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𝒞𝒽𝒶𝓅𝒾𝓉𝓇𝑒 𝟸𝟶



Pour la toute première fois, Taehyung passait les majestueuses portes du palais royal et pénétrait en son sein. Jusqu'alors, il ne l'avait que visiter dans les livres, à travers les récits de son propre père. Il en connaissait bien les jardins extérieurs, car il aimait y passer du temps pour dessiner ou lire en paix, sous la surveillance de Yoongi, qui ne manquait jamais à l'appel. Aujourd'hui, les choses étaient bien différentes.

Cela faisait bien dix jours qu'il avait quitté l'auberge de Gatak en pleurs, et depuis, il n'y avait pas remit les pieds, et c'était à peine s'il s'était décidé à sortir de sa maison. Il avait tant pleuré, que les larmes avaient cessé de couler d'elles-mêmes, cédant leur place à des maux de tête et de ventre qui n'en finissaient plus. Pour la première fois depuis longtemps, sa mère s'était inquiétée de son état, et avait fait venir un médecin sur le domaine afin que Taehyung retrouve des forces. Il n'avait pas mangé pendant deux jours, et même Yoongi n'avait pu lui tirer les vers du nez. Après quatre jours de peine, Taehyung s'était surpris à se reprendre par lui-même, et s'était plongé dans ses enseignements tel un acharné, mettant poésie et romans de côté. Il avait assisté au repas auprès de sa famille sans dire un mot, et s'était couché de bonne heure pour recommencer le même schéma chaque lendemain.

Bien qu'il savait que Yoongi veillait à sa porte chaque nuit, il n'avait pu se résoudre à lui parler. Il s'en était voulu de ne plus pouvoir pleurer, car son cœur le lui demandait, tout le temps, mais cela était impossible. En vérité, il ne voulait plus parler, de rien, de personne. Il avait pourtant attendu les lettres de Jungkook, mais celles-ci n'étaient jamais venues.

Alors, résigné, il avait décidé de mettre peine et chagrin de côté lorsque son père vint lui demander de l'accompagner au palais.

Taehyung ne lui avait pas demandé la raison, et s'était contenté de prendre son bain, de se faire coiffer et habiller comme un automate, puis il avait suivi son père dans les rues matinales de la capitale. Yoongi n'avait pu les accompagner, car son père lui-même l'avait défendu de venir. Il s'attendait à ce que son fils fasse un scandale, lui qui ne sortait jamais sans son serviteur, et avait été surpris de le voir sortir de leur domaine sans même lancer un regard à son plus vieil ami, qui l'avait regardé partir au loin.

Taehyung ne savait pas, et ne comprenait pas pourquoi il réagissait ainsi. Il avait pourtant essayé de trouver la réponse, mais à chaque essai, ses nuits devenaient un véritable cauchemar. Il avait préféré mettre tout ceci de côté, pour ne pas faire honte à son père lors de cette visite qui semblait importante, sans quoi, il ne l'aurait jamais fait venir.

C'est donc en silence et avec admiration que Taehyung découvrait le cœur du palais, profitant de chaque détail de l'architecture. Lui-même avait grandi dans le luxe de la noblesse, mais il n'en était rien comparé aux joyaux de la couronne. Il avait entendu dire que le Roi était un homme qui avait bon goût, et il fallait croire que les rumeurs étaient fondées.

C'est justement dans la grande salle de trône que finit leur marche, et ici, seul avec son père, Taehyung ne savait que faire à part regarder ses pieds. Bientôt, le Roi se fit annoncer, et Taehyung s'inclina devant lui, pour se montrer digne de sa présence, tout comme le fit son père.

– Votre Majesté, comme convenu, je suis venu avec mon fils.

– Alors voici donc ce jeune homme dont on me chante les louanges. Lève toi, mon garçon, que je vois ton visage.

Obéissant à son Roi, Taehyung fit ce qui lui venait d'être demandé, tout en ne faisant pas l'affront de lui tenir tête. Il gardait les yeux rivés sur le sol, les mains jointes dans son dos. C'était étrange par ailleurs, de ne pas sentir le bout de ses cheveux frôler sa peau. Son père avait insisté pour qu'on les lui attache en chignon, coiffé d'un bandeau et d'un bijoux doré qui maintenait ses cheveux en place.

– Tu es d'une grande beauté, telle que je n'ai pas vu depuis bien longtemps, mon garçon. Présente toi.

– Kim Taehyung, Votre Majesté. Unique fils de la famille Kim, descendant du sang de l'ancienne famille royale. C'est un honneur de pouvoir vous rencontrer.

– J'avais entendu dire que l'ancienne dynastie avait fait naître de réels trésors, mais personne ne m'avait jamais rien dit à propos de la beauté des jeunes hommes. Tu es un érudit, selon les dires de ton père.

– Oui, Votre Majesté.

– Laisse-moi donc te poser cette question, jeune homme. Que peux-tu me dire sur la notion du devoir ?

Taehyung échangea un bref regard avec son père, qui le toisait du coin de l'œil comme pour lui dire qu'il était impératif qu'il donne une réponse correcte et digne du Roi. Alors, c'est sans hésitation aucune que Taehyung osa relever la tête, assez pour répondre dignement à la couronne, sans pour autant l'offenser.

– Je...

Il sembla pourtant être pris d'une soudaine hésitation, que son père jugea d'un mauvais œil, avant de bien vite se reprendre.

– Le devoir, Votre Majesté, dépend de la morale qui détermine ce qui est bien ou mal. Le devoir se distingue de la nécessité, qui elle, ne laisse aucune alternative. Le devoir n'est pas un moyen pour atteindre une fin, mais il s'agit d'une fin en soi, qu'il faut viser pour elle-même. Si je peux me permettre un exemple, votre Majesté, le devoir d'un roi serait alors d'agir de manière désintéressée, de ne pas agir en vue d'un autre but que celui de faire le bien pour son peuple. On dit même qu'un peuple ne peut être heureux que si son Roi souffre.

Le silence qui régna dans la salle du trône manqua de gêner Taehyung sur place, sentant le regard dur de son père sur lui. Il doutait de sa réponse, mais contre toute attente, le Roi se mit à applaudir.

– En voilà une tête bien pensante, qui ne manquerait pas de régner sur un Royaume comme le mien. Nous devrions partager un repas à l'avenir, mon jeune ami.

– Ou-oui, Votre Majesté. Ce serait un honneur, s'inclina Taehyung, pouvant de nouveau reprendre son souffle.

– Bien, je dois maintenant m'entretenir avec ton père. Qu'on l'emmène rejoindre la Princesse.

Aussitôt, trois jeunes femmes, certainement la cour privée de la Princesse, vinrent chercher Taehyung et le guidèrent dans la cour intérieure du palais. Ici, il découvrit une magnifique végétation, de belles fleurs brillant sous les rayons du soleil, et il fut bien obligé de s'arrêter lorsqu'un majestueux papillon vint se poser sur l'une d'elle. Accroupi, il s'approcha lentement pour ne pas l'effrayer, et le regarda battre des ailes sans pour autant reprendre son envol. Malgré lui, ses pensées décidèrent de lui jouer de mauvais tours, et le visage de Jungkook lui revint en mémoire, se souvenant alors de cette fois où il avait failli écraser une de ces si jolies créatures.

Ce jour-là, Taehyung avait adoré sa compagnie, et l'avait même trouvé charmant. Peut-être que Jungkook avait été bien ennuyé de l'entendre s'extasier sur ces si petites bêtes, mais il ne l'avait pas arrêté, et l'avait laissé parler jusqu'à la fin. Cela lui semblait si loin maintenant, alors qu'ils ne se connaissaient que depuis quelques mois.

Maintenant que Jungkook occupait de nouveau ses pensées, Taehyung sentit les larmes lui monter. Tous les souvenirs heureux en sa compagnie le ramenaient à la façon dont il l'avait si horriblement traiter à la fin de cette soirée, et cela lui fit faire un geste maladroit qui fit partir le beau papillon.

Le regard triste, il le regarda s'envoler au ciel, quand soudain, des bruits de pas se firent retentirent dans son dos.

