Chapitre 8 - Elodie et le tremblement de terre
Elodie pousse un soupir de soulagement lundi matin en réalisant que cette semaine, elle va la passer à la fac et non au centre de formation. Après son rendez-vous avec Atsumu samedi et surtout sa fuite, la jeune femme doit s'avouer qu'elle a un peu peur de se retrouver face à lui. Du moins pas tant qu'elle n'aura pas fait un peu le ménage dans sa tête. Et pendant au moins une semaine, elle n'aura pas à se soucier de tomber sur lui au détour d'un couloir. C'est donc l'esprit léger qu'Elodie retrouve sa douce amie et voisine de palier devant l'ascenseur.
- Tu sembles de bonne humeur ce matin ? fait remarquer Sawako avec un sourire espiègle. Plus qu'hier en tout cas...
- Hier, j'essayais encore de me remettre de mon rendez vous désastreux avec le type le plus sexy de l'univers alors oui, j'avais pas la pêche... Mais aujourd'hui est un autre jour, non ? rétorque Elodie avec un léger haussement d'épaules.
- Si tu le dis, dit Sawako en lui lançant un coup d'œil quelque peu sceptique. Mais d'après ce que tu m'as raconté tout n'était pas désastreux dans ce rendez-vous.
- Tu plaisantes Sawa-chan, je me suis enfuie! Littéralement ! C'est difficile de faire plus désastreux...
- Tu marques un point mais tu as fait cela alors qu'il tentait de t'embrasser, non ? Et... il t'a dit que t'étais jolie, même sexy donc...
- A ton tour de marquer un point. Balle au centre ! pouffe Elodie tandis qu'elles entrent dans leur café habituel pour leur dose journalière.
La semaine passe avec un calme et une normalité des plus apaisantes pour Elodie. Elle savoure d'avoir le temps d'aller au café avec Sawako, de marcher sur le chemin de la fac tout en bavardant mais le soir venu, allongée dans son lit, la jeune femme se demande comment elle va gérer la situation avec Atsumu. Pourquoi avait-il voulu l'embrasser ? Est-ce que c'est un jeu pour lui ? Est-elle une nouvelle conquête à inscrire à son tableau de chasse probablement déjà bien rempli ? Si seulement, elle pouvait être certaine de ses intentions, elle saurait comment réagir. Quand le lundi suivant arrive fatalement, Elodie s'oblige à rester calme et rationalise en se répétant d'être professionnelle quoiqu'il arrive. C'est donc pleine de bonnes résolutions que la brune passe le gardien du centre de formation avec un petit signe amicale de la main et se dirige vers sa salle d'auscultation pour commencer sa journée de travail.
- Salut Celli...
Elodie se fige en entendant cette voix grave et suave derrière elle. Elle se retourne très lentement pour faire face à celui qu'elle redoutait autant qu'elle l'espérait. Quand ses yeux se posent sur le visage angélique d'Atsumu, elle sent ses bonnes résolutions fondre comme neige au soleil. Il est là, appuyé dans l'encadrement de la porte, les bras croisés sur son torse et la regarde avec une lueur malicieuse dans ses beaux yeux noisettes et honteusement sexy. Elodie se racle la gorge et essaye d'avoir l'air décontracté.
- Salut Miya !
- Je t'ai pas vu la semaine dernière.
- Oh! Oui, oui, j'étais à la fac. Mon stage ici est en alternance, explique la brune, troublée par le fait qu'il est remarqué son absence.
- C'est juste que, comme tu m'avais dit "A lundi" samedi soir en partant, ou je devrais plutôt dire en t'enfuyant... dit Atsumu en s'avançant de quelques pas vers elle.
- Je... Non... Tu exagères ! Je ne me suis pas enfuie ! C'est... c'est juste que j'étais vraiment fatiguée. Je... Je voulais rentrer, tu comprends, bafouille t-elle en se détournant pour cacher sa gêne et les rougeurs sur ses joues. Enfin bon, je suis là cette semaine et on pourra peut-être se voir mais pour le moment, tu m'excuseras, j'ai beaucoup de boulot donc...
- Je vois... t'es occupée. On discutera plus tard alors, acquiesce le blond comprenant qu'Elodie le congédie.
Cette dernière s'autorise un long soupir en entendant les pas d'Atsumu s'éloigner dans le couloir. Elle n'est vraiment pas de taille face à lui, dès qu'il se trouve en devant elle, elle perd ses moyens et toute sa volonté de ne pas devenir une énième conquête du beau sportif s'évapore.
Elodie réussit ainsi à éviter la conversation avec Atsumu deux jours de plus, prétextant du travail, une réunion. Mais jeudi, le volleyeur décide d'abattre sa dernière carte en venant frapper doucement à la porte de la salle d'examen.
- Salut Miya, je suis désolée mais...
- Mais tu as du boulot. Oui, je sais, l'interrompt le jeune homme en refermant la porte derrière lui. Et justement, je viens pour ça, ajoute t-il en ôtant son t-shirt d'un mouvement fluide.
- Mais...Mais qu'est-ce que tu fous ? s'écrit Elodie, les yeux rivés sur le torse nu d'Atsumu. Pourquoi tu te déshabilles ?
- T'es kiné, non ? Ou enfin presque. Du moins, t'es ici pour ça... J'ai une épaule qui tire quand je sers. Est-ce que tu peux regarder s'il te plait ?
- Oh! Euh...Oui, bien sûr, marmonne la brune en se raclant la gorge et en tentant d'avoir l'air professionnelle. Assis toi sur la table, s'il te plait.
Atsumu obtempère et s'installe dos à Elodie. Celle ci découvre alors le dos aux muscles puissants du volleyeur et doit fermer les yeux en inspirant profondément pour se reconcentrer sur son travail. Elle avance ses doigts tremblants vers la peau lisse de l'épaule du blond et le sent se crisper quand elle le touche enfin.
- Excuse moi, rit celui-ci. Mais t'as les mains froides. Vas-y.
Elodie reprend et doit s'obliger à calmer sa respiration tandis que ses doigts glissent sur le dos de l'athlète et que ses mains palpent les muscles à la recherche d'un problème.
- Allonge toi sur le ventre s'il te plaît, demande la jeune femme d'un ton sérieux au bout de quelques minutes. Je vais masser ton épaule. Dis moi si ça tire, même un peu, ok ?
Elle le regarde s'allonger et fait abstraction du mieux qu'elle peut de ses yeux noisettes qui ne la quittent pas. Une fois sur le ventre, Atsumu tourne la tête vers elle et sourit.
- Je suis tout à toi, Celli.
En le massant, Elodie remarque qu'il est plus facile pour elle de se concentrer sur son travail que ce qu'elle aurait imaginé. Elle se focalise sur les mouvements de ses mains et sur les muscles du dos d'Atsumu. Une petite voix sérieuse dans sa tête, sûrement l'étique des médecins, lui rappelle que ce jeune homme est un athlète sur le point de devenir professionnel et que la moindre erreur pourrait ruiner sa carrière. Concentrée sur son massage, elle en oublie d'être gênée et répond donc le plus naturellement du monde lorsque Atsumu lui demande pourquoi elle est partie en courant lors de leur rendez vous.
- J'ai senti que tu allais m'embrasser.
- Et alors ? Tu n'en avais pas envie ?
- Si, mais j'ai eu peur de ce que ça voudrait dire... et pour être honnête avec toi, je ne comprends pas pourquoi, toi, tu as eu envie de m'embrasser.
- Quoi ? s'étonne Atsumu en se redressant sur les coudes.
Elodie ne veut pas se lancer dans cette conversation. Elle a tenu jusque là et elle trouve qu'elle en a déjà bien assez dit sur le sujet.
- J'ai terminé, esquive t-elle. Ne force pas pendant quelques jours mais ton épaule n'a rien de grave.
- Je sais parfaitement qu'elle n'a rien de grave, Celli. Je suis venu ici pour te parler, pas parce que j'avais mal à mon épaule, avoue t-il en remettant son t-shirt. C'est le seul moyen que j'ai trouvé pour t'approcher puisque tu me fuis comme la peste ces derniers jours. Et je veux qu'on parle de ce qui s'est passé samedi soir.
- Pourquoi ?
- Parce que je veux comprendre pourquoi tu m'as repoussé alors que t'en avais autant envie que moi ? s'agace Atsumu en s'avançant vers elle.
- Je te l'ai dit, je ne comprends pas pourquoi tu voudrais m'embrasser ? lui rétorque Elodie sur le même ton.
