𝒞𝒽𝒶𝓅𝒾𝓉𝓇𝑒 𝟷𝟺
Wherever you are - Han Dong Geun
The divine mood (acoustic) - Kim Juna
Flower & bee - Oh Jun Sung
Love & Friendship - Oh Jun Sung
Breath - Kim Na Young (fin)
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Chapitre dédié à @Samjok-o ♥
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— Je crois que...je crois que je t'aime, Jungkook.
A ces mots, Jungkook, qui avait alors enfoui sa tête dans le cou de son aîné, se redressa quelque peu, afin de plonger son regard dans le sien. Bien qu'il ait eu d'innombrables conquêtes, jamais encore on ne lui avait prononcé ces mots avec autant de sincérité. A chaque expériences qu'il avait partagé, Jungkook n'avait encore jamais pris le temps d'apprécier une simple caresse, ni même un regard, se contentant d'agir selon ses envies et celles de ses partenaires. Éprouver autre chose que du désir charnel pour autrui lui était aussi étranger que les pays voisins, et au fond, peut-être en avait-il peur.
C'est certainement le premier sentiment qu'il éprouva en tombant dans le regard peu confiant et surtout perdu de son nouvel amant.
— Qu'est-ce que...tu as dis ?
Taehyung n'avait encore jamais connu ni le désir, ni l'amour. Tout ce qu'il savait ou imaginait provenait de toutes les lectures qui avaient jusqu'à lors bercer ses idéaux. Il avait souvent rêvé et espéré, seul dans la nuit, qu'un jour viendrait où il dirait ces mots si précieux et qu'on lui montrerait en retour. Ceci dit, il n'aurait jamais pu imaginer que son corps, tout comme son âme, ne se retrouvent en émoi face à quelqu'un comme Jungkook, encore moins dans un tel moment. Après tout, Taehyung n'avait jamais réellement porté d'importance à tout ce qui était charnel, car pour lui, cela s'arrêtait à quelques chastes baisers partagés par ses héroïnes fictives. Alors quand son cœur s'était emballé au premier toucher de Jungkook, quand son ventre avait commencé à être aussi tourmenté que sa tête, il n'avait pu résister à l'envie de prononcer ces petits mots, pourtant si insignifiants, et à la fois, si profonds.
Maintenant, devant l'absence de réaction de Jungkook qui le fixait avec de gros yeux comme s'il lui avait avoué son plus grand secret, Taehyung se sentait totalement mis à nu et sans réellement comprendre pourquoi il se mit à pleurer. Peut-être était-ce trop difficile d'assimiler ce manque de réactivité à un rejet, lui qui n'avait alors jamais vécu de tels moments jusqu'à aujourd'hui.
Jusqu'à lui.
Ne supportant plus ce silence qui pesait si lourd, Taehyung retira ses mains de l'emprise de son cadet et ramena ces dernières à son visage afin de cacher les larmes qui commençaient à maquiller ses joues, et qui aussi, le faisait grimacer d'inconfort. Pris de petits soubresauts, il commença à énoncer ses plaintes à travers de petits gémissements qui serrèrent le cœur de Jungkook.
D'abord pris au dépourvu, il ne sut comment agir jusqu'à ce que son instinct naturel ne reprenne le dessus, et comme à chaque fois qu'il se retrouvait seul à seul avec Taehyung, Jungkook ressenti la terrible envie de le protéger, de le serrer contre lui afin que plus jamais il ne ressente la peine.
— Non, ne pleure pas.
— J-je...Je su-suis....
— Taehyung, je suis là, dit doucement Jungkook en se repositionnant sur le côté afin de le tirer contre son torse.
Les deux jeunes hommes restèrent ainsi un long moment et s'endormirent jusqu'à ce que l'averse ne cesse et qu'ils puissent repartir. Aucunes paroles ne furent partagées durant le trajet. Taehyung avait préféré suivre Jungkook qui s'était imposé comme guide sans même qu'il n'ait à le dire, et bientôt, ils retrouvèrent l'enceinte de la capitale.
L'aube éclairait les maisons et quelques habitants commençaient déjà à se promener dans les rues afin de se rendre au carrefour des marchands. Au même moment, Jungkook et Taehyung descendirent de leurs montures et commencèrent doucement à se diriger vers leurs maisons respectives, laissant parfois leurs mains se frôler au gré de la légère brise, quand soudain, une voix inattendue interpella le plus vieux.
— Kim Taehyung !
Reconnaissant de suite le timbre de voix sévère de son père, Taehyung se figea et fit alors signe à Jungkok de déguerpir, au risque de le voir rencontrer les foudres de celui qui ne le connaissait qu'à travers les rumeurs du peuple.
— Que faisais-tu si loin de notre demeure ? N'as-tu pas honte de t'être absenté sans même prendre le temps de prévenir ta mère toi-même ? Etait-ce seulement pour...
Derrière l'homme que Taehyung redoutait le plus, se trouvaient des partisans de son parti. Le jeune homme en connaissait certains, de noms, puisqu'ils s'étaient d'ores et déjà présenté chez lui par le passé avant que lui et sa famille n'arrive à la capitale. Taehyung ne les aimait guère, les trouvant toujours trop mornes et froids, à l'image de son propre père. A vrai dire, ce n'étaient que des marionnettes qui ne partageaient jamais vraiment leur avis propre et qui se contentaient de se cacher derrière une figure bien plus imposante, afin d'arriver à leur fins.
Deux d'entre eux le toisèrent de bas en haut, comme s'ils jugeaient silencieusement son accoutrement qui devait être quelque peu froissé par ses dernières activités, voire même peut-être encore un peu humide à cause de la pluie.
Taehyung n'écoutait déjà son plus père et espérait silencieusement que Jungkook ait pu partir, alors il se tenait là, sa main droite tenant fermement la corde de sa monture et le regard rivé sur le sol quand il sentit une douce présence se rapprocher de lui, ainsi qu'une main se poser sur son épaule gauche.
