𝒞𝒽𝒶𝓅𝒾𝓉𝓇𝑒 𝟷𝟼
Missing - Inhee Choi, Haejoo Oh
In your lights (humming version) - fromm, gwon youngchan
━━━━━━━━━━
Quelques jours plus tard, après avoir de nouveau donné à Jimin quelque peu d'attention, Jungkook commençait à se languir de la présence de Taehyung. Il ne l'avait pas revu depuis la fois où il avait croisé Yoongi et l'avait fait appeler pour une rencontre surprise assez rapide, avant que le père de Taehyung ne rentre plus tôt que prévu.
Depuis, ils communiquaient par lettres, et cette aventure épistolaire n'était possible que grâce aux bons et loyaux services de Yoongi, qui, à la demande de Taehyung, prenait un plus de temps au marché afin d'aller échanger les lettres en main propre avec la mère de Jungkook elle-même. A vrai dire, Jungkook ne lui avait pas parler du fait que ces lettres qu'il échangeait aussi souvent que possible était destinées à un jeune homme, encore moins à Taehyung, mais elle était loin d'être une ignorante, et Jungkook lui avait bien fait comprendre qu'il ne pouvait avoir confiance qu'en elle pour garder ces échanges secrets.
Après sa dernière visite chez Jimin, Jungkook avait peur de le vexer à nouveau, ou de le mettre en colère, et il savait que d'une certaine manière, il se mentait à lui-même. Mais outre le jeu et le défi imposé au départ, il prenait un véritable plaisir à vivre ce début de romance (qu'il ne pouvait admettre) avec Taehyung. Parfois, il lui arrivait même de repenser à ses aveux lors de leur aventure nocturne, et savoir qu'il détenait dans ses mains une telle chose, qui plus est, que Taehyung commençait à lui ouvrir son cœur... Cela lui donnait l'impression de nouveau être ce petit enfant heureux, joyeux, ne connaissant jamais le poids d'un nom, de responsabilités...
Avec Taehyung, le mot "futur" disparaissait de son vocabulaire, il avait l'impression de redécouvrir un monde, un univers et jamais encore, il n'avait pu expérimenter une telle chose. Bien sûr, tout cela, il était bien le seul à le savoir et ne le partageait avec personne, à vrai dire, même avec Taehyung, il n'était pas aussi démonstratif, mais le simple fait de lui partager ses plus beaux dessins ou ses plus fines techniques de peintures était pour lui une preuve immense de son affection.
Ce matin-là, Yoongi devait lui faire parvenir la réponse de Taehyung. Jungkook lui avait proposé de venir lui rendre visite dans ses quartiers, sachant que son père était parti pour affaires pour plusieurs jours, que ses frères étaient absents, et que sa mère, comme à son habitude, vivait la vie au palais comme bon lui semblait. Il n'avait aucune idée particulière derrière la tête, mais il espérait, peut-être, pouvoir de nouveau rencontrer les lèvres de son jeune amant, et rien que cela le mettait dans tous ses états.
De son côté, Yoongi venait de quitter la maison des Kim pour se rendre au marché à la demande de sa maîtresse de maison, afin de lui dégoter de nouveaux accessoires à la mode ainsi que quelques pâtisseries. Il n'avait pas oublié de cacher le petit mot de son jeune maître dans son vêtement, et comptait le déposer sur le retour. Il était encore assez tôt, et Taehyung ne comptait pas sortir de chez lui avant le début d'après-midi.
Rare étaient les fois où Yoongi déambulait dans les rues de la ville, seul, mais lorsque cela arrivait, il fallait dire qu'il l'appréciait tout autant. Il ne s'était jamais senti oppressé ou contraint par la présence de son jeune maître, ceci dit, il était tout de même fier de savoir qu'on lui accordait assez de confiance pour lui confier ces tâches. Comme il était le serviteur d'une grande famille noble, jamais personne ne venait lui demander des comptes bien qu'on pouvait tout de même le dévisager, surpris de le voir seul, et les marchands étaient toujours bienheureux de pouvoir faire affaire avec lui, le suppliant parfois de faire entendre leurs noms à ses maîtres.
En toute honnêteté, il espérait pouvoir recroiser le joli visage de la jeune princesse. Depuis la première fois où il l'avait vu, il n'avait pu se résoudre à l'oublier, ce qui, très souvent, pour ne pas dire tout le temps, le rendait vraiment furieux contre lui-même. Il savait que cette jeune femme était promise à son jeune maître, mais quelque part, il se rassurait malgré lui, car son coeur lui rappelait sans cesse que celui de Taehyung était déjà occupé, et ce n'était pas par cette fille.
La dernière fois, il l'avait croisé au moment le plus affluant du marché, alors, il avançait avec peu d'espoir et refusait de tarder, au risque de déposer la lettre un peu trop tard au jeune maître Jeon. Cette fois-ci, il la lui remettrait en main propre, et quand bien même il l'appréciait, un peu, il restait un serviteur et lui, un noble.
Yoongi s'attela alors à sa tâche, s'arrêtant à plusieurs stands de tissus, où il en commanda plusieurs, aux deux meilleurs magasins de bijoux de la ville, où il dépensa une vraie fortune pour le bon plaisir de sa maîtresse, bien que cela était pour lui aussi futile qu'une minuscule brise de vent en plein été. Soit, il déambula dans quelques ruelles, afin de finir son chemin au marchand favori de la famille Kim, celui qui vendait même les meilleurs Yakgwa de la ville. Taehyung en raffolait depuis tout petit, et Yoongi se rappelait encore sa façon de mâchouiller le gâteau pour en dégoter tout le miel. C'est avec cet heureux souvenir, qui le fit sourire, qu'il pénétra dans le magasin. En vérité, peu de yangban venaient jusqu'ici car il appartenait à des marchands qui étaient assez excentré du marché, et seuls les serviteurs les plus malins venaient faire les stocks de pâtisseries ici, c'était aussi les plus rentables.
Yoongi avait même sympathisé avec la marchande, et souvent, elle qui adorait Taehyung, ne manquait pas de lui constituer des petits sacs de toile surprise. Et puis, Yoongi adorait venir ici, car il y émanait une odeur à faire frémir les papilles les plus gourmandes. C'est pour répondre à un désir un peu plus personnel qu'il prit le temps de découvrir ce que proposait la boutique, quand quelqu'un s'approcha de lui lentement.
– Vous devriez gouter ces Dasik*, ils sont délicieux.
Surpris qu'on lui adresse la parole, Yoongi eut le réflexe de s'abaisser par politesse, avant de relever les yeux sur la personne qui se tenait à ses côtés. Elle portait une tenue de servante, rien de plus simple et basique, des chaussons assez abimés et portait une sorte de capuche sur la tête, pour il ne savait quelle raison. La moitié de son visage était cachée derrière un bout de tissu, et pourtant, son regard ne quittait pas le sien, comme si elle, l'avait reconnu.
– Excusez-moi, je ne crois pas que l'on se soit déjà vu... Vous servez la famille...?
La jeune femme jeta un regard autour d'eux, puis lui fit signe de se rapprocher avant d'abaisser son tissu, assez pour que Yoongi devienne rouge tomate, qu'il perdre ses moyens et se rabaisse à nouveau, prêt à s'agenouiller ou bien même s'allonger au sol.
– Je vous en prie, arrêtez... lui chuchota-t-elle. S'il vous plaît, si quelqu'un vous remarque, on trouvera ça étrange et je ne souhaite pas qu'on puisse me reconnaître...
Ne sachant pas comment réagir en premier lieu, mais se rappelant très vite que cette jeune fille n'était autre que la princesse, Yoongi se redresse aussitôt. Pourtant, on pouvait facilement remarquer qu'il se tenait d'une manière assez étrange, comme s'il s'efforçait de garder la tête haute alors que son corps tout entier lui hurlait de faire le contraire.
– Que Votre Altesse accepte mes excuses, je... Enfin, que faites vous ici, toute seule ?
La princesse dut se retenir de rire, et cacha son beau sourire derrière sa main face à la réaction de Yoongi. Elle le trouvait attendrissant, mais surtout, il était évident qu'il ne savait pas comment se comporter, et devait avoir peur de faire quoi que ce soit qui puisse déshonorer son titre. Comme s'il était un vieil ami, elle l'approcha en lui tirant la manche, et lui tendit à nouveau ce gâteau dont elle parlait.
– Goûtez, je vous en prie.
Face à ce si beau visage et ces yeux envoûtants, Yoongi envoya toutes ses bonnes manières aux oubliettes, mais sa raison hurla que de toute manière, il ne faisait qu'obéir à la princesse. Alors il attrapa le gâteau sans même oser frôler la main de la jeune femme. Elle n'avait pas menti, ces dasik étaient vraiment très bons, et il ne put s'empêcher de penser qu'il devait avoir été béni par les cieux, sans même savoir pourquoi, afin de pouvoir partager ce moment totalement inattendu avec elle.
– Alors, qu'en dites-vous ?
– Vous... Et bien, vous avez tout à fait raison.
– Parfait, dit-elle, convaincue, et remplissant une sorte de petite pochette en toile.
Yoongi osait à peine la regarder, de peur que qui que ce soit d'autre puisse la reconnaître, mais à vrai dire, elle se fondait dans la masse des serviteurs avec une aisance sans pareille. Par ailleurs, ne sachant pas quoi faire, ou comment agir, il se contenta de rester auprès d'elle, pendant qu'elle remplissait sa pochette de multiples pâtisseries. Lorsqu'elle lui en conseillait un, il ne manquait pas de faire de même, ne tenant même plus les comptes prévus pour ces achats.
Après avoir réglé avec la marchande, repartant avec sa petite surprise habituelle pour son jeune maître, Yoongi pensait avoir perdue la princesse de vue quand soudain, elle l'appela du bout de la rue, lui faisant signe de la rejoindre. Il n'eut d'autre choix que de la suivre, bien que son coeur était en fête et que quelque part, il était rassuré de se savoir prêt d'elle, ne voyant aucun autre serviteur ou servante pour veiller sur sa sécurité.
Ils s'éloignèrent de la boutique, et même des quelques maisons se trouvant là, avant de terminer leur route sur une petite butte d'herbe fraîche, brillant de mille feux sous les rayons du soleil. Loin de tout regards indiscrets, la princesse retira sa capuche, ainsi que son bout de tissu qui cachait son visage. Comme libérée, elle prit une grande bouffée d'air frais, et les yeux clos, inspira longuement, avant d'expirer, un sourire libérateur étirant ses lèvres et dévoilant ses timides fossettes.
Yoongi, lui, avait la gorge sèche, et se demandait bien ce qu'il pouvait faire ici, en compagnie d'une Altesse royale. Si quelqu'un le surprenait avec elle, il serait envoyé en prison, s'il n'était pas puni par la pendaison ou il ne sait quel autre châtiment.
– Ne t'inquiète pas, intervient alors la jeune femme, personne ne vient ici. Du moins, personne de sang royal. Nous sommes seuls, et si cela peut te rassurer, ma véritable servante vivait dans la maison au coin du carrefour, là-bas. Sa famille veille sur moi lorsque je demande à sortir.
