Chapitre 9 - Sawako se met au boulot
Si la semaine n'a été qu'une alternance de cours au rythme routinier et de tête-à-têtes plus intenses avec Kuroo qui ne la ménage pas sur ces efforts à fournir en tant qu'assistante mais aussi, pour son pauvre petit coeur qui a toutes les peines du monde à garder un rythme décent quand il est près d'elle, ce jeudi est bien plus palpitant pour Sawako. Kuroo lui a promis d'appeler son ami et de parler d'un joueur qu'il sponsorise au Brésil. Un joueur au potentiel énorme qui se prépare là-bas dans l'objectif de devenir professionnel dans la V-league japonaise. C'est donc l'occasion parfaite pour Sawako d'oublier toutes ces réflexions sans fin, sur oui ou non, elle allait se laisser tenter par celui qui est la définition même de la tentation. Il y a clairement un foutu jeu de séduction entre eux mais il lui semble que chacun est dans la retenue. Pour ce qui est d'elle-même, elle sait très bien pourquoi mais pour lui ? Elle veut savoir s'il est du genre sérieux ou pas. Si c'est sa manière d'être ? Savoir à quoi s'en tenir avant de se faire plus de mal que nécessaire. Et elle le laisserait peut-être venir vers elle. Elle veut être prête à laisser quelqu'un d'autre entrer dans sa vie et dans son cœur, elle a besoin d'une certaine sécurité. Peut-être qu'il est celui-là. Qu'il est celui qui pourra la réconcilier avec l'amour et guérir sa peine pour de bon et lui redonner confiance.
Kuroo lui avait donné rendez-vous dans le bureau de leur professeur pour pouvoir passer l'appel. Son ami étant loin de l'université, seul un vidéo call est possible aujourd'hui. Kuroo tient à aider Sawako à se faire un début de réseau et quoi de mieux qu'un milieu qu'il connaissait bien pour la guider et lui montrer quelques tuyaux. Être une femme n'est pas toujours simple dans le monde du sport et encore moins dans la managment de sportif.
- Je veux te présenter à mon ami d'enfance qui est le patron de Bouncing ball. Je ne sais pas si tu connais ? déclare Kuroo installé en face de Sawako dans le bureau de leur professeur référent.
- Euh... désolé de te décevoir mais non...
- C'est pas bien grave, ne t'inquiète pas. En tout cas, il sponsorise Hinata Shoyo qui est en ce moment au Brésil pour...
- Hinata ? Attends, ce nom me dit quelque chose... coupe Sawako qui se met à réfléchir.
Kuroo la regarde alors interloqué.
- Ça y est, je me souviens ! Je le connais, il était à Karasuno non ?
- Comment ça, tu le "connais" ? souligne Kuroo d'une moue suspecte tout à fait adorable.
Cette légère jalousie qui plane dans sa question surprend Sawako qui ne peut s'empêcher de sourire tout en le regardant se pincer la lèvre alors qu'il attend impatiemment sa réponse.
- Pas vraiment "connaître", pouffe-t-elle sans même essayer de le taquiner avec ça. J'étais au lycée à Karasuno aussi et quand le club de volley-ball s'est qualifié pour la finale du tournoi de printemps, leur manager le mettait sur les affiches des matches. C'est là que je l'ai connu. Elodie avait un gros crush sur son pote, Kageyama, si je me souviens bien, avant de complètement fondre pour le capitaine de Shiratorizawa quand elle m'a traîné à la finale. J'en ai entendu parler pendant des semaines après le match. Je crois même que si tu lui en parle aujourd'hui, il y a moyen qu'elle le garde, encore maintenant, dans son coeur, se remémore Sawako en riant des souvenirs qui refont surface avec une douce nostalgie.
- Et toi, tu avais un... commence à demander Kuroo avant de se raviser quand le visage de Sawako s'assombrit aussitôt le début de sa phrase prononcée. Tu es allé voir la finale ? On s'est manqué de peu alors, murmure soudainement Kuroo d'une voix pleine de regrets. J'aurais pu te connaître bien avant...
- Oui... les caprices du destin je suppose... répond Sawako en dévisageant péniblement Kuroo, des regrets aussi plein la voix.
Elle aurait vraiment aimé pouvoir le rencontrer plus tôt, ça c'est sûr. Mais finalement le passé est le passé non ? Alors pourquoi il continue toujours de se rappeler à elle ? C'est injuste.
- Bref... reprit-elle avec difficulté. Je connais donc Hinata.
- C'est une bonne nouvelle, répond Kuroo tout en se raclant la gorge pour reprendre, avec une certaine difficulté, le fil de leur discussion. Laisse-moi appeler Kenma maintenant. Il sponsorise mais ce sont les agents qui font tout le suivi. Il a la belle vie...