— Kim Seonsaeng-nim (*titre de respect), veuillez pardonner à votre fils, et surtout, à moi-même. Alors que je partais m'entraîner plus loin dans la forêt, nous nous sommes croisés et j'ai jugé bon de lui proposer ma compagnie. Par ma faute, nous avons tardé sur le retour, lorsque l'averse s'est abattue. Fort heureusement, je connaissais un refuge non loin et d'humbles gens nous ont offert l'hospitalité. Nous avons pris la route dès le lever du soleil.
A cet instant qui lui sembla hors du temps, Taehyung découvrit une nouvelle facette de la personnalité de celui dont il tombait doucement amoureux. Jusqu'alors, Jungkook ne s'était encore jamais montré si solennel, mais autant dire qu'il n'en fut pas moins déçu pour un jeune homme provenant d'une aussi bonne famille. Il avait parlé tel un chef, se tenant aussi droit qu'un piquet, la tête haute et le regard fixé dans les yeux sévères d'un père furieux.
— Votre père ne vous a t-il pas appris à ne pas vous occuper des affaires d'autrui, jeune homme ? dit-il alors, le toisant avec un mépris évident.
— Ajeossi (*monsieur), mes intentions n'étaient pas mauvaises. J'avais entendu dire que votre fils pouvait être une fine lame et un guerrier à en devenir, alors il va de soit que ma curiosité ait pris le dessus lors de notre rencontre. Après tout, nous sommes tous deux fils de conseillers royaux et...
— Peu importe des similitudes qui peuvent vous donner l'impression que vous êtes proches, il n'en est rien.
— Abeoji... souffla Taehyung qui commençait à être plus que gêné de la réaction de son père.
Il ne le connaissait que trop bien et c'était bien là l'homme qu'il craignait le plus au monde. Bien qu'il l'aimait, puisqu'il restait tout de même son père, Taehyung avait parfois l'impression que son cœur était fait de pierre. Non pas qu'il était un homme avare, condescendant ou impétueux, il savait être juste et sérieux, comme tout homme qui avait réussi auprès du Roi. Cependant, avec sa famille, son père ne faisait pas de différence et était parfois monstrueux. Comme tout parent, il souhaitait la réussite de ses enfants, mais Taehyung se demandait bien trop souvent s'il leur souhaitait aussi le bonheur et l'épanouissement dont il rêvait chaque jour. Il ne pensait qu'à la réputation, qu'à l'honneur, qu'à toutes ces choses que Taehyung trouvaient si moroses face à la beauté du cœur.
Alors, quand il vit la façon dont son père dévisagea Jungkook, qui malgré sa ténacité, ne flanchait pas, le jeune homme se souvint des dures paroles que lui avaient dites son père le jour où il lui avait retiré tout ce qu'il aimait. Aujourd'hui, la simple idée de perdre Jungkook lui paraissait être la pire des punitions, et surtout, il prit peur de le voir s'éloigner si ce dernier se sentait menacé, ou bien même insulté par ces affronts.
— Seonsaeng-nim, ce jeune homme est aussi le fils du yeonguijeong* (*Président du conseil d'Etat en chef)... rappela alors un des hommes qui se trouvait derrière lui, les mains rangées dans le dos et quelque peu courbé comme pour rappeler sa place.
Cet homme, dont Taehyung ne connaissait pas le nom, était en quelque sorte le second de son père, celui qui se promenait toujours à sa botte et qui veillait à ce que toutes ses demandes soient faites en temps et en heure, comme par exemple, la totalité des rapports concernants la surveillance de ses propres enfants.
À ses propos, le père du jeune homme sembla réfléchir et choisit d'ignorer Jungkook. Il ne l'appréciait guère, mais il ne pouvait se risquer les foudres de son supérieur, ni même celles du Roi qui adulait toute leur famille.
— Taehyung, appela-t-il alors sévèrement.
Pris de court, ce dernier n'osa même pas regarder Jungkook qui se tenait toujours à ses côtés comme pour montrer qu'il n'avait peur de rien et avança vers son père, tête baissée.
— Rentre, maintenant. Dès que ce sera fait, fais le parvenir à ta mère afin qu'elle fasse venir ton précepteur.
— Oui, Abeoji.
Quelque minutes plus tard, le père de Taehyung ainsi que ses sbires reprirent la direction du palais, non sans accorder un salut à Jungkook qui les regarda partir avec mépris. Il ne pipa mot mais n'en pensa pas moins et ainsi naquit sa véritable hostilité envers cet homme qu'il pensait être un pur tyran.
Avant de filer à son tour, Taehyung n'osa l'approcher et lui murmura un faible merci après lui avoir offert un beau sourire, et bien qu'il fut triste, Jungkook le lui rendit comme pour lui donner le courage qu'il avait quémander en silence et le regarda s'éloigner, se promettant de le retrouver au plus vite.
En chemin vers sa propre demeure, Jungkook repensa alors à ce qu'ils avaient échangés plus tôt, et ne put empêcher ses propres émotions de prendre le dessus, ressentant alors, et pour la première fois, cette étrange sensation de bien être l'envahir. Il en oublia même sa petite réunion quotidienne avec Jimin à Gatak et préféra filer tout droit à son pavillon, une idée claire en tête.
*
La tête plongée sur l'œuvre que lui avait proposé son précepteur, il était pourtant impossible pour Taehyung de rester concentrer. Il avait beau lire et relire ces phrases qui pourtant, avaient un sens tout à fait intéressant à travailler, sa mémoire ne cessait d'explorer en boucle les souvenirs de sa nuit passée aux côtés de Jungkook.
Rien que le fait d'y penser le faisait rougir, le faisait même sourire dans sa barbe, sourire qu'il essayait de cacher en se pinçant les lèvres. Il n'avait encore jamais ressenti un tel sentiment, à moins que ce ne soit que de simples émotions...Quoi que cela pouvait être, Taehyung ne pouvait se lasser de cette chair de poule qui envahissait son corps tout entier, ni même cet étrange mais agréable sensation qui tiraillait son ventre.
On lui avait dit une fois qu'il était possible de ressentir comme une centaine de papillons voler entre ses entrailles, Taehyung n'avait jamais compris pourquoi, jusqu'à aujourd'hui. Il y avait quelque chose de magique et fascinant dans cette sensation qui, lorsqu'on la vivait, ne pouvait que nous faire croire qu'on serait heureux jusqu'à la fin de ses jours.