– Alors, ce n'est pas la première fois que vous le faites, votre Altesse ?
– C'est loin d'être la première fois, répondit-elle sans perdre son joli sourire.
– Votre Altesse, vous...
– S'il te plait, je n'en peux plus d'entendre ces titres partout, tout le temps. Je demande seulement un peu de paix et de liberté. Je comprends que tu doives agir ainsi avec moi, mais si ce n'est pas trop te demander, j'aimerais... Et bien, je suis contente d'avoir pu te revoir. Et si je t'ai amené ici, c'est parce que j'aimerais avoir un ami.
Le cœur de Yoongi du certainement cesser de battre un instant aux aveux de la princesse. Il resta bouche bée, donnant sa langue au chat. C'était un véritable branle-bas de combat dans sa tête, pesant le pour et le contre, le bien et le mal, le cœur et la raison. Sans parler du fait que la princesse ne le lâchait pas des yeux, espérant certainement recevoir une réponse positive de sa part mais après tout, c'était une princesse, évidemment qu'il allait accepter sa requête. Quelque part, il était à la fois le plus heureux du monde, mais aussi déçu, car pendant un court instant, lors de leur première rencontre, il avait bêtement pensé que tout ce que disait Taehyung était vrai. Tout ce dont il parlait à propos de l'amour vrai, le grand amour, celui avec le grand "A" qu'il saurait reconnaître... Yoongi avait réellement pensé l'avoir expérimenter, c'est même cela qui l'avait autant chamboulé compte tenu du fait que cette même princesse allait devenir sa nouvelle maîtresse si...
– Quel est ton nom ?
La voix mélodieuse de la princesse le coupa dans ses pensées, et aussitôt, Yoongi retrouva les pieds sur Terre et par réflexe, s'abaissa légèrement pour se présenter dignement.
– Min Yoongi, Votre Al...
Avant même qu'il ne finisse sa phrase, elle le dévisagea avec une pointe d'humour dans le regard, prête à l'entendre dire ce fameux titre. Il se ravisa.
– Min Yoongi, Princesse...?
Finalement, elle abaissa les épaules, rassurée et heureuse de voir que ce jeune serviteur acceptait de lui accorder ce qu'elle n'avait encore jamais eu.
– Lee Ha-rin. Mais j'aimerais vraiment que pour une fois, ce soit juste Ha-rin.
Voyant que Yoongi était encore dubitatif à sa requête, la princesse Ha-rin lui fit part d'une moue terriblement adorable. Ses yeux ressemblaient à ceux d'un petit chiot, et ses joues rebondies brillaient sous les rayons du soleil matinal. Elle ressemblait à ces belles poupées de porcelaine importées des pays voisins, et bien qu'il n'en avait jamais vu de ses propres yeux, Yoongi jura que jamais elle ne pourrait égaler la beauté évidente de cette jeune femme.
– Bien... Ha-rin.
Aussitôt, la princesse Ha-rin se redressa, tel un enfant ayant réussi à faire céder son parent, mais avant qu'elle puisse ajouter quoi que ce soit, une voix masculine se fit entendre au loin, semblant attirer son attention.
– Je dois déjà partir... souffla t-elle, sa joie et sa témérité se fanant en même temps que son sourire.
Semblant imprimer les traits de son visage mélodieux dans sa mémoire, Yoongi resta mutique, souhaitant que le temps s'arrête le temps d'un instant, mais la princesse Ha-rin commençait déjà à rabattre sa capuche, revêtant le bout de tissu qui lui permettait de rester anonyme.
La voix au loin l'appela une seconde fois, d'un nom qui n'était pas le sien mais qui devait être utiliser comme un nom de code qu'elle seule pouvait reconnaître, et c'est à contre coeur que Yoongi lui fit la révérence, commençant à s'éloigner, avant qu'elle n'attrape délicatement sa manche, frôlant de peu son poignet pour le retenir.
Leur réaction commune les fit rougir, mais elle ne baissa pas les yeux, et les fixa plutôt dans le regard profond du serviteur.
– Nous nous reverrons, n'est-ce pas ?
Ce n'est seulement lorsque Yoongi lui donna la réponse attendue qu'elle relâcha son emprise, et lui offrit un dernier sourire éclatant avant de disparaître dans la foule menant au marché au travers de chemins discrets, afin de retrouver le palais.
Il ne la quitta pas des yeux jusqu'à ce qu'elle ne soit plus dans son champ de vision, et baissa le regard sur sa manche froissée par sa douce et délicate main. Il sentit son cœur battre un peu plus fort, et soudain, il entendit le bruit de musiciens au loin, annonçant bientôt l'heure d'influence et l'arrivée des nobles au marché. Alors, c'est en rangeant ce nouveau et précieux souvenir dans un recoin de sa tête que Yoongi se remit en route, il devait faire vite pour avoir le temps de déposer la lettre de Taehyung chez la famille Jeon, avant de revenir sans qu'on ne s'aperçoive de sa trop longue absence.
*
Comme convenu, deux heures après le déjeuner, Taehyung se tenait devant la grande porte de la maison des Jeon. Seulement, voilà qu'il se tenait debout, tenant dans ses mains une sorte de petit panier qu'il avait demandé à l'une de ses cuisinière de préparer afin de l'offrir en cadeau à la famille. Il pressait les lanières du sac de bambou avec une telle fermeté que bientôt, ses dernières ne tarderaient pas à rougir.
– Monseigneur, ne devriez-vous pas vous annoncer ?
A ses côtés, comme toujours (et certainement à jamais), Yoongi se tenait en retrait, prêt à laisser à son jeune maître l'intimité qui était la sienne et qu'il avait tant attendu, mais voilà que ce dernier se retrouvait cloué au sol.
– Jeune maître ?
– Que... Que dois-je faire, Yoongi ? Pour-pourquoi n'est-il pas là, à m'attendre ?
– Calmez-vous, voyons. Il doit vous attendre à l'intérieur, et doit penser que vous êtes assez grand, ce qui n'est pas totalement faux sans vouloir vous vexer, pour toquer à cette porte par vous-même. S'il n'est pas là, c'est certainement pour ne pas éveiller de soupçons ou bien pour éviter des ragots, sait-on jamais ici, les murs ont des oreilles...
– Mais... Et si...
– Vous attendiez cette rencontre depuis des jours, alors, allez-y. Toquez.
– En es-tu certain ? demanda Taehyung, la voix fébrile, se retournant à peine pour croiser le regard encourageant de son ami.
– Oui, partagea Yoongi avec certitude, avançant même pour le pousser quelque peu afin de lui donner assez de courage. Allez-y. Je serai là à votre retour, juste avant la tombée de la nuit, comme convenu.
Taehyung sentit la chair de poule l'envahir lorsque sa main tambourina avec hésitation la grande porte de bois, et une dernière fois, il se retourna pour offrir un sourire peu confiant à son fidèle ami, avant qu'on ne vienne l'accueillir.
Une dame, certainement l'une des gouvernantes de la maison, le fit entrer en bonne et due forme. Elle ne fit aucune remarque à sa présence, peut-être savait-elle que son jeune maître avait de la visite. De suite, elle le débarrassa de son sac ce bambou, bien que Taehyung hésita à lui déléguer cette tâche, de peur que le sac soit trop lourd pour ses bras fatigués, comme semblait le montrer les traits de son visage. Sans aucun doute que comme tous les serviteurs de bonne famille, elle devait travailler sans relâche, et au vu de l'immensité du domaine, Taehyung ne pouvait avoir aucun doute. Sa maison à lui était déjà grande, mais celle des Jeon semblait immense, tant qu'elle aurait pu faire un petit palais à elle seule. La servante lui explique que le domaine était divisé en trois regroupement de Hanok, ainsi que des écuries dans le fond du jardin, et d'une cour où se déroulaient les entraînements des jeunes maîtres de la famille. Bouche bée, c'est avec grande intention que Taehyung l'écouta présenter la demeure de son amant, sans même faire attention aux regards intrigués que la gouvernante portait à son égard. A vrai dire, quand bien même la famille Jeon était agréable à vivre, jamais encore un noble ne l'avait autant considéré, prenant sa parole comme égale.
– Le jeune maître Jeon vous attend dans son pavillon, juste ici, lui indiqua-t-elle avec tendresse.
Au loin, Taehyung remarqua certaines servantes passer au pas de courses, portant de lourdes charges de vêtements dans de gros sacs, et avant même que la gouvernante ne le rattrape, il s'élança vers ces dernières, empêchant l'une d'elle de tomber. Toutes ne surent comment réagir, et la plus vieille d'entre elles s'empressa de relever sa camarade, s'excusant à plate couture devant Taehyung, qui, à sa plus grande surprise, s'abaissa le premier, les joues rouges.
– Pardonnez moi mesdames, je ne voulais pas vous importuner. Excusez ma maladresse, j'espère que je n'aurais pas pu empêcher votre travail.
Sans voix, les servantes se lancèrent un regard ahuri, traduisant leur surprise mêlée au choc. Face à leurs réactions, Taehyung détendit alors l'atmosphère comme il le put, et aussitôt, elle reprirent leurs chemins, un sourire étirant leurs lèvres gercées.
– Vous avez un grand cœur, intervint la gouvernante, jusque là, en retrait.
– Oh... J'espère ne pas avoir dérangé leur travail. Vous devez être toutes et tous épuisés dans cette grande maison, mais connaissant le maître Jeon, je ne doute pas que l'on doit bien s'occuper de vous.
La gouvernante le regarda avec admiration, mais n'oublia pas pour autant sa place, avant de le rediriger vers le chemin qui le mènerait à Jungkook. Il la remercia une fois encore, et traversa le petit chemin de pierre menant à celui que son cœur réclamait.
Le pavillon de Hanok où se trouvait Jungkook, encore fallait-il le trouver, était composé d'une petite cour intérieure totalement vide, et d'un complexe de trois hanok au bois décoré par des écriteaux à l'effigie de la cour. Hésitant, Taehyung avança lentement, les yeux grands ouverts, à la recherche de la présence de son amant qui ne se montrait toujours pas. Même en tendant un peu les oreilles, il ne pouvait l'entendre, alors il continua, curieux de découvrir son cocon. C'était un endroit plutôt chaleureux, décoré de toutes sortes de bibelots. Certaines portes étaient ouvertes, mais Taehyung n'osa pas s'y introduire, de peur de faire intrusion l'intimité de Jungkook, qu'il continua de chercher à ses dépens. Bientôt, il dépassa une petite arche, et arriva dans une petite cour extérieure, quelque peu verdoyante. Il tourna la tête à gauche, puis à droite, finissant par reconnaître la carrure de Jungkook, plus loin.
Le jeune homme était plongé dans son activité, semblant ne faire plus qu'un avec le pinceau qu'il tenait dans l'une de ses mains. Devant lui se trouvait une grande toile qui commençait doucement à prendre vit sous ses coups de mains maîtrisés et sérieux, mais ce qui fit tambouriner le coeur de Taehyung ne fut pas de voir ce que Jungkook faisait, mais plutôt, l'accoutrement dans lequel il exerçait l'une de ses passions.
