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Chapitre 6

Un Sylvain inquiet, les cheveux en bataille témoignant de son angoisse, me voit arriver seulement une dizaine de minutes avant le duel. Je lève les yeux au ciel, anticipant ses jérémiades.

— Jamais tu me refais ce coup, Miss !

— Je suis là et en avance, ça va, balayé-je sa plainte.

— Ça va ? Comment ça se fait que tu arrives si tard ? panique-t-il à moitié.

— Calme-toi... soufflé-je en déposant mes affaires dans un coin.

Je retire les vêtements que j'avais passé par dessus mon ensemble habituel en quittant la zone d'accueil sous les yeux des quelques hommes qui traînent. D'un geste continu, n'ayant pas de temps à perdre, je noue mes cheveux en pivotant vers la salle agitée. Il y a du monde ce soir, beaucoup. Trop pour que je puisse les surveiller du coin de l'œil, mais assez pour créer une ambiance électrique. L'excitation générale est palpable, j'en souris. Je vais bien me remplir les poches.

Je cherche instinctivement du regard le nouveau, comme s'il y avait la moindre chance qu'il soit ici. Je scanne la foule. Ici quelques visages d'habitués, là les émissaires du Simon's, le club adverse venu soutenir son champion. Leur air peu commode contraste avec celui de la majorité. Ils ne sont pas sans savoir que j'écrase tous leurs favoris un à un.

— On arrive tard à ce que je vois. On a hésité à déclarer forfait ? ricane une voix.

Je lève les yeux pour découvrir mon adversaire, déjà dans le cercle. Sa carrure m'impressionne presque. Il est large d'épaule, oui, bien plus que je ne l'avais imaginé. Torse nu, pantalon de treillis, rangers, posture du soldat au repos. Probablement un ancien de l'armée, un technicien. Je remarque qu'il porte une ceinture en cuir dont la boucle n'est pas fermée, facile à retirer, arme potentielle. Danger. Surveiller ce qu'il fait avec.

À côté de lui, je dois avoir l'air presque aussi fragile qu'une brindille. Arriver aussi tard, à peine présentable et pressée ne joue qu'en ma défaveur. Ce n'est pas très professionnel de ma part, c'est même risible.

— Bonsoir, lancé-je avec un petit rictus timide.

— C'est une gamine comme toi qui représente l'Hêtre ? se moque-t-il.

— Il faut croire, oui...

— Une chose si fragile ? Pour de vrai ? rit-il.

Je serre les dents, une colère froide montant doucement en moi. Je n'aime pas du tout être qualifiée de "chose". J'ai passé des années à n'être qu'un outil au service de mon Maître. Un objet. Un pantin meurtrier. Une chose.

Je penche le menton en m'humidifiant les lèvres pour lui lancer un regard en coin. Je ne suis pas du genre à perdre mon impassibilité, mais la journée a été longue à mon goût. Il va amèrement regretter son écart de comportement.

— Je vais pas pouvoir combattre comme ça, hein. Il y a une chance sur deux pour que je la tue, la petite, se plaint mon adversaire auprès Sylvain, notre référent officiel. Vous avez personne d'autre ?

Je l'écoute prendre ma défense en bredouillant, mais il ne trouve pas vraiment d'arguments. Selon lui, je reste une jeune femme dans la fleur de l'âge, qui plus est, blessée quelques jours plus tôt. Il s'étend sur le fait que je sais me défendre et qu'il ne m'a jamais vue perdre ou abandonner pour tenter de convaincre le grand gaillard que je suis un bon adversaire. Cependant, l'autre souligne qu'en tant qu'ancien militaire, il lui faut un opposant résistant, qui encaisse bien.

Je laisse les deux parler pour ne rien dire, je resterai de toute manière son adversaire. Le grand Monsieur souligne qu'il a tué une vingtaine d'hommes à mains nues lors d'opérations. Petit joueur.

Avant que Sylvain ne devienne aussi blanc qu'un cachet d'aspirine, je viens mettre fin à leur discussion :

— Bon, visiblement, le problème est le risque de me tuer Monsieur, alors disons que vous êtes libre d'essayer d'attenter à ma vie.

— Tu t'engagerais dans un combat à mort, petite ?

— Changeons juste les règles et ajoutons "décès" à "abandon" dans les conditions de défaite, c'est ce qu'il y a de plus simple.

Sylvain secoue vivement la tête. Ses cheveux blonds lisses volent malgré leur courte longueur. Contrairement à ses traits qui se crispent de plus en plus, les miens se relâchent. Je vais pouvoir me défouler sans retenue si c'est carte blanche.

Violence, douleur, mort, me voilà comme un poisson dans l'eau. Les tentacules d'obscurité au fond de moi s'agitent avec impatience. La soif de sang est là, mais je lutte contre les ténèbres qui cherchent à prendre possession de moi. Julie Berst n'est plus. Je ne céderai pas. Cet homme sortira d'ici vivant.

— Si ça vous va... affirme-t-il, béat.

— Parfait Lieutenant, quand vous voulez.