– Ne soyez pas triste, il reviendra.

Taehyung se releva aussitôt, et s'inclina devant la personne qui lui faisait face et qui n'était autre que la Princesse.

– Pardonnez-moi, votre Altesse. Je ne vous avais pas vu.

– De quoi devrais-je vous pardonner ?

– J'étais en mau-mauvaise condition...

– Vous ne faisiez pourtant rien de mal, je me trompe ?

– No-non, votre Altesse.

La jeune femme s'approcha de lui, ses suivantes derrière elle.

– Voudriez-vous prendre le thé dans les jardins ?

– Se-selon votre bon plaisir, votre Altesse.

– Nous pourrons attendre la venue de votre ami dans ce cas, lui dit-elle en souriant. Veuillez nous apporter le thé dans le salon extérieur.

Ses servantes s'inclinèrent et partirent répondre à sa requête.

– Je ne connais pas votre nom, me semble t-il.

– Kim Tae-Taehyung, votre Altesse.

– Bien, dit-elle en agrippant son bras, ce qui ne manqua pas de le surprendre. Lorsque nous sommes seul, voudriez-vous bien m'appeler Ha-rin ?

– Tout ce que vous voudrez, Votre... Par-pardon, Princesse Ha-rin.

Ensemble, ils traversèrent le jardin et finirent par prendre place dans un beau manège qui longeait un bel étang décoré de diverses fleurs. On vint leur servir le thé dans une vaisselle qui à elle seule devait valoir la couronne, puis la Princesse congédia ses servantes, expliquant que cela leur permettrait d'avoir un peu plus d'intimité. Impressionnée par sa beauté et une telle aisance, Taehyung n'osa pas reprendre la parole, se contentant de plonger ses lèvres dans cette boisson chaude et délicieuse qu'on venait de leur servir.

– Ce thé vert vous convient-il, Taehyung ?

– Oh... Ou-oui Votre... Excusez-moi, Princesse Ha-rin. Ce thé est sans aucun doute le meilleur que je n'ai jamais goûté.

– Il vient de Chine, à ce qu'on raconte. A vrai dire, je ne suis pas une aussi grande connaisseuse, mais on m'a conseillé de le boire pour ses vertus... Croyez-vous qu'un simple thé puisse changer un homme ?

– J'imagine... J'imagine que...

– Allons, je vous vois. Vous essayez de cacher votre sourire, s'amusa la Princesse pour le taquiner.

S'avouant vaincu, Taehyung se mit à glousser, toisant à sa tasse à moitié pleine.

– Si le thé avait de telles vertus, le peuple tout entier se ferait une joie de s'en procurer.

– Ce n'est qu'une boisson parmi tant d'autres, et croyez-le ou non, mais cette concoction vaut bien plus que trois pièces d'or... Enfin, je ne compte pas m'attarder sur les bienfaits du thé, ce serait une conversation bien ennuyeuse... Dites-moi plutôt ce qui vous amène.

– Je... Je suis venu accompagner mon père, le Seigneur Kim.

– Oh ? Le nouveau conseiller de mon père ?

– Oui, vo... Princesse Ha-rin.

Cette dernière sentit son cœur fondre devant l'adorable moue de son invité, et n'osa pas le reprendre une fois de plus. Il semblait que Taehyung était un être au cœur pur, et c'était déjà appréciable qu'il s'adresse à elle autrement que par son seul titre.

– Vous plaisez-vous à Hanyang, Taehyung ?

– Oh oui ! se réjouit alors ce dernier, les yeux pétillants. J'ai... Je suis né et j'ai grandi dans une contrée voisine, mais j'ai toujours voulu me rendre à la capitale. Il y a tant de choses à voir ici, vous devez être ravie de pouvoir profiter de tant de divertissements. Il me tarde d'ailleurs d'assister au grand spectacle du printemps !

Alors qu'il s'extasiait, Taehyung ne se rendit pas de suite compte que la Princesse avait perdu de son éclat. Elle le regardait comme s'il était le seul chanceux à pouvoir en profiter.

– Vous... Princesse Ha-rin, vous aurais-je contrarié ?

– Non, je vous rassure, dit cette dernière en balayant sa main dans le vent. Je n'ai jamais rien connu d'autre que ce palais, et depuis notre dernière victoire contre le Royaume voisin, mon père, le Roi, préfère que nous restions en sécurité ici.

– Alors... Vous ne sortez jamais ?

– Et bien...

La Princesse jetta un œil aux alentours, et se pencha un peu en avant pour qu'il soit le seul à l'entendre.

– Disons que je trouve le moyen de me divertir.

Ils partagèrent un sourire, et Taehyung ne put s'empêcher de penser qu'elle devait être aussi rusée qu'elle était belle. Le fil de leur discussion suivit son cours, et la Princesse lui confia être la première née d'une grande fratrie, faisant d'elle la prochaine héritière au trône. Elle en parlait pourtant avec un détachement certain, peu convaincue que cela soit aussi digne qu'on pouvait le penser.

– Je sais que l'on attend beaucoup de moi, et parfois, cela peut être véritablement pesant. Si cela ne tenait qu'à moi, j'aurais depuis longtemps choisi de m'évader au dos de mon cheval, pour vivre ma vie telle que je l'entends... Malgré tout, quand cette pensée me vient, je ne peux que me trouver égoïste, alors que beaucoup d'autres gens de mon peuple ne possèdent pas autant de liberté. Du moins, c'est ce qu'ils doivent penser, mais... Je les envie, parfois. En grandissant, j'ai compris qu'avoir un nom et un titre n'était pas toujours un destin facile...

– Je... Je vous comprends.

Le visage de la Princesse s'adoucit lorsqu'elle vit Taehyung baissé les yeux sur ses mains.

– Je... Je n'ai jamais eu beaucoup d'amis, Princesse. Heureusement, j'ai la chance d'avoir grandi avec ma sœur, Saehee Noona, qui a toujours été ma plus grande force. Mais puisque vous vous confiez à moi, alors... Je dois vous dire que... Que...

– Tu as l'air si différent, Taehyung, le coupa la Princesse. C'est bien la première fois que nous nous voyons, et pourtant, ta compagnie est douce, simple... Je regrette que nos chemins ne se soient pas croisés avant ce jour.

Attendri devant sa confession, Taehyung se mit à rougir. Il la remercia faiblement, touché qu'une femme de son rang puisse lui donner tant d'importance. Par ailleurs, il ne se sentit même pas gêné qu'elle puisse le tutoyer si soudainement.

– J'aurais aimé être un homme, tu sais, dit-elle en souriant. Les choses doivent être plus facile, pour vous. Moi, je me dois de me coucher deux heures avant l'arrivée de la lune et une heure avant le lever du soleil pour que l'on m'apprête de beaux tissus, qu'on me coiffe durant des heures selon les coutumes du palais. Depuis toute petite, j'apprends les bonnes manières, la poésie, la chanson, l'histoire... J'adore étudier, mais je dois admettre que la nature a bien plus à nous apprendre que des tonnes de livres.

– Vous... Vous aimez la nature ? demanda Taehyung, les joues encore rougies, et les yeux brillants de mille feux.

– Le jardin où nous nous sommes trouvés est magnifique, n'est-ce pas ?

Taehyung acquiesça en hochant la tête.

– J'aime m'y prélasser lorsque le soleil est au rendez-vous, et je reste là des heures, rien que pour voir les oiseaux et les papillons flâner aux alentours.

– Vous aimez les papillons ?!

Taehyung sembla presque bondir, tel que l'aurait fait un enfant. Cela ne manqua pas de faire sourire la Princesse, qui cacha son rire derrière sa main.

– Je vois que tu es un grand enthousiaste.

– J'adore les... ! Oh, par-pardonnez-moi, Princesse Ha-rin... J'ai toujours aimé ces petites bêtes, mais bien souvent, on a cessé de me répéter que c'était absurde de leur vouer tant d'admiration.