- Pourquoi à ton avis ? Parce que tu me plais. C'est si impossible que ça à imaginer ?
- Oui ! rit ironiquement la brune. Bien sûr que oui, c'est impossible à imaginer ! Pourquoi tu t'intéresserais à moi alors que tu as un véritable harem de groupies à tes pieds qui sont de vraies poupées !
- Ces filles n'ont rien d'intéressant, crois moi Celli. Elles sont prêtes à tout et n'importe quoi pour me plaire, elles ne représente aucun challenge !
- Aucun challenge, s'offusque Elodie en fronçant les sourcils. C'est ce que je suis alors ? Un challenge !
- Non ! Je me suis mal exprimé, tente de se rattraper Atsumu. Ce que je voulais dire c'est que tu...
- Je ne serais pas une idiote de plus qui craque pour le beau gosse sportif, Miya! Je ne serais pas une croix de plus sur ton tableau de chasse!
- C'est vraiment ce que tu penses de moi ? balance le blond en fronçant à son tour les sourcils.
- Quoi ?
- Que je suis beau gosse ?
Elodie ne s'attendait pas du tout à ça et lui lance un regard abasourdi puis explose de rire. Elle ne saurait pas expliquer pourquoi elle rit mais elle ne peut plus s'arrêter. Dans tout ce qu'elle lui a balancé à la tronche, cet imbécile ne retient que le fait qu'elle le trouve beau et en plus, ça a l'air de compter pour lui, alors qu'il doit l'entendre depuis toujours. Atsumu se met bientôt à pouffer lui aussi et la colère contenue dans l'atmosphère semble disparaître d'un coup. Elodie n'arrive pas à stopper son hilarité et essuie même quelques larmes aux coins de ses yeux. Mais soudain, elle sent les grandes mains du volleyeur se poser sur ses épaules et descendre le long de ses bras. Puis ses doigts attrapent timidement les siens et le fou rire d'Elodie s'étrangle dans sa gorge. Elle accroche le regard d'Atsumu et est comme paralysée par son intensité.
- S'il te plait, laisse moi te montrer que je suis sérieux, Celli...
- J'en sais rien... soupire Elodie, terrifiée par la possibilité de n'être qu'un jeu pour lui. Son esprit ne peut s'empêcher de lui rappeler l'histoire de Sawako et Rin et la peine qu'a ressenti son amie quand son cœur s'est brisé. Plus tu laisse quelqu'un entrer dans ta vie, plus tu prends le risque de la voir en ressortir brutalement et de souffrir.
- T'es vraiment impossible... Juste une chance, c'est tout ce que je demande.
La jeune femme pousse un nouveau soupir qu'Atsumu interprète comme une capitulation et se penche vers elle mais il interrompt son geste à quelques centimètres de ses lèvres.
- La terre tremble...
- N'exagère pas non plus, pouffe la brune.
- Non, je ne plaisante pas, la terre tremble vraiment ! s'exclame Atsumu en se redressant vivement.
Au même instant, Elodie ressent aussi les secousses sous ses pieds et les objets commencent à tomber des étagères et du bureau. Elle reste figée de stupeur et regarde sa tasse de thé se fracasser violemment au sol.
- C'est un tremblement de terre ! Elodie vient là ! s'écrie Atsumu en l'attrapant par la main pour la tirer avec lui sous le lourd bureau en bois.
Sans trop comprendre ce qui lui arrive, la jeune femme se retrouve à genoux par terre, la tête contre le torse du volleyeur, ses bras autour d'elle. Les vibrations sont tellement fortes que les étagères se renversent à leur tour et que les lumières vacillent. Des bruits de fracas et de bruits de verre brisé semblent résonner dans tout le bâtiment, accompagnés de quelques cris apeurés et de l'alarme stridente braillée par les haut-parleurs. Elodie sent la panique s'insinuer en elle à mesure que les secondes passent sans accalmie. Elle ferme les yeux et enfouit son visage dans le torse d'Atsumu en priant pour ça s'arrête enfin. En tant que japonaise, elle a vécu des tremblements de terre depuis toujours, elle connaît les gestes à avoir, les endroits où ne pas aller et elle sait également que plus cela dure, plus il y a de risques d'effondrements des bâtiments. Au bout de ce qui lui semble une éternité, les secousses se calment enfin et la pièce est illuminée par les lampes rouges d'urgence. L'électricité a du être coupée par la violence des tremblements ou bien par un système de sécurité quelque conque. Toujours collée contre Atsumu, Elodie peut entendre son cœur tambouriner à toute vitesse dans sa poitrine, sûrement en écho de son propre cœur. Elle rouvre doucement les yeux mais n'ose pas bouger et son regard se fixe bêtement sur la flaque de thé parsemée de morceaux de tasse brisée. Des dizaines de pensées plus insignifiantes les unes que les autres tourbillonnent dans sa tête, l'empêchant de réfléchir calmement. C'est Atsumu qui bouge en premier et s'extirpe de dessous le bureau.