Le téléphone sonne et bientôt un garçon frêle apparaît à l'écran. Des yeux félins fatigués et des cheveux à moitié décolorés complètent le tableau d'un jeune homme qui n'a pas vraiment l'air très sociable mais pourtant attachant.
- Tu es en retard, j'aurais pu largement commencer une partie en t'attendant, reproche aussitôt le dénommé Kenma.
- Tu me feras la morale un autre jour parce que aujourd'hui je ne suis pas tout seul, réplique alors rapidement Kuroo.
- Ton prof ou ta jolie collègue que tu...
- Nakamura ! Oui, c'est elle qui va nous aider aujourd'hui, coupe à la va-vite Kuroo gêné.
Sawako étouffe un rire mais ses joues bien roses trahissent un peu du bonheur qui fait battre son cœur bien plus vite. Kuroo s'empresse alors de faire les présentations et l'appel peut enfin débuter. Le courant entre les trois passe à merveille et ils se mettent même à rire et blaguer. Sawako prend des nouvelles d'Hinata et Kenma se dévoile bien plus bavard que prévu devant l'enthousiasme et le professionnalisme de la nouvelle assistante, ce qui ravit Kuroo. Elle a même le droit à quelques anecdotes que les deux amis lui content et se réjouit de partager ce moment de retrouvailles entre les deux. Elle se sent privilégiée et à l'aise. Assis l'un en face de l'autre, Sawako jette quelques regards à Kuroo et ce dernier en fait de même. Leurs yeux s'accrochent et se détachent pour écouter Kenma mais bien vite ils se retrouvent. Leurs rougeurs s'accentuent et de discrets sourires s'échangent. Ce jeu de regards les emporte presque dans leur bulle.
- Je vous vois, je vous signale... intervient Kenma agacée de les voir flirter sous ses yeux, même à distance.
La bulle éclate alors et tous les deux fixent leur regard sur la table avant que la conversation ne dérive sur les affaires et que le sérieux reprenne ses droits sur le groupe. Kenma fait un court état des lieux des athlètes ciblés et à l'aide de sa tablette, il leur envoie tous les dossiers à traiter avant de raccrocher avec un sourire sincère a Sawako.
- Tu voulais du concret ? Ben voila tu es servi. Kenma ne s'occupe pas de grand-chose. La paperasse c'est pas son truc et encore moins le management, déclare Kuroo aussitôt l'appel finit.
- Alors il faut s'y mettre tout de suite, répond- t-elle en ouvrant des yeux surpris sur la liste à rallonge qui défilait devant ses yeux.
- Tu as raison, ne tardons pas si on veut finir avant demain, dit-il d'un air enthousiaste. Kenma, je te retiens... chuchote t il dans sa barbe avant de lever ses yeux sur Sawako, déjà plongée dans sa lecture, puis de sourire tendrement..
Après plusieurs longues minutes de silence et de concentrations sur leurs dossiers, Sawako relève la tête pour s'aérer l'esprit et son regard est irrésistiblement attiré par Kuroo. Elle ne peut s'empêcher de l'observer du coin de l'œil. Perdue dans ses réflexions où elle essaye tant bien que mal de trouver le bon équilibre entre sa raison et ses envies. Elle ne pouvait s'empêcher de détailler chacun de ses traits. Son regard froncé sur sa lecture, sa bouche pincée concentrée et cette manière qu'il a de mâchouiller son stylo est si parfaitement craquante qu'elle le mime sans même s'en rendre compte. Kuroo relève la tête à ce moment-là, et surprend son regard. Il lui sourit alors avec douceur.
"Non pitié, ne me souris pas comme ça..." pense aussitôt Sawako alors que des papillons virevoltent dans le creux de son ventre.
Elle s'étire pour cacher sa gêne et ses pieds rencontrent ceux de Kuroo sous la table. Cette fois c'est son petit cœur qui s'emballe et les souvenirs de leur échange à la bibliothèque décident d'envahir son esprit. Contre toute attente, Sawako est réceptive et moins hésitante.
"C'est peut être le bon moment pour lâcher prise après tout..." Décide-t-elle alors que leurs pieds commencent à bouger de manière très subtile l'un contre l'autre.
Kuroo se penche alors en avant et pose sa main sur celle de Sawako tout en plongeant un regard grave dans le sien. Elle se fige, envoûtée par cette intensité qu'il dégage. Ce garçon a vraiment le don pour la déstabiliser.
- Nakamura, il faudrait que je te dise un truc... commence doucement Kuroo.
Avant qu'il ai pu finir sa phrase, le sol se met à trembler. Il ne leur faut que quelques secondes pour réagir et ils cherchent des yeux l'endroit le plus sûr de la pièce. Il ne faut pas tergiverser et ils sont trop éloignés pour avoir le temps de se trouver un refuge ensemble.
- Va te cacher là bas, c'est plus sûr, s'écrit alors Sawako. Je vais aller ici.
- Je ne pars pas sans toi, hors de question ! On ne se sépare pas ! réfute totalement Kuroo en sautant par dessus les tables dans un mouvement souple, presque félin.
Il l'attrape alors par le bras et la tire vers lui sous le petit bureau sans plus attendre. Dans la précipitation, elle échappe alors son téléphone qui s'écrase par terre. Tandis que la secousse ébranle tout autour d'eux, les paroles de Kuroo tournent et retournent dans l'esprit de Sawako. Un électrochoc la traverse et elle se sert contre lui, ses mains, dorénavant, s'accrochent désespérément à lui.
Le tremblement est si intense que tout tombe autour d'eux et malheureusement l'espace sous le bureau est bien trop petit pour eux deux. Tragiquement, une étagère commence à s'écrouler à proximité.
- Chaton !!! crie Kuroo en voyant l'ombre se rapprocher d'eux.
Il s'empresse de faire basculer le corps de Sawako sous le sien, la serre contre lui et enveloppe sa tête de ses larges mains pour la protéger autant qu'il le peut, mais le meuble massif continue son inéluctable chute et heurte le crâne de Kuroo qui s'effondre aussitôt sous la violence du choc.
- Kuroo !!
Alors que des livres continuent de pleuvoir sur eux, Sawako se jette par-dessus le corps inanimé de Kuroo pour le protéger avec le sien. Elle reçoit quelques chocs mais bientôt la violente secousse se calme et un silence terrifiant prend sa place et emplit la pièce devenu chaotique.
Sawako se redresse en grimaçant de douleur et contemple les dégâts. Beaucoup de choses sont à terre et la sortie est bloquée mais tout ça n'a aucune importance parce que sous elle, gît inerte Kuroo. Elle le dévisage et une expression de panique déforme rapidement son visage quand elle constate que du sang s'échappe maintenant de sa tempe. Elle pose aussitôt ses mains sur son torse et se penche vers lui. Avec un immense soulagement, qu'elle exprime sans retenue, elle arrive à sentir une respiration. Elle l'observe alors et aucune autre blessure extérieure n'est présente.
- Je vais te sortir de là et après...commence Sawako d'une voix cassée avant de s'interrompre et de jeter un œil à la sortie complètement obstruée. Comment on va sortir de là ? Et mon téléphone qui est détruit... Kuroo réveille toi, je t'en supplie...
Malgré son inquiétude qui la fait trembler de la tête au pied, elle ne peut s'empêcher de penser qu'il l'avait sauvé et d'une main plus que chancelante, elle lui caresse la joue.
- Je ne peux pas te bouger au cas où tu aurais quelque chose de grave... dit-elle la gorge serrée, à peine capable de contrôler son émotion. Mais punaise pourquoi je n'ai pas pris ces cours de premier secours... vocifère-t-elle contre elle même.
Elle le bascule alors simplement en PLS et décide de prendre le téléphone de Kuroo. Elle cherche dans ses poches et par chance, elle le trouve facilement. Heureusement qu'il l'avait rangé dans son pantalon, une fois l'appel finit. Le téléphone a encore de la batterie et il capte sans problème. Il est verrouillé et à part un ballon de volley en fond d'écran, rien d'autre n'apparaît à l'écran. Elle s'empresse donc d'accéder aux appels d'urgence et appelle rapidement les secours qui lui assurent qu'ils sont en route et qu'il ne faut pas bouger Kuroo de place.
- Et Elodie ? Est ce qu'elle va bien ? Je ne peux même pas la prévenir... pense-t-elle furtivement en raccrochant d'avec les secours.
Sawako jette un regard plus qu'inquiet à Kuroo et déchire un bout de son t-shirt pour faire pansement sur sa tempe. Elle lui caresse la joue et n'arrive pas à détacher son regard du sien. Elle est morte d'inquiétude et n'arrive plus à faire face à l'émotion du contre coup. Elle se mord les lèvres pour lutter un peu plus longtemps et essayer de rester forte mais c'est définitivement trop dur.
- S'il vous plaît dépêchez vous... supplie-t-elle alors qu'une larme glisse le long de sa joue.
Sawako, seule, craque. Elle se recroqueville et plonge son visage dans ses genoux. Les larmes coulent à flots et elle ne peut plus réprimer ses pleurs. Sa main serre si fort celle de Kuroo que ses doigts lui font mal.
- Dépêchez vous... je ne veux pas le perdre...
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Hola !
Chapitre court et plutôt calme si on retire le tremblement de terre que m'a créé Sawako dans le précédent chapitre XD
Mais est ce qu'on ne dit pas le calme avant la tempête ?
A voir hehe
@Sawako la suite est toute à toi !
Des bisous <3
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