– Ces personnes n'ont rien compris à la beauté de la nature, Taehyung. Ne crois-tu pas ? Après tout, le papillon est aussi un véritable symbole, et j'aime penser que leur présence n'est pas là par hasard.

Taehyung se sentit alors poussé des ailes, se sentant plus compris que jamais. Il devina aisément que la Princesse ne se moquait pas de lui, elle n'était d'ailleurs pas du genre à vouloir le mener en bateau. Elle parlait avec le cœur, et cette connexion qui s'était si vite construite entre eux ne pouvait que le ravir. Il en oubliait presque ses peines, guidé par sa plus grande passion.

– Avez-vous déjà entendu dire que les papillons symbolisent la beauté et la fragilité de l'Amour, Princesse Ha-rin ?

– Je l'ai déjà lu dans un poème...

– Alors nous avons dû lire le même ! s'extasia Taehyung, son visage s'éclaircissant par son beau sourire carré.

– Alors tu es aussi un amoureux de la littérature ?

– Je... Oh, oui... Je comprendrais que vous puissiez trouver cela étrange, mais je... J'aime beaucoup les histoires, surtout celles que ces conteuses amènent en ville...

– As-tu déjà pu y assister ? demanda la Princesse, non sans une once d'excitation dans sa voix.

– J'aurais tant aimé, vous savez... Mais les jeunes Seigneurs n'y sont pas conviés...

– Quel dommage, souffla la Princesse, ses épaules s'abaissant dans son souffle. J'aurais aimé que tu puisses m'en conter une.

– Et bien, je... Si vo-vous le souhaitez, je... Je peux aussi vous en écrire une, rien que po-pour vous...

Alors qu'il s'attendait qu'elle se moque de lui, Taehyung fut surpris de voir que la Princesse affichait une expression bien différente sur son visage. Son sourire illuminait ses traits fins, et on pouvait même voir de légères fossettes se dessiner sur le coin de ses lèvres roses.

– Pourrais-tu faire cela ?

– O-oui, Princesse Ha-rin, je...

– Oh Taehyung, tu ne peux pas me rendre plus ravie ! Je n'ai toujours entendu l'Amour que par la langue des femmes, et j'ai toujours pensé que si les hommes s'en cachaient, c'était parce qu'ils n'y portaient aucune importance. C'est pourtant un sentiment extraordinaire, semble-t-il. Tu m'as l'air d'en savoir bien plus que moi à ce sujet, non ? Dis-moi, t'es t-il déjà arrivé de tomber amoureux ? Ne serait-ce qu'un mythe ?

Tomber amoureux... Tout comme elle, Taehyung en avait entendu parler dès lors qu'il su lire et écrire. Il s'était toujours posé tout un tas de questions sur l'Amour. Tout le monde racontait à qui voulait bien l'entendre que c'était quelque chose de magique, presque d'inconcevable. Taehyung y avait voué toute son existence jusqu'alors... Oui, jusqu'à ce que cette chose ne lui tombe dessus, comme la première pluie de la moisson. Avec une force inouïe et d'une férocité tenace. Car lorsqu'il vous tient, l'Amour ne vous quitte plus. Il vous colle à la peau, imprègne vos tissus, et vous fait perdre toute notion du temps et de l'espace. Aujourd'hui, Taehyung en savait un peu plus sur l'Amour, et s'il avait d'abord pensé qu'il n'y avait pas plus majestueux au monde, il savait maintenant que l'Amour était bien souvent dépeint que sous son meilleur jour.

Personne ne racontait jamais que l'Amour était aussi beau que cruel. Dans toutes ces histoires qu'il avait entendues, les amants se retrouvaient toujours, quelque soient les circonstances, contre vents et marrés. Mais qu'en était-il alors de la vie de tous ces bonnes gens, qui se levaient chaque matin dans la plus grande des ignorance ?

Personne ne disait jamais que l'Amour n'attendait personne pour frapper, il venait, c'est tout. Il ne demande pas la permission de l'un ou de l'autre pour s'imprégner de chaque battement de votre cœur, jusqu'à vous en faire perdre la raison.

Alors oui, Taehyung était tombé amoureux. Et comme on le disait, tomber ne pouvait pas être plus juste. Parce que l'Amour, ça faisait toujours mal.

– Taehyung ? Tout va bien, mon cher ami ? Voudrais-tu quelque chose pour te rafraîchir ? Tu sembles bien pâle tout à coup...

– Oh non, je... Je réfléchissais, et je...

– Serait-ce là une réaction causée par l'Amour ?

– Princesse Ha-rin, je...

– Peut-être que ma question était un peu trop directe, je te demande pardon.

– Non ! Non non, ce n'est pas vous...

– Pour être franche avec toi, si j'ai osé te poser cette question, c'est parce que je crois l'avoir trouvé. L'Amour.

Les yeux au bord des larmes, Taehyung prit une profonde inspiration et releva les yeux sur sa nouvelle amie, qui elle avait son regard plongé au loin, sur l'étang, où deux poissons semblaient se faire la cour.

– Tu dois savoir que pour une Princesse, la notion de l'Amour m'est bien étrangère. On a offert la main de ma mère au Roi, mon père, à l'âge de quinze ans. Personne, à cet âge, ne peut admettre haut et fort qu'il sait ce qui se cache derrière ce mot. C'est un devoir qui attend toutes les femmes, et auquel, nous, membres de la famille royale, ne pouvons déroger. Moi-même, je serai bientôt promise à un inconnu, certainement à un homme bien plus âgé que mon père aura choisi pour moi. Je devrais être heureuse, dit-on, mais... Au fond, j'ai toujours espéré vivre épanouie. Quand je serais reine, j'aimerais pouvoir régner tout en m'appuyant sur la force et l'amour que m'apportera ma famille et celui qui se trouvera à mes côtés. Ces derniers temps, je commençais même à me faire à cette idée étrange, mais... J'ai récemment rencontré une personne qui a su m'emporter par un simple regard. C'était si... Si fort, que j'ai cru que quelque chose allait mourir dans ma poitrine. Quand je l'ai revu, j'ai compris que ce n'était pas la mort qui m'attendait, mais plutôt une joie inconnue qui a ravivé une passion à laquelle j'avais cru devoir renoncer.

En écoutant les dires de la Princesse, Taehyung ne pouvait pas se sentir plus concerné. Il la comprenait si bien, et pourtant, il se sentait triste.

Triste, parce qu'il savait que ce qu'il vivait avec Jungkook n'était pas commun à la société dans laquelle il vivait. Leur lien était particulier, il lui faisait même peur parfois, car il ne connaissait aucune autre personne qui était tombée aussi bas, ou plutôt, aussi fort, pour un autre homme. Pourtant, Dieu seul savait à quel point son cœur se consumait pour lui, à quel point il mourrait d'envie de le revoir chaque jour. Et bon sang, ce qu'ils avaient fait... Il ne lui avait pas donné que son coeur, mais aussi son corps. C'était bien une chose de vivre un amour, qu'il soit partagé ou non, maquillé ou non, mais de là à partager jusqu'à la moindre parcelle de sa peau en était une autre.

– Je sais qu'une Princesse ne devrait pas parler ainsi, partagea Ha-rin en souriant tristement. Néanmoins, je sais reconnaître mon coeur quand il bat plus fort. Cette personne m'est chère, elle ne doit d'ailleurs même pas s'en douter, et je ne pourrais certainement jamais lui partager ces sentiments.

– Pour-pourquoi ? demanda faiblement Taehyung, peiné par son expression.

– Nous ne sommes pas du même milieu, du même rang. Je suis vouée à devenir la tête et l'image de notre Royaume, et lui...

Alors que Ha-rin allait se confier, une de ses servantes vint leur annoncer que Taehyung était attendu par son père. Aussitôt, la Princesse se redressa et retrouva un masque auquel elle était bien habituée, et sourit à Taehyung comme si ce dernier n'avait pu deviner la peine qui se cachait derrière ce faux sourire parfait.

– Très bien, laissez nous finir notre thé, et je le raccompagnerai moi-même.

– Bien, Votre Altesse.