- Wow! lâche t-il en balayant la pièce du regard. C'était pas pour de la blague celui-ci !
Il se retourne et tend la main vers Elodie pour l'aider à sortir et à se relever. Une fois debout, la jeune femme embrasse du regard ce qui était son bureau, il y a encore quelques minutes et ne voit que des livres et divers dossiers éparpillés sur le sol, ses meubles classeurs ainsi que quelques meubles renversés. Avec douceur, la main d'Atsumu glisse sur sa joue et tourne son visage vers lui.
- Ça va ? Tu n'as rien ? demande t-il.
Elodie, le cœur encore battant à cause du choc, le dévisage comme si c'était la première fois qu'elle l'avait devant les yeux. Et puis soudain, un éclair semble traverser son esprit embrumé. Est-ce que c'est de l'adrénaline, de la peur ou autre chose, elle en sait rien et s'en fiche. Elle se jette littéralement à son cou et l'embrasse sans retenue. D'abord surpris, Atsumu se reprend rapidement et glisse ses bras autour de la taille d'Elodie et lui rend son baiser avec tendresse. Leur étreinte ne dure que quelques secondes avant que leurs lèvres ne se séparent mais leurs fronts se collent l'un à l'autre et tous les deux s'adressent un sourire.
- Tu m'as appelé Elodie ? s'amuse cette dernière.
- Excuse moi, c'était dans le feu de l'action.
- Non, j'aime bien... Atsumu.
Ils pouffent de rire tous les deux quand un raclement de gorge bruyant fait éclater leur bulle. Le docteur Tanoshi, légèrement échevelé et débraillé, se tient sur le seuil de la porte et les regarde avec une pointe d'agacement.
- Si vous n'êtes pas blessés, vous seriez gentils d'évacuer le bâtiment rapidement, dit-il d'un ton sec en les précédant dans le couloir.
Elodie doit avouer que se retrouver à l'air libre, sous le ciel bleu printanier, est une sensation des plus agréables après ce genre d'expérience. Atsumu et elle se retrouvent avec les employés du centre et les joueurs de volley sur la grande place qui borde le grand bâtiment. La jeune femme est surprise de voir quelques camions de pompiers garer tout près, leurs gyrophares clignotant dans la lumière de l'après midi et des secouristes s'affairer parmi la foule. Visiblement, il y a eu quelques blessés. Elle lance un coup d'œil inquiet à la façade du centre et remarque avec une grimace que de nombreuses fenêtres se sont brisées.
- D'après les sources officielles, ici il était de 6- sur l'échelle Shindo, déclara Atsumu en regardant son portable. Apparemment, il n'y a pas eu de dégâts importants constatés, juste quelques accidents vers le centre ville.
Elodie pense soudain à Sawako qui doit se trouver à la fac et cette dernière est beaucoup plus proche du centre ville. Un nœud se forme dans son ventre et elle sort d'une main tremblante son portable pour appeler son amie. Son visage se décompose à mesure que les sonneries passent et que Sawako ne décroche pas.
- Qu'est-ce qu'il y ? s'inquiète Atsumu en voyant le teint blême d'Elodie. Ça va pas ?
- C'est mon amie, Sawako, elle répond pas au téléphone...
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Salut !
C'est de nouveau Sawako aux commandes !
Je vous retrouve pour un chapitre pleins de péripéties pour notre petite Elodie !
Et je laisse @Noctyss se débrouiller avec le petit cliffhanger de la fin 😉
😘😘😘
Sawako ❤️
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