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CHAPITRE QUATRE : RENDEZ-VOUS CHEZ LE PSYCHOLOGUE

En début de semaine, Jefferson avait rendez-vous, après le travail, chez sa nouvelle psychologue, le docteur Lynn Morris.
Depuis sa tendre enfance, il était suivi. Cependant, il avait horreur d'y aller.

Se confier à une inconnue n'était pas sa tasse de thé. D'ailleurs que notait-elle dans son petit carnet ? Pourtant, aujourd'hui, c'était différent. En effet, depuis la fugue d'Ella, Jeff était au bord du gouffre.

Lynn Morris était une femme d'une cinquantaine d'années, de taille moyenne aux cheveux gris et aux yeux bleus. Elle remplaça Hailey Williams qui a précipitamment démissionné de sa fonction suite à un accident de voiture causé par Jefferson Gold, parce que selon lui, elle lui donnait de mauvais conseils.

Il faut dire que lorsque notre protagoniste était contrarié, il pouvait s'en prendre à n'importe qui, peu importe l'endroit.

***

Aujourd'hui, sa journée de travail était tranquille, il n'y avait pas de nombreux clients pour se précipiter d'acheter de nouveaux téléphones mobiles, changer de forfait ou encore se plaindre de leur boîtier de télévision.

— À demain ! Dit-il en s'adressant à ses collègues.
— Attends, Jefferson ! Le retenait Ben Cooper, celui avec lequel il s'entendait le mieux.
— Ben, je suis désolé mais je n'ai pas le temps de discuter. Je risque d'être en retard à mon rendez-vous, répondit Jefferson, agacé.

Ben Cooper avait le même âge que lui, il était blond aux yeux vert clair. Ils avaient souvent l'habitude de jouer ensemble en ligne pendant leur temps libre.

— Que se passe-t-il, lui demanda-t-il. Tu fais quoi ce week-end? Je voulais qu'on aille en boîte, draguer des petites meufs voir plus... Si tu vois ce que je veux dire, avoua-t-il avec un clin d'œil.
— Je ne suis pas trop d'humeur pour ça, avec tout ce qui se passe en ce moment dans ma vie... Mais vas-y toi, le rassura-t-il en esquissant un sourire amusé.
— Bon, tant pis, capitula Ben avec un regard complice.

Ben Cooper adorait s'amuser, rencontrer des femmes, les draguer sans prise de tête et les ghoster quelques temps après, cependant pour Jefferson Gold ce n'était pas vraiment le cas, il le suivait simplement dans ses délires et n'y prenait pas forcément de plaisir.

***

En quittant son lieu de travail, il montait dans sa voiture, une Chevrolet de couleur noir comme l'ébène. Après avoir allumé le moteur, il conduisait jusqu'au cabinet de psychologie.

C'était un grand bâtiment moderne de couleur gris à quatre étages. À l'intérieur de celui-ci se trouvait un îlot central et une hôtesse d'accueil vêtue d'un uniforme blanc doté d'un badge indiquant son prénom se tenait derrière.

Le plafond marron était couvert de diplômes et de tableaux. Grâce à sa très bonne réputation, il fut bondé. La file d'attente allait jusqu'au dehors. Après cinq personnes, il se présenta à l'accueil.

La femme semblait âgée de deux ou trois ans de plus que lui. Ses cheveux étaient noirs comme les ténèbres et elle avait quelques mèches rouges qui contrastaient avec ses yeux noisette. Quelle jolie créature, pensa-t-il.

Néanmoins, son visage lui rappelait curieusement quelqu'un. Une fille difficile à oublier. Avaient-elles un air de famille ?

Il s'en souvenait comme si c'était hier de cette fille aux cheveux de jais et aux iris noisette.
Lucy... Lucy Pink. Elle lui a brisé le cœur. Leur amour n'était pas réciproque. Lucy a préféré sortir avec plus beau que lui. Son pire ennemi.

Je vais tout faire pour la retrouver et gâcher sa misérable vie, songea-t-il.

— Bonjour ! Jefferson Gold, j'ai rendez-vous avec le docteur Morris, s'introduit-il auprès d'elle.
— Monsieur Gold... Allez-vous asseoir dans la salle d'attente, je l'a préviens sans tarder, dit-elle en arborant un sourire accueillant.

Il y a tellement de choses qu'il aimerait connaître sur elle mais il se résigna et au pis, il demanderait des renseignements au docteur.

***

Assis sur un fauteuil de la pièce, il profitait  de ce moment pour appeler sa mère et avoir des nouvelles de Ella. J'espère qu'elle est rentré, médita-t-il.

— Salut, as-tu eu un retour concernant Ella ? Sollicita-t-il.

Elle niait mais lui informait qu'Ella avait envoyé un message à Luna en lui expliquant qu'elle allait bien et qu'elle rentrera incessamment sous peu.

— Par conséquent, on ne sait toujours rien, dit-il sur la défensive.

Jefferson clôturait  l'appel, laissant sa mère pleurer dans son coin car c'était son tour. Malgré tout, il lui envoya un message dans le but de l'apaiser.

Jeudi 14 septembre, 5:10 p.m
Destinataire : Hanna Gold
Je sais que c'est difficile en ce moment, mais tiens le coup. Tu es une femme forte. Ella finira par rentrer. À bientôt.

***

Jefferson Gold pénétrait dans le bureau du docteur Morris qui avait la porté entrebâillée. Le patient précédent avait sans doute oublié de la fermer.

Lynn Morris était habillé d'un T-shirt blanc à motif et d'un pantalon délavé.

— Monsieur Gold, bienvenue ! Si vous voulez bien vous asseoir... Comment allez-vous, en ce moment, lui demanda-t-elle avec assurance.

Il s'assit sur une chaise face à son grand bureau avant de lui répondre que ça pouvait aller.

— Comment ça « ça peut aller » ? Expliquez-vous, répondit-elle.
— Mercredi dernier, ma merveilleuse mère est venu me rendre visite. Et elle veut que je retourne vivre à Los Angeles, dit-il froidement.
— Mais c'est génial ! Comment avez-vous réagi ?

— Ça m'a surpris et j'ai dis que si j'accepte sa proposition ce n'est pas pour elle mais pour Michael, Luna et Ella. Ils me manquent beaucoup trop, avoua-t-il d'une voix étranglée.
— Selon vous, y a-t-il une chance pour que vous lui pardonniez de vous avoir abandonné?
— Non, je ne pense pas...

Tout à coup, il mettait sa tête entre ses mains et annonçait la fugue de sa petite sœur, puis une situation inévitable arriva. Ses lèvres tremblèrent et un voile de tristesse apparut.

Pour la première fois de sa vie, il lui dévoilait ses faiblesses. Alors Lynn essayait de le calmer mais elle ne fit qu'aggraver la situation.

L'une des chaises volait à travers la pièce tandis que l'autre atterri contre la vitre en verre qui se brisa. Elle eut peur et trembla.

— Calmez-vous ! Sinon j'appelle la sécurité ! S'écria-t-elle, paniqué.

****

L'instant d'après, il prenait un grand souffle et commençait  à s'ouvrir au docteur par rapport à son ressenti vis-à-vis de la disparition d'Ella.

De fil en aiguille, l'ambiance électrique changea et devint beaucoup plus calme. À ce moment-là, il demanda des informations sur l'hôtesse d'accueil.

— On dirait bien que Jane vous a tapé dans l'œil, clama-t-elle.
— Si on veut, plaisanta-t-il.
— Je n'ai pas le droit de vous dévoiler ces renseignements et vous le savez très bien, reprit-elle clairement.

Jefferson insistait tellement que Lynn finit par craquer.

— Très bien, très bien... Par contre, ne le dites à personne.

Lynn venait de faire une très grosse erreur.
Maintenant qu'elle lui avait confirmé que Jane était bien la sœur de Lucy Pink, il avait les cartes en mains pour la détruire.

****

En quittant le cabinet, il adressait un sourire charmant à Jane et elle lui rendit faussement. Puis, il remontait dans sa voiture et mit le cap vers chez lui.

Aussitôt rentré, son chien, Die remuait la queue tellement content de le revoir. Il a attendu son retour toute la journée.

Jefferson enfilait  un collier autour du cou de l'animal et accrochait sa laisse.

— C'est parti pour la promenade Die, affirma-t-il en ouvrant la porte d'entrée.

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