II. Mr.Olivier
La voiture roulait à toute allure. Catherine tenait fermement le volant, et fixait nerveusement la route. Alex, quant à lui, à l'arrière, était somnolant, la tête posée contre la vitre de portière. Ses yeux se fermèrent lentement. Et il la voyait. Il voyait cette fille, cette fille aux cheveux blancs, assise dans un parc, en pleine pluie, et qui le regardait, à travers ses mèches mouillées lui collant au visage. Il se remémorait cette fille.
Les rêveries d'Alex furent brutalement interrompues par l'arrêt de la voiture. Ils étaient arrivés. Garés en ville devant un grand bâtiment blanc et sobre, ils sortirent sous la pluie. Ils arrivèrent trempés devant la porte du bâtiment, là où un homme leur ouvrit la porte puis les accueillit dans le hall. Il serra fermement les mains d'Alex et sa mère.
-Vous êtes Catherine et Alex Clain-Marcelin n'est-ce pas ? Disait-il, en souriant.
Alex regardait ailleurs, froid, et ne sortit pas un mot. Catherine essuya son front ruisselant d'eau et répondit, fébrile.
-Oui.
-Bien. Je vous remercie d'avoir accepté notre demande. Je suis Mr.Olivier. Bienvenue au Soleil Levant. Suivez moi.
Ils traversèrent le hall du bâtiment. Grand, moderne, peint en nuances de blanc, mais vide, dont toutes les lumières étaient éteintes. Alex observait les zones d'ombres, légèrement intrigué, mais ne posa aucune question. Il ne voulait pas parler. Ils prirent un ascenseur les menant au 2e étage et entrèrent dans une salle, grise et sombre. Le journaliste sortit son ordinateur et s'installa sur sa chaise au bout d'une table. Il passa sa main sur ses cheveux gris-noirs.
-Installez vous, installez vous, je vous prie, dit-il en faisant un signe de main.
Alex et sa mère s'installèrent. Catherine gardait son calme, et serra la main d'Alex, qui lui l'ignorait toujours. Le journaliste commençait à pianoter sur son clavier d'ordinateur. Deux autres personnes entrèrent, des cameramans, qui se placèrent aux côtés de Mr.Olivier. Alex leur lança un petit regard en coin. La présence de cameramans l'intriguait. Sa mère les regardait préparer leurs appareils, intimidée. Mr.Olivier pianotait toujours, concentré.
-Samedi 21 décembre 2014. 1ère interview de Mme Catherine et Mr. Alexandre Clain-Marcelin, mère et fils, dans le cadre de l'Affaire non-élucidée « Crystal-Neige », prononçait le journaliste, en se redressant sur son siège. Il regarda Alex, passa sa main sur sa barbe de 3 jours, et redressa le col de sa chemise noire. Les cameras tournaient.
-Bien, je pense que nous pouvons commencer. Mais avant tout, j'ai bien évidemment conscience que cette affaire a provoqué beaucoup de dégâts dans votre vie, et que par conséquent, ce sujet peut être difficile à aborder. C'est pourquoi je salue votre courage à être ven-
-Fermez là. Fermez là, arrêtez vos conneries et balancez vos questions, interrompit Alex, regardant le sol, excédé.
Sa mère, surprise, lui foudroya du regard. Mais Alex ne la regardait pas. Mr.Olivier, amusé, fit un sourire en fixant Alex. Il se rendait alors compte à quel type de personne il avait à faire. Catherine tentait d'excuser l'attitude de son fils mais Olivier l'interrompit en disant que ce n'était pas grave. Il prit une grande inspiration avant de reprendre.
-Bien, bien. Veuillez m'excuser Mme Clain-Marcelin, mais pourrais-je parler seul à seul avec votre fils si cela ne vous dérange pas ?
Catherine, désorientée, répondit :
-Hum..d'accord, d'accord.
Elle se leva, puis quitta la salle, en jetant un dernier regard sur Alex. La porte se ferma. Le journaliste se leva de son siège, silencieux, et s'avança, lentement vers Alex. A deux pas de lui, il s'arrêta.
-Je vois que tu ne retiens pas, lança t-il. Tu ne te retiens absolument pas. Tu attaques et agresses, c'est ça ta stratégie ?
Alex, leva vivement la tête vers le journaliste. L'envie d'expulser ses sentiments le prenait plus que jamais. Il serra son poing.
-C'est ma stratégie oui contre des gens comme vous, des gens comme vous qui n'ont pas arrêté de me détruire, moi et ma mère ! Qui ne connaissaient rien à notre histoire, et qui se sont juste contentés de nous décrire comme des fous ! On nous voit comme des fous ! Et particulièrement moi ! Vous n'imaginez même pas les conséquences ! Les flics ont lâchés l'enquête et nous ont laissés ! Tous mes amis m'ont abandonnés ! Et vous, là vous croyez comprendre ? Vous pensez que j'vais répondre à vos foutues questions ?! Vous ne savez rien !! Absolument rien !
Alex retomba sur sa chaise, haletant, et prit d'une quinte de toux. Il avait expulsé ce qu'il avait en lui à présent. Il se mit à pleurer. Mr.Olivier le regardait, silencieux. Il s'avança et posa sa main sur l'épaule du jeune garçon.
-Boy, je ne suis pas comme ces gens. Je ne me contente pas de gratter sur la surface des choses dans le simple but de me faire de l'argent. Je ne suis pas un connard, je suis journaliste investigateur. Et j'en sais beaucoup plus que tu ne le crois.
Sur ces mots, il sortit de sa poche de pantalon un bout de papier qu'il posa sur la table devant Alex. Ce dernier le prit et le déplia. Il y était écrit :
« Laisse briller tes vraies couleurs. Tu te fous des différences, de ma différence, et c'est pourquoi je t'aime. »
Un coup d'électrochoc traversa Alex. Il n'y croyait pas. Il regarda Mr.Olivier, foudroyé. Il avait retrouvé ce bout de papier. Ce bout de papier qu'elle lui avait offert.
-C-comment avez vous..
Mr.Olivier, en retournant vers son siège, répondit :
-Comme je te l'ai dit, j'en sais beaucoup plus que tu ne le crois. Bon j'imagine que ta mère s'impatiente. Tu ferais mieux de partir. On se reverra bientôt. Très bientôt.
Alex prit le bout de papier, et quitta la salle, désemparé. Le journaliste auquel il avait à faire, était véritablement différent des autres, et en savait visiblement plus à propos de cette mystérieuse affaire, et peut être plus à propos d'elle.
La porte se referma.
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