• Point de vue GD •

Nous étions arrivés devant le gigantesque encadrement de la porte du salon.
Au centre, Kiko.
À sa droite, Soojoo.
Et à droite, CL.

Je n'étais même pas étonné de les voir aux côtés de celle qui avait détruit mon semblant d'humanité, même si je supposais que j'étais censé l'être.
Voir Kiko devant moi, me souriant d'un air triomphant, ne me faisait plus rien.
J'avais finalement accepté le fait qu'elle allait tout faire pour détruire ma vie, jusqu'au bout.
Et que ma vie aurait été détruite par sa faute.
Voir Soojoo et Chaerin, toutes deux à ses côtés, m'ayant trahi, ne me faisait rien non plus.
J'acceptais le fait que j'avais été manipulé, que je leur avais fait aveuglement confiance, sans imaginer un seul instant que leur sourire avait un double-sens caché à mes yeux.

Mais ce qui me rendait fou de rage, était de voir  YoungBae et Anju, assis calmement, le regard hagard, un revolver chacun sur la tempe.

" Merci d'avoir accepté mon invitation, Jiyong oppa, minauda Kiko.
- ...
- Je suis très heureuse de te revoir, de te revoir... ici. Ajouta-t-elle. Ces lieux, où, nous avons passé des moments inoubliables, où nous avons forgé des souvenirs dans nos mémoires pour l'éternité. Les coins des ses lèvres s'élevèrent en un sourire radiant. Nous avons fait tellement de choses ici, n'est-ce-pas ? Nous avons été tellement heureux, nous avons passé des soirées charnelles qui...
- Ne dis pas de conneries, Kiko, crachai-je.
- Oh, je ne t'ai pas expliqué la règle du jeu. Son sourire s'intensifia. YoungBae et Anju, que tu vois assis aux loges spectatrices, entendent et comprennent TOUT ce que l'on dit. Ils ne peuvent juste pas réagir, ni faire le moindre mouvement. N'est-ce-pas incroyable, comme invention ? Chantonna-t-elle, caressant délicatement les cheveux de YoungBae, qui continuait de fixer droit devant lui.
- Tu...
- Tut tut tut, Jiyong, me coupa-t-elle, secouant l'index avec amusement. Laisse-moi terminer. YoungBae ne pourra rien faire aujourd'hui. Il reprendra le contrôle de son corps demain. Anju, elle, va se ressaisir dans trente minutes. Je veux qu'elle assiste à la confrontation, et que lorsque son corps reprendra contenance, qu'elle se jette sur ton cadavre encore tiède, détruite encore, encore, et encore, par ma faute, détruite pour avoir osé te voler à moi. "

Son sourire n'était plus que rictus, et ses yeux rougeoyants brillaient d'un éclair de folie d'une intensité que je n'avais vue en elle.
Les gardes nous environnant sortirent de la pièce à son signe, et les deux qui gardaient un revolver sur la tempe d'Anju et YoungBae laissèrent leur place à Soojoo, qui attrapa les deux armes lancées par les deux colosses au vol.
Nous formions un carré parfait.
Soonho devant Chaerin, Kiko devant moi.

Elle sortit un silencieux de la poche arrière de son pantalon, et le pointa devant mon nez, tout sourire.
Chaerin fit de même envers Soonho.
Il riposta, chargeant son gun devant elle.
Je ne fis pas un geste.

" Alors, Jiyong, tu veux vraiment mourir comme ça ? Sans rien avoir pu faire contre moi ? Vas-y, fais au moins semblant de te défendre qu'on rigole un peu... ricana Kiko.
- Ferme ta grande gueule et baisse ton jouet, chérie, ripostai-je, un grand sourire naissant sur mes lèvres."

Quelque chose au plus profond de moi se mit à remuer.
J'avais déjà ressenti ça, quand j'avais attaqué Kiko à mains nues la dernière fois.
Je me sentais devenir fou, je sentais que je perdais le contrôle encore une fois.
Et putain ce que ça faisait du bien.

• Point de vue Soonho •

Jiyong, les yeux rouges, prêts à sortir de leurs orbites, avait balayé d'un geste le bras tenant le revolver de Kiko, et s'était jetée sur elle, profitant de son moment d'inattention lorsqu'il l'avait appelée "chérie", comme autrefois.
Il lui serrait le cou de toutes ses forces, ses bras rougis dont on voyait les veines saillantes étaient tellement tendus qu'ils semblaient vouloir exploser d'un moment où un autre.
Il hurlait.
Il hurlait, son visage était déformé par la folie et la haine, et il ne prêtait aucune attention aux balles que Kiko tirait à l'aveugle.
Il hurlait, il hurlait toute sa rage et sa tristesse, il hurlait du plus profond de son âme.
Il hurlait, et pleurait.

Je me mis à tirer Jiyong vers l'arrière, voulant le mettre en sécurité et tirer sur elle pour que ce cauchemar se termine.
Kiko hurla, les gardes du corps entrèrent en trombe et nous attrapèrent, Jiyong et moi, et nous éloignèrent légèrement des trois traîtres.
Je grimaçai, mon arme étant confisquée.
Soojoo ne faisait qu'observer, ses deux revolvers toujours pointés sur Youngbae et Anju, nous montrant ainsi que quel que soit le résultat, nous avions perdu.
Jiyong se débattait à corps perdu, toute humanité disparue en lui, et malgré son apparence frêle, il cachait une force assez inattendue, cinq gardes étaient nécessaires afin de l'immobiliser.

" Alors, on fait moins le malin hein ? Ricana Kiko.
- Ferme ta grande gueule et fais dégager ces bolosses, Kiko, crachai-je."

Jiyong saignait abondamment, une grande partie des balles l'avaient touché, mais il ne semblait pas y prêter attention, ses yeux était fixés sur Anju, au regard mort.
Je vis son regard fléchir durant un quart de seconde, et à son plus grand malheur, Kiko l'aperçut également.

" T'es content de te faire tabasser devant ta petite copine ? Ta petite chienne que tu as détruite, dont tu as brisé le cœur en une multitude de petits morceaux que tu as ensuite piétinés pour la faire encore plus souffrir ? Cracha-t-elle. Elle doit souffrir encore plus maintenant, regarde-là, elle nous écoute, elle t'en veut, mais elle t'aime, mais elle peut rien faire d'autre que te voir mourir devant ses yeux, n'est-ce-pas merveilleux ? Ses yeux brillaient, son sourire se dessina peu à peu, montrant sa dentition parfaite, tandis qu'elle soulevait légèrement le menton de Jiyong pour qu'il la regarde dans ses yeux."

Il ne répondit rien, bouillant de rage à l'intérieur.
Je savais qu'il voulait encore plus l'assassiner, mais Kiko était en position de force, car elle disait l'exacte vérité, en l'exagérant, de manière à le culpabiliser.

" Tu sais Jiyong, je vais te faire une dernière confession avant de te tuer, ajouta-t-elle. La petite Anju peut également écouter. Oh j'avais oublié, elle n'a pas le choix ! Elle explosa d'un rire gracieusement joué.
- Bon ferme-la maintenant, Kiko. "

Tout le monde se retourna vers la voix claire qui brisa le monologue de la folle.

Chaerin se tenait derrière Kiko, son revolver posé délicatement sur sa tempe.

• Point de vue GD •

Non.
Hors de question qu'elle la tue.
C'est à moi de le faire.
Non.
Elle ne peut pas.
Non.
Elle ne DOIT pas.
JE DOIS LE FAIRE.
PAS ELLE.
NON.
NON.
NON.

" Chaerin arrête ça tout de suite, tu gâches toute l'ambiance, miaula Kiko, tandis que toutes les armes des gardes qui ne nous tenaient pas, et celles de Soojoo se pointèrent vers elle.
- Bande de débiles, s'adressa Chaerin envers les gardes. Je m'en bas les reins de mourir les gars, le seul truc c'est qui si je meurs, votre chef meurt aussi. Réfléchissez à ce que vous faites, bande d'abrutis, cracha-t-elle.
- DÉGAGE DE LÀ, DÉGAGE !! C'EST À MOI DE LA TUER, JE DOIS LA TUER DE MES PROPRES MAINS, C'EST PAS À TOI DE LE FAIRE, DÉGAGE !!!! Explosai-je. "

Je ne voyais plus clair, je ne voyais que le cou blanc de Kiko, dans une salle floue.
Tout se mélangeait, les couleurs m'attaquaient, les lumières me brûlaient, mon corps se rétractait involontairement.
Je voulais me lancer sans réfléchir sur Chaerin, mais on me retenait, et je n'avais plus de force, mes articulations semblaient molles.
J'entendais le voix de Soonho qui me hurlait un brouhaha incompréhensible, tout devenait vague et incohérent.

Soudain, je me sentis tomber lourdement au sol.
Une alarme stridente mais lointaine semblait surgir de nulle part, et des bruits de pas pressés résonnaient au sol.
J'avais l'impression que mes oreilles saignaient, que l'entièreté de mon corps saignait une cascade de sang, que ma peau se dilatait peu à peu en énormes trous qui me rognaient de l'extérieur, mon corps semblait brûler, mon cœur semblait exploser de l'intérieur.
La douleur était insupportable, mais je ne pouvais pas hurler.
Une balle résonna au loin.

Je voulais hurler, je manquais d'air, je souffrais à l'agonie, mais une paix intérieure s'installa doucement en moi.
De légères gouttelettes fraîches tombaient délicatement sur mes joues.
Tout devenait flou, je ne voyais plus rien.
Mais je concentrais toute ma conscience sur ces petites perlettes salées.

Je me concentrais sur la personne à mes côtés.

Un dernier baiser.

Et un dernier souffle.

"Jiyong oppa..."