Oui, Taehyung avait beau lire et relire ce qui se trouvait juste sous ses yeux, il ne pouvait s'empêcher de plutôt se demander comment les gens autour de lui pouvaient vivre tout en ignorant naïvement qu'une telle sensation pouvait exister. C'était un peu comme une chanson qui n'aurait jamais aucune fin, qui serait toujours harmonieuse et qui aurait la capacité éternelle de bercer quiconque voudrait bien l'entendre.
– Taehyung ?
Tout à coup, le jeune homme se mit à trembler, comme prit d'un trop plein de cette sensation qui ne demandait qu'à être rassasiée et c'est avec les joues rougies par le malaise et le fait d'avoir été prit sur le fait que Taehyung releva les yeux vers son tuteur.
— Excusez-moi Sunbaenim, je...
— Tu n'arrives pas à te concentrer, pas vrai ?
— Comment... Comment l'avez vous deviné ?
Touché par l'agréable naïveté de son élève, Seokjin se mit à rire puis referma son propre ouvrage avant de croiser les bras contre son torse, les mains rangées dans les grandes manches de son durumagi.
— Tu me sembles préoccupé, n'est-ce pas ?
Timide, Taehyung n'osa pas répondre de vive voix et se contenta de hocher la tête, espérant à la fois que Seokjin ne puisse deviner ce qui l'habitait, tout comme il espérait qu'il puisse lui donner des réponses à propos de ces nouvelles inconnues qui le faisait se sentir nouveau.
— Voudrais-tu en parler ?
— Et bien...
— Disons que nous nous accordons une pause. Toute discussion comporte une leçon qui est toujours bonne à prendre Taehyung, rien n'est jamais vide de sens, ni d'instruction.
S'il y avait bien une chose que Taehyung appréciait aux côtés de Seokjin, était qu'il n'était pas un simple précepteur qui se voyait bien obligé de déroger à ses propres habitudes pour venir faire cours à un jeune noble. Il était un véritable professeur qui ne cessait de s'enrichir, de part ses recherches, de part ses lectures, mais aussi, par la vie en elle-même. Échanger avec lui était toujours enrichissant, il était une sorte de la personnification de la compassion et à la fois une sage lumière qui pouvait guidait quiconque se retrouvait dans le noir.
C'est avec cette idée en tête que Taehyung se sentit plus à l'aise, pensant que peut-être, son précepteur aurait quelques réponses à lui apporter sur ce qu'il ressentait physiquement parlant, ce qu'il n'arrivait pas à déchiffrer.
— Savez-vous... Savez-vous pourquoi l'on dit que l'on peut avoir des choses qui palpitent au creux de notre ventre ?
— Dans mes souvenirs, il semblerait que cela fasse référence à quelque chose qui nous fait peur ou qui nous rend inquiet. Serait-ce une chose que tu ressens toi-même ?
— Non, je...Ce n'est pas...Je n'ai pas peur, je ne ressens pas de peur. Au contraire, j'ai fait l'expérience de cette sensation récemment et elle me parait bien plus douce, agréable, bien que parfois, je peux sentir mon corps réagir comme s'il avait froid alors qu'il n'y a pas de vent. En fait, il m'arrive de le ressentir et d'avoir l'impression que tout mon corps réagit, et je sens vraiment...J'ai vraiment l'impression d'avoir quelque chose là, dit Taehyung en posant la main sur son estomac. Ce n'est pas désagréable.
— Et bien, ce sont des papillons. Il me semble alors que c'est une belle expression que l'on utilise afin de décrire les sensations physiques et émotionnelles qui se développent face à quelque chose, ou plutôt quelqu'un qui nous plaît. Cela pourrait faire référence à la naissance de sentiments, je dirais que cela peut même définir l'état amoureux.
— A-amoureux ?
— Oui, sentir les papillons serait ressentir des frissons, ce que tu décris comme ce sentiment d'avoir froid alors que ce n'est pas le cas. Comment le ressens-tu ?
Taehyung fit d'abord une grimace, inquiet de ne pas réussir à le décrire mais la référence à l'amour fit battre son cœur un peu plus fort et aussitôt, une tonne de nouveaux papillons vinrent l'envahir.
— Je ressens comme... Comme un nœud, en fait... Comme des ailes qui battent dans mon ventre.
— Je vois.
— Serait-ce quelque chose de grave, Sunbaenim ?
— Bien au contraire, sourit Seokjin, touché par l'aveu de son élève.
Du moins, il avait bien conscience que Taehyung lui-même ne s'était pas rendu compte de son propre état, ni même du fait qu'il expérimentait là l'une des choses les plus belles et les plus pures au monde.
— Je te rassure, cela n'a rien de grave, n'ai pas peur. N'aie pas peur de ressentir. Ressentir des émotions, ou quoi que ce soit Taehyung, prouve que l'on est vivant.
— Mais alors pourquoi avez-vous parlé d'amour ?
— L'amour, Taehyung, est un grand maître. Il nous enseigne ce que nous ne sommes pas, devient l'ouvrage du moment par ses leçons, force les obstacles de notre nature, comporte des effets qui peuvent même être définis comme des miracles. L'amour ne connaît pas de limites, il les franchit et les laisse derrière lui. Il tente plus qu'il ne peut, car ne connaît rien d'impossible. L'amour, c'est l'occasion unique de grandir, de mûrir, de prendre forme et de devenir soi-même.
— Alors ces papillons que je ressens en moi me pousserait à devenir celui que je suis vraiment ?
— Ça, c'est à toi de le découvrir. L'amour est commun à tous, mais personne ne le vit de la même façon. Chaque leçon qu'il donne est unique, comme nous, nous sommes tous différents.
— Pourtant, l'on attend que les hommes aiment les femmes, et que les femmes aiment les hommes, n'est-ce pas ?
— Effectivement, mais aimer, ce n'est pas seulement ça. Nous doutons de notre liberté parce qu'avant tout, nous ignorons l'étendue immense du pouvoir de l'Amour.