La servante s'éloigna, et la Princesse fit comme de rien n'était, buvant le reste de son thé en silence. Taehyung, lui, la regarda avec compassion, et quand ils se levèrent, il osa à peine frôler la manche de son hanbok pour la retenir.

– Moi aussi, je sais ce que c'est que d'aimer, Princesse Ha-rin. Je... Bien que ça puisse faire mal, je crois que nous ne pouvons le combattre. Peut-être penserez vous que je suis trop optimiste, voire même rêveur, mais... L'Amour, contrairement à la musique, n'a pas de mesure. J'ai entendu dire qu'on ne voit bien qu'avec le cœur. Dans ce cas, laissons-nous le temps de profiter de ce que le vent nous apporte, et si d'aventure, nous risquons de souffrir... Alors considérons que cela en aura bien valu la peine. Puisque nous, nous aurons aimer.

Attendrie par ces belles paroles, la Princesse surprit Taehyung en joignant leurs mains, et elle plongea son doux regard dans le sien.

– Tu es bien plus pur que tu ne crois l'être, Taehyung. Tu es sage. Je n'oublierai pas tes conseils, et j'espère que tu en feras autant.

– Vous êtes bien plus belle encore, lorsque vous souriez, Princesse Ha-rin.

– Et toi, tu aurais fait un mari incroyable, mon ami.

Ne pouvant faire attendre leurs pères plus longtemps, la Princesse s'agrippa au bras de Taehyung, et ensemble, ils rejoignirent la salle du trône. En les voyant arriver ainsi, le Roi lui-même les gratifia d'un sourire, et le père de Taehyung semblait même en être ravi. Nul ne savait de quoi ils avaient bien pu parler, et pourtant, tout était là, sous leurs yeux.

Avant de partir, Ha-rin fit promettre à Taehyung de lui rendre visite à nouveau, ce qu'il ne manqua pas de faire, lui proposant de se retrouver dans les jardins du palais si l'envie lui prenait de quitter sa prison dorée. Puis, après s'être incliné devant le Roi, il suivit son père sur le chemin du retour.

Marchant deux pas derrière ce dernier, Taehyung était silencieux et se retrouvait le cœur bien plus léger. Il savait qu'à son retour, Seokjin l'attendrait certainement pour un nouveau cours particulier, et il avait déjà hâte de se replonger dans une nouvelle lecture.

– As-tu fais bonne impression à la Princesse, Taehyung ?

La voix sévère de son père le fit redescendre de son nuage, et Taehyung pressa le pas pour se mettre à sa hauteur.

– Je... Je crois bien, Abeoji. Nous avons longuement discuté.

– Qu'as-tu pensé d'elle ?

– C'est... C'est une jeune femme extrêment douce, intelligente et je ne pourrais contester sa beauté.

– Bien.

– Pour... Pourquoi me demandez-vous cela, Abeoji ?

Son père ne lui donna aucune réponse, et lorsqu'ils dépassèrent les portes de leur domaine, il le quitta sans un mot de plus, filant vers ses quartiers. Taehyung, qui n'en attendait pas moins de lui, ne fit pas plus attention à son étrange comportement et rejoingnit Yoongi, lui offrant son premier sourire depuis ces dix derniers jours.


*


Plus tard, dans l'après-midi, Taehyung demanda à Yoongi de l'accompagner en ville pour se promener. Son serviteur ne put être plus ravi, heureux de constater que son jeune maître avait retrouvé ses esprits.

En chemin, Taehyung s'extasia devant chaque buisson, chaque fleur, chaque bestioles qu'il croisait, saluant aussi chaque marchand avec un beau sourire. De lui même, il tira Yoongi jusqu'à son marchand de gourmandises favori, appréciant l'accueil de la propriétaire qui ne manque pas de lui offrir son petit sachet bonus. Heureux comme un enfant qui venait de naître, Taehyung flânait avec son serviteur dans les rues marchandes, dégustant bien volonté de ces délicieux gâteaux au miel.

– Cela faisait bien longtemps que je ne vous avais pas vu aussi joyeux, Monseigneur, lui confia son serviteur, marchant à ses côtés malgré les regards inquisiteurs des passants.

– J'ai fait une agréable rencontre, aujourd'hui ! Mais toi, dis-moi, comment as-tu occupé ta matinée sans moi ?

– Je n'ai fais rien de plus que mon travail, Monseigneur. Vous avez d'ailleurs reçu de nouveaux tissus, que votre père à fait venir de Chine.

– Il me gâte ces derniers temps, c'est... Nouveau.

– Peut-être a-t-il remarqué votre dur labeur. Vous avez fourni beaucoup d'efforts, ces derniers jours.

– Je ne crois pas que mon père soit ce genre d'homme, Yoongi. Quoi qu'il en soit, il m'a permis de faire la rencontre d'une personne délicieuse. Une nouvelle amie, que j'ai déjà hâte de retrouver.

– Voudriez-vous en parler, Monseigneur ?

– Et bien... Attention, Yoongi !

Dans un geste brusque, Taehyung arrêta Yoongi d'un bras contre son torse afin qu'un chat et ses deux petits puissent traverser la rue. Ce n'était là qu'un spectacle de la grande bonté de cœur de Kim Taehyung en personne, et autour de lui, un groupe de jeunes femmes se moquèrent de sa réaction. Yoongi leur jeta un regard noir, tandis que Taehyung venait tout juste de s'approcher des bêtes pour les caresser.

– Si je le pouvais, je vous offrirais une bien meilleure vie, leur dit-il comme si les bêtes allaient lui répondre. Filez, et restez bien auprès de votre mère !

Attendri devant le geste de son jeune maître, Yoongi s'approcha pour l'aider à se relever et ils reprirent leur chemin.

– Vous disiez, Monseigneur ?

– Quoi dont ? Oh ! Oui... Figure toi que j'ai rencontré la Princesse, ce matin.

Aussitôt, le cœur de Yoongi fit un bond gigantesque dans sa poitrine. Il manqua tout juste de foncer tout droit dans une petite échoppe, avant que Taehyung ne le rattrape de justesse.

– Il faut croire que tu deviens aussi maladroit que moi, Yoongi.

– Excusez-moi, Monseigneur...

– La Princesse aurait certainement rigolé, mais je te rassure, elle ne se serait pas moqué de toi. Je suis certain que tu l'apprécierais beaucoup. J'ai eu la folle impression de m'adresser à mon égale, c'est étrange... Peut-être étions-nous lié dans une autre vie.

– Co-comment vous...

– Elle a un si beau prénom, digne d'une Princesse. Ha-rin, n'est-ce pas joli, Yoongi ?

– Ha-rin... répéta Yoongi, comme perdu dans ses pensées.

– Dis-moi, te sens tu de continuer cette promenade ? Tu as l'air totalement...

Soudain, ce fut au tour de Taehyung de perdre toute contenance, quand il vit au loin, un groupe de jeunes filles agglutinés devant Jimin et bien évidemment...

– Jungkook...?

– Monseigneur ?

– No-nous devrions rentrer, Yoongi.

– Attendez, Monseigneur ! Ne vouliez-vous pas vous rendre chez le marchand de livres ?

– Non ! Je n'en ai plus envie ! Je... Je veux rentrer, de suite ! Mon Dieu ce qu'il fait chaud, tout à coup, tu ne trouves pas ?

– Mon... Monseigneur Taehyung, attendez !

Plus loin, Jungkook, qui venait de reconnaître la fine silhouette de Taehyung et la voix de son serviteur, faussa compagnie à ces dames et traversa la foule pour le rejoindre. Il pensait ne pas avoir le temps de le rattraper, et profita que l'attention de Taehyung se tourne sur un marchand de breloque pour l'accoster.

– Hyung !

Se figeant sur place, Taehyung fronça les sourcils et ferma les yeux, priant pour qu'il déguerpisse. C'était idiot de penser qu'il pourrait ne pas le reconnaître, après tout, il était bien le seul à connaître ses formes plus que quiconque.

– Hyung ? Tu ne me reconnais déjà plus ?

Parlant avec malice, Jungkook espérait que son amant lui offre un sourire gêné, au lieu de quoi, il n'eut droit qu'à un regard sévère et froid.