Jungkook était pieds nus, frôlant le sol de sa petite terrasse avec minutie. Il ne portait qu'un pantalon de toile, loin des artifices qu'il portait lorsqu'il se présentait à la foule, et seul une fine couche de tissu presque transparent couvrait son dos. Lorsqu'il faisait un mouvement, on pouvait deviner la musculature de son corps tout entier se mouver, suivant ses gestes comme dans une danse délicate et calculée.
Ne voulant pas gâcher le moment, Taehyung s'avança un peu plus en longeant le mur de la hanok, voyant peu à peu les traits du visage de Jungkook se dessiner sous ses yeux. Il tenait un autre pinceau entre les dents, et sans nul doute qu'il s'était laissé emporter, comme pouvait le traduire les quelques tâches de peinture qui décorait son torse nu.
Même s'il savait que Jungkook aimait s'adonner à ce genre d'activité ludique, Taehyung s'était imaginé le trouver en train d'étudier ou bien en plein entraînement aux maniements des armes, mais jamais il n'aurait pensé à le trouver dans une telle intimité, et encore moins dans cet accoutrement.
Bientôt, les joues de Taehyung furent si rouges et brûlantes qu'il dû détourner le regard, et son attention se posa sur la toile. On pouvait deviner que Jungkook avait essayé de travailler le fond, mélangeant plusieurs couleurs assez pâles, sur lequel il semblait avoir dessiné des courbes, ressemblant à celles d'un corps en mouvement. La silhouette ne portait pas encore de visage, mais les gestes de cette simple figure semblaient gracieux.
C'est avec adoration que Taehyung admira ce projet, jusqu'à ce que Jungkook détourne les yeux à l'envol d'un couple d'oiseaux. Son regard encore empli d'étoiles croisa celui de Taehyung, et aussitôt, son corps tout entier se contracta. Jungkook avait pourtant l'habitude maintenant de croiser ce regard presque enfantin, ingénu et discret, mais cette fois-ci, il put y lire une pointe de désir, ce qui ne le laissa pas indifférent.
Il déposa ses pinceaux, et avec un sourire charmeur, s'abaissa tel l'aurait fait un prince pour saluer Taehyung, qui sourit timidement.
– Peut-être aurais-je dû te demander de ne pas porter de si jolis tissus, il serait dommage de les tâcher.
Taehyung fit les quelques pas qui le séparaient encore de lui, et pour tenter de dissimuler sa gêne, agit avec grâce en retirant son gat.
– Je n'aurais pas osé me présenter ici autrement.
Bien qu'il parlait avec élégance, son regard demeurait fuyant, ce qui fit rire Jungkook, tant il pouvait deviner que l'effet qu'il lui faisait était évident.
– Laisse-moi te dire Hyung, que quelque soit le tissu que tu portes, tu seras toujours l'étoile qui brille le plus entre toutes.
Sans qu'il ne dise un mot, Jungkook su que Taehyung fut touché par son compliment. Il pouvait aisément le lire dans ses yeux brillants qui ne faisaient que quémander son approbation, bien que, au fond, il était évident que quoi que Taehyung fasse, il la posséderait toujours.
– Bien, maintenant que tu es là, j'ai pensé que c'était à mon tour de te faire découvrir mon univers. A vrai dire, j'ai pensé que tu serais ravi de pouvoir peindre en toute liberté, mais si cela...
– C'est.. C'est parfait. Je suis partant.
Ravi, Jungkook acquiesça.
– Laisse moi juste le temps de remettre un peu d'ordre, dans ce cas.
Aussitôt, le jeune homme disparut et revint avec un nouveau tissu sur le dos, propre et dégageant une odeur délicieuse qui ne put que ravir les narines de Taehyung. A vrai dire, il pouvait rester ici, assis sur ce tabouret de fortune, à regarder Jungkook s'occuper pendant des heures entières. Mais il fallait croire que ce dernier avait d'autres plans en tête, il lui tendit la main et l'attira à l'intérieur de la hanok, qui semblait être sa chambre.
Contrairement à la sienne, elle était décorée de toute part, et surtout, maintes peintures et dessins habillaient ses murs. Tous étaient des croquis ou des œuvres de corps en mouvement, parfois des corps entiers, parfois des parties ciblées comme des mains, des torses, des yeux, des lèvres... C'était totalement différent de ce que produisait Taehyung, alors il les admira tous un à un, sous les yeux attendris et désireux de Jungkook dans son dos.
– Ils sont... Magnifiques. Comment fais-tu pour être si assidu, si précis... ?
– Je dirais que cela requiert assez... d'expérience.
Sans nul doute que Jungkook devait avoir un œil bien avisé pour représenter aussi bien l'anatomie, et cela fit d'autant plus rougir Taehyung qui ne mit pas moins de temps à comprendre qu'il avait dû s'inspirer de modèle bel et bien vivant.
– Alors, serait-ce... Enfin, et bien... Des amis ?
– Pas vraiment.
Hésitant, Taehyung eut un drôle de mouvement de recul.
– Serait-ce des conquêtes ?
Malgré lui, Taehyung sentit son coeur se crispé, comme si quelque part, il ne voulait pas que Jungkook approuve. Cependant, il espérait qu'il serait assez honnête pour ne pas lui cacher la vérité. De son côté, Jungkook, qui avait toujours trouvé le meilleur moyen pour séduire le cœur de ses précédentes conquêtes, comprit qu'il n'y gagnerait rien à mentir. Taehyung avait un coeur bien trop pur pour être trompé, et surtout, il était loin d'être l'idiot que d'autres dépégnait dans leurs descriptions à son sujet.