— Sunbaenim, dit alors doucement Taehyung en baissant les yeux, timide. Avez-vous déjà connu l'amour ?
— Ne serait-ce pas une question que tu voudrais te poser toi-même ?
*
Deux jours plus tard, Yoongi sortait tout juste des cuisines lorsqu'un des serviteurs de maison vint lui apporter la nouvelle. Un beau et jeune visiteur s'était présenté aux portes de la maison et demandait à voir son maître.
S'apprêtant à rencontrer Jimin, qu'il ne portait absolument pas dans son cœur, Yoongi s'en alla l'accueillir seul, sachant qu'il était à cette heure celui qui dirigeait la maison en l'absence de Madame Kim, qui s'était absentée.
Ces journées étaient presque bénies par tous, car lorsque ni la mère de Taehyung ni son père n'étaient là, chacun pouvait travailler à son rythme sans avoir à craindre de remontrances. Quoi qu'il arrive, tout serait fait en temps et en heure, et ça, Yoongi n'y manquait jamais.
Arrivé aux portes de la maison, le serviteur inspira fortement et fit entrer celui qu'il n'attendait pas. Mais à sa grande surprise, ce ne fut pas le visage malin de Jimin qui lui apparut, mais celui de Jungkook, portant lui-même un grand sac en toile dans son dos.
— Maître Jeon ?
— Bonjour Yoongi, je suis venu voir Taehyung. Est-il présent ?
— Oui... Oui, il se trouve dans son pavillon en ce moment même. Personne ne m'avait informé de votre visite.
— Ce n'était pas prévu et il ne faudrait pas que cela se sache... Continua Jungkook, un sourire au coin des lèvres.
Au fond, bien qu'il ne savait pas vraiment quoi penser de lui, Yoongi n'avait aucune rancœur envers Jungkook. Il était un jeune maître comme les autres, peut-être connu, un peu trop, par toute la capitale, mais quelque part, il y avait aussi ces petites choses qui faisaient de lui un jeune homme différent. Lorsqu'il le regardait, Yoongi ne le trouvait pas faux, mais plutôt confiant et parfois un peu maladroit lorsqu'il était hésitant, mais il sentait qu'il avait un bon fond.
Aussi, il fallait dire que ce jeune homme apportait une joie immense à son jeune maître, et cela suffisait à Yoongi pour qu'il l'accepte sans broncher. Ceci dit, il savait aussi qu'il n'était pas un invité apprécié par les parents de son jeune maître, alors il hésita un instant avant de s'avancer afin de lui souffler à l'oreille :
— Je vous conseille de faire le tour, afin de passer par les jardins. Ils sont plus proches du pavillon de mon jeune maître et je pourrais vous y guider en secret. Soyez discret, je vous retrouverai près de l'étang.
A ces mots, Yoongi se courba devant lui et fit refermer les portes, Jungkook se retrouvant un peu idiot derrière le bois. Néanmoins, il finit par retrouver son sourire et accepta le défi, contournant alors les remparts de la maison sans qu'on le voit, jusqu'à ce qu'il trouve de quoi s'infiltrer. Cela ne fut pas long et très vite, il remarqua les branches solides d'un arbre qui devait se trouver juste de l'autre côté, alors il accroche son sac comme il le put, sans risquer d'abîmer ses vêtements et grimpa au mur afin d'attraper la branche qui lui permettrait de passer de l'autre côté.
Comme prévu, il se retrouva dans les grands jardins de la demeure de la famille Kim, et aperçut non loin le petit étang dont lui avait parlé Yoongi. Tout en se faisant discret, il le rejoignit à petit pas, jusqu'à ce que le serviteur ne lui fasse signe, perché dans un kiosque un peu plus haut.
Arrivé à sa hauteur et bienheureux d'y être parvenu sans encombre, Jungkook se mit à sourire fièrement, sans pour autant réussir à tirer ne serait-ce qu'un rictus au serviteur qu'il trouvait toujours très (ou trop) sérieux et qui le guida jusqu'au pavillon qui devait être celui de Taehyung.
A vrai dire, la maison des Kim n'était pas plus grande que la sienne, mais avait tout de même beaucoup de charme et Jungkook eut l'impression que tout était fait pour être vu. Non pas dans un but de vantardise, mais plutôt dans le but d'avoir toujours un oeil sur tout ce qu'il se déroulait entre ces murs, et cela lui fit un peu de peine, pensant à un Taehyung qui devait s'y sentir comme dans une prison, bien qu'il aimait la nature et que sa demeure n'en manquait pas.
— C'est ici, la porte du fond. Personne ne s'y rend à part moi en l'absence de Madame Kim, alors vous ne risquez rien. Elle sera de retour en fin de journée, alors je ne peux que vous conseiller d'être parti avant son retour. Vous pourrez prendre le même chemin, seul mon maître s'y promène.
— Merci, dit alors Jungkook en se courbant un peu.
Ce geste surprit totalement Yoongi qui ne sut quoi répondre, cherchant alors à le faire se relever par tous moyens. Mais pour la troisième fois depuis leur rencontre, le serviteur fut agréablement surpris par la générosité dont pouvait faire preuve Jungkook, qui se redressa avec un sourire franc.
— Je ne veux que son bien, alors merci. Tu peux me faire confiance.
Un peu plus loin, et comme souvent, Taehyung était dans sa chambre et tentait tant bien que mal de travailler sur ce qu'on attendait de lui. Deux jours plus tôt, après avoir été obligé d'abandonner Jungkook plus tôt que prévu, Jin était venu à sa rencontre et lui avait laissé de quoi s'occuper pour les jours à venir après leur discussion qui n'avait cessé de le tarauder.
Malgré les ordres de son père, Taehyung avait été heureux de voir celui qui était aussi devenu un ami. Il lui avait fait part de ses nouvelles découvertes, sans jamais vraiment parler de ce qui s'était joué dans sa tête et dans coeur en présence de celui qui le faisait battre plus fort que les autres.
Ceci dit, bien que studieux, Taehyung s'ennuyait et aurait rêvé de pouvoir s'échapper. Pourtant, sa mère l'avait assigné à domicile avant son départ, certainement suite à la demande de son père et maintenant, Taehyung se retrouvait triste à l'idée de ne pas pouvoir faire usage de la peinture ou bien encore de pouvoir lire ces romans qu'il aimait tant.
Il y avait bien celui que lui avait offert Jimin, mais il l'avait lu tellement de fois qu'il le connaissait par coeur, et ce coeur le suppliait d'user de ses mains afin de faire émerger ce qu'il n'arrivait toujours pas à comprendre (ou accepter) vis à vis de celui qui ne quittait jamais son esprit.
Comme il ne pouvait sortir, le jeune homme avait alors travaillé, puis il avait déjeuné, avant de se remettre au travail et de finalement se préoccuper de sa chevelure qu'il appréciait maintenant de coiffer autrement, suite aux conseils de Jimin. Mais alors qu'il se demandait s'il pourrait bientôt acheter de nouveaux accessoires, trois coups contre sa porte le fit se relever.
Conscient qu'il ne devait pas s'agir de Yoongi, puisque ce dernier ne toquait pas ainsi, il regrettait déjà le retour de sa mère ou de ses serviteurs qui le mènerait jusqu'à elle quand enfin, la porte s'ouvrit sur un visage qu'il ne pourrait jamais oublier.
Il semblait que Jungkook ne pouvait qu'être plus beau de jour en jour, et aujourd'hui, il portait un accoutrement assez simple, tout de même digne de sa condition. Ses cheveux étaient comme toujours attachés, mais il ne portait pas de gat, qui gâchait, selon Taehyung, la beauté de son visage.
— Puis-je entrer ?
Se mordant un peu la lèvre et ne sachant pas comment l'accueillir, Taehyung hocha seulement la tête, ce qui fit rire son invité qui ne tarda pas à entrer et à refermer la porte derrière lui.
Bien qu'il commençait lentement, mais sûrement à le connaître, Jungkook découvrait aujourd'hui une part du monde de Taehyung, son intimité. On lui avait souvent dit qu'une chambre pouvait être le reflet d'une personne, mais à ce moment-là, Jungkook ne put le confirmer.
La chambre de Taehyung était très épurée, plutôt à l'image de sa famille, alors qu'il s'était attendu à entrer dans le monde qui lui appartenait, rien qu'à lui. Ce n'était pas une chambre qui criait à la richesse, si l'on ne prenait pas en compte le fait des quelques meubles ni des vêtements qui devaient y être rangés. La chambre était très grande, décorée de quelques couleurs ici et là, qui rappelait tout de même la bonté de son hôte, mais à vrai dire, Jungkook s'était plutôt attendu à quelque chose de plus...féérique, ou alors quelque chose de plus...Taehyung.
Il posa alors son sac de toile près de la porte et avança doucement dans la pièce, les mains rangées dans son dos, tout en scrutant chaque mur, chaque recoin. Si la chambre de Jimin était remplie de tout ce qui faisait de lui l'être le plus coquet qu'il n'avait jamais connu, celle de Taehyung était beaucoup plus simple, humble, quelque peu à son image. On y retrouvait tout un tas d'ouvrages qui regorgeaient de leurs enseignements communs, mais il y avait aussi beaucoup d'espaces vides.
Jungkook pensa alors que cela devait être dû à la furie récente de son père, qui lui avait arraché tous ses passe-temps. Il y avait quand même deux ou trois livres que Taehyung avait dû cacher (pour son plus grand bonheur), ainsi que quelques accessoires qui lui rappelaient à quel point il pouvait être adorable.
— Je...Je ne pensais pas te voir ici, murmura presque Taehyung, gêné bien qu'au fond, il ne pouvait cacher son bonheur. Comment es-tu...
— Voilà donc à quoi ressemble le pavillon du rêveur, le coupa Jungkook, toujours en pleine inspection.
Lorsqu'il le regardait, Taehyung le trouvait toujours un peu plus beau. Après tout, chaque jeunes bons partis de la ville pouvait se vanter de la condition de sa famille qui leur permettait d'être toujours tirer à quatre épingles. C'était comme si les gens de la ville aimaient se pavaner afin de pouvoir se faire voir tel un trophée représentatif de leur nom, mais aux yeux de Taehyung, Jungkook était différent.
Évidemment, il était beau, certainement l'un des plus beaux (pour ne pas dire le seul) parti de la capitale, mais il y avait en lui ce petit quelque chose qu'il ne pouvait nommer et qui le rendait unique en son genre. Quoi qu'il fasse, il débordait d'une certaine confiance qui le rendait tout aussi mystérieux qu'attirant, ce qui agrémentait sans cesse ce charme qui était tout bonnement naturel et peut-être même inné, chez lui. Mais encore, il y avait sa démarche et aussi ce petit sourire qui habillait parfois ses lèvres lorsqu'il posait les yeux sur quelque chose qui semblait l'intéresser, sans parler de cette coiffure qui lui allait à merveille. Oui, Jungkook avait les cheveux très long, raide et fin à souhait, et ce petit chignon qui libérait le reste de sa chevelure au vent lui allait à ravir. Peut-être même que...
— Possèdes-tu autant d'accessoires ? le coupa Jungkook dans ses pensées, ce qui fit rougir le plus vieux qui réagit enfin.
Les joues rougies par la honte de ne pas avoir pu ranger sa chambre, Taehyung se faufila près de lui et se hâta à ranger ses affaires avant de lui faire face à nouveau.
— Comment es-tu entré ? se reprit-il, essayant de faire bonne figure alors que son visage mentait pour lui.
Jungkook lui répondit d'abord avec un sourire franc et pas moins charmeur, avant de hausser les épaules.
— En secret.
— En...secret ? Ma mère n'est pas présente, et la seule personne qui aurait pu... Oh, souffla doucement Taehyung. C'est Yoongi, n'est-ce pas ?
— Exact, répondit Jungkook sans se démonter. Maintenant que je connais ce raccourci, je pourrais te rendre visite aussi souvent que tu le voudras... Enfin, si tu le souhaites, bien sûr.
