dans le but de soigner sa douleur, qui n'avait fait que grossir jusqu'à en devenir son pire cauchemar.

Néanmoins, Taehyung n'avait jamais eu la force de confronter son père, et aujourd'hui encore, il n'y arriverait pas. Le simple fait de savoir qu'il était tombé à genoux face à lui, en pleurant, était une nouvelle défaite.

Comment pouvait-il oser se défendre, alors qu'il avait déjà perdu ?

— Cesse donc de pleurer tout le temps, lui reprocha durement son père.

Les mains plaquées contre le sol qu'il pensait être gluant à souhait, Taehyung se mordit les joues, les lèvres et la langue, cherchant n'importe quel mot qui pourrait lui sauver la mise. Mais que fallait-il dire ? Devait-il lui donner raison, comme il l'avait toujours fait ?

Soudain, une image de Jungkook lui vint en tête, plus précisément, son sourire. Ce souvenir lui réchauffa le cœur et Taehyung pensa qu'il était temps de commencer à se battre. Peut-être n'irait-il pas jusqu'à hurler de peine ou de rage, mais il devait essayer, au moins une fois, de faire comprendre à son père l'importance de ces hobbies.

— Abaonim, si...s-si j'écris ou qu-que je de-dessine autant...c'est seulement...c'est seulement pour...pour soulager mon ennui et...et par-parce que j'attends, je...j'attends...

Au Diable ces fichues soubresauts qui l'empêchait de former une phrase sans mâcher ses mots.

— Qu'est-ce que tu oses encore attendre, répondit son père, la tête haute. Le grand amour, Taehyung ? dit-il en empoignant un carnet qu'il leva en l'air. C'est donc ça, mon fils ? Avec un enfant tel que toi, je doute d'assurer un jour ma descendance. Qu'as-tu réellement entre les jambes, Taehyung ?

— Abeonim...

— Non, ne parle plus.

— Abeonim j-je...s'il...v-vous...

— Je t'ai dit de te taire, Taehyung ! cria son père, avant de faire appeler des serviteurs qui apparurent aussi vite.

Son dur regard fixa encore son pauvre fils en proie à la tristesse, mais cela ne sembla pas lui provoquer une once d'effet, et ainsi, son père jeta le carnet qu'il tenait dans les mains sur l'immense pile à sa droite, et les pointa du doigt.

— Brûlez tout. Les pinceaux, les tableaux, ces carnets honteux. Tout.

A cette demande, Taehyung eut le réflexe de relever la tête jusqu'alors baissée en direction du sol mouillé par ses larmes, il ouvrit grand la bouche, voulant hurler toute sa rage, mais ce fut vain. Aucun son ne pu glisser entre ses lèvres, et comme s'il souffrait le martyr, l'une de ses mains vint se poser sur son cou, sentant que d'étranges remontées acides venaient brûler son oesophage. Sans le savoir, Taehyung était pris d'une profonde crise de panique, mais il tentait malgré tout de la combattre, allongé sur le sol tel un malpropre, sous le regard désabusé de son paternel.

Debout derrière lui, Yoongi serrait la mâchoire avec hargne, impuissant. Il n'avait cessé de gratter l'intérieur de ses paumes durant toute la scène, priant les Dieux pour que Taehyung se batte jusqu'au bout. Il avait remarqué ses efforts, pourtant, cela n'avait pas suffit.

Lourdement attristé, le serviteur restait sans voix face à la détresse de son jeune maître, qui semblait presque agoniser devant eux. Cependant, les autres serviteurs ne le regardaient même pas et continuaient leurs allés et retours, emportant avec eux, la seule richesse que détenait leur jeune et adorable petit maître.

— Yoongi, appela durement le père.

Tête baissée, mais pas moins indignée, Yoongi répondit par un faible "oui", attendant les prochains ordres qu'il ne pouvait réfuter.

— Je sais que mon fils aura caché certains de ses secrets. Je compte sur toi pour tout donner, sans exception.

Le pauvre serviteur partagea un regard peiné avec son jeune maître, qui espérait être compris quand il lui fit signe d'accepter. Plus jamais il ne voulait voir Yoongi se faire battre pour avoir commis l'erreur de le défendre, et même si cela devait coûter ce à quoi il tenait le plus, alors tant pis. Yoongi, lui, sembla hésiter, prêt à courir jusqu'à lui pour lui avouer qu'il se fichait de devoir souffrir pour sauver son bonheur, mais il savait aussi que Taehyung ne lui pardonnerait pas. Partagé entre l'amour et le devoir, Yoongi finit par hocher la tête, avant de partir à toute vitesse en direction du pavillon de Taehyung.

Coûte que coûte, il tenterait de sauver ce qui pouvait encore être sauvé, afin d'éviter un plus gros chagrin à son jeune ami.

Désormais seul dans le grand salon, Taehyung était toujours au sol et commençait doucement à se calmer, bien que les larmes ruisselaient encore sur son doux visage peiné. Il pensait que tout était terminé, quand son père vint à lui, et lui demanda de se relever.

Ce fut une tâche terrible que de puiser dans ses dernières forces, encore honteux et blessé, mais Taehyung le fit avec maladresse. Il évita de tomber quand il sentit sa tête tournée dans tous les sens, et de ce fait, ne put voir venir la gifle écrasante que son père lança sur sa joue gauche.

Ce ne fut pas le coup qui lui fit le plus mal, mais surtout, le fait que cela arrive encore à le toucher après toutes ces années. Mais cette fois-ci, aucune larmes n'agressa son visage.

— Et en plus de ça, j'apprends que tu fréquentes ce dépravé de la famille Jeon. N'entends-tu pas les rumeurs qui courent à son sujet ? cracha son père près de son oreille.

Taehyung ne répondit pas, encore sous le choc de tout ce qui lui était tombé sur la tête, et surtout, il ne voulait pas répondre à quelqu'un qui prétendait connaître Jungkook. Ce n'étaient que des rumeurs après tout, peut-être même infondées ou prenant racines dans le vice de la jalousie qu'on pouvait porter à son égard de fils du grand conseiller. Oui...

Taehyung refusait de tirer une croix sur la dernière brèche de bonheur qui lui restait.

— Réponds !

Frappé une fois encore, Taehyung retint un rictus colérique.

— Abeonim, Jungkook...Jung-Jungkook fait parti d'une des plus grandes familles de-

— Tais-toi. Moi, je n'ai qu'un fils, quand ils en ont déjà deux autres pour sauver leur honneur. Ne comprends-tu pas que ce dépravé essaye de te corrompre ? Tout comme ce perfide de jeune Park, ils ne sont que ignominies !

— Abeo...Abeonim, eut du mal à prononcé Taehyung, Ils m'aident...Il-ils m'aident juste à trouver mon inspiration, ils-

— Tais-toi !

Envahi d'une rage folle, son père fit une nouvelle fois appelé l'ensemble des serviteurs de la maison, dont Yoongi, qui arriva pile à temps pour se ranger dans le rang, en première ligne. Il put voir à quel point le visage de son jeune maître était abîmé et rouge, mais ne pipa mot et baissa la tête.

— A partir de maintenant, mon fils n'aura plus le droit de lire, ni d'écrire, ni de peindre. Il se contentera de lire les manuels que son précepteur lui propose, ce sera tout. J'interdis à quiconque d'entre vous de lui rendre visite plus que de raison, et si jamais j'entends que sa gentillesse le dépasse, vous serez tous puni sous ses yeux.

Démuni, honteux et abattu, Taehyung baissa les yeux, incapable de les regarder. Il ne pouvait lire leur effroi, se sentant coupable de leur rendre la vie aussi dure, lui qui les aimaient tant.

— Taehyung, lève les yeux.

Forcé d'obéir, le jeune homme releva la tête, les yeux remplis d'un océan de larmes. Jamais il n'avait été si en proie à la tristesse, et de plus, il se sentait si mal de devoir présenter ce visage détruit à l'ensemble de ces personnes qui l'avaient toujours tant choyé, plus que ses propres parents.

— La seule chose qui peut encore me rendre fier de toi, est la demande de notre Roi. Tu as été choisi pour être le futur mari de l'une de ses dernières filles, et tu le feras.

Soudain, l'expression de Taehyung changea de la colère à la surprise.

— Abeonim, n-ne faites pas...p-pas ça, p-pas...je...

— Tais-toi. Cesse de vivre dans des mondes idylliques, Taehyung. Va donc lire des livres qui t'apprendront à devenir homme et satisfaire ta future femme au lieu de rêvasser sur des romances pathétiques et inexistantes.

— Mais...Mais comment voulez-vous...? balbutia le jeune homme. Comment suis-je sensé satisfaire ma femme, si je ne re-ressens rien pour elle ?!

Il l'avait fait, il avait crié.

Comprenant la légitimité de son erreur, Taehyung eut le réflexe de cacher ses lèvres derrière sa main, faisant les gros yeux. Sans attendre, il se courba et finit aux genoux de son père, glissant ses deux mains l'une contre l'autre en demandant son pardon.

Son père se tut et le laissa s'adonner en spectacle, déçu de le voir si faible et sans gêne. Il le regarda ainsi, sans pitié, avant de lui dire :

— Tu le feras, Taehyung. Tu le feras.

Sur ces derniers mots, le père du jeune homme s'en alla enfin, ordonnant à l'ensemble de leurs serviteurs de retourner à leurs tâches. Seul Yoongi put rester, étant son serviteur personnel, mais le pauvre jeune homme sans pouvoir qu'il était ne sut quoi faire devant un spectacle si déchirant.

Agenouillé au sol, les yeux hagards et les larmes déferlant encore sur ses joues, Taehyung se berçait lui-même comme un aliéné, les poings serrés contre ses cuisses.

— Je n'ai plus rien, je n'ai plus rien...

Il lui fallut de bonnes et longues minutes avant de se relever, à l'aide des bras de Yoongi, qui le soutenu comme il le put jusqu'en dehors du salon. Ensemble, ils marchèrent jusqu'au pavillon de Taehyung. Yoongi eut du mal à lui demander de se déchausser, mais encore plus lorsqu'il fallut lui faire prendre son bain, qu'il prit sans une once de vie. Puis, en revenant, le serviteur allait le ramener à sa chambre mais ce dernier, qui était resté silencieux, prononça seulement quelques mots disant vouloir se rendre au manège du jardin.

Tête baissée, Yoongi l'écouta alors, sans pouvoir croiser ses yeux rouges. Cela lui faisait si mal, qu'il ressentait presque l'envie de devenir le plus monstrueux des meurtriers pour sauver son honneur.

Voilà qu'il n'osait même plus lui adresser la parole, tant il pouvait ressentir sa terrible douleur l'envahir. Yoongi s'en voulait aussi, pour lui avoir donné un infime espoir que son père puisse être d'humeur joviale, ou du moins, différente. Quelque part, il se sentait coupable du déchirement de son jeune maître.

Arrivé au manège, Taehyung traîna des pieds jusqu'au petit balcon et y allongea ses bras, sur lesquels il laissa reposer son petit et fin menton. Il ne disait rien, et regardait seulement au loin la petite marre qu'il avait l'habitude de visiter pour dessiner. Terrible erreur, car ce souvenir lui parut déjà si lointain, maintenant que tous ses biens le lui avaient été arrachés et détruits.

Lassé de tourner en rond, Yoongi s'approcha alors, doucement et quelque peu hésitant jusqu'à lui. Sans qu'on ne lui ai donné la permission, il s'octroya celle de prendre place à ses côtés, tout en restant assez éloigné, pour ne pas envahir son espace vital, qui il le savait, lui était nécessaire dans ce genre d'instants.

— Je n'ai plus rien Yoongi, en brûlant mes dessins et mes écrits, mon père à détruit une part de moi-même. Comment puis-je vivre sans cela ?

— Vous n'avez qu'à le faire en cachette, dit-il.

C'était osé, et Yoongi le savait. D'habitude, ce genre de conseils faisait rire son jeune maître, et il espérait au fond le voir sourire. Mais Taehyung n'en fit rien et souffla, l'air désabusé.

Alors que Yoongi pensait ne pas recevoir de réponse de sa part après ce long silence, Taehyung ouvrit enfin la bouche :

— Mon père ne m'écoute pas...Jamais. Saehee Noona en fait déjà à sa tête, si moi aussi je refuse de l'écouter, nous ne serons plus père et fils.

— Taehyung...

— J'aurais peut-être dû demander l'exil. De cette façon, j'aurais pu vivre d'amour et d'eau fraîche, au cœur de la nature et profitant toujours du soleil sans jamais me soucier du mauvais temps ni de la tempête.

Yoongi fixait son jeune ami avec peine, comprenant qu'il n'avait jamais été aussi triste qu'aujourd'hui. Il souffrait tant de son rang et de son nom, qu'il pensait même à s'en débarrasser pour toujours. Aussi, il le trouvait un temps soit peu courageux. Puisqu'il en fallait, du courage, pour ne serait-ce que s'imaginer quitter tout ce qu'on avait toujours connu.

— Tu sais Yoongi, j'aurais tellement voulu être un papillon.

