Chapitre 16 - Elodie a le cœur brisé
Sawako frappe doucement mais avec inquiétude à la porte de sa meilleure amie le dimanche matin. Elodie n'a pas quitté son appartement depuis la soirée et sa douloureuse dispute avec Atsumu. Sawako a entendu des sanglots étouffés ainsi que les bruits de son jeu vidéo préféré durant tout le samedi mais il est temps pour elle de tirer son amie de son cocon de chagrin.
Alors que la porte s'ouvre sur un fantôme, elle découvre une Elodie avec des cernes sombres autour des yeux qui tranchent sur son teint d'une pâleur inhabituelle, elle porte un t-shirt sans forme et un jogging à la couleur usée et ses cheveux sont plats et ternes.
- Elo-chan... soupire Sawako, désolée de voir sa meilleure amie dans cet état. J'ai pensé que tu n'aurais pas mangé... ajoute t-elle avec un sourire timide en désignant un gobelet fumant accompagné d'un sachet kraft aux taches de graisse prometteuses.
Elodie esquisse une moue qui tend plus vers la grimace que vers le sourire reconnaissant et s'efface pour laisser entrer son amie. Elle s'affale alors sur le lit en soupirant lourdement, un bras sur ses yeux rougis par le manque de sommeil, l'écran de la console et les larmes. Celles-ci menacent d'ailleurs de repasser la barrière de ses paupières d'une seconde à l'autre.
- Sawa-chan... Je crois que j'ai tout foutu en l'air avec Atsumu, dit-elle la voix pleine de trémolos.
- Que s'est-il passé ? Raconte moi...
- Il s'est fait accosté par de très jolies filles à la soirée et...et... il ne les a pas envoyé sur les roses. Il a rit et parlé avec elles ! J'étais jalouse, j'ai vu rouge et mes mots... Enfin, ce que je lui ai dit... Je n'ai pas vraiment réfléchi... Et il m'a dit que...que... Comme je n'avais pas confiance en moi, je n'avais pas confiance en lui ! Ensuite il est... Juste parti !
Sur ces derniers mots, Elodie fond en larmes et sa peine serre le cœur de Sawako. Cette dernière se mord la lèvre ennuyée, ne sachant pas trop comment aborder le problème et réconforter son amie.
- Si tu savais comme j'ai mal, Sawa-chan. Je savais que je ne pouvais pas être avec un type comme lui... On joue pas dans la même catégorie ! Je me suis bercée d'illusions ! Je ne pouvais pas l'intéresser, c'était trop beau pour être vrai !
- Stop ! Je t'arrête tout de suite ! gronde Sawako en incitant sa meilleure amie à se redresser d'un geste ferme. Ne te rabaisse pas, je t'en prie, continue t-elle sur un ton plus doux en prenant sa main dans la sienne. Écoute moi bien, ne doutes pas autant de toi ! Tu mérites tout les garçons que tu souhaites et aucun n'est trop bien pour toi ! Crois moi, tu joues dans toutes les catégories.
- Sawa-chan, sanglote Elodie en se jetant dans ses bras.
- Et pour ce qui s'est passé entre vous vendredi soir...reprend Sawako avec toute la douceur du monde.
- J'ai merdé, je sais, renifle la brune.
- Je ne dis pas qu'il a eu raison de te dire ça mais... Ma puce, tu crois tellement peu en toi...et Miya et bien... Il... Je sais qu'il est très populaire mais il n'a jamais semblé réellement intéressé par toutes ces filles. Peut-être que...
- Que je me suis emportée... soupire Elodie en essuyant ses joues humides. Je ne sais même pas si on est toujours ensemble...
- Tu ne crois pas que tu devrais éclaircir ce point avec lui ? suggère Sawako.
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- Franchement t'as abusé de lui dire un truc pareil et de la planter comme ça...
- Je sais... marmonne Atsumu à moitié couché sur le plan de travail du restaurant de son frère. J'ai pas vraiment réfléchi sur le moment.
- Je croyais qu'elle te plaisait vraiment celle ci ? continue Osamu tout en formant de délicieux onigiris qu'il place ensuite dans un plat devant lui.
- C'est le cas.
- Conclusion. T'es qu'un con, balance Osamu d'un ton neutre.
- Non mais ça t'es facile de dire ça ! se rebiffe Atsumu en redressant la tête pour foudroyer son jumeau du regard. J'ai pas tous les torts ! Elle aussi en a...
- Mouais... Te connaissant, je suis sûr que t'as fait le gros forceur avec elle. T'as pas réfléchi avec autre chose que ce que t'as dans le froc... Et ensuite t'as joué les divas susceptibles quand elle a demandé ton attention pour autre chose que ça.
Osamu a parlé d'une voix égale, tout en continuant minutieusement sa tâche. Mais il connaît son frère par cœur et il sait parfaitement que si ce dernier est ici, à lui raconter ses problèmes avec une fille, c'est que la fille en question n'est pas juste un jeu. Donc, il sait également qu'Astumu a besoin de se faire un peu secouer pour ouvrir les yeux.
- Pourquoi j'ai toujours l'impression d'avoir le mauvais rôle avec toi ? bougonne Atsumu en s'appuyant sur le dossier de sa chaise avec une moue boudeuse.
- Parce que t'es un vrai manche quand il s'agit de penser à autre chose qu'a toi même ou au volley.
- C'est faux ! Enfin c'est pas complètement vrai... marmonne le blond. J'avoue que notre relation est allée très vite... Et que c'était peut-être un peu trop rapide entre nous et que c'est un peu ma faute, accorde t-il ensuite en chipant un onigiri pour l'enfourner dans sa bouche sous le regard noir de son frère.
- T'as couché avec elle ? demande une jeune femme qui vient de les rejoindre avec un grand saladier de riz cuit.
- Non, on est jamais allés jusque là.
- Wow ! Elle t'as mis un stop ! Je l'aime cette fille ! s'écrit-elle, faisant pouffer de rire Osamu à côté d'elle.
- Hahaha ! T'es hilarante ! ironise Atsumu en lui jetant une poignée de riz au visage. Bon t'es prête ? On peut y aller ? Non parce que j'ai pas que ça à faire non plus...
- Ah bon ? T'avais prévu autre chose que te morfondre et pleurnicher aujourd'hui ? se moque ouvertement Osamu.
Le regard assassin que jette Atsumu à son jumeau donne le signal de départ et la jeune femme attrape son sac d'une main et le blond de l'autre.
- Bon, allez go !
- Faites pas de bêtises tous les deux ! leur crie Osamu tandis qu'ils passent la porte du restaurant, actuellement fermé, avant d'ajouter pour lui-même. Ça changerait pour une fois...
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Elodie arrive enfin dans la rue du restaurant d'Osamu, après avoir chercher Atsumu aux dortoirs du centre de formation où l'un de ses coéquipiers lui a dit que si il n'était pas au gymnase, il devait très probablement être ici. En apercevant la devanture traditionnelle du restaurant, la brune se fige et sent son cœur se serrer dans sa poitrine. Cette douleur lui coupe le souffle et elle est obligée de s'appuyer contre le mur près d'elle.
Cet endroit lui rappelle avec une douloureuse vivacité, leur rendez-vous. Cette soirée passée juste tout les deux. Avant même que leurs lèvres ne se touchent. Ils avaient discuté jusque tard, de tout et de rien, avec un naturel déconcertant. Elodie s'était sentie sur la même longueur d'onde que lui, ce soir là, comme si le fait d'être ensemble coulait de source.
Elle se rappelle avoir été scotchée, dès le premier jour, par l'aura qu'il dégage en permanence, cette assurance proche de l'arrogance qui immanquablement attire les autres autour de lui comme des abeilles vers du miel. Mais le souvenir de l'Atsumu qui se chamaille avec son frère comme un gamin puéril la fait tendrement sourire et calme les battements erratiques de son cœur. Elodie prends alors une profonde inspiration pour se donner du courage et fait un premier pas vers ce qu'elle espère être une douce réconciliation. Mais à peine a t-elle bouger qu'elle se fige en voyant la porte du restaurant s'ouvrir en grand pour laisser sortir Atsumu.
Le sourire d'Elodie se fait plus lumineux quand elle l'aperçoit là, juste devant ses yeux, à porter de voix.
- Ats...commence t-elle avant que le prénom du beau volleyeur ne s'étrangle dans sa gorge lorsqu'une sublime jeune femme rousse élancée lui emboîte le pas tout en riant avec lui.
La douleur est si vive dans sa poitrine que ses jambes flageollent avant de lâcher et de laisser Elodie s'effondrer sur le trottoir. Ses yeux chocolat débordant de larmes regardent contre sa volonté, la silhouette d'Atsumu s'éloigner aux côtés de cette fille si parfaite pour lui. Ainsi, ce qu'elle avait esperé n'être que leur première dispute de couple était en réalité une rupture et visiblement, il n'avait pas mis longtemps à tourner la page.
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- Qu'est-ce tu vas faire maintenant ? demande la jeune femme rousse à Atsumu alors qu'ils se dirigent vers la supérette.
- J'en sais rien, avoue le blond dans un soupir. Mes mots ont dépassé ma pensée et je crois que je l'ai blessé...
La main de la rouquine s'envole pour venir frapper l'arrière du crâne d'Atsumu avec force.
- Aïe !
- Évidemment que tu l'a blessé ! Imbécile ! Elle avait probablement besoin que tu la rassures. Pas que tu lui balance ce genre de vacheries à la tronche ! Ton frère a raison, t'es un manche quand il s'agit de penser aux autres...
- Bien sûr, marmonne Atsumu avec une moue boudeuse. Samu a toujours raison...
- Arrête ton cinéma. Je n'ai pas dit ça et tu le sais, soupire t-elle en glissant un bras sous celui du volleyeur. Mais je sais qu'elle n'est pas qu'une conquête, tu ne l'aurais pas amener au restau sinon...
- Mouais, enfin bref... bougonne Atsumu en roulant des yeux.
- Tu devrais peut être essayer de mieux la connaître avant de vouloir à tout prix la mettre dans ton lit, surtout si elle te plaît, conseille la jeune femme avec une lueur de malice dans ses grands yeux verts bordés d'épais cils noirs. Montre lui le Tsumu que je connais. Après tout, elle semble en valoir la peine, non ?
- Tu as raison... soupire Atsumu alors qu'ils entrent dans le supermarché. Mais je dois juste prendre le temps de réfléchir à tout ça avant de lui parler... Comprendre comment je pourrais la convaincre de me faire confiance... Elle est à la fac cette semaine, alors j'attendrais le week-end prochain.
- Hmmm, je serais toi, j'irais la voir tout de suite. Je ne suis pas certaine qu'attendre soit une bonne idée, lâche la rousse avec une moue sceptique.
- Mais tu n'es pas moi, Tashi-chan.
- Ça c'est certain ! Je suis tellement plus maligne que toi ! ricane la dénommée Tashi en donnant un petit coup de poing dans l'épaule du blond. Mais ça tu le sais depuis toujours !
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Quand Elodie rentre enfin à la résidence, le soir est tombé sur Tokyo et de gros nuages noirs s'amocelent dans le ciel, dissimulant la lueur des étoiles et de la lune. La brune a déambulé dans les rues, perdues dans ses sombres pensées, jusqu'à avoir la sensation de ne plus rien ressentir du tout. Arrivée devant la façade familière de son immeuble, Elodie lève le visage vers le ciel pour prendre une longue respiration, c'est alors qu'une grosse goutte de pluie tombe et roule sur sa joue, suivant le chemin des nombreuses larmes que la jeune femme a versé. Mais à présent ses yeux sont secs, elle ne pleure plus. Elle a le sentiment d'être vide, épuisée, elle a l'étrange sentation que son cœur est endolori et ne pompe plus qu'un sang froid qui la glace de la tête au pied. C'est donc comme un zombie qu'elle monte à son étage et se dirige sans y penser vers la porte de Sawako.
- Elo-chan ? Qu'est ce que...?
- C'était bien une rupture, Sawa-chan, dit Elodie d'une voix sans timbre, robotique. C'est bel et bien fini.
Le ton morne et l'apparente absence de réaction inquiète Sawako plus que les mots de son amie. Elle la prend dans ses bras mais Elodie reste toujours stoïque et ne lui rend pas son étreinte.
- Tu lui as parlé ? Qu'a-t-il dit ? questionne Sawako, les mains toujours sur les épaules d'Elodie.
- Non, c'était inutile... Je l'ai vu sortir du restaurant de son frère avec sa nouvelle copine. Le message était on ne peut plus clair...
- Je vois, fait Sawako d'un ton pensif. Mais si tu ne lui a pas parlé... Enfin je veux dire, cette fille, tu es certaine que c'était sa copine ? Parce que je trouve ça étonnant et rap...
- Écoute Sawa-chan, j'ai compris la leçon ! la coupa sèchement Elodie. Je ne suis pas si naïve et surtout je n'allais pas me ridiculiser en allant lui demander la confirmation de ce qui est évident !
- Mais Elodie, tu étais vraiment attachée à lui et tout n'est sûrement pas perdu... Si vous en discutiez peut être que...
- Je comprends que tu essaye de m'aider mais pour le moment, je veux simplement...je ne sais pas ce que je veux faire mais pas parler à Atsumu ni de lui! Il tourne la page, soit ! J'en ferais autant ! Ça tombe bien, mes premiers partiels arrivent, je vais étudier et l'oublier !
- Très bien, se résout Sawako malgré qu'elle soit persuadée que les choses ne soient pas si simples. Tu fais comme tu le sens mais si tu as besoin... Je suis là, d'accord ?
Elodie adresse alors un sourire, pâle copie de ce qu'elle offre habituellement à sa meilleure amie et hoche la tête. C'est alors que le ding de l'ascenseur résonne, les faisant sursauter toutes les deux et laissant apparaître Himuro.
- Salut Celli ! lance t-il avec enthousiasme. Nakamura. Je venais justement te voir Celli !
- Oh ! Euh... Je sais que je t'avais dit qu'on se ferait une partie un de ces soirs mais là, j'ai pas vraiment la tête à jouer, prévient Elodie et malgré l'aplomb qu'elle tente de garder face au brun, sa voix tremble légèrement.
Avant que le jeune basketteur ne puisse ajouter quoique ce soit, la brune va se réfugier dans son appartement pour enfin laisser tomber le masque et laisser couler les larmes qui menaçaient de revenir inonder ses joues.
- D'accord, lâche avec surprise Himuro en suivant des yeux Elodie avant de se retourner vers Sawako qui lui adresse un sourire impuissant. Mais en réalité je ne venais pas vraiment pour ça... Je voulais savoir si elle, enfin vous voudriez venir à la fête foraine qui s'est installée pour le mois de mai, propose t-il en lui tendant l'affiche du parc d'attraction éphémère en question. Mais apparemment ma proposition tombe mal...
Sawako prend le papier et réfléchit en la détaillant. Elodie veut se changer les idées alors soit, en tant que meilleure amie, la jeune femme allait l'y aider.
- On viendra avec toi le week-end prochain Himuro, affirme t-elle en jetant un coup d'œil à la porte clause de son amie.
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Salut ! Ici Sawako pour ce nouveau chapitre !
Ce dernier est bien plus calme et transitoire que celui précédemment écrit par mes soins 😅
Désolée pour tout ce blablabla mais j'espère que ça vous aidera à mieux cerner ce qu'il se trame dans la tête d'Atsumu et dans le petit cœur brisé d'Elodie...
En tout cas, j'ai hâte de lire ce que @Noctyss nous prépare pour la suite 😊
XOXO
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