Chapitre 14
Je le vois se raidir, ses yeux s'écarquillant imperceptiblement avant qu'il ne reprenne contenance.
Son masque de froide indifférence se fissure à nouveau, révélant l'homme derrière la façade.
Il détourne le regard, comme s'il cherchait à échapper à l'accusation qui pèse lourdement entre nous.
-Je ne sais pas de quoi tu parles, commence-t-il, mais sa voix manque de la fermeté qu'elle avait il y a quelques instants.
C'est un aveu silencieux que quelque chose est vrai dans ce que je viens de dire.
Il se redresse, croisant les bras sur sa poitrine, comme pour se protéger.
-Tu ne sais pas ?
Je laisse échapper un rire sans joie.
Sophia m'a donné ce numéro de chambre et m'a dit que c'était là qu'elle retrouvait le père de son bébé .
Et ce même hôtel, c'est celui où tu étais régulièrement vu j'ai une photo de Sophia et toi .
alors, ne me dis pas que tu ne sais pas de quoi je parle.
Il reste silencieux, ses traits marqués par une lutte intérieure.
Il sait que je ne partirai pas sans des réponses.
Le poids de la vérité semble l'écraser, mais il résiste encore, comme s'il cherchait désespérément à maintenir une apparence de contrôle.
Je m'avance d'un pas, le fixant dans les yeux.
-Ma sœur souffre, elle a gardé cette douleur en elle, refusant de me dire qui est le père de son enfant.
Ce n'est que récemment qu'elle a commencé à parler, et même alors, elle reste vague, comme si elle avait peur de révéler toute la vérité.
Je te demande de ne pas l'accabler davantage. Tu lui dois des réponses, et tu me les dois aussi.
Lucas laisse échapper un long soupir, luttant visiblement avec ce que je viens de dire.
Il passe une main tremblante sur son visage, comme s'il essayait de rassembler ses pensées, de trouver un moyen de se sortir de cette situation sans tout avouer.
Mais je peux voir que cette lutte intérieure le ronge.
Finalement, il se laisse tomber lourdement dans le fauteuil derrière lui, visiblement accablé.
-C'était censé être... différent, murmure-t-il enfin, sa voix empreinte d'un regret sincère.
Ce n'était pas censé aller aussi loin.
Ses mots tombent comme un couperet, lourds de sens et de conséquences.
Je reste silencieuse, attendant qu'il continue, mais mon cœur bat à tout rompre, partagé entre l'envie de lui hurler dessus et l'espoir ténu qu'il finisse par tout révéler.
-Sophia et moi... Nous nous sommes rencontrés par hasard, commence-t-il, les mots lui échappant avec difficulté.
C'était... compliqué. Nous ne cherchions pas à nous impliquer, ni elle ni moi. Mais les choses se sont enchaînées, et... Je n'ai jamais voulu que cela tourne ainsi.
Il se tait, le regard perdu dans le vide, comme s'il revivait ces moments avec une clarté douloureuse. Il est évident qu'il ne s'attendait pas à ce que cette histoire refasse surface, encore moins à ce qu'elle prenne cette tournure dramatique.
Je prends une profonde inspiration, tentant de calmer la tempête de sentiments qui tourbillonne en moi.
Lucas ferme les yeux, ses traits marqués par une douleur qu'il ne peut plus dissimuler.
- Je ne sais pas ce que je suis sensé faire
Le silence qui suit sa confession est assourdissant, chargé de toutes les émotions non dites, de tous les regrets et de toutes les craintes.
Je sens une vague de colère, de tristesse et de soulagement m'envahir simultanément. Enfin, la vérité est là, nue, entre nous.
- Pour Sophia, je ferai ce qu'il faut.
Je le fixe, essayant de trouver les mots.
C'est un moment que j'attendais, mais la réalité est bien plus complexe que ce que j'avais imaginé. Lucas Devereaux, l'homme que j'accusais d'être le coupable, se révèle finalement être tout aussi perdu, tout aussi humain que les autres.
Il n'y a pas de gagnants ici, seulement des cœurs brisés et des vies à reconstruire.
En quittant le grand bâtiment de l'entreprise de Lucas , je me sens légèrement plus calme.
La confrontation a été difficile, mais j'ai obtenu ce que je voulais : des réponses et le numéro personnel de Lucas.
Je me demande comment Sophia réagira à la nouvelle de cette rencontre, mais je sais que c'est une étape nécessaire.
