Ils étaient grands. Trop grands. Ils me surplombaient à la manière d'un rapace sur sa proie et j'avais l'impression qu'ils ne tarderaient pas à me fondre dessus. Je me tenais prête à parer toute éventualité.
Silencieuse, j'attendais sagement que l'un d'eux prenne la parole, en tentant de calmer les palpitations affolées de mon coeur. Je jetai un regard sur la pièce dans laquelle je me trouvais et pû appercevoir, dans un coin de celle-ci, la petite silouhette de Noam m'observer. Je me surpris à être rassurée de ne voir ses yeux : j'avais trop peur d'y lire de la pitié ou de la honte. J'étais pathétique.
Alors que les deux vautours me sondaient du regard, je me rendis compte d'un point essentiel que j'avais jusque là complètement oublié : ma marque. Ils l'avaient vue, Noam aussi. Je n'avais pas de gants, elle était restée tout à fait visible. Si je me rassurais en me disant que Noam n'en connaissais peut-être pas la signification, nul doute que les deux adultes savaient à présent qui j'étais. Ou, plus justement, ce que j'étais.
Cette constatation me fis perdre mon sang froid et je me décidai à prendre la parole en première.

  "- Qui êtes-vous?

J'avais essayé de masquer les tremblements de ma voix sous un semblant de ton autoritaire. Quelques secondes s'écoulèrent avant qu'ils ne daignent me répondre.

  - Des amis, Mira. Rien que des amis.

  - Permettez-moi d'en douter.

Je ne regrettais pas ma réponse, mais j'aurais aimé qu'elle ne sorte pas de ma bouche aussi spontanément. Un voile assombrit le regard de l'homme qui avait pris la parole, et ce fût le deuxième adulte, une femme, qui continua.

  - Nous ne pouvons, c'est vrai, pas te prouver notre bonne volonté. Cependant, je te supplie de nous croire, Mira.

Elle se retourna et s'adressa au petit garçon dans le fond de la pièce.

  - Noam, sors s'il-te plaît.

Noam baissa la tête un bref instant puis acquiesca. Il allait obtempérer. Il allait sortir. Il allait me laisser seule.

  -NON! "