– Ah. Bonjour, Seigneur Jeon.

– Seigneur Jeon... ? Allons, Hyung...

– J'allais justement rejoindre ma maison, vous devriez en faire de même.

– Qu'est-ce que tu...

– Ah, qui avons-nous là ! Notre beau et jeune seigneur Kim et son éternel et fidèle serviteur. On commençait à croire que vous aviez plié bagage !

– Seigneur Park...

Yoongi ne sembla pas le plus heureux des hommes face à la perfide présence de Jimin qui ne manquait jamais à l'appel pour se faire remarquer. Sa présence sembla pourtant ravir le marchand qui tenta le tout pour le tout pour attirer son attention, ce qui fut vain, car ce dernier était bien plus enjoué à l'idée de voler quelques mots à son jeune maître.

– Cette longue absence aurait-elle eu raison de ta langue, mon ami ?

– C'est la vôtre qui est toujours bien trop pendue, murmura Yoongi en baissa les yeux.

– Pardon ? Excuse-moi, je n'entends presque jamais rien lorsque ton serviteur ouvre la bouche, c'est fou. Il pourrait se fondre dans la foule, on ne le remarquerait même pas !

– Jimin, ça suffit, lui glissa Jungkook, tiquant sa langue contre son palais.

– Oh je t'en prie, ce n'était qu'une boutade après tout. Si on peut plus rire, c'est que le monde devient bien triste !

– Je... Je dois partir, souffla alors Taehyung en souhaitant se faufiler pour se faire plus petit.

– Tu pars déjà ? Quel dommage... Mais si c'est le devoir qui t'appelle, je ne te retiendrais pas plus longtemps !

Sans un mot à ses camarades, Taehyung abandonna la breloque qu'il avait dans les mains et tenta de s'enfuir, mais alors, Jungkook le rattrapa une nouvelle fois et les fit presque valser. Tous deux attérirent entre deux maisons, à l'abri des regards curieux. Jungkook tenait sa manche d'une poigne ferme, mais Taehyung faisait de son mieux pour lui échapper. Il se débattait sans grande conviction, comme si son coeur lui disait le contraire, pourtant, il ne pouvait se résoudre à le regarder.

– Hyung, cesse de te débattre ainsi. Ce n'est que moi.

– Ju-justement ! Je n'ai rien à te dire, lâche-moi !

– Tu n'as rien à me dire ? Cela fait des jours que tu m'ignores.

Pris d'une rage que lui-même ne put saisir, Taehyung se retira de sa poigne et le fit reculer d'un pas. Il le toisa avec une colère si profonde que Jungkook ouvrit grand les yeux, à la fois étonné et surpris.

– Je ne su-suis pas celui qui est en faute ! hurla presque Taehyung, sans se soucier du fait qu'on pouvait les remarquer. Tu ne m'as pas écrit depuis des jours, pas depuis... Depuis que...

– Si tu parles de cette soirée à Gatak, nous avions tous bu, il était tard et...

– Nous n'étions pas saouls, Jungkook !

– Tu ne devrais pas parler si fort, Hyung.

– Pe-peu importe ! Tu racontes des mensonges !

– Depuis quand est-ce que tu caches un si fort caractère, dis moi, hm ?

– Tu oses te mo-moquer de moi ?

Les yeux remplis de larmes, Taehyung le toisa maintenant avec peine, se sentant bien trop petit pour le confronter sans risquer de fondre comme une fille désespérée.

– Je ne me moque pas de toi, je veux seulement te parler. Je vais finir par croire que tu essayes de me fuir, Hyung.

– C'est peut-être le-le cas !

– Ne pleure pas, tu vas abîmer ton joli visage.

La mâchoire serrée, Taehyung se mordit la joue pour ne pas pleurer, et voulut une nouvelle fois tenter de partir, mais une fois encore, Jungkook le retient, attrapant sa main qu'il relâcha aussitôt comme si cela l'avait brûlé. Les yeux de Taehyung voguèrent de ses mains aux siennes, déçu par ce comportement qu'il n'arrivait pas à comprendre.

– Tu... Tu es si... Si différent, tout à coup, dit-il en pleurnichant. Tout allait bien, et t-tu... Tu m'as repoussé, et tu oses m-me dire que tout est de ma fa-faute ?

Jungkook eut un mouvement de recul, le choc semblant lui avoir cousu les lèvres. Devant lui, les larmes dévalaient sur les joues de son amant tel un torrent, et il se retrouvait soudainement bouché-bée, comme s'il lui était impossible de réagir.

Plus les minutes passaient, plus Taehyung prenait cela comme un réel affront. Il ne se jouait pas de Jungkook et ne pensait pas l'atteindre simplement avec ses larmes, mais il avait bêtement pensé que cela le ferait réagir, en vain. Lui n'avait jamais été quelqu'un d'autre que lui-même à ses côtés, et voilà que même à l'abri des regards, Jungkook agissait comme s'il n'était qu'un simple inconnu.

– Je... Je cro-croyais que tu...

– Qu'est-ce que tu croyais, Hyung ?

La voix de Jungkook lui parut étrangère, sonna comme celle que pouvait user son père lorsqu'il lui parlait avec dédain. Cela ne put qu'aggraver le flot des larmes du pauvre Taehyung qui sentait son cœur dépérir, et tout ce qu'il voulait maintenant, était que Yoongi sorte de nul part pour le sauver.

– On... On a... Toi et moi, on... Je pensais que c'était...

– Quoi que tu aies pu penser, Taehyung, ne crois pas que tout peut être différent entre nous. Ce que je peux t'offrir dans notre intimité ne peut être partager à la vue de tous, encore moins à Gatak, ou bien même ici.

– Tu... T'es tu joué d-de moi ?

La voix tremblante, Taehyung avait honte de lui maintenant, et s'il le pouvait, il aurait tout fait pour disparaître. Même dans cet état de détresse, Jungkook ne cilla pas, et resta bien droit, les mains dans les dos et semblant bien plus austère aujourd'hui habillé de cette coiffe solennel et de ce durumagi digne des familles nobles.

– Je... Je cro-croyais que tu...

– Tu croyais que quoi, Taehyung ?

– Que tu av-avais des sentiments...

Le regard que lui lança Taehyung le fit tomber de haut, mais Jungkook ne put se résoudre à lui prouver que tout cela n'était qu'une mise en scène, une piètre scène de théâtre qu'il se devait de tenir auprès de Jimin pour le protéger. Néanmoins, Taehyung ne pouvait pas le deviner, et Jungkook finit même de l'achever lorsqu'il le regarda de haut, avec ces yeux de de vautours perçant.

– Des sentiments ? Il n'a jamais été question de sentiment, Hyung.

S'en était trop pour Taehyung qui ne laissa traîner derrière lui qu'un gémissement de profonde douleur, avant de déguerpir à toute vitesse, suivi de près de son serviteur qui le rattrapa de justesse.

Seul dans cette ruelle, Jungkook serra les poings et se maudit de tous les noms pour avoir agi ainsi. Il se sentait terriblement odieux, et bien qu'il hésita à écouter son cœur qui lui hurlait de retrouver Taehyung pour s'excuser de ce terrible affront, il n'en fit rien.

Du moins, il ne put le faire, car Jimin marcha jusqu'à lui, les mains rangées dans les poches de son durumagi, regardant ce pauvre et pitoyable spectacle qui dévalait les rues à toute vitesse au loin.

– Oh... Je crois que tu y es allé un peu fort, Jungkook.

– Tu ferais mieux de te taire.

– Allons, allons... Tu trouveras bien un moyen de te rattraper, tu as tous les atouts pour ça.

Jungkook ne lui répondit pas, et se contenta de le suivre pour retrouver la route du marché.

– Je pensais qu'il était temps d'y mettre un terme, mais à bien y réfléchir... Je ne me lasse pas de voir sa tête de pauvre chien battu. Regarde-moi ce regard terrifiant, brr ! Oh Jungkook, c'est que tu deviens meilleur de jour en jour !

Il éclata de rire, mais Jungkook ne partagea pas son avis. Passant le bout de sa langue contre sa joue, il serra la mâchoire et accéléra le pas pour ne plus l'entendre jacasser comme une pie.

– Jungkook ! Attends-moi !

Il avait fait une erreur, et il savait déjà au fond de lui, qu'il lui faudrait sortir bien plus que le grand jeu pour se faire pardonner.

Mais qu'en était-il du pardon, lorsque le cœur et ses raisons étaient bafoués ?


*


On avait souvent répété à Jimin que la nuit portait conseil.

Au petit matin suivant, il se réveilla avec une idée de génie. Il s'était hâté de quitter la demeure familiale pour se rendre chez les Kim, en espérant que Taehyung ne s'était pas encore décidé à quitter son lit.

C'est une servante bien fatiguée qui vint l'accueillir et Jimin la regarda à peine, lui fourrant entre les mains l'énorme panier qu'il avait fait préparer pour la maîtresse de maison. La pauvre jeune femme n'eut même pas le temps de réagir que Jimin se dirigeait déjà en direction du pavillon de son jeune maître. Ne préférant pas prendre le risque que ses mains tremblantes ne brise ce que pouvait bien cacher ce panier, elle traversa la grande cour intérieure pour rejoindre la cuisine.

– Ma pauvre enfant, lui dit alors une vieille femme occupée à préparer le petit déjeuner des dames, donne moi ce panier, tu trembles comme une feuille !

– D'où ceci provient-il ? demanda une autre.

– Un jeune seigneur s'est présenté à nos portes, il m'a à peine salué et s'est hâté de rejoindre les quartiers du jeune maître...

– Aussi tôt le matin ?

– Il semble oui, reprit la jeune femme avant de laver ses mains salies par la lessive et la boue. Je ne savais pas que nous aurions une bouche de plus à nourrir.

– Le jeune maître nous aurait prévenu pourtant, ce n'est pas dans ses habitudes de nous surprendre !

– Vous voilà toutes bien agitées ce matin, mesdames.

Les mains chargées de caisses de bois, Yoongi entra dans la cuisine, surprenant les femmes dans leur conversation. Aussitôt, ces dernières se mirent à chuchoter, et ce dernier leva les yeux au ciel, préférant s'atteler à la préparation du plateau réservé à Taehyung. Bien qu'il avait retrouvé l'appétit, il s'avérait que le jeune seigneur avait un estomac fragile et qu'il était important de prendre soin de chacun de ses repas.

– Le thé du jeune maître est-il prêt ?

– Voici, Monsieur Min.

– Je croyais presque que vous aviez perdu votre langue, dit-il en attrapant la plateau. Puis-je savoir ce qui attise votre curiosité ?

– La jeune Sa-ri a ouvert les portes à un invité que nous n'attendions pas de si tôt, répondit la vieille femme. Prenez donc ceci, dit-elle en ajoutant deux assiettes remplies de riz et de viande séchée. Il semble que notre jeune seigneur ne déjeunera pas seul.

– Un invité ? Qui donc ?

– Je ne saurais vous dire, Monsieur Min... osa à peine répondre la jeune femme. Je n'ai jamais vu son visage, mais il portait un habit fait de tissu noble et un gat cachait ses yeux.

Pensant alors qu'il s'agissait de Jungkook, Yoongi acquiesça sans rien ajouter et s'en alla en direction du pavillon de son jeune ami. En chemin, il se demanda pourquoi ce dernier ne l'avait pas prévenu de sa visite. Cela paraissait étrange qu'il se présente aux portes de la maison alors que ses visites avaient toujours été discrètes jusqu'alors. Peut-être venait-il pour présenter ses excuses à Taehyung suite à la dernière rencontre au marché, et Yoongi espérait que cela puisse apaiser le cœur de son jeune maître.

Arrivant devant la porte de sa chambre, il tendit d'abord l'oreille avant de s'annoncer. La voix de Taehyung lui ordonna d'entrer, et ce fut lui-même qui vint lui ouvrir.

– Vous n'êtes pas encore habillé Monseigneur ? demanda-t-il en déposant le plateau au centre de la chambre.

– Oh, et bien, Unji et Ju-ah n'ont pas eu le temps de terminer qu'on est venu frapper à la porte. J'ai d'abord pensé que c'était toi qui m'apportait mon déjeuner, alors je les ai envoyés se reposer un peu... Elles ont travaillé toute la nuit, elles avaient l'air si épuisées...

– Vous êtes bien trop bon, Monseigneur.

– Ma mère va certainement les demander bientôt, je voulais qu'elles puissent reprendre des forces. Il commence à faire chaud, et j'ai peur qu'elles tombent malades...

– Ne vous inquiétez pas, nous avons tout ce dont nous avons besoin... On m'a dit en cuisine que vous aviez de la visite ce matin, alors nous avons fait ajouter deux assiettes. Avez-vous besoin de moi pour servir votre thé ?

– Oh je...

– C'est que tu es bien aimable, comme serviteur.

Le son de cette voix retourna presque l'estomac de Yoongi qui leva alors les yeux, découvrant Jimin assis à la table extérieure, un petit sourire au coin des lèvres. Le serviteur le foudroya du regard, le trouvant bien peu gêné de prendre autant ses aises, mais il ne pouvait rien dire au seigneur qu'il était. Ceci, il ne se fit pas prier pour l'insulter mentalement de tous les noms d'oiseaux qu'il pouvait connaître.

– Alors, va t-il venir, ce thé ?

Remarquant son malaise, Taehyung fut le premier à se pencher pour attraper le plateau, ce qui fit grogner Yoongi dans sa barbe. Il voulut le rattraper pour l'en empêcher, mais son jeune maître l'arrêta juste avant qu'il ne pose les pieds sur la petite terrasse.

– Je vais m'en occuper, tu peux aller prendre ton déjeuner, Yoongi.

– Mais, Monseigneur...

– Je peux le faire, va donc manger un peu. Une grande journée nous attend.

Les yeux doux de Taehyung fut assez pour le convaincre, et c'est sans un regard ni même une révérence que Yoongi fit demi tour, préférant attendre devant la porte de sa chambre.

– En voilà un à qui il faudrait apprendre les bonnes manières, grommela Jimin en agitant son éventail.

– Yoongi a l'habitude de prendre soin de moi... J'imagine que j'ai dû le surprendre.

– Oh mon jeune ami, je ne crois pas que ce soit ça qui lui pose problème.

Avec délicatesse, et relevant ses manches, Taehyung servit du thé dans chaque tasses, en faisant glisser une à Jimin qui s'empressa de s'abreuver. Il fit la grimace devant cette odeur étrange, sans parler du goût ignoble de cette boisson.

– Qu'est-ce donc que ce thé ?

– Une... Une concoction spéciale pour me-mes déjeuners... Cela me permet de ne pas avoir de maux de ventre.

– On dirait que l'on cherche à t'empoisonner oui, je ferais renvoyer quiconque oserait me servir ceci dès mon réveil.

– No-non... Mes serviteurs sont de bonnes gens, ils n'oseraient pas...

Le visage ne pouvait exprimer que son dégoût, Jimin écarta la tasse au milieu de la table et attendit que Taehyung prenne place après avoir partagé leurs collations dans leurs assiettes respectives. Gêné, ce dernier prit sa première bouchée sans oser le regarder. Jimin n'avait encore rien fait et pourtant, voilà que Taehyung avait un visage bien triste.

Il ne pouvait afficher son mépris, mais il fallait dire qu'il le trouvait encore bien plus ennuyeux que d'habitude. A vrai dire, c'était une chose que Jimin ne pouvait comprendre. S'il ne prêtait jamais attention à ce que ressentaient les autres autour de lui, c'était parce qu'il ne supportait pas de voir les gens malheureux. Non pas que cela l'attriste, non, mais c'était une vraie plaie de commencer une aussi belle journée en croisant des regards vides et des visages sans sourires.

Pour autant, il n'en oubliait pas la raison de sa visite, et il n'avait que peu de temps devant lui pour mener son plan à bien.