Taehyung hocha lentement la tête, tout en pressant ses lèvres l'une contre l'autre. Bien qu'il partageait de plus en plus de temps auprès de Jungkook, il n'arrivait pas toujours à garder la tête haute devant lui, sans vraiment savoir pourquoi. Ce qu'il ignorait, était que cela faisait partie de son charme, et que Jungkook ne s'en laissait pas.
— Que faisais-tu ?
— Et bien, je....
Tournant légèrement la tête sur le côté, Taehyung aperçut les livres qu'il était en train d'étudier et qu'il avait abandonnés pour combler son ennui. Devait-il confier à Jungkook qu'il s'était attelé à un atelier digne des femmes dans le seul but de lui soutirer un compliment, ou alors devait-il mentir ?
— Je...
— Tu étudiais, n'est-ce pas ?
— Hm, dit-il simplement, tout en hochant la tête.
— Et alors, que fait donc un jeune maître tel que toi lorsqu'il n'est pas en train d'étudier ? demanda alors Jungkook, les mains toujours rangées derrière son dos.
— J'aime... J'aime peindre, dessiner ou écrire mais... Enfin, je n'en ai plus le droit, alors... Je lis ? A vrai dire, je connais déjà tous les ouvrages que je possède...
— C'est vrai, tu aimes lire. Pourquoi ne pas aller te promener dans tes jardins ?
— Je... En vérité, j'aurais adoré, mais cela m'aurait donné envie de sortir, et je n'en ai pas eu l'autorisation aujourd'hui, alors...
Jungkook ne le montra pas, mais il ressentit beaucoup de peine pour son aîné, qui devait, selon lui, mené une vie bien triste. C'est vrai que Taehyung était totalement différent de tous les autres jeunes gens de la capitale, lui était sans cesse surveillé par sa famille et se voyait forcer à suivre leurs règles sans jamais profiter pleinement de ce que pouvait lui offrir sa jeunesse. Aujourd'hui, Jungkook savait que Taehyung n'était pas aussi crédule que ce qu'avait laissé entendre Jimin, qui ne s'interdisait jamais de se moquer d'une condition qu'il n'avait jamais connue. La liberté était une notion chère au cœur de Jungkook, lui avait baigné et grandit avec elle, mais lorsqu'il regardait Taehyung, il ne pouvait que s'en vouloir de ne jamais avoir reconnu sa valeur.
— Je t'ai apporté quelques petites choses qui pourraient te plaire.
Soudainement intrigué, Taehyung fronça les sourcils et pencha la tête sur le côté. De cette façon, on aurait cru voir un chat curieux, et Jungkook se mordit la joue pour se retenir de dire ô combien il pouvait être adorable.
— Je t'avais dis qu'il m'arrivait de peindre, moi aussi. Figures-toi que j'ai beaucoup trop de matériel, alors j'ai pensé que je pouvais le partager avec toi. En fait, Jimin n'a pas cette âme d'artiste, et je ne savais plus à qui confier tout ceci, alors... Je t'en prie, dit-il en tendant le sac de toile à son aîné.
Surpris, Taehyung ne réagit pas de suite et observa le sac comme si c'était la première fois qu'il en voyait un, puis, comprenant enfin que Jungkook attendait qu'il le saisisse, il l'attrapa d'une main quelque peu hésitante. Afin de l'ouvrir sans risquer de briser ce qui pouvait se trouver à l'intérieur, Taehyung marcha ensuite jusqu'à la petite table basse qui se trouvait au milieu de la pièce, suivit par un Jungkook pas moins anxieux à l'idée que son cadeau ne lui fasse pas plaisir. Ce dernier finit par s'asseoir face à lui, et enfin, Taehyung ouvrit le sac et fit glisser sur la table tout ce qui se trouvait à l'intérieur.
Sa surprise ne fut que plus grande encore lorsqu'il découvrit une multitude de nouveau pinceaux, de la couleur, beaucoup de couleur, mais aussi, de quoi réaliser son passe-temps favori. Jamais encore, on ne lui avait offert un tel présent, et c'est avec beaucoup d'émotions qui se reflétaient dans ses yeux larmoyants que Taehyung releva la tête, tombant alors dans les yeux pétillants de Jungkook.
— To-tout ça... C'est pour... Moi ?
Jungkook avait eu envie de lui dire que Taehyung pouvait avoir tout ce qu'il voulait, qu'il n'avait qu'à le demander ou même le lui faire comprendre, mais il se retint, et se reprit au dernier moment en se contentant de répondre avec un faible hummement.
— Je n'arrive pas à y croire, mais...
— Lors de notre soirée à Gatak, tu m'avais confié que ton père t'avait tout enlevé. J'ai jugé bon de pouvoir te partager tout ce que j'avais en trop. Je me disais que tu trouverais bien un moyen de le garder secret, comme ma petite visite. Qu'en penses-tu ?
Ce que Jungkook omettait, était que tout ce matériel qu'il avait amené avait été choisi et acheté par ses soins. Il avait fait un peu de tri dans ses propres affaires, mais avait tenu à voir ce fameux sourire qui était si particulier lorsqu'il décorait le visage de Taehyung, alors il s'était démené afin de trouver toutes les sortes de pinceaux et d'encre afin de les lui amener en personne. Ses propres serviteurs ne l'avaient jamais vu aussi enthousiaste et aussi méticuleux concernant ce passe-temps, mais personne n'avait posé de question à leur jeune maître qui parfois, pouvait s'avouer être un terrible passionné.
— Je... Jungkook, je...
— Hyung, tu refuserais ces présents ?
— Non ! Non, jamais je ne pourrais... Merci. Merci beaucoup, prononça alors l'aîné en plongeant ses yeux brillaient de bonheur dans ceux de son cadet.
Bienheureux, Jungkook se leva puis s'avança alors d'un pas, demandant silencieusement à son aîné de se relever afin de l'attirer dans une étreinte chaleureuse. Il ne pouvait l'expliquer, mais cela semblait être l'expression de sa gratitude quant à l'engouement de ce jeune homme qui prenait un peu plus de place dans son cœur chaque jour.
Taehyung fut le premier à se retirer de cette étreinte, mais il n'eut pas le temps de dire ou de faire quoi que ce soit que Jungkook attrapa le bout de son menton, relevant alors ses yeux dans les siens. Ce fut un moment doux, délicat, presque hors du temps, avant que dans un langage silencieux qui ne pouvait être compris que par deux êtres passionnés, leurs lèvres ne se rapprochent encore et encore jusqu'à se frôler.
Aucun d'eux n'osa prononcer un seul mot, pourtant chacun semblait attendre une réaction de l'autre, et alors, tandis que son cœur battait la chamade, Taehyung s'agrippa au bras de son cadet et fit rencontrer leurs lèvres. Cet échange fut une nouvelle fois comme une révélation pour lui, qui ne put s'empêcher de penser qu'il vivait tout ce qu'on pouvait décrire dans les contes de romance.
Jungkook fut agréablement surpris par le geste de son aîné, mais comme s'il avait attendu cela depuis bien trop longtemps, il entoura la fine taille de Taehyung et l'agrippa comme si ce dernier pouvait s'échapper à tout moment. Il pouvait sentir les fines et douces lèvres de ce dernier contre les siennes, se mouvant comme l'aurait fait l'eau paisible d'un étang au gré d'une délicate brise.
A chaque échange langoureux qu'il partageait avec Taehyung, Jungkook avait cette folle impression d'être aussi libre que le vent, sentant leurs deux corps, ou plutôt, leurs deux coeurs s'harmoniser sur la même harmonie. Bien qu'il était cet être fragile qu'il lui fallait à tout prix protéger, les baisers de Taehyung communiquait une tout autre chose, une sensualité encore cachée qui ne demandait plus qu'à être dévoilée.
Oui, il y avait chez lui ce quelque chose que Jungkook ne pouvait décrire, mais que son coeur arrivait à comprendre, même sans poser de mots. Guidé par cette mélodie encore inconnue, Jungkook fit valser leurs deux corps avant qu'ils ne tombent sur la couche de son aîné.
Il y avait cette voix dans sa tête qui ne tarda plus à manipuler ses gestes, faisant alors glisser le vêtement de Taehyung sur son épaule. Ses lèvres, envieuses et tentatrices ne purent s'empêcher de rencontrer son épiderme, faisant doucement gémir le plus vieux.
Ce gémissement sonna comme la cloche d'alarme dans les oreilles de Jungkook qui eut beaucoup de mal à se reprendre, mais avec beaucoup de délicatesse et une courtoisie sans pareille, il préféra se reculer et y mettre fin.
Après tout, il n'était pas venu lui rendre visite dans le but de le prendre dans son propre lit, bien qu'il ne fallait pas se leurrer, Jungkook mourrait d'envie de le faire sien. Il y avait quelque chose chez Taehyung, peut-être sa délicieuse naïveté, ou bien encore, cette partie si féminine de son personnage qui ne cessait de le séduire à chaque fois qu'il posait les yeux sur son visage. Puis, il y avait aussi son corps, la façon dont n'importe lequel de ses gestes le rendait gracieux et donnait cette irrésistible envie à Jungkook de le ravager, tel était le mot qui l'obsédait.
S'il n'avait été que l'une de ses nombreuses conquêtes, Jungkook aurait certainement cédé à l'appel de la luxure, mais Taehyung était tellement bien plus que tout cela. Il ne pouvait l'assumer à voix haute, de peur que son cœur ne l'emprisonne, si cela n'était pas déjà fait.
Quoi qu'il en soit, Jungkook refusait à tout prix de blesser son aîné, il ne voulait plus revoir ce regard surpris et perdu qui ne traduisait que sa déception, regard qu'il avait déjà de nombreuses fois aperçu sur ce si beau visage qui ne méritait que la joie et le bonheur.
Il était venu ici avec ces présents dans le but de lui faire plaisir, comme pour ces fleurs qui lui avaient volontairement acheté deux jours plus tôt. C'était peut-être égoïste, mais quelque part, il souhaitait être sa seule et unique cause de bonheur, être la seule personne capable de pouvoir le faire sourire. Il fallait absolument que toute cette douceur que Taehyung adressait au monde lui soit dirigée, comme s'il était l'exception, le seul à pouvoir apprécier sa valeur.
Alors, lorsqu'il se redressa pour retrouver une position plus convenable, Jungkook adressa un beau sourire à Taehyung. Ce dernier, qui s'était d'abord senti perturbé de perdre son contact, senti son coeur s'apaiser, et pour la première fois, ne paniqua pas le moins du monde.
— Loin de moi l'envie de briser ce moment, mais laisse moi te dire que jamais encore, on ne m'avait remercié ainsi, prononça Jungkook en brisant le doux silence. Je suis heureux que ces présents te plaisent, peut-être devrions nous en faire bon usage, ne crois-tu pas ?
— Oh...Oui, bien sûr.
Aussitôt, Taehyung, les joues rougies par le timbre de voix si sensuelle de Jungkook, quitta sa couche. La pièce était désormais plongée dans une semi-obscurité, le soleil s'en étant allé, à l'exception de la lueur tamisée provenant de la lampe à huile qui commençait à s'éteindre. Dans sa démarche, Taehyung laissa flotter la fine mélodie de ses vêtements de soie, ses pas résonnèrent à peine sur le sol de bois poli, Jungkook eut même l'impression qu'il flottait, alors qu'il se dirigeait vers le coin de la pièce où une petite étagère contenait les éléments nécessaires pour rallumer la lampe.
Il déplaça délicatement un rideau de soie pour révéler une petite alcôve dédiée aux outils de l'éclairage puis s'agenouilla devant l'étagère, glissant ses doigts sur la surface usée du bois. Une boîte à silex reposait là, à côté d'une pile de mèches de chanvre légèrement entremêlées. C'est avec une habileté innée que Taehyung prit la boîte à silex dans ses mains, ses doigts se mouvant avec une grâce qui lui était propre, puis il finit par ouvrir la boîte pour révéler les pierres étincelantes qui se trouvaient à l'intérieur. Il en choisit une avec soin, sentant la texture rugueuse de la pierre contre sa peau, puis, d'un geste mesuré, il prit une mèche de chanvre, et la plaça contre la pierre, laissant la friction entre les deux éléments donner naissance à une étincelle fugace. La lueur des flammes vacillantes réfléchissait dans ses yeux alors qu'il se concentrait son attention sur la tâche à accomplir.