— Capitaine, corrige-t-il sèchement.

— Vous êtes plus gradé que je n'ai jamais pu l'être.

Sylvain me prend à part un instant pour me demander si je suis capable de faire face à un vrai tueur. S'il savait... Je lui assure que tout se passera bien pour le calmer pendant que les paris se font. Je ne m'étends pas. Un arbitre sort des rangs du public : le vieillard qui m'a plantée mardi soir. Le couteau était donc un test pour voir quelle menace je suis ?

— Mademoiselle, Monsieur, chers opposants, c'est quand vous voulez, déclare-t-il. Simple rappel : pas de poison. Le reste est autorisé. Victoire en cas d'abandon ou de décès de votre adversaire. Si vous sortez du cercle, celui ou celle qui vous fait face peut vous faire ce qu'il veut pendant dix secondes sans que vous n'ayez le droit de lutter.

Je fronce les sourcils, interloquée. Les règles ont changé sans qu'on ne me prévienne. D'habitude, tout ce qui ressemble à une arme est aussi interdit. Je me crispe. L'adrénaline parcourt mes veines en prévision de l'attaque qui va me tomber dessus. Je ne vais pas prendre l'initiative, je préfère observer mon ennemi en action avant.

La tension monte, mon cœur se met à tambouriner plus fort. Je serre les poings en une garde haute. Je focalise mon attention sur le militaire qui commence à bouger, d'un air supérieur, comme s'il était face à une nouvelle recrue à impressionner. Sa présence est écrasante. Je souris. Voilà longtemps que je ne m'étais pas sentie presque vulnérable. L'air semble m'oppresser, je frissonne d'impatience. Une décharge agréable d'énergie me parcourt quand mon ennemi se jette sur moi pour me plaquer.

Je souffle quand son épaule tâcle mon bassin. Mon esprit passe de lui-même en mode combat, sans que je n'aie à y penser.

Le choc est violent, professionnel, il aurait pu m'arracher un grognement de douleur, mais ce concept n'existe plus pour mon cerveau. Il faut lutter et survivre, avoir mal n'est pas utile dans l'immédiat. Cette information est occultée. Je me mets à fonctionner à l'instinct, guidée par les centaines de d'affrontements que j'ai subis et surmontés.

Plutôt que de lutter pour garder l'équilibre et rester debout, je suis la charge. Je précipite même ma chute pour le surprendre et le faire tomber à terre. À ses yeux ronds, je vois qu'il est déboussolé. Je plante mon coude dans son nez en me contorsionnant pour ne pas être prisonnière de ses bras. Un craquement déplaisant le fait hurler, mais pas perdre le contrôle, il reste vif. Il balance sa jambe dans l'ouverture qui mène à ma hanche, sur la trace brunâtre qui y est encore. Je pare avec mon avant-bras pour limiter les dégâts.

Je perçois la limite du cercle à moins d'un mètre à ma gauche. Temps perdu. Il se retrouve au-dessus de moi à quatre pattes. Quelques gouttes de son sang m'aveuglent en tombant sur mon visage. Danger.

J'attrape son bras droit, juste à côté de ma tête, pour me pousser. Mon dos rape contre le sol, je retrouve le centre de l'arène. Je me remets sur mes pieds pour me frotter les yeux. Mon souffle est devenu bien plus rapide, mais j'entends le sien siffler. Asthme ? Fatigue ? L'ancien militaire se relève et me gratifie d'un sourire. Il sort quelque chose d'une de ses poches, des mèches, qu'il se fourre dans les narines.

— Je crois que j'ai sous-estimé tes capacités, petite, mais maintenant, je sais à quoi m'attendre alors je te conseille d'abandonner. Ce n'est pas parce que tu es une femme que je compte retenir mes coups. Ça va faire mal.

— Je demande à voir, lancé-je, neutre.

— Très mal, insiste-t-il, un éclat froid dans le regard.

— Pour vous.

L'homme vient me rejoindre au centre. Il s'arrête à une vingtaine de centimètres de moi. Ses possibilités commes les miennes sont réduites en termes d'attaques, mais aussi de défense. Si près, même avec un excellent temps de réaction, il est impossible d'éviter une frappe. Il me met en danger.

Je tente de m'éloigner d'un bond. Il attrape mon poignet au vol et me retient. Je fais tourner mon bras pour qu'il défasse sa prise. C'est efficace, mais il resserre ses doigts au même endroit juste après. Je recommence la même manœuvre en pivotant sur le côté jusqu'à passer fluidement dans son dos. Sur le passage, je saisis sa main et la plaque à hauteur de son omoplate. J'impose une forte tension à son coude et son épaule. Il se tord en arrière et se fige.

— Abandonnez ou je le casse, déclaré-je, amicale.

Le vieillard a les yeux vissés sur moi, il n'est pas le seul. Bon nombre de parieurs viennent ajouter des mises en voyant la tournure que prennent les choses. Je garde mon masque d'impassibilité en réitérant ma menace. Mon adversaire met un moment avant de réagir. Il tente de se vriller pour me faire lâcher, en vain.