– Oui.
– Oh...
– Je ne couche jamais avec mes modèles, reprit aussitôt Jungkook. Tous et toutes étaient d'accord pour être ma source d'inspiration.
Bien qu'il voyait en Jungkook un être totalement pur, du moins, il y croyait du plus profond de son cœur, Taehyung ne put que se sentir petit et insignifiant face à la beauté de ces différents corps. On lui avait toujours dit qu'il était beau et que cet atout avait dû être béni par le ciel, pourtant, lui, ne s'était jamais trouvé la hauteur de ces compliments. La beauté qu'il avait fait fleurir et entretenue se trouvait cachée au creux de sa poitrine, derrière cette chose qui battait toujours plus fort lorsque Jungkook se trouvait dans les parages. Mais à cet instant, il ne se sentait plus à la hauteur de ses propres espérances.
Le souvenir de son aveu lui revint en pleine figure. Jungkook ne lui avait jamais répondu clairement, et depuis, il se posait tout un tas de questions qui ne trouvaient pas de réponse, et même s'il l'avait longtemps espéré et attendu comme une pluie un jour de sécheresse, l'Amour ne lui avait jamais fait aussi peur.
Lui qui l'avait imaginé comme étant grand, beau et fort, découvrait peu à peu qu'il n'était pas seulement joyeux, mais aussi énigmatique, parfois triste ou bien encore absent.
Jungkook était cette personne dont il fantasmait dans ses rêves les plus fous, l'idée même qu'il s'était faite de l'Amour, et pourtant, il se faisait violence pour ne pas se retourner et lui avouer silencieusement à travers ses yeux remplis de larmes, qu'il était terrifié à l'idée de ne pas être à la hauteur de tout ce que Jungkook avait déjà pu connaître.
– Hyung, glissa Jungkook qui s'était rapproché de lui et se trouvait maintenant dans son dos, j'aimerais un jour pouvoir inscrire tes courbes à l'encre noire sur une toile. La plus belle qu'on aurait jamais vu.
La chaleur de Jungkook enveloppa Taehyung dans un cocon qui fit taire toutes ses angoisses, et son cœur, ce malin, parla à sa place, faisant naître en lui ces fameux tourbillons qui lui arrachait presque le ventre.
– J'ai toujours pensé que la peinture était un art incompris. Beaucoup de gens l'adorent, sans même se douter qu'elle n'est pas simplement appréciée par la vue. On peut penser qu'elle se voit au lieu de se sentir, mais...
Les mains abîmées par le maniement de l'épée de Jungkook vinrent caresser les bras de son amant sans même le toucher. Elles flottaient autour de ses membres, voguant sous la forme de ses courbes délicates, faisant languir son propriétaire de leur contact.
– Je suis certain que ce n'est pas seulement figé dans le temps. Ceux qui admirent l'art ne peuvent apprécier qu'une part du travail, tandis que l'artiste se délecte de la totalité de l'instant. Ce qu'on réalise, ce n'est pas seulement des traits sur une toile, mais aussi des sensations qu'on exprime avec ça, souffla-t-il à l'oreille de Taehyung en pointant son cœur, sans même toucher sa poitrine.
Les yeux clos, baigné dans une atmosphère semblable à celle du vent flottant entre les nuages à jamais, Taehyung n'entendait même plus son cœur battre. Il le sentait, martelant derrière sa cage thoracique, mais ce qui le faisait vibrer à cet instant, était le souffle brûlant de Jungkook dans son dos, comme une créature prête à le dévorer avec dévotion.
Mais alors qu'il pensait atteindre l'apogée de ce sentiment merveilleux, la chaleur laissa place au vide. Jungkook s'était retiré, une main le long du corps, et l'autre, caressant son menton. Il détaillait Taehyung avec minutie, de la tête au pied. Lorsqu'il croisa son regard, Taehyung voulut ouvrir la bouche pour parler, mais aucun son ne put traverser la barrière de ses lèvres. Il était là, mais son cœur, lui, était déjà parti rejoindre celui qu'il avait choisi.
Lui aussi mourrait d'envie d'être représenté avec tant de passion sur une toile. Il voulait être plus que ça, il souhaitait être la plus grande source d'inspiration que Jungkook n'est jamais trouvé, qu'il ne puisse plus jamais se passer de lui, et qu'il le cherche, le trouve et le dessine à tout jamais, liant leurs coeurs pour toujours à travers l'encre noir.
– Montre moi.
La soudaine certitude de Taehyung fit chavirer le cœur de Jungkook, qui, dès lors, s'emballa plus que de raison.
– Je... Je veux...
Taehyung portait cette ambivalence à merveille. Tantôt il s'exprimait avec conviction, tantôt il retrouvait ses plus grandes faiblesses, le faisant chavirer. Mais pourtant, bien qu'il semblait se battre pour affronter de son regard suppliant les yeux sombres d'envie de Jungkook, il ne lâchait rien.
– Je veux que tu me dessines.
– Je peux.
– Non, Jungkook...
A la grande stupéfaction de Jungkook, Taehyung prit une grande inspiration et, les yeux clos, retira la première manche de son durumagi, puis la deuxième, faisant tomber son long manteau sur le sol. Il ne s'arrêta pas là, et vint tirer sur le nœud de son haut pour ensuite le passer par-dessus sa tête, et l'abandonner à ses côtés. Il ne resta bientôt plus que sa fine chemise de soie dont il retira les fils un à un, avant de répéter le même mouvement. Néanmoins, il ne l'abandonna pas de suite, et la garda contre son torse, nerveux et timide à l'idée de se dévoiler autant.