Comme toujours lorsqu'il évoquait son totem, Yoongi vit le visage de Taehyung s'illuminer un peu, alors qu'il fixait une de ces petites bêtes s'envoler au bas du manège, quittant à peine une jolie fleur.

— Les papillons sont la légèreté, la sérénité et le bonheur. Eux qui étaient jadis coincés dans un cocon, finissent par éclore et s'envoler. Ils sont épanouis, et volent ici et là, comme ils le souhaitent. Ils abandonnent tout le poids des peurs et des regrets. Je les envie. Je les envie tellement...

Oui, Taehyung aurait fait un magnifique papillon, Yoongi en était certain.

— Vous n'avez pas besoin d'être un papillon pour voler.

— Tu crois ? demande Taehyung, avec ces petits yeux de chiots arrondis.

Yoongi ne sut quoi lui répondre, face à cette bouille si charmante. Le visage même de Taehyung appelait à la chaleur et était capable d'apaiser les maux de tout Homme. Bien qu'il le savait encore profondément blessé par les mots de son père, Yoongi fut touché de le voir sourire maigrement, avant de reporter son attention sur la nature qui les entouraient.

Ils restèrent ainsi un petit moment, durant lequel Taehyung essaya de faire le vide dans son esprit. Il lui fallut lâcher prise, et beaucoup de souffle pour empêcher cette fichue anxiété de le ronger de l'intérieur, avant qu'il ne se relève.

— Sortons, dit-il.

— Hm ?

Surpris par ce changement soudain de comportement, enfin, surpris était un grand mot car Yoongi y avait pris goût depuis le temps, il se leva du banc et le suivit jusqu'à sa chambre dans laquelle Taehyung tira l'un de ses durumagis violine favoris.

— Où voulez-vous aller ?

— A l'auberge, avoua t-il. Jimin Hyungnim m'a dit qu'ils y seraient tous ce soir.

— Mais nous avons encore du temps pour-

— J'ai besoin de sortir d'ici, nous irons nous promener s'il est encore tôt. Et puis, je préfère m'y rendre en avance, je n'aime pas être le sujet de toutes les attentions.

— Etes-vous sûr que c'est une bonne idée ? questionna Yoongi, perplexe.

L'idée que ce soit une nouvelle partagée par le Maître Park ne l'enchantait que très peu, mais il le garda pour lui.

— J'ai besoin de voir mes amis, alors...Oui, conclut Taehyung. Allons-y. Au moins, je pourrais me sentir un plus libre et accepté durant quelques heures.

— Mais votre père vous à interdit de traîner avec Maître Park et Maître Jeon. Que va-t'il se passer s'il apprend que vous êtes allé là-bas pour les retrouver ?

— Comment le serait-il ? C'est ma mère qui lui a fait part de mes fréquentations, c'est elle encore qui lui a remis mes dessins et mes travaux d'écriture. Si elle ne l'avait pas fait, il n'en n'aurait jamais su, il ne s'intéresse pas à moi.

— Mais il veut vous marier à la fille du Roi, il va être plus vigilant, croyez-moi.

Taehyung regarda son jeune ami et sembla réfléchir quelques instants avant de reprendre la parole.

— Connais-tu cette demoiselle ?

— Le Roi à plusieurs filles, et votre père n'a pas cité son nom, il a juste parlé, je cite, de l'une de ses plus jeunes filles.

— Combien le Roi a-t-il de filles ?

— Deux aînés et deux cadettes, mais je n'en sais pas plus. On dit cependant que l'une d'elles est belle comme l'aurore et la lune et aussi resplendissante que le soleil, mais également aussi redoutable que des bataillons.

— Peu m'importe qu'elle soit belle, mon cœur ne la désire pas, comment pourrais-je accepter une chose pareille ?

— Avez-vous le choix Monseigneur ?

— Je refuse d'y penser pour l'instant, allons à l'auberge.


*


Cela semblait lui faire une éternité qu'il n'était pas revenu ici, et à chaque fois qu'il foulait ce sol, Taehyung allait toujours prendre place à une petite table située dans les recoins quelque peu cachés de l'auberge. "Gatak", tel était son nom. A vrai dire, Taehyung ne l'avait pas retenu, pour la simple et bonne raison qu'il ne trouvait pas ce nom appréciable à prononcer, ni facile, voire même, assez moche.

C'était peut-être idiot, oui, mais aux oreilles du jeune noble, cela sonnait comme une pure agression. Il n'y avait aucune grâce qui s'échappait de ce nom, cela dit, l'on pouvait en retrouver un peu en son sein. Ici, la plupart des jeunes nobles de la capitale, homme et femme, venaient s'octroyer des petits moments entre amis.

Taehyung, lui, n'avait jamais connu ça, faire la fête pour lui était encore un concept bien inconnu. Alors, lorsqu'il voyait ces jeunes gens rire et s'amuser, même danser sur cette musique que jouaient ces jolies femmes sur la petite estrade, cela le faisait sourire. Aussi, il se demandait bien pourquoi la plupart des jeunes hommes cessaient toute activité pour aller boire, avant de se relancer sur la piste. Personne ne se mélangeait pourtant, les hommes restaient avec les hommes, et les femmes entre elles. C'était plutôt amusant de les voir se lancer de petits regards envieux, comme s'ils n'osaient pas s'aborder.

Dans son coin, Taehyung attendait patiemment que l'un d'entre eux se lance. Après tout, si lui avait été attiré par quelqu'un, il y serait allé, n'est-ce pas ?

Non, non il n'aurait pas eu ce courage.

Finalement, cela était bien plus simple que de boire et de profiter des jacassements des filles à son sujet, pensa t-il.

Seulement, sans son petit carnet ni son pinceau ou un crayon à la main, Taehyung se sentait étrangement nu. Personne ne le regardait, mais lui avait l'impression d'être épier quoi qu'il fasse. C'était à peine s'il avait réussi à commander un thé sans que sa voix ne tremble. Lui qui avait été si avenant à l'idée de venir jusqu'ici, avait fait une scène digne des plus grandes comédies à son serviteur lorsque ce dernier lui avait dit qu'il ne pouvait pas l'accompagner.

Pourtant, il le savait très bien. Nul autre que les nobles ne pouvaient pénétrer ici, telle était la loi. Fichue loi, comme disait Taehyung à ses heures perdues.

Autrement dit, souvent.

Mais alors qu'il réfléchissait à un moyen de s'évader de cet endroit dans lequel il ne se sentait plus à sa place...

— Taehyung Hubaenim ! Finalement, tu es venu !

Mince, pensa t-il, il ne pouvait plus bouger maintenant.

