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Partie 5

[TW : Harcèlement scolaire, cyber-harcèlement, homophobie, revenge porn, problèmes familiaux (oui, ça fait BEAUCOUP.)]

Si Alister avait su ce que pensait le rouquin de lui, il l'aurait certainement traité d'idiot encore une fois, plutôt que de s'avouer que celui-ci n'avait pas complètement tors. Mais heureusement pour les deux jeune hommes, aucun d'eux ne savait lire dans les pensées.

Leur petit manège avait commencé il y a maintenant 5 jours, et Alister redoutait de plus en plus l'instant du départ qui s'approchait à grands pas. Comment allait-il parvenir à régler cette histoire en seulement deux jours ? Et comment allait-il annoncer son départ au roux ?

Ces questions tournaient en boucle dans son esprit sans cesse, et il était incapable d'y trouver une réponse. C'est pour cette raison qu'il fut presque soulagé de croiser enfin le jeune groom en fin de matinée, alors qu'il se rendait dans le hall.

« Ah ! Spirou ! »

Entendre Alister l'interpeller surpris le rouquin. Il était plutôt habitué à devoir courir après le jeune homme pour espérer pouvoir lui parler.

Sa première réaction fut donc de lui demander :

« Il y a un problème ?

- Non pas du tout ! »

Le groom l'entendit pourtant marmonner « Enfin rien pour lequel vous puissiez m'aider. », mais décida de ne pas y prêter attention. Si le garçon avait décidé de ne pas lui en parler, il valait mieux respecter son choix.

« Oh, c'est gentil à vous d'être venu me voir. le remercia-t-il. Mais je dois... »

Il fit un signe en direction des cuisines. Bien que la matinée soit bien avancée, de nombreux clients attendaient encore d'être servis, et il ne voulait pas prendre de retard.

« Ah, bien sûr ! s'exclama le jeune homme. Je ne voudrais surtout pas vous causer d'ennuis... »

Alister semblait un peu déboussolé de ne pas pouvoir rester en sa compagnie plus longtemps. Le savoir aussi attaché à sa présence peignait un sourire doux sur les lèvres du rouquin. Ce garçon était absolument adorable, se surprit-il à penser.

« Je dois être maudit pour vous croiser uniquement pendant mes heures de service. » lui souffla-t-il en prenant doucement ses mains dans les siennes.

Le jeune homme lui rendit un de ces sourires rieurs dont il avait le secret.

« J'ose espérer que vous ne passez pas aussi votre temps libre dans cet hôtel. »

Le garçon avait fait un pas vers lui, et ses doigts s'étaient refermés autour des mains qui les entouraient. Le rouquin laissa son sourire s'élargir, et senti son cœur commencer à accélérer doucement.

« Je pourrais bien commencer à le faire, si cela me permettait de vous voir plus souvent. »

Tout en lui répondant, il se mit à caresser doucement le dos de ses mains. Le regard d'Alister que se posait doucement sur lui réchauffait agréablement ses joues, leur donnant petit-à-petit une teinte légèrement rosée.

« Je m'en voudrait de faire de vous un damné destiné à errer entre ces murs à ma recherche. » lui dit celui-ci gentiment.

Le jeune homme fit un pas de plus vers le rouquin. Spirou passa les bras du garçon autour de son corps et les laissa se déposer dans le creux de son dos. Le visage d'Alister rougis silencieusement.

« Me damner pour vous serait un vrai plaisir. » murmura-t-il.

Le jeune homme adressa un sourire indulgent au roux et lui lança :

« Vous ferriez mieux de vous dépêcher avant que votre patron ne se charge lui-même de vous transformer en spectre. »

Le garçon retira ses mains du dos du rouquin et s'écarta doucement de lui. Il commençait à s'éloigner quand Spirou l'interpella à son tour :

« A-Alister ! »

Le jeune homme se retourna de nouveau et lu l'hésitation sur le visage du jeune groom.

« Vous... serez à la fête de ce soir ?

Alister marqua un silence. Il ne se souvenait pas qu'on lui ai parlé d'un quelconque évènement à l'hôtel. Était-ce une soirée privée, accessible seulement par invitation ? Les clients de cet endroit étaient bien le genre à pouvoir se permettre d'organiser ce genre de fête.

« Heu... Non ?

- J'espérais que vous diriez ça. lui confia le roux avec un sourire. L'hôtel organise cette soirée pour fêter le passage d'une comète, mais personne ici ne semble s'en soucier vraiment, tant qu'ils ont une occasion de boire à volonté des boissons hors de prix. Alors... Je me disais que comme tout serait vide... »

Le garçon senti un sourire se peindre sur son visage. L'idée que son interlocuteur lui propose une entre-vue dans les règles de l'art ne lui déplaisait pas, même s'il devait avouer qu'il était terrifié à l'idée de faire un quelconque faux pas. Les formalités le rendait nerveux et lui donnait cette impression d'atteindre un point de non-retour qui, à coup sûr, lui faisait faire marche-arrière.

« Est-ce un rendez-vous ? »

En un sens, il espérait que le jeune homme lui réponde « non ». Il ne voulait pas tout gâcher, pas encore.

Le rouquin le regarda tendrement.

« Disons plutôt une alternative à un évènement ennuyeux. »

Alister lui rendit un regard empreint de reconnaissance.

« Et où se déroulera cette alternative ?

- Rejoignez-moi sur le toit dès que vous le pourrez. Je laisserais la porte ouverte dans l'après-midi.

- Entendu. »

Le jeune homme lui adressa un dernier sourire avant de s'éloigner. Il ressentait le besoin désespéré de bouger, pour éviter à son cerveau de trop penser. Il était convaincu que s'il restait immobile trop longtemps, tout aller se bousculer dans son esprit jusqu'à la surchauffe.

C'est pour cette raison qu'il emprunta les escaliers pour monter jusqu'au dernier étage, entrepris de repérer la porte menant au toit, essaya de l'ouvrir une première fois, sans succès, avant de finalement rentrer à sa chambre.

Là, il entreprit de regarder ce que contenait sa valise de plus adapté. Il opta d'abord pour une de ses tenues habituelles, puis préféra quelque chose de plus formel. La tenue de rigueur pour une fête dans un hôtel de luxe n'était-elle pas le classique costard ? Après tout, le rouquin l'avait dit lui-même : il ne s'agissait rien de plus que ça. Mais au fond, il savait que la vraie nature de cette rencontre, si ce n'étais pas un rendez-vous officiel, avait au moins pour but de faire plus ample connaissance. Dans ce cas la meilleure chose à faire était de venir habillé dans un style plus ordinaire (enfin, ce qu'il considérait comme ordinaire). C'est ce qu'il s'était décidé à faire avant de partir manger. Mais en retournant à sa chambre après le repas, il se rendit compte qu'un pantalon bicolore et un t-shirt 2 en 1 risquait de paraître terriblement déplacé, si ce n'est effrayant, aux yeux d'un pauvre groom roux d'hôtel de luxe habitué à fréquenter des gens rigides et mornes.

Le costard était plus adéquat, décida-t-il.

Spirou se délesta de ses dernières taches au profit de ses collègues, et se dirigea vers l'ascenseur. Le service de midi s'était quelque peu étiré aujourd'hui, et tout le personnel de l'hôtel était prié de participer à la mise en place du matériel pour les festivités de ce soir. Si bien que le rouquin n'avait pu se libérer avant le milieu de l'après-midi. Il monta au dernier étage, et se dirigea vers la porte de service menant au toit.

La porte était continuellement fermée, et les clefs à la disposition du personnel d'entretien et du gérant uniquement, puisqu'ils était théoriquement les seuls à en avoir l'utilité. Mais grâce à son agilité habituelle, il était parvenu à les dérober à Lambert, qui ne semblait pas en avoir remarqué la disparition.

Il s'empressa de déverrouiller la porte et fit demi-tour. Il ne voulait pas s'attarder ici, de peur d'être surpris. De plus, il espérait ne pas croiser Alister à nouveau avant ce soir, de peur de commettre une autre faute idiote qui ferrait tout tomber à l'eau.

Si tout se passait bien, personne ne remarquerait que la porte avait été déverrouillée. Alister et lui pourrait donc accéder au toit à leur gré toute la soirée.

Il repris l'ascenseur et enclencha le bouton du rez-de-chaussée. Jusqu'ici, aucun contre-temps. Il espérait que personne n'avait remarqué sa brève absence. La porte s'ouvrit et, pressé de retourner à son travail, il faillit renverser un jeune homme qui s'apprêtait à monter dans la cabine. Sonné, il baissa la tête vers le garçon, et découvrit la mèche blonde d'Alister.

Alister avait attendu patiemment que l'ascenseur redescende du dernier étage, et avait découvert à l'ouverture des portes un rouquin affairé, qui avait manqué de le renverser. Lorsqu'il avait baissé les yeux vers lui, les yeux du groom s'étaient teintés d'une lueur de panique, que le jeune homme comprenait parfaitement. Lui-même ne savait pas vraiment comment agir à l'approche de leur rendez-vous, et avait espéré ne pas croiser Spirou avant leur rencontre sur le toit. Le garçon à la mèche blonde décida de lui faciliter la tâche, et lui adressa un simple sourire, avant de le dépasser et de disparaître derrière les portes de l'ascenseur.

Une fois seul dans la cabine, Alister fut pris d'une certitude : si le rouquin revenait du dernier étage, il venait certainement d'ouvrir la porte de service.

Il ne savait pas vraiment comment réagir : il ne voulais pas arriver trop en avance, mais dans un même temps, arriver en retard était une faute impardonnable qu'il commettait bien trop souvent. Que fallait-il faire alors ? Le rouquin ne lui avait même pas donné d'heure précise pour le rendez-vous !

Les portes de la cabine s'ouvrirent. Alister en sortit et se rendit jusqu'à sa chambre d'un pas rapide. Puisque aucun horaire n'était prévu, le jeune homme pris la décision de s'assurer qu'il arriverait avant le groom qui l'avait invité. Il aurait été bien trop fébrile de toute façon pour attendre jusqu'au soir. Et puis, l'après-midi était déjà bien avancé. Avec un peu de chance il pourrait regarder le coucher du soleil depuis le bord du toit.

Les préparations était décidément bien longues aux yeux de Spirou, qui ne tenait plus en place. L'après-midi touchait à sa fin, et il ne pouvait s'empêcher de penser à son invité de ce soir, qui l'attendait peut-être déjà sur le toit.

Dès que la charge de travail s'allégea, il s'empressa donc de courir vers les cuisines. Il ne voulait pas arriver là-bas les mains vides, et interpella un des cuisiniers, prétextant une commande de dernière minute et très urgente.

Une fois le plateau en main, il s'empressa de monter au dernier étage sans être remarqué, et se dirigea vers la porte qui menait au toit. Il l'ouvrit doucement, en prenant soin de ne pas renverser son chargement. La dernière fois qu'il était venu ici, c'était avec un étrange sac-à-dos jaune, à la poursuite de ce qu'il pensait être la plus grande des richesses qu'il n'ai jamais vu.

Aujourd'hui, pas de fantacoptère, mais un plateau d'argent sur lequel reposaient deux récipients. Ce qui n'avait pas changé en revanche, c'était ce qu'il venait y faire : bien que sa source ai changé, il y cherchait toujours un bonheur doux et infini.

Et contrairement à la dernière fois, elle était juste là, à portée de main, assise au bord du toit, les yeux rivés sur le ciel, en la personne du jeune homme à la mèche blonde dénommé Alister, qu'il avait rencontré il y a maintenant 5 jours.

Celui-ci ne semblait pas l'avoir remarqué, et il s'assura de toquer contre la porte en métal pour signaler sa présence. Alister tourna brusquement la tête vers lui, et le rouquin craignit un instant que le jeune homme ne tombe.

« Oh, vous êtes là. » remarqua-t-il.

Spirou s'approcha du garçon et déposa son plateau entre eux, avant de passer ses jambes par-dessus le rebord et de s'y asseoir.

Il prit un instant pour remarquer la tenue d'Alister. Le jeune homme revêtait un costard gris, par-dessus une chemise blanche, et avait apparemment détaché la cravate noir qui pendait à son cou. Il trouva le tableau plutôt comique : un client, dans la tenue habituelle des clients d'un hôtel de luxe, assis au bord d'un toit, accompagné d'un jeune groom, dans la tenue habituelle des grooms d'un hôtel de luxe.

« Vous arrivez juste à temps. lui confia Alister dans un sourire doux.

- À temps pour quoi ? »

Le jeune homme perdit à nouveau son regard dans le ciel orangé.

« Le coucher du soleil va bientôt avoir lieu. lui expliqua-t-il. Je suis venu plus tôt pour espérer le voir. J'ai bien cru que j'y assisterais seul. »

Le rouquin regarda à son tour vers le ciel. Il devait avouer que les couleurs changeantes que projetait le soleil étaient agréable à observer, surtout lorsqu'on est bien accompagné.

« Je suis très heureux que vous ayez choisi cet endroit. confia Alister après un silence. La vue y est magnifique. »

Spirou regarda à nouveau le garçon à la mèche blonde, et lui adressa un sourire.

« Je ne connaissais pas de meilleur endroit, à vrai dire. L'hôtel ne regorge pas de recoins comme celui-ci. »

Le regard d'Alister s'attarda sur le sourire adorable du jeune roux. Si son but était de l'impressionner, le garçon devait bien avouer qu'il avait réussi haut la main. L'endroit, le moment, le plateau en argent qu'il n'avait pas manqué de remarquer ; tout lui paraissait à la fois parfaitement organisé et agréablement improvisé.

Tout en réfléchissant à cette idée, il se saisit de la tasse fumante déposée de son côté du plateau.

« Qu'est-ce que c'est ? questionna-t-il.

- Du chocolat chaud. répondit le garçon près de lui. J'ai remarqué que vous en preniez souvent. »

Il avait donc remarqué cela. Alister aurait menti s'il avait prétendu que cette attention ne le touchait pas. Mais sa volonté de paraître indifférent – et le plaisir qu'il prenait à taquiner le rouquin – était plus forte que tout. Et c'est sans doute pour ces raisons que, les joues légèrement rougies, il lui lança :

« Je ne savais pas que vous aviez pour habitude d'espionner vos clients. »

Comme il s'y attendait, le groom renchérit presque aussitôt :

« Il est de mon devoir de m'assurer que nos clients sont parfaitement à l'aise au sein de notre établissement. »

Le jeune homme à la mèche blonde porta la tasse à ses lèvres. Le liquide au goût chocolaté descendit dans sa gorge, et il éloigna la tasse tout en murmurant :

« Eh bien, je dois vous dire que vous réussissez admirablement bien votre travail. »

Le rouquin près de lui attrapa à son tour le récipient posé sur le plateau et le porta à ses lèvres. Alister observa à travers le verre la couleur orangée du liquide qu'il contenait, et demanda au garçon :

« C'est de l'alcool ? »

Spirou éloigna son verre de ses lèvres et le regarda d'un air gêné.

« Je ne voulais pas vous en prendre : je craignais que ça vous déplaise, et je ne voulais pas vous forcer à boire. »

Le jeune homme à la mèche blonde l'observa avec un sourire rieur.

« Vous avez bien fait. le rassura-t-il finalement. Je ne suis pas un grand partisan des boissons alcoolisées.

- Si je vous dérange, n'hésitez pas à m'en parler. s'inquiéta encore le groom. Je peux redescendre en cuisine chercher autre chose...

- Ne vous en faites pas. Cela n'a aucune importance, je vous le promet. »

Le garçon s'amusait de voir le rouquin aussi attaché à son bien-être. C'était à vrai dire plutôt plaisant. Toutes ces petites attentions le touchait profondément, et y repenser lui faisait monter le rouge aux joues. Si peu de gens se souciaient habituellement de lui.

Le petit sourire rieur qu'il entretenait jusqu'ici s'élargit et s'adoucit, tandis qu'il se plongeait dans la contemplation du contenu de sa tasse.

Le rouquin aurait sans douté été très heureux de savoir ce que pensait Alister de ce rendez-vous. Lui qui ne savait plus trop comment réagir et se sentait largement dépassé par la situation. Le stress semblait lui avoir fait oublier tout ce qu'il savait sur le jeune homme assis près de lui, et il n'avait aucune idée de la façon dont il pourrait le mettre à l'aise.

Dans les faits, il savait qu'une grande contradiction résidait chez lui : s'il était incroyablement agile dans ses geste, il n'en restait pas moins d'une infinie maladresse dans ses propos. Et c'est bien ce qui l'inquiétait ce soir.

Levant la tête, il constata que le soleil avait presque disparu derrière les collines, et que la luminosité du lieu baissait de plus en plus.

« Oh, j'ai oublié de prendre de quoi nous éclairer ! réalisa-t-il soudainement.

- Heureusement que j'y ai pensé, dans ce cas. »

Spirou tourna vivement la tête vers Alister.

« Comment ça ? »

Le jeune homme détourna la tête et commença d'un ton hésitant :

« Eh bien... Il se pourrait que j'ai emprunté une guirlande dans vos réserves. »

Le rouquin écarquilla les yeux.

« Vous avez fait quoi ?

- Ce n'est que temporaire, je vous le promet ! s'empressa d'assurer le garçon à la mèche blonde. Je la rapporterait dès demain ! »

Le jeune groom eut un rire doux. Il ne pouvait pas vraiment en vouloir à son interlocuteur, aux vues de son propre passé. L'idée que le jeune homme se mette dans tous ses états à l'idée qu'il ne soit en colère contre lui était, à ses yeux, plutôt drôle. Il était néanmoins certain, rien qu'en le regardant, que le garçon n'avait pas pour habitude de commettre ce genre d'action.

« Je ne vous en veux pas. le rassura-t-il. Nous en avions besoin de toute façon. Et ces gens en bas auront bien assez de lumière pour éclairer l'hôtel tout entier. »

Alister eut un soupir de soulagement en entendant ces mots.

« Je l'ai rangée là-bas, dit-il en désignant un coin près de la porte. A vrai dire, je ne sais même pas comment j'ai réussi à l'amener jusqu'ici sans me faire prendre. »

Le rouquin se leva, suivi de près par le jeune homme, et se dirigea vers l'endroit que celui-ci lui avait indiqué. La guirlande s'y trouvait, posée au sol. Spirou entrepris de la démêler pour la fixer au mur tant bien que mal.

« Laissez-moi vous aider. » lui conseilla le garçon en se saisissant du côté opposé de la petite farandole d'ampoules.

Une fois leur unique source de lumière disponible en place, Alister et le rouquin firent face à un autre problème. La guirlande qu'avait « emprunté » le garçon nécessitait une prise électrique, chose qui, pour des raisons évidentes, ne se trouvait pas sur le toit.

« Je crois qu'il y en a une dans le couloir. proposa le groom. Je vais aller voir. »

La mission était risquée : si le rouquin se faisait prendre, leur rendez-vous tombait à l'eau, et ils risquaient tous les deux de subir les terribles conséquences de leurs actes. Le jeune homme regarda son complice entrouvrir la porte et jeter prudemment un coup d'œil de l'autre côté. Une fois assuré que personne n'était présent, le jeune groom disparu dans le couloir, la prise à la main.

Alister attendit sans bouger d'un pouce, figé dans un silence inquiet. Il voyait le bout de la guirlande surgissant de la porte à peine entrouverte se balancer, au gré des mouvements de Spirou.

Celui-ci revint bientôt de son expédition, victorieux. Ils laissèrent une ouverture suffisante pour laisser passer le fil de la prise, et actionnèrent l'interrupteur.

La nuit était tombée à l'extérieur, et les bruits et les lumières de la fête leur parvenait en contre-bas. Alister retourna près du bord du toit et s'y assis doucement, un sourire aux lèvres.

Par chance, le ciel était dégagé ce soir, et la lumière des ampoules dégageait un halo suffisant pour les éclairer sans cacher les étoiles. Le rouquin passa les jambes par-dessus le rebord et s'assit près de lui. Les deux restèrent ainsi un moment, dans un silence qui ne les effrayaient ni l'un ni l'autre. Le spectacle auquel ils assistaient était l'un de ceux qu'il faut regarder sans un mot, pour ne pas risquer de le tâcher de quelque paroles maladroites.

Alister songea que pour une fois, la présence de quelqu'un ne lui était pas pesante et coûteuse en énergie. Il se sentait reposé. En paix. Il inspira une grande bouffée de l'air froid de la nuit, et ferma les yeux pour savourer la sensation de fraîcheur qui se diffusait dans ses poumons. La présence du jeune homme près de lui l'apaisait.

Cette conviction fit s'élargir le sourire tendre qui couvrait ses lèvres. Il tourna la tête et observa le visage calme que le rouquin levait vers le ciel. Ses joues rougissaient lorsqu'il observait le ciel étoilé se refléter dans son regard, et il remercia silencieusement le jeune homme de l'avoir conduit ici. Jamais il n'aurait voulu se trouver ailleurs qu'ici, ce soir, avec lui.

Il sentait son cœur accélérer doucement, et détourna le regard pour s'épargner la sensation intense que lui procurait la vision du garçon. Il se perdit un instant dans la contemplation du vide en contre-bas. Mais la voix du jeune groom le tira de ses rêveries, sa voix douce faisant s'emballer son cœur de plus belle.

« Je n'aurais pas pu vous en vouloir, pour la guirlande. »

Alister se tourna de nouveau vers lui, sans bien comprendre où voulait en venir le rouquin.

« Pourquoi cela ? »

Sans même détacher les yeux du plafond étoilé qui s'étalait au-dessus de leur tête, celui-ci expliqua :

« Je n'ai pas toujours été quelqu'un d'honnête. En vérité... » le regard brun vint finalement se planter dans le sien. « L'histoire est assez longue. »

Alister lui répondit avec le même sérieux que le sien, qu'il ne cachait qu'à moitié sous son expression tranquille.

« Je crois pouvoir dire que j'ai tout mon temps. » lui assura-t-il.

Spirou baissa la tête un instant et chercha ses mots. Trouver un départ à cette histoire était plus dure qu'il ne l'aurait pensé. Il ne savait pas ce qu'il valait mieux dire, et ce qu'il était préférable de cacher. Il prit finalement une grande inspiration et commença son récit.

« Mes parents n'ont jamais jugé bon de me mettre sous pression. Ils n'était pas vraiment sévères avec moi, et pourtant je crois pouvoir dire que j'aurais mérité des réprimandes plus d'une fois. »

Le rouquin pris un moment pour réfléchir. C'était maintenant que les choses devenaient difficiles à raconter.

« Mais au fond, c'était sans doute mieux ainsi. Je n'étais de toute façon pas très bon au collège, et je n'y était pas vraiment apprécié non plus.

- Pourquoi ça ? » demanda le garçon.

Le groom tourna la tête vers celui-ci et lui adressa un sourire triste.

« Disons que le milieu scolaire n'était pas un endroit idéal pour un roux dyslexique et hyperactif. »

Alister lui rendit un regard désolé.

« Tout ça, c'est du passé, j'ai laissé ça de côté depuis longtemps. Je vous le raconte parce que quoi que je fasse, c'est une partie de ma vie que je ne peux pas nier. Ça ne veut pas dire que ça a encore un impact, mais ça fait partie de moi. C'est arrivé, et ça a influencé certaines de mes décisions. C'est, en partie, ce qui a fait de moi ce que je suis. Si vous craignez que cela ne vous touche trop, je peux me taire ; mais il me semblait important de vous en parler. »

Le jeune homme sentit la main d'Alister se déposer avec hésitation sur la sienne. Le contact chaud de la paume du garçon à la mèche blonde réchauffa ses joues, et il tourna un regard étonné vers lui.

« Vous savez ce qui est incroyable chez vous, Spirou ? » le jeune homme baissa les yeux vers leurs deux mains posées l'une sur l'autre. « Vous trouvez le moyen de vous inquiéter pour les autres même lorsque vous parlez de vous. »

Le regard du garçon détailla son visage, dont il espérait que le rougissement apparent serait caché par la pénombre.

« Je vais bien. murmura finalement son interlocuteur, comme pour répondre à sa question initiale. Ne vous en faites pas pour moi. Je vous écoute. »

Le rouquin détourna le regard et tenta de se calmer, sans détacher les yeux des étoiles, avant de finalement reprendre son histoire.

« J'ai fait en sorte de rester invisible aussi longtemps que possible. J'essayais de ne pas me faire remarquer, de ne pas m'attirer trop d'ennuis... J'étais déjà une cible facile, je préférais ne pas en rajouter. Mais... »

Il baissa les yeux et regarda le vide qui s'étalait sous ses pieds.

« Tous les secrets finissent un jour par être révélés. »

Il songea à la suite, à ce qu'il allait lui dire.

Il songea au fait qu'Alister n'y était certainement pas étranger. Le fait qu'il soit là, et qu'il n'éprouve aucune gêne à lui montrer son affection, n'était pas un gage de paix intérieure. C'était une preuve des souffrances passées, un calme après une tempête.

Aucun de ceux qui avaient choisi d'aimer librement et publiquement, en dépit des principes, et parfois même en dépit des lois, ne pouvait prétendre qu'il n'avait pas un jour souffert, pour en arriver à la conclusion que ce système ne méritait pas leur hypocrisie.

Alister n'échapperait pas à la règle. Il pouvait l'espérer et s'en convaincre, mais il connaissait trop bien la nature humaine pour croire que ce monde laisserait une seule de ses victimes sauve. Il ne s'agissait pas seulement de lui ou d'une poignée de ses semblables. Il s'agissait de chacun de ceux qui sortaient du lot, et par extension, de tous ceux aussi qui n'en sortaient pas, et qui refusaient de s'écarter du troupeau. Il s'agissait d'un monde tout entier, de toute une civilisation. C'était cette histoire qu'il ne pouvait pas nier. Celle-là même qu'il s'apprêtait à raconter. L'histoire de ce système qui vous broie et vous écrase, et dont vous ne sortirez vivant qu'avec beaucoup de chance et de bonnes rencontres.

« En plus d'être roux et mauvais en cours, je n'étais pas un hétéro. Quand on le regarde de notre point de vue actuel, ça n'a pas l'air très important. Mais vous savez comment sont les gosses, n'est-ce pas ?

- Je n'y suis pas étranger. »

Le rouquin eut un sourire ironique. Il n'avait pas douté une seconde de la réponse de son interlocuteur. À vrai dire, cela semblait aller dans l'ordre des choses.

« La rumeur a circulé très vite, et en plus d'être mis à l'écart, j'ai commencé à être pris pour cible. Mes résultats déjà peu enviables sont descendus bien plus que j'aurais moi-même pu l'imaginer. Cela aurait pu alerter mes parents, s'ils avaient été plus axés là-dessus. Mais ils avaient décidé de me laisser le champ libre sur ce point pour m'éviter toute pression, et en un sens, je crois que je leur en ai longtemps voulu pour ça. »

Il marqua un silence pour laisser à Alister le temps d'enregistrer ces informations. L'exercice ne devait pas être facile pour lui : c'était la première fois qu'il devait faire face à ce récit, alors que le rouquin avait eu le temps de le repasser plusieurs fois dans son esprit.

« J'ai commencé à refuser toute aide. Je voulais me faire le plus petit possible, pour éviter de laisser le champ libre aux moqueries et aux lynchages. Mes professeurs ont commencé à parler de redoublement à la fin de ma troisième, mais j'ai refusé. Ajouter ça à ma liste de bizarreries me semblait parfaitement inenvisageable. »

Le jeune groom hésita. Fallait-il raconter la suite ? Fallait-il dépeindre sans détours l'escalade de cruauté à laquelle il avait fait face ? Ne valait-il pas mieux cacher cette partie de l'histoire, celle qui lui avait fait le plus mal ?

La main d'Alister se resserra au-dessus de la sienne, et le garçon pris conscience que ses épaules tremblaient légèrement.

Il n'avait pas menti en disant que cette histoire appartenait au passé. Mais parfois, se replonger dans le passé n'est pas un exercice plaisant, peu importe combien d'essai l'ont fait pour le rendre moins douloureux.

C'était justement pour ça, qu'il fallait encore y repenser, et le raconter, se dit-il. Parce que les cacher n'est jamais bon, et que comme il l'avait dit lui-même, les secrets finissent toujours par remonter, et il préférait les déballer de lui-même, dans un lieu qu'il considérait comme sûr. Savoir les choses sous contrôle lui paraissait préférable. Après tout, il ne s'agissait que d'un mauvais moment à passer, pour éviter par la suite que tout ne ressurgisse de manière désordonnée.

« Ils faisaient des montages, à partir de films... Vous voyez de quels films je parle. Et ils les diffusaient. Ils les envoyaient à leurs amis, ils les partageaient avec tout le monde. »

Il pris une inspiration difficile. La suite n'était pas meilleure. Les gens ne changent jamais du jour au lendemain. Les problèmes ne disparaissent jamais miraculeusement.

« Puis ça a commencé à les lasser. Le faux, ce n'était pas assez drôle, pas assez cruel. Alors... L'un d'eux s'est rapproché de moi. Et je n'y ai vu que du feu, j'étais tellement heureux que quelqu'un se soucie enfin de moi... On est sortis ensembles quelques mois. Le temps de... me mettre en confiance, j'imagine. Quand il a jugé qu'il avait assez donné, il est parti, et il a tout envoyé. Toutes les photos, toutes les vidéos – je ne savais même pas qu'il avait filmé quoi que ce soit. Ça a circulé à une vitesse fulgurante. Je me faisais insulter, cracher dessus par des gens que je ne connaissais même pas. »

C'était peut-être ça, le pire. Ce n'étais pas les montages, ni les camarades de classes qui crient des bêtises à tout va.

C'était de savoir que des gens que vous n'aviez jamais vu, auxquels vous n'aviez jamais prêté attention, et qui ne vous avaient jamais adressé la parole, vous détestaient profondément, et sincèrement, pour ce que vous étiez.

Vous aviez l'impression qu'au final, ce sentiment de haine était généralisé. Que ce n'était pas juste le petit groupe à l'origine de la blague, le problème. C'était vous, parce que les gens vous détestaient unanimement, et qu'alors il n'y avait pas d'autre conclusion possible.

Le pire, c'était de sentir leurs regards se poser sur vous, et voir cette lueur de dégoût dans leurs yeux, quand vous ne les aviez pourtant jamais approché.

« J'ai arrêté d'y aller. expliqua-t-il. Le simple fait de me lever le matin pour y retourner me terrorisait. Je ne voulais plus voir personne, parce que je ne voulais plus les voir me détester. Alors poursuivre mes études m'a semblé parfaitement impensable. »

Le plus dur était passé, mais la suite n'était pas simple. Il avait mis bien plus longtemps que ça pour s'en sortir. Pour arriver là où il en était. Il avait mis bien plus longtemps encore à comprendre que tous ses évènements avaient été décisifs pour la suite de son histoire. Que tout avait une cause, et que pour découvrir ces causes, il fallait regarder en arrière et se souvenir.

« Je crois qu'au fond j'aurais voulu que mes parents s'énervent. Qu'ils me crient dessus, pour me donner une raison de crier en retour et de tout laisser sortir. Mais ça n'a jamais eu lieu. Mes parents ne criaient pas, c'était comme ça. Alors j'ai fini par partir. Parce que je n'en pouvait plus, et que je voulais échapper à tout ce qui se trouvait là-bas. Je voulais fuir mes idées noires et mes mauvaises rencontres. »

Il laissa un silence planer quelques instants, le temps de choisir ses mots. Ce dont il allait être question maintenant n'étais pas très glorieux à vrai dire. Mais c'était la dernière étape de son récit, celle qu'il ne pouvait pas éviter. C'était celle qui, finalement, lui avait permis de rencontrer ceux qu'il considérait comme ses amis, et qui prouvait finalement que si ses décisions n'avaient pas toujours été les bonnes, elles ne l'avaient pas mené vers un avenir trop mauvais.

« Je suis parti du principe que personne ne voudrait jamais m'embaucher, et honnêtement mes possibilités d'avenir me semblaient limitées et frustrantes. Alors à la place j'ai... trouvé un moyen plus satisfaisant de gagner ma vie.

- Vous êtes devenu voleur ? demanda Alister sur un ton amusé.

- Pickpocket pour être exact, monsieur. » lui répondit-il d'un ton faussement prétentieux.

Tous deux eurent un petit rire complice.

« Ce n'étais pas des grosses sommes, du moins au début. J'ai commencé par développer mes réflexes, je me suis rapproché de personnes qui pourraient m'aider dans mon entreprise. Ensuite, plus je me perfectionnais, plus je devenais audacieux. Je dérobais des choses de plus en plus rares et chères, jusqu'à tenter ma chance dans cet hôtel.

- Ici ?! s'étonna Alister en se penchant vers lui.

- Ici-même. confirma-t-il.

- Et ils ont accepté de vous engager ensuite ?

- Disons que... J'ai rencontré des gens qui m'ont permis d'accéder à ce poste. » expliqua-t-il d'un air gêné.

Un grand sourire rieur se peignit sur le visage d'Alister.

« Et qui sont ces gens ? »

Spirou lui rendit son sourire.

« Je crains que ce ne soit une autre histoire. lui confia-t-il.

- Je vois. » murmura le jeune homme à la mèche blonde avec un sourire indulgent.

Il ne voulait pas brusquer le rouquin, ou le mettre dans l'embarras. Il avait eu bien assez de confidences pour ce soir.

Il aurait préféré lui dire que son récit l'étonnait, qu'il n'en n'avait jamais entendu ni vécu de tel. Il aurait aimé lui dire qu'il ne comprenait pas ce qu'il avait ressenti.

Mais cela aurait été terriblement hypocrite de sa part.

Il planta son regard dans le regard brun, et compris une chose qui le rassurait et le pétrifiait en même temps : il ne pouvait pas se taire en retour. Il en était, en un sens, complètement incapable. Et rien ne pourrait empêcher les mots de franchir ses lèvres.

« Eh bien... souffla-t-il doucement. À mon tour, dans ce cas. »

💙💙💙

EH OUAI LES GARS, ÇA SE FINIT LÀ.

Alister a sa back-story, mais elle ne sera pas révélée. Pourquoi ?
En priorité par soucis d'identification des lecteurices, et en second parce que je me sentais mal à l'aise de la dévoiler. Partager des traumas reste quelque chose de très personnel, j'avais peur que les gens ne s'identifient moins bien à cet OC à cause de ça. Et en tant que personnage original, sa création a donné un gros effort de connexion alors je me sentais un peu bizarre à l'idée d'étaler son histoire. Mais elle existe, quelque part, dans un coin de ma tête :)
À vous d'en faire ce que vous voulez, hehe, imaginez votre propre backstory pour lui >:]

Autre info importante : n'hésitez pas à suivre mon compte insta pour avoir des nouvelles de tous nos merveilleux projets :D
Le nom est dans ma bio (~UoU)~

Passez une bonne semaine et à lundi prochain :]

- L'auteur

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