Jungkook, lui, ne disait pas un mot, de peur de briser ce moment intime qui lui était offert sans même qu'il ne bouge le petit doigt. Il était fasciné par le courage de Taehyung, mais aussi attendri et envoûté par son charme timide et envieux de désir. A nouveau, les yeux de Taehyung rencontrèrent les siens, et comme dans un accord silencieux qui lui permit de trouver la dernière once d'audace qu'il cherchait, il laissa tomber le tissu qui glissa aussi lentement que possible sur ses jambes, avant de rencontrer à son tour, le plancher.
Les jeunes hommes se toisèrent dans un silence mystérieux, traduisant leur envie à chacun, troublé par les non-dits et les convenances, et Jungkook fit le premier pas vers Taehyung, repositionnant ses mains de chaque côté de ses bras, sans même les toucher. Son regard quitta le sien, et il découvrit morceau par morceau le torse maigre et finement dessiné de son amant. De cette manière, il le façonnait selon l'image qu'il s'était construit dans ses propres fantasmes, appréciant chaque détail, chaque grain de beauté ou forme naissante de cette peau de laquelle il s'était déjà tant de fois langui.
Taehyung n'avait pas refermé les yeux, il le regardait faire, appréciant que Jungkook agisse avec douceur à un rythme irrégulier. Il le regardait fasciné et adoré son corps, comme personne ne l'avait jamais fait, pas même lui devant son miroir.
– Tu es d'une beauté que je n'ai encore jamais vu, Hyung.
Bien qu'il pouvait sentir au fond de lui que son corps tout entier réclamait celui de Taehyung, Jungkook arrêta le périple de ses mains juste au-dessus de ses hanches. Il releva la tête, rencontra le regard surpris et happé de Taehyung et lui prit délicatement la main, pour l'amener face à un grand miroir qui décorait le coin de sa chambre. Là, sans lâcher sa main, il attrapa la deuxième et, liées, elles tombèrent sur les épaules du brun, les faisant lentement glisser sur ses côtés, entourant le creux de son nombril, remontant le long de sa poitrine.
A cet instant, Taehyung prit conscience qu'il n'avait encore jamais pris le temps de découvrir ce corps qu'il habitait depuis toujours. C'était le sien, le même avec lequel il vivait chaque jour, et pourtant, le voilà qu'il découvrait que ce corps était bel et bien vivant à sa manière, qu'il pouvait réagir à un simple touché, et mieux encore, au leur, partagé, dans une fascination commune.
– Regarde-moi, Taehyung. Lève les yeux.
C'est dans le reflet du miroir que Taehyung trouva les sombres iris de son cadet, et il aurait pu jurer qu'ils s'étaient compris sans même s'adresser un mot. C'était un instant de partage inégalé, une sorte de promesse silencieuse, qui scellait leur lien mais aussi leurs cœurs et l'idée même que bientôt, cela serait ancré dans le papier à jamais ravit Taehyung d'une manière nouvelle.
Les papillons qui dansaient dans le creux de son ventre trouvèrent un nouveau chemin, glissant peu à peu dans le bas de son estomac, jusqu'à venir titiller cet espace de son corps auquel il n'avait jamais prêté attention. Une drôle de sensation l'anima, et il jura pouvoir sentir son corps se crispé puis se détendre, faisant réagir la totalité de son être, qui sembla peu à peu trouver un seul et unique chemin vers cette intimité qu'il n'avait jamais pensé à partager.
Honteux, il préféra cacher son visage rougissant derrière ses mains, mais Jungkook les lui retira, scellant leurs paumes dans une étreinte commune. Il se rapprocha un peu plus du dos de Taehyung, qui sentit derrière lui sa chaleur, mais aussi cette étrange réaction contre ses fesses. L'envie et le désir se mêlèrent à son malaise, mais Jungkook ne lâcha pas son regard à la fois perdu, envieux et apeuré dans le miroir.
– Je... Je deviens bizarre, je...
– Je ressens la même chose que toi, Hyung, le rassura Jungkook. Tu n'es pas bizarre, tu es toi, je suis moi, et nous sommes humains.
– Ah... Ah oui ? C'est... C'est normal, ça ?
– Ca l'est, et ce n'est que passager, mais assez fort pour te retourner le ventre. Comment te sens-tu, dis moi.
– Je...
Taehyung se mordit les lèvres, deux fois, mais la main de Jungkook vint les caresser comme pour l'empêcher de se blesser, l'étreignant au creux de ses bras pour le rassurer.
– J'ai... J'ai chaud, j'ai l'impression que je vais brûler.
– Partout ?
– Ou-oui... Et je, je... Mon corps tout entier, il... J'ai l'impression qu'il demande quelque chose, qu'il attend que... Que toute cette chaleur trouve sa rédemption. Mon... Mon ventre, les papillons, ils étaient là, ils le sont encore. Mais plus fort, tellement plus fort.
– C'est ça qui te fait sentir étrange ?
– No-non, eut du mal à murmurer Taehyung quand Jungkook expira dans sa nuque. C'est mon corps, en bas...
– Qu'est-ce que ça te fais ? Dis moi, Hyung.
Jungkook le regardait maintenant avec une intensité aussi folle que cette chaleur qui se répandait en lui, et Taehyung eut du mal à reprendre sa respiration et même à avaler sa salive.
– Presque... Mal.
– Ton corps attend que tu lui donnes ce qu'il demande.
– Mais il... Que demande-t-il ?