– Tu me verras désolé de cette visite imprévue, mon ami. A vrai dire, j'ai passé toute la nuit à me remuer dans mes draps, ne pouvant penser qu'à cet air si triste qui habillait ton visage lorsque tu nous as quitté, hier, au marché... Jungkook, cet abruti. Oh, je me doute que tu dois te demander pourquoi cela, et permets moi tout d'abord de m'excuser pour mon comportement à Gatak. J'avais beaucoup bu, et cet opium venu de Chine n'a pas manqué de me faire tourner la tête... Soit, pour en revenir...

– Ce... Ce n'est pas gr-grave.

– Pardon ?

– Pour... Pour Gatak. Ce n'est pas... Ce n'est pas de ta faute, si je su-suis parti.

– Oh, je m'en doute bien mon cher Taehyung... Ah, sacré Jungkook... Celui-là est un vrai numéro, pas vrai ? Je lui avais pourtant dit de ne pas être aussi dur, mais que veux-tu...

Toujours la tête baissée, Taehyung ne répondit pas, et essaya par-dessus tout de cacher les larmes qui lui montaient d'ores et déjà aux yeux.

– Je ne sais pas ce qu'il a pu te dire hier, mais crois-moi, je n'ai pas manqué de me faire entendre. Ce qu'il peut être abrupt parfois, c'est encore pire lorsqu'il est de mauvais poil. Je ne suis pas intervenu car j'ai d'abord pensé qu'il te demandait pardon pour son comportement, mais il m'est revenu avec les sourcils si froncés que j'ai cru qu'ils allaient lui écraser les yeux !

– Ah... Ah oui...

– Je pensais pourtant qu'il t'avait sorti le grand jeu, avec tout son art... Et voilà pourtant que tu sembles le repousser. Dis-moi, dit Jimin en s'accoudant à la table, il ne t'as pas fait de mal tout de même ?

Il fallait dire que Jungkook lui avait fait beaucoup de choses, mais jamais il ne lui avait fait de mal, bien au contraire. En y repensant, Taehyung vira au rouge et cette chaleur l'innonda au point où il lui aurait fallu une cruche d'eau glacée pour l'en libérer.

– No-non, il ne... Il ne m'a pas...

– Nous sommes amis Taehyung, n'est-ce pas ? Il est vrai que tu es quelqu'un de très sensible, je le sais, moi, accentua Jimin en portant sa main à sa poitrine. Alors je me demande bien ce que Jungkook a pu te faire pour te mettre dans tous ces états.

– Et bien, il... No-nous...

– Tiens, bois donc un peu de ta concoction étrange, cela ne pourra que te revigorer.

Tandis que Taehyung l'écoutant sans broncher, Jimin remarqua l'expression sur son visage, et aussitôt, il comprit que Jungkook détenait Taehyung entre ses mains. Évidemment, ce dernier ne savait pas que Jimin était au courant de tout, absolument tout. En fait, Jimin voulait l'entendre le lui dire, il voulait l'entendre admettre qu'il avait perdu, et qu'encore une fois, il avait gagné.

– Te sens-tu un peu mieux, mon ami ?

– Ou-oui, merci...

– Tu as le droit de me dire tout ce que tu veux, Taehyung. Je suis bien venu te confier mes remords et mes regrets, non ? Alors je t'en prie, partage moi donc ce qui te tracasse.

Taehyung déposa sa tasse avec hésitation, puis il se mit à trifouiller ses mains sans savoir quoi en faire. Il avait terriblement besoin de parler, de se confier à quelqu'un, et qui d'autre que Jimin pouvait l'entendre sans le juger, et le comprendre sans chercher à lui embrouiller l'esprit ? Il est vrai que ces derniers temps, il l'avait quelque peu mis de côté, mais après tout, c'est Jimin qui lui avait donné tant de conseils pour séduire Jungkook, et puis c'est le seul qui l'a poussé à tomber dans ses bras, sans quoi il n'aurait peut-être jamais trouver l'audace et le courage de faire tout ce qu'il avait fait.

Néanmoins, une petite voix au fond de lui ne cessait de lui répéter que Jimin n'était peut-être pas la bonne personne à qui en parler, qu'il devait mieux garder ses secrets pour lui au risque qu'on les lui vole pour les utiliser à mauvais escient. Bon sang, si son père apprenait qu'il fréquentait Jungkook et qu'il avait aussi perdu son innocence avec lui, que lui arriverait-il ? Il serait certainement banni à jamais, voué à survivre avec les médians en dehors des murs de la capitale jusqu'à la fin de ses jours.

Et si Jungkook apprenait qu'il en avait parlé, lui en voudrait-il ?

Mais au fond, devait-il vraiment s'en soucier ? Il lui avait bien dit qu'il n'avait jamais été question de sentiments, alors qu'ils avaient été si loin ensemble...

– Tu vas bien finir par te faire mal à jouer autant avec les mains, tu sais ?

Les lèvres tremblantes et au bord des larmes, Taehyung osa enfin plonger dans le regard de Jimin qui semblait attendre qu'il parle. Bien que sa raison le poussait à se terrer dans le silence, il n'écouta que son cœur qui explosa alors dans un torrent de larmes brûlantes.

– Hyung, je... J'ai... Jungkook et moi, nous... Nous av-avons été très lo-loin et j-je... Je ne com-comprends pa-pas pourquoi il est... Il est si mé-méchant avec mo-moi...

Le visage de Jimin se décomposa de dégoût devant cette prestation dramatique, sans parler du fait que Taehyung était presque incompréhensible tant ses mots étaient noyés dans son chagrin.

– Qu'entends-tu par "très loin" ?

– No-nous... Nous av-avons par-partagé... Nous...

– Je crois que j'ai deviné, mais je n'oserais pas t'ôter les mots de la bouche. Dis-le moi franchement, Taehyung.

– No-nous l'avons fa-fait... !

– Vous avez fait quoi, Taehyung ?

– L'a-l'amour !

Sans surprise, Taehyung finit par éclater dans des sanglots interminables, et Jimin dut se retenir de sourire tant cela était jouissif. Taehyung avait parlé d'amour, mais il n'avait jamais été question de cela. C'est à cet instant que Jimin remercia le ciel de lui avoir si gentiment offert l'illumination de sa vie, quant à l'idée qui se tramait derrière sa tête depuis son réveil. Et si cela était déjà un pur plaisir de voir Taehyung si démunis, alors il ne pouvait que se languir de ce qui l'attendait.

– Ah... Mon cher et doux ami, dit-il en soufflant comme s'il était peiné. Une fois que l'on goûte à ce genre de plaisir, tout devient si différent. Je savais qu'avec une telle beauté tu ne tarderais pas à séduire le cœur de Jungkook, mais voilà... C'est un grand garçon qui ne sait pas réfléchir, que veux-tu. Écoute, dit-il en tendant la main pour la poser sur son bras, comme s'il se voulait bienveillant. J'entends ta peine, et je pense pouvoir agir en bon ami. Jungkook a un très gros caractère et un égo immense, ceci dit, je suis certain que si tu lui fais la surprise d'une visite, il sera capable de revenir sur ces derniers agissements, et qui ne saurait pas demander pardon à un visage si...

Pitoyable, pensa t-il.

– Touchant, dit-il.

– Il.. Il a jo-jouer av-avec moi et main-maintenant, il ne m'écris pl-plus et... Et j-je suis cer-certain qu'il ne vou-voudra plus ja-jamais me voir...

– Non, mais non mon ami... Tu sais, on dit que les hommes ne réfléchissent qu'avec ce qui se trouvent entre leurs jambes, et bien que je ne saurais le contredire, je connais Jungkook depuis toujours et je suis certain qu'il ne peut pas se passer de toi. Voyons, il doit même se morfondre en ce moment même ! Oh, tu aurais dû voir son visage lorsque tu es parti hier, il était accablé !

– Ah... Ah ou-oui ?

Taehyung ne cessait de renifler, les larmes avaient dévalé tout le long de son visage et Jimin était certain qu'il aurait pu en remplir une jarre.