— Oh, Hoseok Sunbaenim...Ou-oui, j'ai pensé, je...je suis venu, je crois ?

— Mais oui, regarde toi, tu es bien là ! lui répondit joyeusement son ami. Je suis heureux de te voir, est-ce ta sœur qui a réussi à te convaincre ? Quand je la croise avec Namjoon, elle me demande toujours de prendre soin de toi.

— Non, non ce n'est pas...

— Enfin, je penserais à la remercier ! J'ai vraiment pensé que tu ne viendrais jamais, tu n'avais pas l'air enchanté à l'idée de te retrouver ici le soir venu. Aurais-tu peur de la nuit tombée ?

Taehyung allait répondre positivement, sachant qu'il pouvait parler sans crainte à son ami, mais un souvenir le fit sourire, et sa pensée changea radicalement.

— On voit dans la nuit ce qui nous est impossible de voir le jour, souffla t-il tout en attrapant sa tasse presque vide entre ses paumes.

— Serais-tu un de ces esprits dont parle les poésies ? Ah, Hubaenim ! Tu es vraiment amusant.

— Ah ? Tu crois...

— Mais oui, je le pense vraiment. D'ailleurs, permets-moi de te dire que ce jebiburi daenggi te va merveilleusement bien. Je ne t'avais jamais vu en porter. On dit que ce n'est réservé qu'aux femmes, mais regarde toi, tu es très beau !

Taehyung ne put s'empêcher de rougir à cette remarque, soudainement fier d'avoir pensé à l'emporter avec lui. Sur la route, il avait supplié Yoongi pour que ce dernier le lui attache autour de sa demi couette, sans même lui expliquer la raison. Et bien, c'était pourtant simple. Si Jimin n'avait pas menti, ce qui le surprendrait beaucoup, alors Jungkook serait aussi présent ce soir. Le but de Taehyung était de l'impressionner, ou bien seulement d'attirer un temps soit peu son attention...même si ce n'était que sur cet accessoire.

— Hyung, ne doit-il pas-

— Ah ! Les voilà, je me demandais où étaient passés ces petits garnements, toujours les derniers. Jungkook, Jimin, on est là !

Osant à peine relever la tête, Taehyung réussit à lever les yeux de sa tasse bientôt vide, et s'attarda sur l'entrée de l'auberge. Personne n'aurait pu rater l'arrivée de ses amis, personne. Il fallait croire que la petite bande de Jimin et Jungkook n'était pas méconnue des lieux, et leur présence créa une réelle cacophonie.

Les jeunes nobles déjà présents se ruèrent vers eux pour obtenir ne serait-ce qu'un bonjour, tandis que les filles, elles, devanaient folles derrière leurs mains, se recoiffant sans cesse pour espérer attirer leur attention.

Tous leurs efforts furent vain, quand Jimin, qui les laissent l'acclamer comme un prince, vit Hoseok lui faire signe au loin. Son attention quitta bien vite son regard pour tomber dans celui du "pauvre petit Taehyung" à ses côtés. Alors, le beau garçon fit volte face à ses fans, et s'en alla les rejoindre, tirant par la même occasion la main de Jungkook qui le suivit sans faire d'histoire.

— Hoseok Hyungnim, Taehyung, je ne vous avais presque pas vu, vous étiez caché ! dit-il, prenant de suite place face au brun.

— Je suis arrivé il y a peu, et j'ai de suite remarqué Taehyung Hubaenim, tout seul. Je n'allais pas le laisser ainsi, répondit Hoseok, joyeux.

— Oh mais oui le pauvre, enchaîna Jimin en prenant son menton en coupe, on ne peut pas rester seul lorsqu'on visite Gatak.

— Il ne l'est plus, ajouta Jungkook.

Ainsi, Taehyung croisa enfin son regard, ces yeux de braises qui le firent fondre comme de la neige au soleil. Cette pensée le fit sourire, et gêné, il baissa la tête, se pensant idiot de le comparé à de la simple neige. Cela dit, à ses yeux, Jungkook en détenait l'exacte même grâce.

— Je ne pensais pas que tu viendrais, Taehyung, reprit Jimin, joueur.

— Je...je voulais...

— Je me demande si ce n'est pas l'œuvre de sa sœur, après tout, elle peut être très convaincante, pas vrai ?

— Hoseok dit vrai, rit Jimin, très convaincante oui. D'ailleurs, j'ai croisé ton serviteur à l'entrée Taehyung, le pauvre, j'ai bien peur que ce soit lui qui se retrouve seul maintenant.

Taehyung n'osa pas répondre, honteux à l'idée de savoir son ami sans compagnie à l'extérieur de ces murs. Il aurait tant voulu qu'il soit présent lui aussi, après tout, il était un peu comme son ancre.

— Dommage, bailla Jimin, ce lieu n'est pas fréquenté par sa caste. Il ferait bien mieux d'aller à l'une de ces petites maisons réservées à leurs rangs.

— On dirait qu'il a déjà fait son choix, ajouta une nouvelle fois Jungkook.

Il ne toisa nullement Taehyung, mais ce dernier lui fut presque reconnaissant d'avoir conclu la discussion. Il était déjà assez gêné de ne pas pouvoir profiter de ces instants en compagnie de son serviteur, autrement dit, ami de toujours, et puis il ne l'imaginait pas vraiment fréquenter ces petites maisons où se regroupait le peuple.

Bientôt, une jeune femme vint à eux pour prendre leur commande, tous répondirent en coeur en demandant une boisson dont Taehyung ne connaissait même pas le nom, quand Jimin se leva, et fit le tour de la petite table. Il le fixa, et le vit disparaître dans son dos. Il n'eut nullement le temps de lui demander ce qu'il comptait faire que Jimin s'était déjà octroyé le droit de jouer avec sa chevelure.

— Mais voyez-vous ça ! Taehyung, je ne saurais que dire de cette belle coiffe.

— M-mes cheveux ?

— Mais oui, regardez, reprit Jimin en caressant ses cheveux, il porte un beau ruban à leur bout !

Son regard s'était automatiquement dirigé vers Jungkook, qui lui, fixa Taehyung avec intérêt. Le jeune homme ne sut comment interpréter son attention, et une nouvelle fois, pour ne pas dire toujours, se mit à rougir. Sans l'avouer à voix haute, Jungkook trouva sa réaction plutôt mignonne, même s'il ne l'avouerai jamais.

— C'est drôle, c'est pourtant un accessoire très féminin mais je trouve qu'il te met plutôt en valeur, continua Jimin en s'approchant du visage du jeune homme.