Jungkook déposa un doux baiser contre sa tempe, ce qui le fit chavirer, mais il le maintenant assez fort contre lui pour ne pas qu'il flanche.
– Ce qu'il mérite.
Taehyung ne voulait plus jamais que cet instant ne s'arrête, bien que son corps lui semblait étranger à lui-même et que cette chaleur le rendait presque fou, chancelant, il voulait découvrir ce dont parlait Jungkook. Il voulait le partager avec lui. Dans un échange silencieux, il le lui fit comprendre, mais alors qu'il attendait une réaction de sa part, Jungkook le regarda de façon solennel.
– Me fais-tu confiance, Taehyung ?
Ce dernier voulut répondre, mais seule sa tête pu acquiescer.
– Me permets-tu de te toucher ? Ensemble, nous allons le faire ensemble.
Cette fois-ci, il fut entreprenant et lia leurs mains ensemble, un peu plus fort, comme s'il tentait de s'y agripper. Tout d'abord, Jungkook déposa un baiser sur sa tempe, puis sur sa joue, son cou, jusqu'à ne laisser plus que la présence de son souffle chaud contre son oreille droite. Comme promis, il refit le chemin de leurs mains liées contre sa peau, ses côtes, sa poitrine, son torse, descendant petit à petit vers son ventre, son estomac et c'est à la lisère de son pantalon qu'il chercha le regard de Taehyung dans le miroir. Celui-ci ne détourna pas les yeux, et lentement, leurs mains glissèrent dans la couture de son vêtement, rencontrant la peau brûlante de son entre-jambe. Cette partie de son corps qui s'était animé sembla réagir, et Jungkook lâcha la main de Taehyung pour la déposer dessus, revêtant la sienne par-dessus, comme une douce couverture.
Il ne fit rien, et laissa Taehyung découvrir ce premier touché, ce premier acte intime qui, il le savait, avait une grande importance pour lui. Par ailleurs, pour Jungkook qui avait toujours apprécié sans grande conviction les plaisirs de la luxure, cet échange fut comme une première fois. Les yeux de Taehyung se fermèrent lorsqu'il fit bouger leurs mains, dans un premier va et vient qui le fit gémir.
Surpris par sa propre voix, Taehyung haleta et refusa de se contempler, il était certain d'être plus rouge encore que toutes les tomates du marché, pourtant, il se lova contre Jungkook, quémandant sa présence, et ses prochains gestes.
Une nouvelle fois, Jungkook fit glisser leurs mains liées sur son intimité, le délivrant peu à peu de toute cette chaleur inouïe, de tout ce malaise qui bientôt devint plus que plaisir et extase. Dans le reflet du miroir, Jungkook ne manquait rien des expressions désireuses de son amant, appréciant le moindre de ses gestes, la moindre de ses vocalises, et il fut même le premier à venir sans même que Taehyung ne s'en doute. Lui, il lui fallut encore quelques va et vient pour que son corps tout entier ne tremble. De son bras libre, Jungkook l'agrippa contre lui, le laissant profiter de ses spasmes de désir assouvi, partager dans cette intimité silencieuse et Jungkook jura dans un murmure. Jamais encore il n'avait connu d'aussi belle façon de partager l'acte sexuel, sans même penser une seule fois à renverser Taehyung pour le prendre dans son lit.
L'expression étalée sur le visage de Taehyung était si divine que Jungkook fut pris d'un élan de créativité tel qu'après lui avoir donner un doux baiser, mordant ses lèvres qu'il avait tant attendu, il le porta afin de l'allonger sur son lit. Encore plongé dans des émotions intenses, Taehyung le vit du coin de l'œil attraper une petite toile, un pinceau et un pot d'encre qu'il manqua de renverser sur le sol. Jungkook s'installa à même le sol, en tailleur, et fixa Taehyung en lui offrant un sourire radieux.
– S'il te plait, Hyung. Ne bouge pas.
Jungkook s'attela alors à laisser parler sa créativité, profitant encore de cet instant intense de plaisir partagé avec Taehyung qui sembla presque s'amuser de le voir si investi et concentré, oubliant même qu'il était torse nu sur le lit d'un autre, le pantalon sali par nul autre que lui même. Il en oubliait le fait d'avoir découvert son corps, de l'avoir donné et partagé avec Jungkook, car cet instant était le plus magique qu'il n'avait encore jamais vécu.
Il comprenait maintenant la vision que Jungkook avait de l'art, et lui-même se languissait de pouvoir le coucher sur le papier, cette fois-ci, à travers de la poésie un roman tout entier, qui sait.
Ils n'échangèrent pas un mot durant de longues minutes, et lorsque Jungkook eut fini, il attrapa un pot d'encre rouge qu'il trafiqua pour déposer quelques gouttes sur son dessin, sa touche finale. Curieux, Taehyung se releva sans attendre qu'il lui demande et s'approcha de lui, et sans hésitation, se lova contre son dos, déposant sa tête dans le creux de son épaule. Là, Jungkook lui dévoila son œuvre.
Certainement la plus belle de toute sa collection.
Un torse en mouvement, décrit par les différents tracé de pinceau fin, les détails de sa propre peau, les muscles fins de ses bras, ses veines, et surtout, ce bout de visage... Ces lèvres rougies par le désir et le plaisir intense d'une relation naissante, partagée dans un moment magique qui serait à jamais le leur.
En le regardant, Taehyung se dit que c'était peut-être ça...
Le début de l'Amour.
(nda* : les dasik, sont des gâteaux coréen, une collation légère à prendre entre les repas faite à partir de pollen de pin, grains et graines de sésame).
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro