Le juge et les jurés ont rendus leur décision, Jefferson Gold resterait condamné pendant six ans à cause des crimes qu'il avait commis l'année précédente. C'est-à-dire, en 2017.

Les adieux ont toutefois été assez difficiles, surtout lorsqu'il abandonna sa fiancée et son enfant.

J'espère vraiment qu'elle me donnera de ses nouvelles, qu'elle lui parlera de moi, se dit-il tandis que des gardiens l'escortait en dehors de la grande salle du tribunal.

Sa famille était sans doute déjà montés dans leur voiture, une Porsche Cayenne bleuté, déterminés à rentrer chez eux, dans leur maison familiale de Los Angeles. Cette maison dans laquelle il avait vécu durant plusieurs mois qu'il qualifiait de maudite.

Quant à Jefferson, il se rendit compte qu'il s'en voulait terriblement d'avoir ôté la vie à de nombreux êtres humains, or pendant qu'il le faisait, il ne ressentait aucun remords.
À ce moment-là, seulement la rage et la vengeance animait son âme.

— Bouge, Gold, arrêtes de rêvasser, ordonna froidement l'un des gardiens.
— Ça va, y'a pas le feu à ce que je sache, marmonna-t-il.

Une heure passa depuis la fin de la séance.
L'horloge affichait trois heures de l'après-midi.

***

Dehors, une fourgonnette les attendait non loin de l'entrée, prête à démarrer.
Un des officiers le poussa comme s'il s'agissait d'un sac de pomme de terre sorti tout droit du magasin situé au coin de la rue.

— On est reparti, lança joyeusement le conducteur.

Comment pouvait-il être aussi heureux d'escorter un homme en enfer, pensa Jefferson Gold.

Il trouva une place confortable et regarda le paysage défiler en se remémorant des souvenirs heureux, tel que son voyage en Italie, le visage surpris mais joyeux de Jane pendant l'hiver, tandis qu'il lui faisait sa demande en mariage... Sans oublier le fait qu'à présent, il devenait un père, pour de vrai cette fois.
C'était un père de famille.

Jefferson ne voulait absolument pas reproduire l'image de son propre paternel, Henri Gold.
Un sénateur incapable de s'occuper de ses enfants, qui fuyait à n'importe quel moment.

Hors de question qu'il termine comme lui, il voulait changer, rattraper ses erreurs, fondé sa propre famille. Évidement, elle ne serait sans doute pas parfaite, car aucune famille ne l'est, sauf dans les films ou dans les séries, tout le monde le sait. Néanmoins, elle serait à son image.

Jefferson Gold est un homme qui a manqué d'attention et d'amour durant pratiquement toute sa vie, il comptait bien améliorer sa situation après sa longue peine.

Ta peine sera réduite si tu ne commets pas d'inepties, ne l'oublies pas, lui stipula sa conscience.

***

De retour dans la prison de Bakersfield, l'air penaud, le prisonnier regagna sa cellule.
Ces maudits murs gris l'attendaient.

À l'intérieur, il s'assit sur son lit et souffla de mécontentement.

— Je ne suis qu'un connard, déclara Jefferson.
Si seulement, je pouvais retourner en arrière... tout serait tellement mieux. Si simple, ajouta-t-il.

Quelques instants plus tard, aux alentours de cinq heures de l'après-midi, le gardien qu'il n'appréciait guère et qu'il surnommait : « la boule de cristal » se pointa devant celle-ci accompagné d'un nouveau prisonnier.

— Oh non, pitié ne me dites pas que je vais devoir partager ma chambre ? Lui demanda-t-il soudainement.
— Gold, réserve un accueil chaleureux à ton nouveau voisin, annonça-t-il avec ce ton toujours aussi glacial.

Puis, la boule de cristal ouvrit la porte, attendit une minute que le nouveau s'installe, referma derrière lui et quitta les lieux.

Une fois qu'il s'en allait, un silence assourdissant régna dans la cellule.

Jefferson dévisagea cet inconnu, c'était un homme musclé, brun aux yeux marrons qui portait des lunettes, typé coréen.

— Quoi ? T'as un problème ? Pourquoi tu me dévisage ainsi, sollicita-t-il d'une manière agressive.
— Haha, je te conseille de faire gaffe, répliqua-t-il. Ne crois pas que tu vas faire ta loi ici.

***

L'homme face à lui, ferma les paupières, prit une grande inspiration et d'un coup, il le regarda droit dans les yeux.

— Je m'appelle Choi Ha-Neul, répondit-il, je suis là parce que ....
— Ah mais j'en ai rien à cirer des raisons de ta présence, tu as voulu jouer au malin, crois-moi, tu vas continuer jusqu'au bout. Et je vais te faire vivre l'enfer, trancha Jefferson d'un ton menaçant.
— Et... et si... Si on repartait sur de bonnes bases, proposa-t-il en bégayant.

Jefferson réfléchit un moment à sa proposition... sans doute était-ce une bonne idée ? Surtout s'il ne voulait pas rester plus de six ans enfermé.

— Tu as raison, finit-il par prononcer. Je m'appelle Jefferson Gold, ravi de faire ta connaissance, Choi Ha-Neul ! s'exclama-t-il en lui tendant la main.

Hésitant, Ha-Neul lui serra tout de même la main.

— C'est donc toi, le fameux Jefferson, assura-t-il.
— « Fameux » ? S'étonna Jeff.
— Oui, fameux, on parle de toi dans le monde entier ! On dit même que tu es quelqu'un d'intelligent, confirma Ha-Neul.
— Hum... alors, tu dois forcément être au courant de la raison de ma présence ici. Mais toi tu ne m'as pas encore raconté ton histoire, donc parlons-en, conclut-il.

Choi Ha-Neul narra une partie de son histoire, et lui confia que s'il était dans cette situation, c'est parce qu'il avait violé et mis enceinte cinq femmes.

— Désolé mais, tu es un sacré fils de pute, ricana nerveusement Jefferson Gold.
— Je ne suis pas un sacré fils de pute, je suis le roi des fils de pute, articula-t-il en souriant.

Et en plus, il est fier de lui ? Pff. Il me dégoûte, pensa-t-il.

Plus tard, tandis que l'heure de dîner arrivait, Jefferson Gold suggéra à son compagnon de cellule de manger avec lui et Matt Donovan, pour ne pas qu'il soit seul.

Seul dans cette cage, il ne se s'en sortirait pas avec tous ces dégénérés, plus dangereux les uns que les autres.