C'est avec un regard empreint d'une douce tendresse qu'il observa attentivement cette émergence de lumière, un léger sourire sur ses lèvres. La flamme dansa, illuminant son visage tandis qu'il la transférait avec précaution à la mèche de la lampe à huile. Le halo chaleureux de la lumière ne tarda pas à éclairer la pièce, révélant une palette d'ombres subtiles qui dansaient sur les murs.
Pendant ce temps, Jungkook ne s'était pas contenté de l'observer sous toutes ses coutures, bien que l'envie ne lui avait pas manqué, et s'était attelé à disposer tout ce qu'il avait ramené sur la petite table devant laquelle il s'était assis. Lorsque Taehyung revint à lui, bienheureux d'avoir été utile, et surtout, comme si donner vie à une flamme avait fait de lui un nouvel homme prêt à tout affronter muni de ce léger sourire sur ce visage que Jungkook ne cessait de voir dans ses rêves, il lui fit signe de l'imiter à ses côtés.
Cette nouvelle atmosphère plongea les deux jeunes hommes dans un sanctuaire pour les amoureux de l'art. Leurs regards étaient maintenant captivés par la palette de couleurs qui s'étendait devant eux.
Du coin de l'œil, Jungkook ne perdit pas une seule miette des réactions de son aîné, et se retenait même de rire, non pas pour se moquer, mais de tendresse face à cette émotion qu'il ne pouvait cacher. Il paraissait comme surexcité à l'idée même de faire la rencontre de son nouveau matériel.
— Tout est à toi, je t'en prie, Hyung.
Comme s'il avait attendu l'aval de Jungkook pour agir, Taehyung plongea ses doigts dans le tas de pinceaux, sentant la délicatesse des poils contre son épiderme. Son regard croisa alors celui de Jungkook et dans cet éclairage furtif, une connexion silencieuse s'établit. Ils savaient tous deux que cet instant, bien plus que la découverte du matériel de peinture, était une exploration mutuelle de sentiments encore non avoués.
Taehyung esquissa alors un sourire timide en saisissant une fine feuille de papier de riz. Ses doigts glissèrent doucement sur la surface, caressant le parchemin comme s'il explorait les frontières de l'inconnu, comme si, quelque part, ces frontières étaient celles qui le séparaient encore de Jungkook. Il n'arrivait pas encore à croire que tel était le moment présent, que celui pour qui son cœur battait se tenait juste ici, dans sa maison, dans sa propre chambre et qu'il lui avait offert ce beau cadeau. Jungkook, lui, observant ce simple geste sentit alors son cœur s'accélérer.
Afin de calmer ses émois, il fit mine de se gratter la gorge puis tapota son torse avec la paume de sa main. Ses yeux rencontrèrent une nouvelle fois ceux de son aîné, cette fois-ci, emplis d'une émotion profonde qui dépassait les mots. Les pinceaux finirent assez vite par s'entremêler, créant une symphonie silencieuse de gestes coordonnés. Chaque coup de pinceau était une invitation, une expression artistique de sentiments trop grands pour être compris avec la parole.
Puis, vint le moment où Jungkook, presque instinctivement, tendit la palette de couleurs à Taehyung. Leurs doigts se frôlèrent, et dans cet échange de pigments, quelque chose de plus intense que n'importe quelle teinte se révéla. Leurs regards se perdirent dans une intimité partagée, un sentiment profond qui ne pouvait être exprimé que par la peinture qu'ils créaient ensemble.
L'après-midi avança ainsi, mais le temps sembla suspendu dans cette pièce empreinte de créativité et de révélation silencieuse. A travers chaque coup de pinceau, les deux jeunes hommes avaient commencé à dévoiler les couleurs de leur idylle naissante, une œuvre d'art vivante qui ne demandait qu'à être explorée davantage.
Tout au long de ce tendre moment, Taehyung ne peut s'empêcher de repenser aux paroles de son ami et précepteur, Jin, qui lui avait partagé des paroles sur l'Amour. A chaque mouvement, il ne put se contraindre à rougir de plus belle, sentant son corps devenir brûlant aux côtés de la présence réconfortante de Jungkook et si Taehyung savait lui être dévoué, il se demandait au plus profond de lui, même de sa douce âme, si Jungkook pouvait ressentir la même chose.
Ressentait-il lui aussi cette horde de papillons virevolter dans son ventre ?
Fut alors venu le moment pour Jungkook de s'évader avant le retour de la mère de son aîné, et c'est évidemment avec grand plaisir qu'il lui vola un baiser avant de se faufiler hors de sa chambre, puis de son pavillon pour rejoindre Yoongi qui le guida jusqu'au fond du jardin afin qu'il puisse repartir de là où il était venu.
Le soleil commençait doucement à se fondre dans les nuages lorsque Jungkook arriva devant sa maison, l'air béat collé sur son visage, le cœur battant comme jamais auparavant. A vrai dire, et il pouvait au moins se l'avouer à lui-même, il avait tant aimé cette journée qu'il aurait fait tout son possible afin de pouvoir contrôler le temps, faire en sorte que ces dernières heures durent pour toujours. Encore maintenant, alors allongé sur son futon, il avait cette irrésistible envie de le voir, de sentir son souffle près de son cou, de caresser ses doux cheveux et de le voir rougir aux moindres de ses faits et gestes. En partant, Jungkook avait ressenti cette drôle d'émotion lui prendre à la poitrine, celle qui lui avait hurlé de rester, de faire en sorte de créer à nouveau avec cette atmosphère physique intense mais agréable qui n'avait cessé de rôder autour d'eux.
Ce n'était pas ce soir qu'il allait pouvoir en être rassasié, et pourtant, qui l'aurait crû...
Qui aurait cru que Jeon Jungkook, troisième du nom, aurait juré tout bas pouvoir attendre encore les trois prochaines neiges afin de pouvoir être libéré, tant que Taehyung serait là pour lui offrir ce magnifique et irrésistible sourire.
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