– Oui, j'en suis sûr. Voyons, il a dû se sentir si coupable de t'avoir volé cette chose si importante et je ne parle pas seulement de ton innocence. Au fond, je pense même qu'il se languit de toi, et qu'il réfléchit déjà à une façon de te reconquérir !

A vrai dire, la veille, avant qu'ils ne se quittent, Jungkook lui avait clairement fait comprendre qu'il devait prendre ses distances. Il semblait vraiment peiné d'avoir agi si cruellement envers Taehyung, et bien que Jimin ne s'était pas gêné pour lui rappeler que tout ceci n'était qu'un jeu, il avait hausser la voix en lui hurlant que tout ceci était aller trop loin, qu'il avait dépassé les limites de ce jeu qui depuis longtemps n'en avait plus. Il avait dit qu'il voulait tout arrêter, et bien qu'il ne l'ai pas prononcé clairement, Jimin avait compris que si Jungkook voulait mettre un terme à tout ceci, c'était parce qu'il s'était attaché à Taehyung.

Il était évident maintenant que Jungkook aimait Taehyung, il ne voulait pas l'avouer, peut-être même ne le savait-il pas lui-même, mais il l'aimait si fort qu'il pensait à lui avant de penser à sa propre personne. Il avait fait le choix de le protéger, de se faire oublier un temps, et Jimin se demandait s'il réfléchissait à tout lui avouer.

Cela ne pouvait pas se passer ainsi, personne ne devait savoir, et puis, Jimin prenait bien trop de plaisir à tirer toutes ces ficelles qu'il trouverait bien égoïste que Jungkook soit le seul à avoir le dernier mot.

Aussi, il fallait dire qu'au plus profond de lui, Jimin éprouvait une jalousie inégalée. Ce jeune homme à la gueule d'ange et au sourire niais avait réussi là où personne ne l'avait fait, Taehyung avait réussi à mettre la raison et le coeur de son ami sans dessus dessous, au point où il avait décidé de grandir plutôt que de continuer de jouer l'enfant gâté. Jimin n'avait jamais été amoureux de Jungkook, mais il ne pouvait expliquer pourquoi il ressentait autant de haine et de ressentiment à l'égard de Taehyung. Parfois, il se disait que c'était juste parce que tout de lui l'agaçait, et peut-être que quelque part, il l'enviait d'être aussi juste et entier.

Comment Taehyung... Non, pourquoi Taehyung avait-il le droit d'être heureux ?

Pourquoi tout le monde l'appréciait ?

C'était des questions auxquelles Jimin n'avait pas de réponses, et cela suffisait pour le convaincre d'agir selon son bon vouloir. Peut-être prenait-il un risque d'agir ainsi, en solitaire, mais Jungkook avait bien joué sans tenir compte des règles, alors...

– J'ai une idée.

Alors qu'il essuyait ses larmes et ravalait peu à peu son amer chagrin, Taehyung se mordit les lèvres en regardant Jimin avec espoir.

– Jungkook devrait me rendre visite ce soir, et pour lui prouver que tu tiens à ce que vous avez construit et ne pas prendre le risque de le perdre... Voyons, tu pourrais nous rendre visite et lui faire la surprise de ta venue ? Le connaissant, j'imagine qu'il nourrit sa piètre fierté et qu'il se creuse les méninges pour trouver les bons mots. Mais, au contraire, si c'est toi qui prends les devants, tu ne pourras lui faire de meilleur cadeau !

– Je... Je devrais ve-venir moi-même ?

– Je t'assure que ce sera sans aucun risque. Je peux faire parvenir une invitation à ta mère, prétextant un repas dans ma maison pour discuter de notre prochain devoir.

– Et... Ta fa-famille ?

– Oh, ne t'en fais pas ! Mes sœurs seront absentes, elles ont accompagné ma mère rendre visite à notre cousin. Quant à mon père, il est à trois jours d'ici. Et puis, comme je suis seul, cela me fera une bonne compagnie de vous avoir tous les deux rien que pour moi.

Peu rassuré et surtout très timide, Taehyung se crispa, semblant réfléchir à sa proposition. Il trembla alors même qu'il n'y avait pas de vent, et se frotta les bras comme pour se réconforter avant de se recoiffer de façon maladroite.

– Alors, qu'en dis-tu ?

– Jungkook... Il vien-viendra ?

– Je n'y manquerai pas, tu peux me faire confiance.

Un peu penaud, Taehyung se racla la gorge et finit par accepter, en hochant timidement la tête.

– Parfait ! Alors nous nous retrouverons en début de soirée, je ferai ouvrir la porte principale pour ta venue.

– D'accord...

Bienheureux, Jimin finit tout de même cette ignoble tasse de thé comme pour se revigorer, et se leva aussitôt en dépoussiérant son durumagi.

– Oh, juste une chose, dit-il en renouant son gat. Ton serviteur devra attendre à la porte, je n'aime pas que mes gens approchent de trop près mon pavillon.

Fin prêt, il tendit la main à Taehyung pour l'aider à se relever, et ce dernier l'accompagna à la sortie. Dès que la porte coulissa, Yoongi jeta un regard noir à Jimin qui l'ignora tout bonnement, préférant offrir un magnifique sourire hypocrite à son hôte encore fébril.

– Alors nous nous verrons ce soir.

Avant de filer, Jimin dépassa Yoongi en lui donnant un coup d'épaule qu'il prétexta maladroit et reparti sur ses pas, dansant presque de joie à la réussite de son plan. Taehyung, lui, était déjà retourné s'asseoir devant son miroir, brossant ses cheveux le regard perdu dans le vide. Il appréhendait déjà sa soirée, et bien que revoir Jungkook le mettait quelque peu en joie, il avait peur que celui-ci ne le rejette une nouvelle fois comme la veille.

Son amant lui manquait, et il espérait parfois pouvoir revenir en arrière pour trouver là où les choses qui s'étaient mal passées afin de comprendre ce qui avait amené Jungkook a agir ainsi. Était-ce de sa faute ? Était-il si maladroit ? Avait-il fait quoi que ce soit qui ait pu convaincre Jungkook de l'éloigner ?

Il n'en savait rien, et le fait de tourner en rond sans trouver de réponses à ses questions le rendait véritablement cafardeux.

– Monseigneur ?

Arrivant derrière lui, Yoongi ne lui demanda pas pour lui prendre la brosse des mains, avant de coiffer sa longue et belle chevelure sombre. En silence, il attrapa un ruban bleu avec lequel il noua une partie de ses cheveux dans une couette haute, qu'il tressa à ses extrémités. Taehyung avait toujours aimé qu'on prenne soin de lui, et son petit côté coquet l'avait toujours rendu encore plus adorable qu'il ne l'était déjà.

Cette fois, il peina presque à réagir, et croisa le regard de son serviteur dans le miroir.

– Tout va bien, Monseigneur ?

– Crois-tu que la tristesse est éternelle, Yoongi ?

– Seulement si vous la laissez gagner, Monseigneur.

– Comment pouvons-nous combattre un tel sentiment ?

– J'imagine que l'on peut le faire en admettant que les choses ne sont pas toujours parfaites, et à partir du moment où l'on s'en rend compte, il ne tient qu'à nous d'agir pour faire en sorte que la tristesse s'en aille.

– C'est alors à nous d'agir ? Ne peut-elle pas s'en aller d'elle-même ?

Yoongi se pencha vers la coiffeuse pour attraper la jolie barrette en forme de papillon que son jeune maître aimait tant, qu'il glissa dans sa chevelure avec minutie.

– Elle le peut, mais si vous ne l'acceptez pas, alors elle ne cessera jamais de vous blesser.

– Mais si cette tristesse est causée par quelqu'un que l'on pense aimer... ?

– Dans ce cas, je crois que le mieux qu'il reste à faire est de pouvoir s'adresser à cette personne en toute franchise et de lui faire part de ce que vous ressentez. Si cette personne vous aime en retour, elle comprendra, et s'excusera pour construire un avenir meilleur.

– Et si elle ne m'aime pas...

– Qui ne pourrait pas vous aimer ? 

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