VII. Le réveil.
Le vide et l'ombre régnaient, et oppressaient le corps d'Alex.
Soudain, un violent coup de lumière le sortit du néant et l'aveugla. Tout fut très flou, avant qu'il ne puisse voir que la lueur aveuglante provenait d'une lampe, et distinguer où il se trouvait vraiment. Un électrocardiographe relayait ses battements de cœur. Il sentait un masque délivrer de l'air à sa bouche et son nez. Un homme vêtu d'une blouse blanche se tenait à droite du lit sur lequel il se trouvait allongé, un carnet entre les mains.
Les yeux d'Alex n'étaient alors que légèrement ouverts, mais il comprit dès lors qu'il se trouvait dans une chambre d'hôpital.
L'homme abaissa son visage légèrement bronzé vers lui. Le haut de son crane, atteint de calvitie, brillait à la lumière.
-Vous pouvez m'entendre ?
Il ne réagit pas immédiatement, il entendait mal, comme s'il fut plongé dans l'eau, au plus profond des abysses. Mais sa remontée s'annonçait déjà.
-Vous m'entendez ? Fit une nouvelle fois l'homme.
Cette fois, il entendait nettement, il était remonté. Alex enleva nerveusement son masque et tentait de se mettre en position assise, avant qu'un éclair de douleur ne vint foudroyer tout son corps.
-Calmez vous, calmez vous, murmura le docteur, en posant sa main sur le bras d'Alex, encore palpitant. Vous n'êtes pas encore en état de bouger. Vous sortez d'une semaine de coma. Je suis le docteur Lumens. Restez calme, je vais chercher votre mère.
A ces mots, le docteur Lumens fit volte-face vers la porte afin d'y chercher la mère d'Alex. Ce dernier, désormais allongé en position latérale et haletant, peinait à réaliser ce qui lui arrivait. Sa tête lui faisait atrocement souffrir, l'empêchant alors même de tenter de réfléchir.
Soudain, la porte s'ouvrit violemment. Catherine accourut rapidement vers lui en pleurs, avant d'embrasser son front.
-Alexandre..tu es enfin avec nous..
Elle le caressait doucement. Le pendentif en forme d'étoile de son long collier était posé sur le front d'Alex. La présence de sa mère rassurait ce dernier et atténuait ses souffrances : La douleur, l'incompréhension, ou encore l'odeur âcre et chimique de désinfectant qui stagnait dans la chambre. Son aura de douceur maternelle, ainsi que son pull blanc crème, le réchauffait aussi bien mentalement que physiquement.
-Ne me refais plus jamais ça. Plus jamais. Tu est tout ce que j'ai, tout ce qu'il me reste.
Elle appliqua une nouvelle fois ses lèvres sur son front.
Le Dr Lumens se tenait derrière, stoïque, et griffonnait des notes sur son carnet. Il s'avança vers Catherine, qui se retourna.
-Vous pouvez savoir ce qu'il a ? Demanda-t-elle, inquiète, tout en tenant le col roulé de son pull.
Le docteur déglutit et sortit de la poche de sa veste blanche une paire de lunettes sobres qu'il se mit à arborer. Sous les tilts réguliers de l'électrocardiographe, il s'empara également d'une pochette grise de laquelle il sortit plusieurs feuilles qu'il se mit à relire rapidement. Il leva ses yeux vers le visage de Catherine. Alex, lui, s'étant remis en position allongée, fixait le plafond.
-J'ai donc analysé l'état de votre fils pendant sa période de coma, et...la seule information que j'ai pu en tirer moi et d'autres collègues, est que les vaisseaux sanguins environnant la zone cérébrale du crane de votre fils se sont très fortement dilatés. En somme, il aurait souffert d'une très forte migraine, qui aurait perturbé son organisme au point de lui faire perdre connaissance.
Catherine maintenait son regard sur le docteur Lumens, toujours aussi anxieuse.
-Quelle en est la cause ? Répliqua-t-elle.
Le docteur baissa les yeux, embarrassé.
-Eh bien..c'est là où réside le problème, dit-il. Malgré mes analyses, je ne trouve pas de raisons concrètes à ce qu'a eu votre fils, ce qui me paraît très étrange.
Catherine resta silencieuse, mais affichait bien sa surprise quant à ce qu'avait annoncé Lumens, ne pouvant pas croire que ce que son fils avait subit était d'origine inconnue. Le docteur quant à lui, prit une chaise posée près de l'entrée de la chambre qu'il déplia, pour ensuite s'asseoir. Il posa ses coudes sur ses cuisses puis, à l'aide de son index, caressait son épaisse moustache longiligne.
-Madame Marcelin..n'auriez vous pas aperçu auparavant sur votre fils certains signes, quels qu'ils soient, qui auraient pu être liés à son malaise ?
Son regard, à travers ses verres de lunettes, était légèrement perçant. Celui de Catherine était beaucoup plus évasif, et témoignait encore une fois de l'angoisse plus que grandissante de cette dernière. Elle inspira, et cherchait dans sa mémoire, jusqu'à ce que vienne en elle comme un électrochoc un événement, cet événement. Son regard, jusque là fuyant, s'était posé sur le docteur.
-Il y a peut être un événement. C'était il y a presque deux semaines maintenant. -Elle déglutit- Pendant la nuit. Vous savez maintenant chez moi, et plus précisément dans la chambre de mon fils, une grande bâche entourée de scotch fait office de fenêtre, car celle ci s'est brisée ce soir là. J'ignore totalement pourquoi, mais j'ai trouvé mon fils, pâle, en pleurs et couvert de sueur, totalement terrorisé. Il m'avait expliqué qu'il avait vu et entendu une fille avec qui il était en liaison avant qu'elle ne disparaisse subitement. Il l'a vue, comme..comme une vision..très proche de la réalité.
Alex, à l'entente de ce qu'avait déclaré sa mère, tentait tant bien que mal de se relever pour répondre.
-C'était qu'un mauvais rêve. Rien qu'un mauvais rêve, oubliez ça docteur, dit-il, d'une voix fébrile.
-Une fenêtre a été brisée. Comment tu peux expliquer ça par un mauvais rêve ? Répliqua Catherine, qui s'était retournée vers son fils.
Alex, qui s'était finalement rallongé, ne fit part d'aucune réponse, et fixait de nouveau le plafond.
Lumens fit un léger signe d'approbation, puis inclina ses yeux vers le sol, toujours en caressant sa moustache de son index. Au fond de lui, l'origine du malaise d'Alex ne faisait pas de doute. Mais en parler était une autre affaire. Il se leva.
-Je vois, eh bien, après avoir entendu ce que vous m'avez dit, je pense que votre fils a souffert d'une crise d'angoisse ce soir là, crise d'angoisse sûrement liée à son malaise. Je pense qu'Alex est dépassé par ce qu'il vit en ce moment, et a grandement besoin de relâcher toute la pression qu'il s'impose. Mais bon, je ne pourrais pas expliquer pourquoi votre fenêtre s'est brisée, cela ne relève plus de mon métier, dit-il, en riant légèrement.
Le docteur rangea ses feuilles dans sa pochette, puis prit un morceau de papier sur lequel il écrivit.
-Alexandre restera encore quelque jours ici pour se reposer, mais ne vous inquiétez pas madame, tout ira mieux pour lui, rajouta-t-il, en terminant d'écrire.
Catherine, légèrement soulagée, se leva.
-Merci docteur, dit-elle en lui serrant la main, arborant un sourire reconnaissant. Elle se retourna vers Alex.
-Bon, je retourne au boulot. Repose toi bien.
Elle se rapprocha de son fils puis l'embrassa sur le front, avant de s'avancer vers la porte. Le docteur Lumens prit le morceau de papier sur lequel il avait écrit, le plia en deux, et le posa sur la table de chevet, près d'Alex. Il prit ses affaires, rejoignit ensuite Catherine et sortit de la chambre avec elle.
La porte se referma dans un claquement sourd.
Alex, désormais seul, se retourna lourdement vers la table de chevet. Intrigué par le papier laissé par le docteur, il tendit le bras pour le récupérer. Il le déplia.
« Je sais ce que tu as. Appelle moi dès que tu pourras, avec le numéro que je t'ai laissé. »
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro