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Partie 7

Quand Spirou toqua à la porte d'Alister le lendemain en début d'après midi, il ne fut presque pas étonné de trouver le garçon fatigué (à en juger par ses cernes et le ton de sa voix qui trahissait son irritabilité) et les yeux rougis. Lui-même ne pouvait pas prétendre qu'il avait passé une bonne journée la veille, encore moins une bonne nuit. Finalement, ce qui le déstabilisait le plus était la part de lui-même qui ne s'était pas attendu à le trouver dans cet état. Peut-être, au fond, étais-ce la même partie qui, la veille, avait tenté de blâmer le jeune homme pour avoir caché l'imminence de son départ, voir même de l'avoir approché tout en sachant qu'il repartirait ensuite. Cette part qui aurait voulu sacrifier le bonheur pour éviter la peine.

Ou bien encore était-ce ce doute, qui ressassait sans arrêt l'idée qu'après tout, Alister n'était peut-être pas aussi attaché à lui qu'il ne l'était lui-même au garçon.

Cependant, le fait de savoir le départ du jeune homme à la mèche blonde si proche semblait avoir transcendé ses doutes et ses peines pour le conduire devant sa porte, avec une idée quelque peu farfelue derrière la tête.


Bien sûr, Alister savait que les seules personnes susceptibles de venir le voir étaient les grooms de l'hôtel. Disons juste qu'il ne s'était pas attendu à ce groom en particulier. Au contraire, il avait plutôt pensé que le rouquin aurait préférer ne plus le revoir jusqu'à son départ, pour ne pas raviver la douleur.

C'est peut-être pour cette raison qu'il avait ouvert la porte en râlant un « J'ai dit que je ne voulais pas être dérangé. » sans donner d'attention à l'identité se son interlocuteur. Néanmoins, il arrêta sa phrase lorsque, levant les yeux, il reconnu le rouquin.

« Je sais que tu as demandé à la réception de ne plus être importuné jusqu'à ton départ, expliqua celui-ci avec un air gêné. Par téléphone. Tu n'es pas sorti de ta chambre depuis hier matin, en fait. »

Le jeune homme ne savait pas si le plus gênant était le fait que Spirou avait raison, ou qu'il le saches. Dans les faits, il avait fait tout ça parce qu'il s'était persuadé que sa vue serait insupportable au rouquin.

« Est-ce que tu t'es fait livrer de quoi manger, au moins ? » s'inquiéta ce dernier devant l'air coupable d'Alister.

Celui-ci détourna le regard et resta silencieux. Il n'y avait pas pensé, à vrai dire.

Le jeune groom poussa un soupire, et dévisagea d'un air triste et inquiet le garçon qui s'appliquait à regarder le sol avec pour but de se faire oublier.


« D'accord, commença le roux. Dans ce cas, on va légèrement changer le plan.

- Quel plan ? » s'inquiéta presque immédiatement Alister.

Spirou arrivait à peine à croire que le jeune homme avait pu sur-réagir à ce point : s'enfermer dans sa chambre pendant plus d'une journée, sans rien manger ni voir personne, n'était pas franchement la meilleure des idées du monde, quel que soit le contexte. Néanmoins, c'était un aspect du garçon qu'il ne pouvait pas nier. Une sorte de marque de fabrique, quelque chose de typiquement lui. Alister sur-réagissait toujours.

Cela n'empêchait pas le rouquin de s'appliquer à le surprendre et à le garder dans l'attente d'une autre révélation. Et il savait que le garçon le suivrait toujours, pour la simple et bonne raison qu'il lui faisait confiance. C'est pour cette raison qu'il lui répondit simplement :

« C'est une surprise. » accompagné d'une expression qu'il espérait rassurante.

Alister lui rendit à son tour un sourire, qui trahissait son anxiété plus que sa joie.

« Bon, suis-moi. » continua-t-il. « Je vais te trouver quelque chose à manger. »

Il se retourna sans laisser à Alister le temps de riposter, et partit en direction de l'ascenseur. Mais il eut à peine le temps de faire quelques pas avant que la voix inquiète du jeune homme ne se fasse entendre derrière lui.

« Ç-ç-ça ne v-... ne te dérange pas ? »

Surpris par la question, le groom se retourna. Alister avait à peine bougé : il s'était contenté de s'avancer suffisamment pour dépasser de l'encadrure de la porte de sa chambre et l'observer. Un sourire attendri se déposa doucement sur les lèvres du rouquin tandis qu'il retournait sur ses pas, pour s'approcher du garçon à la mèche blonde. Typiquement lui, c'était sûr. Il se demanda à cet instant à quel point Alister avait pu s'inquiéter, depuis les évènements de la veille. Bien sûr, il avait sur-réagi : peut-être était-ce justement parce qu'il avait sur-analysé le tout pour en venir à la conclusion qu'il ne voudrait plus le voir. Une réaction absurde pour une idée absurde, de son point de vue. Mais il ne pouvait pas prétendre qu'il n'avait pas lui-même douté plus d'une fois, et pour cette raison, il pouvait comprendre la question du jeune homme, et ce qu'elle cachait.

Arrivé à sa hauteur, il approcha doucement le garçon de lui pour enfouir son visage dans ses cheveux teints et l'entourer de ses bras, une main sur l'arrière de sa tête pour l'empêcher de faire un geste trop brusque.


Alister rendit timidement son étreinte au rouquin, comme s'il tenait dans ses bras un objets de grande valeur infiniment fragile, capable de d'évaporer en un instant au moindre choc. Il sentait son visage se teinter doucement de rouge, au fur et à mesure que les secondes passaient.

« Tu ne devrais pas avoir à t'inquiéter pour ça. » lui assura-t-il doucement après un moment. « Je suis là, non ? »

Le jeune homme hocha délicatement la tête, pour ne pas déranger le roux, qui n'avait pas bougé.

« Alors tout va bien. D'accord ? »

Nouveau hochement de tête.

Alister sentit le rouquin faire un pas en arrière pour s'éloigner, et plongea son regard dans le sien.

« Et puis, murmura finalement celui-ci, je préfère te savoir en bonne santé plutôt que mort de faim. »

Le garçon aurait voulu lui répondre, lui dire à quel point ses paroles le réconfortait, et à quel point il lui arrivait de s'inquiéter parfois. Mais le regard du jeune groom lui renvoyait cette certitude qu'il n'avait pas besoin de le dire tout haut, parce qu'il comprenait déjà.

Alors, parce qu'il sentait ses joues le brûler, il enlaça le rouquin pour cacher son visage rougi.


L'étreinte du jeune homme surprit suffisamment Spirou pour le déséquilibrer et l'obliger à reculer d'un pas. Doucement, il l'entoura de ses bras à son tour, et passa une main dans ses cheveux dans une tentative supplémentaire de lui montrer qu'il n'avait aucune raison de s'inquiéter.

« Ce n'est pas parce que j'ai l'air sûr de moi que je ne doutes jamais, tu sais ? » lui confia-t-il doucement.

Pour toute réponse, Alister l'enserra un peu plus fort.

Il garda le garçon contre lui en silence pendant encore un moment. Ce contact en lui-même semblait finalement plus apaisant que tout le reste. Il espérait que cette sensation serai partagé, celle qu'ils ne manquaient de rien, que tout était en ordre et à sa juste place.

Il savait néanmoins que ce contact prolongé était sans doute motivé par la volonté du jeune homme de cacher ses joues bien plus rougies qu'à l'accoutumée (quelque chose d'encore une fois typique d'Alister, pensa-t-il).

« Je te propose un compromis. » lui expliqua-t-il alors gentiment. « Je te laisse te cacher jusqu'à ce que ton visage ai repris une couleur normale, et en échange, tu descendras avec moi te chercher quelque chose à manger. »

Pour toute réponse, le garçon à la mèche blonde fit entendre un « mmhm » qu'il considéra comme affirmatif, étouffé dans le tissus de son veston.


Alister devait bien avouer que ce compromis lui allait parfaitement, et pour cause : maintenant qu'il était rassuré et en bonne compagnie, il prenait conscience qu'il avait décidément très faim.

Il avait donc fini par s'écarter du rouquin, avant de lui faire signe qu'il était à présent disposé à se mettre en chemin. Les deux descendirent alors aux cuisines chercher quelque chose de suffisamment consistant pour faire tenir le garçon à la mèche blonde jusqu'au dîner.

« Je n'arrive pas à croire que tu n'aie même pas pensé à demander de te faire livrer directement dans ta chambre. » plaisanta le jeune groom alors qu'ils remontaient vers le premier étage.

Alister eut un sourire gêné.

« Tu sais que tu pouvais même demander expressément à ne pas te faire livrer par moi ?

- Mais ça t'aurais blessé, expliqua le garçon. N'est-ce pas ? »

Spirou lui répondit par un sourire bienveillant.

« Pour être honnête, je crois que oui. avoua-t-il.

- Et ce n'est pas ce que je voulais. » renchérit le jeune homme à la mèche blonde.


Alister renouvela sa question alors qu'ils arrivaient au premier étage :

« Et où est-ce que tu m'emmènes exactement ? »

Le rouquin eut un sourire taquin, et laissa planer un moment de silence jusqu'à arriver dans l'un des couloirs du premier étage.

« Tu te rappelles m'avoir demandé ce que font habituellement les clients ici ?

- Hum... oui ? » répondit le jeune homme qui ne semblait pas vraiment comprendre où il voulait en venir.

Tout en continuant de le guider, le jeune groom lui lança un regard que celui-ci aurait sans doute décrit comme étant de mauvaise augure, puis s'arrêta au bout du couloir, devant la porte d'une chambre. Il se tourna et regarda Alister droit dans les yeux en lui expliquant :

« Eh bien j'estime personnellement que tu n'as pas rempli toutes les conditions d'un séjour dans cette hôtel. »

Tout en parlant, il avait extrait une clé de sa poche, et il acheva en la montrant au garçon face à lui :

« Par conséquence, il est de mon devoir en tant qu'employé de m'assurer que tu profites correctement de nos services. »

Dans les secondes qui suivirent, Spirou put observer le visage de son interlocuteur passer de l'incompréhension à la stupeur, puis à la peur, pour enfin s'arrêter sur une expression qui trahissait beaucoup plus une pensée qu'une émotion, ladite pensée pouvant se rapprocher plus ou moins de « est-ce que tu as perdu la tête ??!!! ».

« A quoi sert cette clé exactement ? lui demanda-t-il, comme s'il espérait que tout cela n'était qu'un énorme canular.

- A ouvrir la porte d'une des suites les mieux classées de l'hôtel ! » confirma le rouquin avec un sourire amusé.


Alister pensa à faire demi-tour. Ou s'évanouir. Ou les deux. C'était la pire idée du monde ! Quel genre d'idiot pouvait dérober un objet à son employeur, pour s'introduire dans une des parties les plus prestigieuses de son propre lieu de travail ? Et tout cela pour un jeune homme tout à fait ordinaire ?

Il dû cligner plusieurs fois des yeux avant de revenir à la réalité : le regard du rouquin le dévisageait toujours.

Voilà quel genre d'idiot pouvait faire ça. Son genre d'idiot.

« Je croyais que tu avais perdu cette habitude de détrousser les gens ? »

Le jeune groom fit une légère grimace.

« Disons plutôt que j'emprunte sans demander la permission, et seulement quand c'est nécessaire. »

Alister eut un sourire amusé devant la tentative de Spirou d'alléger les faits qu'il lui reprochait.

« Enfin bref, reprit celui-ci. Voilà où je voulais en venir : cette suite est inoccupée. Et donc, toi et moi allons y passer l'après-midi.

- Pourquoi faire ? » demanda le garçon à la mèche blonde avec un léger rire.

Le rouquin lui rendit son sourire amusé en rétorquant :

« Pour prétendre que toi et moi avons un compte bancaire suffisamment bien remplis pour nous l'offrir. »

Cette idée fit rire à nouveau le jeune homme.

« C'est l'idée la plus improbable qu'on m'aie jamais proposé.

- Tu es partant ? »

C'est la voix pleine d'espoirs du jeune groom qui finit de convaincre Alister. Et puis comment pouvait-il le laisser tomber maintenant, alors qu'il avait fait tous ses efforts et pris tant de risques ?

« Allons-y. » affirma-t-il d'un ton décidé.


Le rouquin inséra la clé dérobée à l'accueil dans la serrure de la porte et la déverrouilla. Presque aussitôt, le jeune homme à la mèche blonde l'ouvrit et s'engouffra dans la suite. Spirou esquissa un sourire en remarquant la fébrilité du garçon, avant de passer la porte à son tour. Il la referma doucement et resta appuyé contre elle, observant la réaction d'Alister face à ce déballement de luxe et de brillance.

Si celui-ci semblait absolument ébahi, sa propre surprise n'était pas complète. Il avait déjà servi plus d'un client dans cette chambre, et en avait déjà aperçu l'intérieur. Mais la découvrir librement semblait lui donner des airs plus grands, plus brillants, plus confortables. Ou peut-être était-ce dû à la présence, près de lui, d'Alister, et au regard qu'il portait sur cet endroit. Après tout, certains lieux pouvaient être encore plus beaux auprès des bonnes personnes.

Le garçon se tourna vers lui avec un sourire sincère et une légère rougeur sur les joues que le soleil filtré par les grandes fenêtres semblait éclairer. Tout à cet instant sur son visage rayonnait jusqu'à l'éblouir, mais c'est bien cette lumière dans son regard qui fit rater un battement à son cœur.

« Cet endroit est vraiment magnifique ! » assura le jeune homme.


Le sourire d'Alister s'effaça pour laisser place à la surprise, lorsqu'il constata en se retournant vers le rouquin son air qu'il aurait pu croire grave, si celui-ci ne tentait pas d'arrêter un sourire troublé de s'élargir sur son visage rougi.

Le jeune homme à la mèche blonde s'approcha du groom avec un regard attendri, à l'idée d'être la raison pour laquelle il semblait perdre ses moyens. Le costume allait bientôt devenir trop ton-sur-ton, s'il continuait de rougir comme ça, pensa-t-il.

« Je... Je dois avouer que je ne m'attendais pas à ce que ce soit aussi beau. » bégaya le roux sans détourner le regard.

Alister se perdit un instant dans ce regard qui lui renvoyait une image de lui-même plus douce et aimable qu'il ne s'était jamais vu auparavant.

« Et maintenant ? » demanda-t-il finalement.

Spirou fronça les sourcils.

« Maintenant ?

- Qu'est-ce que tu comptes faire, maintenant que tu nous a introduit par effraction dans l'endroit le plus luxueux – et par déduction sans doute le plus cher – que j'ai jamais vu ? Tu as prévu quelque chose ? »

Le regard du rouquin répondit à sa place : visiblement, la partie organisée du plan s'arrêtait là. Alister soupçonna un instant qu'il avait organisé tout ça dans le seul but de l'impressionner une dernière fois. Si c'était bien le cas, il fallait avouer une chose : il avait admirablement réussi son coup, une fois de plus.

« Bon, eh bien à nous de trouver alors. » décida-t-il finalement avec un sourire amusé.

Un peu de chaos et d'inattendu ne faisait jamais de mal à personne après tout.


Dans les faits, Spirou ne pourrait pas nier qu'il aimait la façon dont le jeune homme à la mèche blonde composait avec les imprévus et les plans de dernières minutes qu'il lui proposait. Il ne lui avait peut-être pas confié certains détails, et certaines relations qui s'étaient terminées brutalement à cause de sa manie de ne jamais rien prévoir plus d'un jour à l'avance.

Ce n'était que des détails, des choses qui lui semblaient sans importance. Mais au fond, il avait toujours peur que les choses se terminent de la même façon, et qu'Alister se lasse de ce plongeon incessant dans l'inconnu.

Il ne s'était jamais vraiment séparé de cette façon de vivre au jour le jour, sans vraiment savoir où il se réveillerai le lendemain. Mais depuis peu, il pouvait compter sur son entourage, comme un filet de sécurité qui lui épargnait les moments les plus sombres pour ne laisser que les bons aspects. Et c'était cette partie-là qu'il voulait partager avec le garçon.

Le fait que celui-ci réagisse sans crier et sans claquer la porte, qu'il accepte simplement ces imprévus et l'aide même à leur donner une suite, peut-être même un sens, le rassurait et le comblait d'un sentiment de bonheur doux et agréable.

Dans le cas présent, la réaction du jeune homme avait consisté à chercher à travers toute la suite quelque chose de suffisamment divertissant pour les occuper durant le reste de l'après-midi. Et c'est ce qu'il s'activait à faire, parcourant tous les tiroirs et autres placards de la chambre peu éclairée, l'utilisation de l'électricité risquant de les trahir.

Le catalogue des options était pour l'instant plutôt mince, et il espérait que les recherches d'Alister, dans le grand salon, se montreraient plus fructueuses. Annuler cette sortie improvisée à cause du manque d'idées était la dernière des choses qu'il voulait, non seulement parce que cela décevrait certainement le jeune homme à la mèche blonde, mais aussi parce qu'il n'était pas prêt à le laisser partir, pas sans une dernière offense au règlement intérieur de l'hôtel.

« Tu t'en sors ? »

Le voix d'Alister surgit dans son dos et le fit légèrement sursauter. Se retournant, il aperçu le garçon dans l'encadrement de la porte, qui semblait le questionner du regard.

« Je n'ai rien trouvé pour l'instant. expliqua le groom. Et toi ? »

Le jeune homme lui donna pour toute réponse une grimace de dédain. Quoi qu'il ai trouvé, il n'était apparemment pas convaincu que cela pourrait les divertir réellement.


Alister jeta ensuite un coup d'œil rapide sur la pièce dans laquelle se trouvait Spirou, avant de faire remarquer :

« Je ne sais pas ce que tu cherches dans cette chambre, mais je doute que tu puisses y trouver quoi que soit avec lequel je sois en accord. »

L'expression d'incompréhension du jeune groom fit s'afficher un sourire amusé sur les lèvres du garçon, qu'il fit disparaître après un court moment, reprenant un visage sérieux, tout en affirmant :

« Et saches que je m'autorise à porter plainte si tu me fais approcher de ce lit à moins d'un mètre. »

Sans même attendre une réponse de sa part, Alister repartit en direction du salon dont il avait presque fini les recherches, le rouquin sur les talons.

« Qu'est-ce que tu as trouvé, de ton côté, exactement ? »

Le garçon s'arrêta devant une pile de disque, et la désigna à son interlocuteur.

« Rien de plus que la confirmation d'un très gros cliché. Les riches sont des mélancoliques maladifs. »

Pointant un objet un peu plus loin, il expliqua :

« Il y a un tourne disque dans le coin là-bas. Sérieusement, qui écoute encore de la musique sur ce genre de trucs ? Ils sont trop riches pour se payer un abonnement à Spotify ? »

La remarque cynique du jeune homme laissa échapper un rire amusé à Spirou.

« Tu ne sais pas danser ? » lui demanda celui-ci.

Alister se retourna vers lui d'un coup. La question l'avait pris totalement au dépourvu. Pourquoi ce sujet était-il mis sur la table maintenant ? Il n'avait jamais été question de danser pourtant, si ?

« Tu ne comptes pas essayer de me faire danser sur du jazz ?

- C'est tout ce qu'il y a ?

- Oui, j'ai vérifié. Et n'essaie pas de détourner ma question. »

Le regard mi-amusé, mi-attendri que lui adressait le rouquin confirma ses craintes.

« Donc, tu ne sais pas danser.

- Oh, bien sûr que si ! répliqua le jeune homme, presque sur la défensive. Mais pas sur du jazz. »

Le rire de Spirou l'aurait presque vexé, s'il n'avait pas été trop occupé à le trouver adorable pour en prendre compte comme d'une moquerie. Dans les faits, il savait que ça n'en était pas une, mais il n'était pas prêt de le laisser s'en sortir en s'amusant de ses connaissances inexistantes en jazz.


En posant à nouveau les yeux sur Alister, le rouquin lui découvrit une expression de défi, un sourire narquois aux lèvres, qu'il compléta par :

« Parce que tu sais danser le jazz, peut-être ? »

Le garçon espérait peut-être qu'il ne perde ses moyens, qu'il avoue doucement que ce n'était pas le cas. Mais au contraire, il lui rendit son sourire tout en lui confirmant :

« Tu n'imagines pas toutes les compétences que requiert une vie comme la mienne. »

Alister sembla presque choqué devant cette nouvelle.

« Depuis quand danser sur du jazz est une compétence ?

- Depuis toujours, cher ami. rétorqua-t-il d'un air faussement supérieur.

- Permet-moi d'en douter. »

Le jeune homme à la mèche blonde lui lança un léger rire, dans lequel il sentait percer une pointe de moquerie sans malveillance.

« Tu veux me tester ? »

Presque aussitôt, toute trace d'amusement s'effaça du visage d'Alister, pour laisser place à une expression consternée.

« Quel genre de personne pourrait sérieusement proposer de se défier en dansant du jazz ? tenta-t-il avec un sourire nerveux.

- Dis plutôt que tu as peur de te ridiculiser.

- Alors là ! fit le garçon en feintant l'énervement. Si tu crois que j'ai peur du ridicule, tu risques d'être choqué en apprenant de quoi je suis capable.

- Dans ce cas... »

Spirou se saisit d'un disque sur le haut de la pile, et l'en retira, tout en terminant :

« Tu ne verras pas d'inconvénient à ce que je t'invite ? »

Le jeune homme près de lui planta un regard sévère dans le sien.

« Je te conseille de reposer immédiatement cette pochette avant que je ne sois tenté d'accepter.

-Je ne raterai ça pour rien au monde. »

Alister jeta un rapide coup d'œil sur l'enveloppe du disque avant de le regarder à nouveau, visiblement incrédule.

« Du Fred Astaire ? Sérieusement ? »

Le rouquin regarda à son tour la pochette avec attention.

« Visiblement, oui.

- Quel morceau ? demanda le garçon.

- Cheek to cheek.

- Évidemment. »


Alister commençait sérieusement à se demander pourquoi il avait accepté de venir ici. Danser du jazz était à ce jour (et avait toujours été) la dernière des choses qu'il avait imaginé faire. Sur du Fred Astaire en plus de ça, comme si une ironie de très mauvais goût avait décidé de s'abattre sur lui pour une quelconque raison.

Poussant un soupire de résignation, il tendit la main en direction du tourne-disque, et déclara :

« A toi l'honneur, j'imagine. »

Spirou ne se fit pas prier, et disposa le disque sur le plateau avant d'ajuster le bras du tourne-disque. Presque immédiatement, les premières notes jaillirent de l'instrument.

« Je n'arrive toujours pas à croire ce que je m'apprête à faire. » confia-t-il alors que le rouquin revenait vers lui.

Celui-ci ne prit même pas la peine de répondre à sa pique, et se contenta de passer sa main dans son dos et de saisir celle du jeune homme de l'autre.

« Je te préviens. déclara Alister en le regardant avec le plus grand des sérieux. Ne te plains pas si je te marches sur les pieds, je t'ai déjà dit que je ne savais pas danser. »

Il le disait plus parce qu'il craignait une remarque désobligeante que parce qu'il espérait le décourager. Même s'il savait le rouquin beaucoup trop compréhensif pour le blesser intentionnellement, on ne perdait pas si facilement ses vieilles habitudes, n'est-ce pas ?

« Ça va aller ! répondit simplement celui-ci d'un ton rassurant. Tu n'as qu'à me suivre, et je te promet que tout se passera bien. »

Le garçon à la mèche blonde ne parvint qu'à lui rendre un sourire inquiet, et détourna le regard.

« De toute façon, ça ne pourra pas être pire que moi la première fois que j'ai essayé. tenta-t-il encore.

- Ah bon ? » demanda le jeune homme avec un léger rire.

Le groom eut à son tour un rire avant d'affirmer :

« Crois-moi, tu n'aurais pas aimé voir ça. »


Tout en parlant à Alister, le rouquin tentait quelques pas, lentement, dans l'espoir de l'entraîner dans la danse sans même qu'il ne s'en rende compte. C'était peine perdue : à peine avait-il fini sa phrase que le garçon contempla leurs corps en mouvement avant de se laisser gagner par un rire marqué d'une pointe d'incrédulité.

Lorsque leurs yeux se croisèrent à nouveau, le sourire moqueur du jeune homme semblait plus s'adresser à lui-même qu'à Spirou.

« Décidément... commença-t-il. Je crois que personne ne me croirai si je racontais tout ça à quelqu'un.

- Ça m'évitera au moins d'avoir des ennuis. » argumenta en retour le jeune groom, tout en faisant tourner le garçon à la mèche blonde sur lui-même.

Le rouquin se surprit à imaginer un instant Alister se réveiller, quelque part, peut-être à l'autre bout du monde, en pensant que tout cela n'avait été qu'un rêve ; et se demanda si c'était ce qu'il voulait, ce qu'il pensait être le mieux pour eux deux. Peut-être était-ce le cas, finalement. Faire disparaître toute trace de réalité de ces moments les aiderai à ne pas trop souffrir de leur disparition.

Mais parce qu'il ne voulait pas avoir à y penser, il préféra les effacer de son esprit, au moins pour l'instant, et se laisser emporter par la musique. Le jeune homme avec lui sembla le comprendre, et cessa de se plaindre du ridicule de la situation pour se laisser guider, sans détacher un léger sourire de ses lèvres.

Celui du roux lui répondit, tandis qu'il affirmait doucement :

« Tu te débrouilles plutôt bien.

- J'ai un très bon guide. » déclara en retour Alister.

Il aimait la façon qu'avait le garçon de rire de ses erreurs plutôt que d'en pleurer, et s'employa à faire semblant de grimacer de douleur lorsqu'il faisait un faux pas, pour le voir tenter de s'excuser sans parvenir à retenir ses éclats de rire.

C'était ce rire, mêlé aux accords légers d'un air enjoué, qui rendait l'instant unique. C'était le sourire du garçon à la mèche blonde qui grandissait devant le nombre indicible de fois où il avait déjà manqué de tomber qui le faisait rire à sou tour. La façon qu'il avait de prétendre se mettre en colère en lui intimant d'arrêter ses moqueries.