Timide, Taehyung baissa la tête et le remercia dans un murmure, espérant que peut-être, Jungkook soit du même avis.

Quelques minutes plus tard, alors que les conversations coulaient à flot entre le petit groupe, du moins, entre tous sauf Taehyung qui restait attentif, la jeune serveuse revint à leur table, et déposa leur boissons. Il ne fallut que quelques secondes à Jimin pour la boire cul sec, et deux de plus à Jungkook pour remercier la jeune femme d'un regard aguicheur, avant d'imitier son ami.

— Et toi, demanda Hoseok à Taehyung, tu ne veux rien boire ? Ta tasse est presque vide depuis tout à l'heure !

— Non, non je...je buvais du-

— Du thé ? s'exclama Jimin en ayant attrapé la petite tasse et après y avoir fourré le bout de son nez. Du thé, à cette heure ?

Il souriait, mais Taehyung se demandait s'il ne le jugeait pas un petit peu à travers son regard inquisiteur.

— Oui, c'est...

Il fallut au jeune noble deux profondes inspirations avant de prendre son courage à deux mains.

— Je ne voulais pas quelque chose de trop...fort.

— Mais le soleil est couché depuis un bon bout de temps, ajouta Jimin, et lorsque la lumière n'est plus, la raison disparaît avec elle.

Jungkook sembla le trouver hilarant, puisqu'il recracha le peu de liquide qui lui restait en bouche, venant de suite protéger ses lèvres du dos de sa main. Fier de sa tirade, Jimin dû se contenir pour ne pas se moquer, à vrai dire, il n'était même pas friand de ce genre de réflexion. C'était une pure phrase de philosophe, qu'il avait entendu glisser des lèvres de son frère, une fois. Il avait trouvé cela très amusant, et aussi, un peu tiré par les cheveux. Comme si c'était le soleil qui rendait les gens plus faibles et honnêtes, du n'importe quoi.

— Je ne...j-je ne crois pas que ce soit juste, chuchota Taehyung.

— Et tu as raison, poursuivit Hoseok. La raison n'a aucun lien avec la lumière ! Hyung, qu'est-ce que tu racontes ? s'amusa t-il.

— Comme toujours, notre Hubae essaie d'amuser la galerie, intervint un nouveau venu.

A l'entente de cette voix qui ne lui était pas inconnue, Taehyung releva la tête et fut ravi de voir son visage.

— Namjoon Hyungnim !

— Bonsoir les enfants, dit-il en souriant, dévoilant par la même occasion, ses jolies fossettes.

— Hyung, grogna Jungkook, nous ne sommes pas des enfants.

— Excuse-moi, Jungkook. C'est vrai que tu ne l'es plus, mais laisse moi encore te qualifier ainsi tant que tu n'as pas passé ton examen. Ça me rappelle de bons souvenirs, glissa Namjoon, prêt à prendre place à leur table.

Bientôt, ils finiraient tous par tomber par terre, tant elle était petite et étroite.

— Hyung, tu n'es pas accompagné de Saehee Noona ? questionna Jimin, curieux de le voir seul.

— Non, quand elle a su que Taehyung serait peut-être en notre compagnie, elle m'a dit de venir seul. Je pense qu'elle ne voulait pas interférer dans sa première soirée, car ça l'est, pas vrai ?

Namjoon lança un petit regard compatissant envers le jeune homme qu'il avait toujours considéré comme son petit frère, et ce dernier le rendit en un sourire. Il se sentait vraiment reconnaissant envers sa sœur, d'habitude toujours présente pour le charrier, de ne pas être venue afin de lui laisser profiter de la petite liberté qu'il s'était octroyé. Au fond, il se demandait aussi si elle n'était pas peinée suite à l'entretien qu'il avait eu avec leur père, mais peut-être n'était-elle pas encore au courant.

— Taehyung ?

Sortit de ses songes, Taehyung releva les yeux vers son aîné, doté de cette petite tête aussi adorable qu'un chiot.

Foutu comparaison, pensa Jungkook.

— Jimin disait qu'on devrait changer de place, on sera un peu moins serré comme ça.

Dommage, pensa Taehyung.

Ça ne le dérangeait pas lui, d'être en même temps si prêt mais aussi si loin de Jungkook. Le fait que seule une petite table les séparait était déjà une aubaine pour lui. D'ailleurs, il le trouvait particulièrement beau ce soir. Jungkook portrait un hanbok noir à la ceinture doré, qui rappelait les coutures de son durumagi. Après tout, on ne pouvait pas attendre moins pour son statut.

Ainsi, les jeunes hommes, accompagnés par deux autres garçons que Taehyung pensait avoir déjà croisé aux côtés de Jimin au marché, allèrent s'installer en plein centre de l'auberge. Cela faisait déjà deux bonnes heures qu'ils étaient là, et l'auberge se vidait peu à peu, laissant tout le plaisir à la petite bande d'être entre eux.

Taehyung décida de s'asseoir aux côtés de Namjoon, préférant se retrouver à côté de quelqu'un en qui il avait entièrement confiance, et surtout, avec lequel il serait le moins gêné. Cela dit, lorsque Hoseok essaya de le rejoindre, Jimin fit mine de le pousser gentiment pour prendre sa place. Ainsi, il se retrouva à sa droite, et Hoseok alla prendre place à côté de Jungkook, en face. Les deux autres jeunes hommes dont Taehyung ne connaissait pas le nom, eux, s'étaient hâtés aux dernières places qui se trouvait non loin de Jimin.

Ce dernier ne mit pas longtemps à s'approprier le monopole de la discussion, faisant sourire tous ses amis. A vrai dire, Jimin n'était pas qu'un joli visage, mais aussi, un jeune homme fait d'humour et de taquineries. Il savait jouer avec les mots, et Taehyung préférait rire quoi qu'il dise, même s'il ne comprenait pas parfois, pour éviter de le blesser.

Parfois, Jimin se moquait des jeunes femmes qui venaient à eux, il les abordait avec un sourire, puis à la seconde même où elles finissaient par partir, il les imitait sans grâce, ce qui avait le don de faire rire Hoseok aux éclats, bien qu'il ne manquait pas de lui rappeler que ce n'était pas très cordial.

De ce qu'il avait retenu, Taehyung savait que Hoseok et Namjoon étaient déjà de bons amis de Jungkook et Jimin. Il ne savait pas si cela était une chance, de part leur place et leur statut au sein de la capitale, mais il trouvait que leur place à leurs côtés était méritée. Namjoon était un très bon parti, bien que sa famille n'avait rien d'exceptionnel. Comme sa mère n'était pas une yangban de pure souche, il arrivait parfois qu'on se moque de lui dans le passé.

Taehyung avait d'ailleurs souri chaleureusement lorsque Namjoon avait relancé le sujet sur la table, rappelant la façon dont Jungkook avait pris sa défense un beau jour, alors que d'autres jeunes hommes avaient essayé de le rabaisser. Quant à Hoseok, Taehyung ne savait pas comment il avait rencontré les deux garçons, mais comme ils étaient tous nés ici et y avaient grandi, alors il ne faisait aucun doute que leurs chemins avaient fini par se croiser. Son père était également un fonctionnaire de l'Etat, qui travaillait aux côtés du père de Jimin.

Oui, lorsqu'ils les regardaient, Taehyung trouvaient qu'ils étaient tous plus ou moins soudés. Ils les entendaient rire et se remémorer d'anciens souvenirs, mais chacun à sa manière. Si Namjoon et Hoseok restaient plutôt humbles, il arrivait que Jimin rappelle sa propre condition, sans oublier d'ajouter d'au combien il en était fier.

A l'entendre, on pouvait croire que c'était une véritable aubaine que de naître noble. Mais Taehyung n'était pas de cet avis. Il savait être reconnaissant de ce que la vie lui avait apporté depuis sa naissance et était conscient que la facilité était le maître mot de sa réalité. Pourtant, lorsqu'il rencontrait des marchands, lorsqu'il pensait à la condition de vie de ses serviteurs, il lui arrivait de croire que tout cela était injuste. En fait, il y pensait même tout le temps.

Pourquoi dans une société aussi avancée que la leur, du moins, c'est ce qu'on en disait, il existait autant de lois et autant de différences entre les gens ? Aux yeux de Taehyung, il n'existait aucune démarcation. Une femme était une femme et un homme était un homme. L'un pouvait naître dans un palais et l'autre dans la campagne, ils restaient tout de même humains. Pas vrai ?

Alors pourquoi était-ce toujours plus facile pour eux, tandis que pour d'autres, la vie n'était qu'un enchaînement de malheurs ?

Voilà la raison pour laquelle Taehyung aimait la littérature.

C'était un échappatoire, un moyen d'imaginer le monde autrement. Il se demandait ce qui pouvait bien exister au-delà de ces murs qui entouraient la ville, même au-delà des contrées qu'il avait déjà traversé, plus encore, qui avait-il après l'océan ? Le monde était il si vaste qu'on n'en verrait jamais le bout ?

— Je ne comprends pas que l'on puisse autant aimer ce genre de choses, vraiment. C'est ridicule, comment les jeunes femmes peuvent elles penser que toutes ces choses sont vraies ? Même mes sœurs ne sont pas aussi idiotes.

— Elles ont droit à leur petit jardin secret Jimin, ce sont des femmes. Elles rêvent.

— Pas seulement les femmes ! ajouta Hoseok en souriant.

— Je rêve chaque matin que le ciel soit bleu, et pourtant, ça n'arrive pas toujours. Je n'en fais pas des caisses à m'inventer tout un monde idyllique où le ciel serait toujours bleu pour mes beaux yeux.

Hilare, Namjoon finit son verre et tapota l'épaule de son jeune ami.

— Tu as ta propre façon de penser, et bien, c'est ton droit.

— Ce n'est pas qu'une simple façon de penser, Hyung, souffla Jimin. Je clame haut et fort que toutes ces histoires qu'elles viennent écouter en disant vouloir coudre en paix ne sont que des histoires sans intérêt.

— Tu n'as jamais entendu une de ces histoires en entier, comment peux-tu les juger si facilement, ajouta Hoseok.

— Figure toi que si, Hyung. Et j'ai beau écouter encore et encore, je ne comprends pas cet engouement pour ce genre d'activité. Gatak est un lieu pour venir s'amuser, faire la fête, oublier la réalité de la vie, boire, rire ! Sûrement pas pour se plonger dans un monde qui n'existe pas. C'est vraiment ennuyant.

L'attention de Taehyung s'était facilement déportée sur les paroles de son aîné lorsqu'il avait commencé à parler d'écriture. Si son cœur s'était d'abord emballé à l'idée de converser sur un tel sujet, il avait très vite déchanté, en entendant toutes les critiques qu'avait faites Jimin.

Il ne lui en voulait pas, car après tout, tout le monde était libre d'aimer ce qu'il voulait. Chacun avait son propre avis sur les choses, et c'était humain. Mais pour Taehyung, cela revenait aussi à diffamer son propre petit monde. Comment pouvait-il expliquer l'importance de la création ? Comment pouvait-il mettre des mots sur le fait que lire, écrire, ou bien encore raconter des histoires à voix haute pouvait être le meilleur des remèdes ?

— Taehyung aime beaucoup ce genre d'histoires, lança Jimin.

Comprenant qu'on lui faisait référence, le noiraud releva les yeux, encore un peu perdu dans ses pensées.

— O-oui ?

— Tu aimes ce genre d'histoire ? répéta Hoseok, avec un sourire sur les lèvres, que Taehyung savait être vrai.

— Je...ce sont...c'est u-un peu...

— Je ne critique pas les personnes qui les aiment, non, reprit Jimin. Taehyung est mon ami, pas vrai ?

Le regardant un peu paniqué, Taehyung ne sut quoi lui dire.

— Ou-oui...

— J'ai moi-même proposé à Taehyung de s'intéresser à quelque chose de plus...vigoureux ! Avec de l'action, et pas seulement des belles paroles de "ils s'aimèrent jusqu'à la fin de leur vie sans savoir que leurs destins avaient toujours été liés", rit Jimin en faisant la grimace.

Taehyung acquiesça, sans vraiment ajouter quelque chose d'audible qu'un simple "hm". Se renfermant dans sa petite bulle, il n'avait pas vu les regards de Jimin et Jungkook se croiser, avant que Jungkook ne le fixe, cherchant à retenir son attention.

Cela dit, Jimin lui, continua de le charrier en riant, ajoutant qu'il ne disait ça que pour faire rire la galerie. Taehyung n'en savait rien, et se contenta de faire "oui" de la tête, pour ne pas que l'on s'éternise sur son avis. On ne lui avait pas demandé, et pour tout dire, il n'aurait même pas eut envie de leur donner.

Les conversations reprirent de plus belle, s'arrêtant parfois sur la famille de l'un ou des professeurs de l'autre. L'on entendit grandement Hoseok vanter les mérites de son précepteur, ainsi que Jimin, qui dévia sur la vie conjugale de l'une de ses sœurs. Tout cela n'avait plus ni queue, ni tête, surtout que l'alcool commençait peu à peu à égayer leurs visages à tous. Seul Taehyung était resté en retrait jusqu'ici, curieux, mais aussi peureux à l'idée de faire la grimace à cette sensation étrange que produisait le liquide sur sa langue.