— Tu ne le feras pas, petite.

— On parie ?

— Tu n'auras pas les tripes pour faire du mal à quelqu'un comme ça, de sang froid.

J'ai l'impression qu'il tente l'attaque psychologique pour que je lui laisse une faille par laquelle s'échapper... Avoir le sang froid n'est malheureusement pas ce qui va me retenir. En guise de réponse, je tire d'un coup sec et le laisse s'écrouler en hurlant de douleur comme un loup face à la Lune. Voilà un bras dont il ne risque pas de se resservir ce soir.

— Vous disiez ? demandé-je d'une petite voix polie.

Il me fusille du regard... compréhensible. Son visage transpire la souffrance et la rage. Il halète en tenant sa patte blessée, les larmes aux yeux. Peut-être espère-t-il m'émouvoir ?

— Je vais te tuer.

— Vous pouvez essayer, oui.

— Tu vas regretter, petite ! crache-t-il.

Mon adversaire se lance à corps perdu dans un nouvel assaut, envoyant une série de coups de pieds à différentes hauteurs. Je les évite de justesse, glissant sur un bout de tissu à terre. Mon attention est détournée par ma perte d'équilibre. Le poing de son bras valide s'enfonce dans mon estomac sans que je ne puisse rien y faire. Je tousse, pliée en deux. Il enchaîne sans me laisser le temps de répliquer. J'encaisse deux coups puissants sur le flanc avant de s'immobiliser au sol. Là, il m'a fait mal. Je souffle lentement, ça va aller. Ce ne sera que quelques hématomes de plus ou des côtes abîmées.

— Dans ma grande bonté, je te le propose. Il n'y aura pas de seconde chance. Tu abandonnes ou je mets un terme à ton existence ? grogne-t-il.

Je ne réponds pas.

Je ne bouge pas.

Je regarde la ligne du cercle et ses pieds près de mon abdomen. Je fais discrètement marcher mes doigts sur les côtes qu'il vient de frapper. Elles ne sont pas cassées de prime abord, j'ai évité le plus grave. Coup de chance.

— Dois-je comprendre ce silence pour un "je préfère la mort" ? aboie mon adversaire.

Je me redresse avec difficulté, des mèches tombent devant mes yeux. Pas le temps de se recoiffer. Je me jette dans ses bras comme pour le câliner, il se décale juste assez pour m'éviter. Je fais volte-face, je m'y attendais. Il n'a rien vu venir. Je balance un grand coup de talon précis contre une de ses rotules et la disloque. Il s'écrase juste à la limite de la zone de combat. Je pose ma semelle sur sa trachée pour l'écraser avec délicatesse tout en l'immobilisant. Il faut qu'il puisse parler.

— Je te hais, vermine ! crie-t-il.

— Beaucoup de monde me hait.

Une de ses mains tente de repousser ma cheville, je pose un genou à terre en intensifiant la pression sur sa gorge. Il ne retire pas son bras, mais force encore plus. Je le laisse s'épuiser à cause du manque d'air. Ses gestes deviennent mous ; pourtant, il continue. La lueur combative dans ses yeux ne le quitte pas.

— Abandonnez, intimé-je en le libérant.

Je lui laisse de l'air, m'éloignant. Je dois trouver une solution pour lui faire cracher les mots qui concluront notre rencontre. Il m'insulte entre deux gargouillements répugnants entrecoupés de toux. Je le laisse se ressaisir. Pour moi, il est déjà vaincu. Vu l'état dans lequel doit être sa trachée, il ne respirera pas normalement avant un bout de temps. Sans souffle, impossible de combattre.

Mort ou abandon.

Je sens un froid sombre s'emparer de mes veines, un calme glaçant. Cette sensation m'est familière. Des images reviennent : des proies estropiées au bord du gouffre ; ma main qui s'abat pour faucher leur dernier souffle. Mon cœur ralentit. Il sait qu'une fin approche.

Je balance un grand coup de pied dans l'ancien Capitaine toujours plié en deux pour le faire sortir du cercle. Dix secondes de pénalité pour lui. C'est court. Je fouille dans mon inventaire mental sur les façons de briser une volonté pour déterminer comment je vais commencer. D'humeur expéditive, je me tourne vers ce que je considère comme le plus efficace.

— Je vais vous crever les yeux, annoncé-je lentement, sans émotion, laissant mes attitudes passées m'envahir. Les deux, dès qu'on annoncera le début du temps de pénalité. Vous ne retrouverez jamais la vue.

Aussitôt, ses traits s'affaissent. L'idée d'une blessure irréparable a toujours son petit effet.

Le Capitaine a dû connaître des situations complexes dans son ancienne carrière, celles où on sait que les choses vont changer et qu'il sera impossible de faire machine arrière. Je suppose qu'il vient de réaliser la gravité de sa situation. Je le fixe intensément, ignorant les balbutiements de l'arbitre et l'ambiance devenue soudain pesante dans le public.

— J'abandonne, souffle-t-il, pâle comme un linge.

Victoire. La journée peut enfin se conclure.

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