Il n'avait même pas entendu venir la fin de la musique. Elle l'avait pris par surprise. Cela dit, ce n'était pas la première fois qu'il ne voyait pas venir la fin de quelque chose, songea-t-il.

Alister et lui se retrouvèrent face-à-face, l'un contre l'autre, les yeux dans les yeux. Et c'est à cet instant qu'il comprit qu'il avait, désespérément, besoin d'une pause. De se perdre encore dans les yeux brun du garçon face à lui, pour empêcher le flux de ses pensées de revenir à la charge. Et par-dessus tout parce qu'il s'agissait peut-être bien des derniers moments qu'ils passeraient ensembles et que l'urgence le poussait à aimer encore plus intensément. Il voulait que le jeune homme à la mèche blonde saches à quel point l'idée de le perdre bientôt le paralysait.

« J-je... Je peux... »

Le garçon face à lui sembla comprendre sa phrase avant même qu'il ne la termine, et pressa doucement ses lèvres contre celles du rouquin.


Alister avait lu un jour que la certitude de la possibilité d'un avenir commun était un pilier indispensable pour permettre à deux personnes de développer des sentiments amoureux. Ses sources ne devaient pas être fiables (à vrai dire il n'arrivais même plus à se souvenir où il avait bien pu l'entendre), ou alors toute cette histoire n'était qu'un immense paradoxe, une exception qui confirmerai une sorte de règle universelle.

Cela n'avait pas tant d'importance à vrai dire, il ne voulait pas y penser, pas maintenant. Ce qu'il voulait, c'était oublier une dernière fois que le temps ne s'arrêterait pas pour eux, fermer les yeux et laisser ses problèmes s'effacer.

Le silence lui allait, il savait de toute façon déjà que tous les mots qu'il voulait lui dire resteraient bloqués dans sa poitrine et lui brûleraient la gorge sans qu'il ne soit capable de les prononcer.

Oui, il préférait ce silence-là, celui qui venait avec la chaleur et le goût des lèvres du rouquin, annonciateur d'un peu de douceur et d'ordre au milieu du chaos froid et sans merci que semblait être devenu ce monde, celui qui enflammait ses poumons, brûlait sa poitrine, et faisait battre son cœur à un rythme presque surnaturel, propulsant son sang dans ses veines à la vitesse d'une voiture de compétition lancée dans une course sans fin. Ce silence même qui gonflait ses yeux de larmes jusqu'à ce qu'il ne puisse plus les retenir, et qu'il sente la première d'entre elles rouler le long de sa joue.

Ce baiser semblait alors prendre les airs d'une tragédie intimiste, d'un drame à huit-clos, peut-être simplement d'un dernier moment partagé avant une catastrophe inévitable. L'on aurait, finalement, pu résumer tout cela à une seule expression : « le calme avant la tempête ». Sauf que tout cela n'était pas calme. Leurs cœurs s'affolaient et accéléraient de seconde en seconde, et eux, eux se lançaient dans une course effrénée contre le temps et l'injustice, essoufflés par l'intensité des évènements et le poids invisible de la douleur qui semblait menacer de les écraser à tout instant.

C'était une mascarade, une tentative peut-être vaine de prétendre qu'un lendemain existait quelque part, où ils pourraient se retrouver.

Comme dans la frénésie de d'une danse qu'on savait bientôt s'arrêter, quand le tempo commence à ralentir, que la musique touche à sa fin, et que l'on aimerait seulement pouvoir voler quelques secondes de mélodie supplémentaire, ou bien, à défaut de pouvoir relancer la musique, s'accorder une sortie en beauté, avant que les projecteurs ne s'éteignent.


Lorsqu'ils se séparèrent, à bout de souffle, Spirou découvrit le visage d'Alister inondé de larmes, et le regard troublé. A vrai dire, lui-même ne semblait pas vraiment savoir ce qui lui arrivait. Heureusement pour lui, songea le rouquin, il s'était habitué ces derniers jours à faire un pas en avant, puis trois en arrière. Et vu la grandeur de l'étape qu'ils venaient de passer, il se surpris un instant à s'inquiéter de savoir à quel points ils allaient reculer maintenant.

La réponse était pourtant toute trouvée, réalisa-t-il : le dernier pas en arrière serait celui de son départ. Et c'était sans doute cette pensée même qui mettait le jeune homme dans cet état. Peut-être qui finalement, il avait vraiment peur de le perdre à ce point-là.

« Si tu veux partir, je comprendrai, tu sais. » assura-t-il doucement en détournant le regard, sentant ses joues prendre une teinte rosée.