Mais cela ne dura plus longtemps, lorsque Jimin, un peu éméché mais tout à fait conscient de son état, se pencha vers son jeune ami, lui tendant une petite coupole.

— Tu devrais goûter, lui dit-il.

— Oh, non, merci je...je n'aime pas beaucoup l'alcool.

— As-tu déjà goûté celui-ci ?

— Je...non, je ne le connais pas...

— C'est du makgeolli, c'est très doux et tu peux me croire, tu n'auras même pas l'impression de boire !

Les yeux fuyants, Taehyung croisa le regard de Namjoon, qui le toisait comme un grand frère qui surveillait son cadet. Il s'était levé pour discuter au loin avec d'autres amis, mais sans jamais le perdre de vue. Comme s'il attendait son accord, Taehyung attrapa timidement la coupole et vint la sentir, sa main toujours quelque peu accompagnée par celle de Jimin. Puis, lorsque Namjoon lui sourit, il prit cela comme un "oui", et finit par abdiquer.

C'était la première fois qu'il sortait réellement avec des amis, alors il avait bien le droit à quelques écarts. Il s'était toujours contenté de boire un fond de verre lorsque ses parents accueillaient des invités, et la liqueur n'avait jamais été à son goût. Alors, lorsqu'il senti ce nouveau liquide couler dans sa gorge, son visage s'éclaira.

C'était plutôt bon, et bien que ça n'avait pas particulièrement de goût, Taehyung le finit bien vite et en demanda encore.

Et encore.

Il pouvait sentir son corps devenir bien plus léger, comme une plume. Cette sensation était étrange, mais loin d'être désagréable. Il riait aussi, beaucoup, bien que son cerveau n'arrivait même plus à accumuler toutes les informations qui se partageaient autour de lui.

Jimin ne manquait jamais de le resservir, faisant parfois trinquer leurs coupoles l'une contre l'autre. Ils s'amusaient comme de vrais petits fous, et Taehyung comprit pourquoi le peuple aimait tant boire. Avant, il n'y avait jamais trouvé d'intérêt. Aujourd'hui, tout était plus clair dans son esprit.

C'était un jeune homme, après tout. Les jeunes hommes devaient savoir tenir l'alcool, il avait déjà entendu son père le dire lors de l'un de leurs repas avec un vieil ami. D'ailleurs, ce soir-là, son père s'était même retiré avec son ami pour boire à eux seuls une énorme bouteille venue d'une ville voisine.

Ah ! Si son père le voyait à l'instant, Taehyung n'arrivait pas à savoir quel genre de réaction il aurait, mais peut-être serait-il un minimum fier de le voir faire ses premiers pas dans le monde des adultes.

Bientôt, il fut difficile pour Taehyung de garder le compte, et sa tête était devenue aussi lourde qu'un rocher. L'effet euphorique s'était évaporé, et le rendit soudainement aigri, et triste. Il ne comprit pas pourquoi tout commençait à l'agacer, et pour éviter d'en faire toute une comédie, il se leva, surprenant ses amis, et s'en alla dans un petit couloir qui menait à petites pièces plus isolées.

Le premier réflexe de Namjoon fut de l'interpeller, inquiet à l'idée de le savoir seul, mais alors qu'il allait se lever, Jungkook le devança.

— Je m'en occupe, dit-il avant de s'éloigner.

Jimin ne le quitta pas des yeux, souriant à peine derrière son verre.

— C'est vraiment un gentil garçon, souffla Namjoon, presque épuisé. Ah ! C'est fou comme je me sens fatigué...

Déjà loin, Jungkook ne put entendre son compliment, ni le rire moqueur de Jimin. Il s'était aventuré dans les petits couloirs vides, cherchant à deviner derrière quelle porte s'était réfugié Taehyung. Et bien, l'attente ne fut pas longue, car il finit par entendre de petits gémissements, qui ressemblaient plutôt à des râles rauques, provenant d'une porte à moitié close.

Après s'être éclairci la gorge, Jungkook se tint droit, et croisa l'un de ses bras derrière son dos, l'autre se levant en l'air pour toquer contre cette dernière. Il attendit, une seconde, puis deux, avant qu'une petite voix semblable à un petit miaulement ne l'autorise à entrer.

Lorsqu'il fit glisser la porte, Jungkook tomba nez à nez avec Taehyung qui s'était totalement affalé sur un petit futon de fortune. Il semblait se trouver dans un autre monde vu ainsi, se mordillant les lèvres et jouant avec le bout de ses manches. Pourtant, Jungkook ne put s'empêcher de le trouver adorable.

— Tout va bien ? lui demanda-t-il.

— Je...

A peine avait-il ouvert la bouche, que Taehyung laissa échapper un petit hoquet.

— Moi j-je...oh !

Un hoquet, encore.

Celui-ci sembla faire rire Taehyung comme un véritable enfant, qui se mit à gesticuler sur son futon.

— Tu ne te sens pas bien, je crois.

— Mais j-je vais très, encore un hoquet, b-bien !

Pinçant ses deux lèvres pour éviter de sourire, Jungkook s'approcha un peu plus de son vis-à-vis, et se pencha à sa hauteur.

— Tu n'aurais pas dû boire autant, Hyung.

— Jefaiscequejeveux.

— Hm ?

— Je fais veux ce que je moi ! dit Taehyung en le pointant du doigt.

Hilarant, c'était le mot. Jungkook se demandait quelle serait la réaction de son aîné s'il se voyait dans cet état. A son humble avis, il n'aurait pas rigolé une seule seconde, et aurait rougit jusqu'à la mort.

— Très bien, très bien, tu peux te relever ?

— No-non, répondit Taehyung en souriant.

— Bien.

Sans plus attendre, Jungkook se releva et s'en alla un instant, laissant Taehyung perplexe. Il n'eut même pas le temps de le supplier de revenir que Jungkook fit son retour, portant dans ses mains, une petite coupole qu'il lui tendit après s'être agenouillé à ses côtés.

— Ahhhhhh non ! refusa catégoriquement Taehyung, repoussant sa main.

— C'est de l'eau, Hyung. Tu en as besoin, bois.

Ce dernier le fixa en fronçant les sourcils, puis, avec son aide, se releva assez pour ne pas boire en étant allongé. Quel désastre cela aurait été, pensa Jungkook. Taehyung s'approcha, et vint poser ses mains sur la sienne, apportant la coupelle à ses lèvres. Il but, mais sans qu'il ne sache pourquoi, Jungkook se vit repousser férocement en arrière, faisant ainsi tomber le reste du récipient sur le sol.