En descendant les marches de l'imposant édifice, je consulte le numéro que Lucas m'a donné.
J'hésite un instant avant de le ranger dans mon téléphone, consciente que l'organisation de cette rencontre ne sera pas facile.
Mon esprit est déjà en ébullition, pensant à la meilleure manière d'aborder le sujet avec Sophia.
Je prends un taxi pour rentrer à l'appartement.
Le trajet est silencieux, mes pensées vagabondant entre le besoin d'assurer une discussion entre Sophia et Lucas et la manière de préparer ma sœur à cette rencontre.
En arrivant, je trouve Sophia en train de se reposer sur le canapé, les yeux fermés.
Je m'approche doucement, essayant de ne pas perturber son moment de tranquillité.
— Sophia, je dois te parler, dis-je en m'asseyant à ses côtés.
Elle ouvre les yeux, me regardant avec curiosité mêlée d'inquiétude.
— Quoi de neuf ? demande-t-elle doucement.
Je prends une profonde inspiration, tentant de trouver les mots justes pour annoncer ce qui est nécessaire, mais potentiellement difficile.
— Je sais qui est le père de ton enfant , je commence il est prêt à te rencontrer.
Le visage de Sophia se fige instantanément, un mélange de surprise et de nervosité se lisant sur ses traits.
— Quoi ? murmure-t-elle, les yeux écarquillés. Pourquoi ?
— Je sais que cela peut être difficile à entendre, mais il est important que vous ayez cette discussion, explique-je.
Je pense que vous avez des choses à clarifier, et cela pourrait aider à apaiser certaines questions pour toi et pour lui.
Sophia se redresse, son expression se faisant plus fermée et déterminée.
— Je ne suis pas sûre d'être prête à le voir, dit-elle. Pourquoi maintenant ?
Je m'approche d'elle, posant une main réconfortante sur son épaule.
— Parce que c'est important pour toi et pour ton futur enfant il veut parler, et je pense que cela pourrait être bénéfique de mettre les choses au clair.
Elle semble réfléchir à mes paroles, son regard se perdant dans le vide.
Je sais qu'elle est réticente, mais je lui rappelle que c'est une opportunité de résoudre des questions laissées en suspens.
— D'accord, finit-elle par dire avec une résignation palpable. Quand pourrions-nous organiser cela ?
Je respire un soupir de soulagement, heureuse qu'elle accepte de donner une chance à cette rencontre.
— Je vais lui faire savoir que tu es prête, dis-je. Nous devons encore fixer une date .
Sophia hoche la tête, et je vois la tension dans ses épaules se relâcher légèrement.
Une semaine s'était écoulée avant que je ne décide finalement de la date de l'entrevue entre Lucas et Sophia.
J'avais pris soin de planifier cette rencontre de manière à ce qu'elle soit le moins stressante possible pour ma sœur.
Après avoir discuté de plusieurs options, il fut convenu que Lucas viendrait à l'appartement.
L'environnement familier devrait aider Sophia à se sentir plus à l'aise, et j'avais l'intention de m'éclipser pendant leur discussion, laissant à chacun l'espace nécessaire pour aborder ce qui devait l'être.
Le jour de la rencontre, je me préparais en silence, une légère appréhension mêlée à un sentiment d'accomplissement.
J'avais fait tout ce que je pouvais pour faciliter cette réunion, mais une partie de moi ne pouvait s'empêcher de craindre la réaction de Sophia, et celle de Lucas aussi.
Cependant, je savais que cette confrontation était inévitable, et probablement salutaire pour tous les deux.
Lucas devait arriver en début d'après-midi.
Je m'assurai que tout était en ordre dans l'appartement, rangeant les dernières affaires qui traînaient.
Sophia, quant à elle, paraissait plus nerveuse qu'à l'accoutumée, bien que sa détermination restait palpable.
Quand l'heure approcha, je pris mon sac, prête à les laisser seuls.
— Je vais sortir un moment, annonçai-je à Sophia d'une voix douce.
Je reviendrai d'ici quelques heures, pour te laisser un peu de temps avec Lucas.
Sophia acquiesça, visiblement partagée entre le soulagement et l'appréhension.
Je savais qu'elle était encore en train de peser le pour et le contre de cette rencontre, mais l'idée de discuter dans un cadre privé lui donnait au moins un semblant de contrôle sur la situation.
Lucas arriva à l'heure convenue, son visage marqué par une expression sérieuse, mais respectueuse.
Nous échangeâmes quelques mots rapides, puis je lui indiquai le salon où Sophia l'attendait.
Avant de partir, je posai une main réconfortante sur l'épaule de ma sœur.
— Tout ira bien, murmurai-je.
Prenez le temps qu'il vous faut.
Avec un dernier regard vers eux, je quittai l'appartement, fermant doucement la porte derrière moi.
Une fois dehors, je m'accordai un moment pour reprendre mon souffle.
Tout ce que j'avais orchestré menait à ce point culminant, et maintenant que tout était en place, je ressentais le besoin de me changer les idées.
Et puis, il y avait quelque chose que je devais faire, une rencontre que j'avais reportée depuis trop longtemps.
Cela faisait plus de trois semaines depuis la dernière fois que nous nous étions vus, et il était temps de régler cette situation.
L'entreprise de Damien m'avait aidée à trouver Lucas, et je ne pouvais pas ignorer l'importance de cette aide.
Mais au-delà de cela, il y avait cette tension non résolue entre nous, ce baiser devant sa famille, ce moment volé dans la salle de bain... Des souvenirs qui refusaient de s'effacer malgré le temps qui passait.
Je pris un taxi, donnant au chauffeur l'adresse Throne
Le trajet fut long, mon esprit alternant entre la scène qui devait se jouer en ce moment même entre Sophia et Lucas, et ma propre confrontation à venir.
J'avais l'impression de me préparer pour une bataille intérieure, une confrontation où les sentiments que j'avais soigneusement enfouis risquaient de refaire surface avec une force imprévisible.
Lorsque j'arrivai à destination, je descendis du taxi, mon cœur battant plus vite que je ne l'aurais voulu.
Je devais remercier Damien, c'était la moindre des choses.
Mais je savais que le revoir, après tout ce qui s'était passé, serait bien plus complexe que de simples mots de gratitude.
Je franchis la porte du bâtiment, mes pas résonnant dans le hall.
La réceptionniste, me reconnaissant immédiatement, me laissa passer sans poser de questions.
Je traversai le hall, mes pas résonnant légèrement sur le sol carrelé.
Lorsque j'atteignis l'ascenseur, mon cœur s'emballa, mes pensées tourbillonnant autour de ce qui m'attendait à l'étage supérieur même si c'est pour le remercier je me sens un peu stressé.
Chaque seconde qui passait semblait rallonger le trajet, accentuant l'appréhension qui montait en moi.
Quand l'ascenseur s'arrêta enfin à l'étage de son bureau, je me retrouvai face à Clara, son assistante.
Son regard, d'abord surpris, s'adoucit rapidement lorsqu'elle me reconnut.
— Bonjour, Elena. Cela fait très longtemps qu'on ne vous avait pas vue. Êtes-vous venue voir Monsieur Blake ? demanda-t-elle, un sourire aimable aux lèvres.
— Oui, répondis-je simplement, essayant de maîtriser l'émotion qui menaçait de faire trembler ma voix.
Clara hocha la tête, puis ajouta avec une pointe de complicité dans la voix :
— Vous pouvez y aller, Monsieur vient tout juste de terminer sa réunion.
— Merci, Clara, murmurai-je avant de me diriger vers la porte du bureau de Damien.
Mes pas me semblaient plus lourds à mesure que je m'approchais de la porte en bois massif.
Chaque mètre parcouru ravivait les souvenirs de notre dernière rencontre, ces moments où tout avait semblé se brouiller entre la raison et les sentiments.
Je me rappelais son regard intense, la manière dont ses doigts avaient effleuré ma peau, et surtout ce baiser échangé, d'abord sous les yeux de sa famille, puis à l'abri des regards, dans l'intimité de la salle de bain.
Je m'arrêtai devant la porte fermée, hésitante. Il n'y avait plus de retour en arrière possible je devais aller jusqu'au bout.
Prenant une profonde inspiration, je levai la main et frappai doucement.
Une voix grave, légèrement étouffée par la porte, m'invita à entrer.
J'appuyai sur la poignée et ouvris la porte, pénétrant dans le bureau.
Damien était là, debout près de la fenêtre, observant la ville qui s'étendait en contrebas.
Il se retourna en entendant la porte se refermer derrière moi, ses yeux se posant immédiatement sur moi.
Pour un instant, le temps sembla suspendu.
Son expression, toujours aussi intense
— Elena, dit-il doucement.
— Bonjour Damien .
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