Le garçon à la mèche blonde leva les yeux vers lui, un sourire désolé aux lèvres et une lueur de douceur dans le regard.

« Je ne sais même pas ce que je veux. » lui avoua-t-il avec une voix tremblante à laquelle il s'efforçait de donner un ton léger.

Peut-être était-ce parce qu'il savait que le garçon avait besoin de réconfort, ou peut-être parce que le fait de voir Alister essayer de paraître confiant même lorsqu'il s'appliquait à essuyer ses joues avec le dos de sa manche, le jeune groom sentit une part de lui se calmer et un léger sourire attendri se dessiner sur son visage. Et doucement, presque comme quelque chose de naturel, d'inné, il rapprocha le jeune homme de lui, écarta sa main qui continuait d'essuyer son visage, et embrassa à nouveau ses lèvres puis son front.

« Rentre. lui murmura-t-il doucement. Va te reposer, tu en as besoin. »


Alister leva vers le jeune roux un visage inquiet. L'idée de le laisser seul après tout ça, peut-être même de le décevoir en l'abandonnant, le terrifiait. Il cherchai un signe, un indice, dans son regard. Était-ce encore un « pars » qui voulait dire « reste » ? Un message caché, un signal contraire, un test, une tentative de trouver un motif pour le blâmer ?

Mais la seule réponse qu'il reçu fut un sourire tendre, presque protecteur, avant que le rouquin ne presse à nouveau ses lèvres contre son front et ne lui assure :

« Ne t'inquiète pas pour moi, vas-y. »

Le garçon à la mèche blonde mordit discrètement sa lèvre inférieure. Il était presque au regret de devoir s'avouer que Spirou n'avait pas tors sur un point : il avait besoin de repos, après toutes les émotions qui l'avaient habité depuis le début de l'après-midi.

« Tu as raison, je devrais sans doute rentrer. » confirma-t-il à mi-voix.

Mais avant, il avait besoin d'encore un peu de cette chaleur humaine dont le monde entier semblait manquer cruellement ces derniers jours. Il enveloppa ses bras autour de la taille du rouquin et le serra contre lui, doucement mais fermement ; et retint ses larmes une dernière fois. Après quelque secondes, le jeune groom lui rendit son étreinte, et le monde sembla à nouveau retrouver son sens pour un instant.

« Je crois... commença-t-il d'une voix enrouée. Je crois que je t-...

- Chut, l'arrêta le roux avec douceur. Ne dis rien. Je sais. »

Alister pouvait comprendre que celui-ci ne veuille pas l'entendre. Derrière des mots simples se cachait parfois une réalité dure qu'il était préférable de ne pas dévoiler : celle d'une impasse. Alors il se tût et resta immobile jusqu'à ce que ses larmes ne deviennent trop difficiles à retenir. Puis il s'écarta, rendit au rouquin un faible sourire désolé, et s'éloigna en direction de la porte de la suite.

« Alister ? » l'appela Spirou alors que le garçon s'apprêtait à sortir.

Celui-ci se retourna vers le groom, qui continua après une légère hésitation :

« Tu n'as pas à t'en vouloir pour quoi que ce soit. Rien de tout ça n'étais de ta faute. D'accord ? »

Pour toute réponse, il ne pu fournir qu'un hochement de tête avant de s'échapper par la porte, jugeant qu'il avait bien trop pleuré devant le jeune roux.

Une fois dans sa chambre, il s'allongea sur son lit, sachant d'avance qu'il ne fermerai que très difficilement les yeux de la nuit, et là, immobile, il dit tout haut la première pensée qui s'imposa dans son esprit :

« Je suis complètement perdu. »

Avant d'essuyer du bout des doigts la première des larmes qui s'échappaient sur ses joues.


💙💙💙

Waw, mais c'est que c'est giga long tout ça ! Et avec une vieille musique démodée en plus ! Mais c'est la décadence !  Un peu comme ces élections présidentielles en fait ?!

Full hate à vous les gens de droite >:(

Mais bon, c'est pas le sujet. J'espère que ça vous aura plus ! La partie 8 sera la dernière, je l'ai pas encore terminé, j'espère qu'elle sera prête d'ici lundi :') Sinon, j'aurais peut-être un peu de retard, mais rien de très important.

Bonne soirée à vous, reposez vous bien après cette longue journée de cours (full hate aussi aux gens de la zone B déjà en vacance, vous êtes vraiment les pires, dire que j'ai encore deux semaines à trimer D:<)

Avec toutes mes sincères amitiés <333

- L'auteur ᓚᘏᗢ

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