Taehyung se mit de suite à bouder, faisant la moue -adorable-, croisant les bras sur son torse, et tournant la tête vers le mur.

— Tu ne m'aimes pas.

— Je te demande pardon Hyung ? demanda Jungkook, quelque peu hébété.

— Pour-pouquoi t-tu ne m'aimes...pas ?

— Mais qu'est-ce que tu racontes ?

— Tu étais tout, tout, tout gentil avec m-moi, dit-il en hoquetant, puis ap-après quand tu as re-rejoins Jimin Hyungnim tu...tu as chan-changé !

Faisant les gros yeux, Jungkook le regarda bouder avec insistance, ne comprenant pas son comportement. Tout allait bien, alors pourquoi avait-il changé d'humeur si vite ? Était-ce à cause de l'alcool ? Certainement, pensa Jungkook, Taehyung n'aurait jamais eu autant de volonté ou de courage pour lui dire ça de cette façon.

Du moins, en étant pleinement conscient.

— J-je suis tou-tout triste c'est pas...c'est pas gentil, grogna t-il dans sa barbe inexistante.

Amusé, mais aussi touché par sa réaction, Jungkook se releva et s'avança de nouveau, venant se planter face à lui. Il lui fallut de la patience, beaucoup, avant que Taehyung ne détourne le regard en sa direction. Jusque-là, il ne l'avait encore jamais fixé droit dans les yeux. Ainsi, Jungkook put y plonger sans grand effort, le dévorant tout entier, comme s'il pouvait lire dans son âme.

Tout ce qu'il put en soutirer, fut une immense solitude et une véritable tristesse à l'idée d'être repoussé, et aussi, quelque chose qu'il ne put définir, et qui le fit tressaillir un instant. Il n'arrivait pas encore à se détacher de la beauté de son aîné, ni de ce regard si doux, bien qu'il faisait encore la tête.

Alors, la suite se déroula sans même qu'il n'y réfléchisse. Jungkook attrapa l'un des bras de Taehyung, et le tira à lui, pour que celui-ci ne finisse la tête la première dans son cou, plongé dans son étreinte. Il ne s'y était absolument pas attendu, et pouvait sentir son coeur battre si fort, que cela lui donna envie de vomir.

Peu gracieux, peut-être, mais lorsqu'il réussit enfin à se calmer, Taehyung apprécia les douces caresses de Jungkook sur son dos. Ils étaient seuls, plongés dans le silence, même si au loin, l'on pouvait entendre quelques rires se mêler les uns aux autres.

Jungkook fut le premier à se détacher de cette étreinte, attrapant les deux bras de son aîné, qu'il garda face à lui. Taehyung le regardait comme s'il n'était tout simplement pas réel, cherchant encore à savoir si ce qui venait de se produire était vraiment arrivé. De son côté, Jungkook continua de le toiser, maintenant, avec envie.

Il regardait ses lèvres, tous ces petits détails qui n'appartenait qu'à Taehyung, et il lui fut difficile de ne pas l'imaginer nu, posant pour l'une de ses toiles. Ce n'était même pas un appel au sexe, mais véritablement un appel à la douceur et la pureté de l'art. Aussi, ces lèvres entrouvertes étaient si belles, et paraissaient si délicieuses, que Jungkook en fut presque envoûté.

— Tu...t-tu...

— Je n'ai jamais dit que je ne t'aimais pas, Hyung.

— Mais tu...

Sans vouloir l'offenser, Jungkook déposa son doigt sur les lèvres de Taehyung, et plongea de nouveau son regard dans le sien. Puis, il laissa son index glisser lentement, jusqu'à descendre jusqu'à son cou. C'était presque de la torture pour lui que de ne pas pouvoir le déshabiller lentement pour apprécier son si joli corps, pour lui donner toute l'attention qu'il devait attendre et mérité.

Dans ce pur moment de douceur, Taehyung laissa glisser ses yeux sur le cou de son cadet, et sans réfléchir, vint s'y réfugier de lui-même.

Ils restèrent ainsi un petit moment, avant que Jungkook ne lui demande doucement de se retirer, venant attraper son visage dans les paumes de ses mains.

— Tu es très beau.

Ne sachant quoi répondre, Taehyung eut presque du mal à humidifier ses lèvres.

— Tu as de jolies lèvres, souffla Jungkook.

Exact même réaction.

— Et de jolis yeux.

Touché, Taehyung le regarda sans se rendre compte que petit à petit, ses yeux se remplissaient de larmes. La présence de Jungkook était si réconfortante, si apaisante, qu'il se laissa porter, avant de fondre en sanglots.

Devant lui, Jungkook lui chuchota quelques mots pour qu'il se calme, ne sachant pas exactement comment il devait procéder pour calmer son chagrin, puis, il lui demanda de se confier.

— Mon...Mon...

— Il faut que tu respires Hyung, alors respire doucement, et parle moi.

Taehyung l'écouta et arriva quelque peu à se calmer, trouvant un peu de paix dans ses mots, avant de reprendre :

— Abeoji...il a...il m'a puni et...

— Pourquoi ? Pourquoi t'aurait-il puni ?

— Il a décidé de br-brûler tout ce que j'aimais m-mes....mes dessins et au-aussi m-mes écr-écrits, hoqueta Taehyung, en larmes.

— Tout ?

— To-tout, répéta faiblement l'aîné.

Embêté, Jungkook se retrouvait dans une drôle de situation, perdu entre la colère que pouvait ressentir une âme d'artiste et la pitié qu'il ressentait pour son aîné. Soudain, Taehyung s'emporta, ses phrases devinrent des mots qui bientôt n'eurent plus aucun sens, tant il était triste.

Les larmes l'emportaient sur la raison, l'alcool aussi jouait un terrible allié dans son chagrin, et ne sachant plus quoi faire pour le calmer, Jungkook eut comme l'impression de ressentir un vide intégral l'envahir, quand il lui attrapa le menton, et qu'il déposa ses lèvres sur les siennes.

Ce moment sembla se dérouler hors du temps, et laissa les deux jeunes hommes totalement épris par leur baiser. Plus rien ne comptait, pas même les rires qui faisaient échos loin derrière eux, ni même leurs passions, leurs envies les plus profondes, plus rien.

Tout se résumait à ce simple baiser.

Mais Jungkook compris, lorsqu'il sentit Taehyung devenir aussi mou qu'un nuage entre ses mains, que ce baiser deviendrait aussi ardent que son désir, s'il ne l'arrêtait pas...

S'il ne l'arrêtait pas maintenant.

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