Chapitre 5: Apprendre.
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Je n'aime pas ça du tout.
Dehors, il fait noir et seules les étoiles nous éclairent dans cette ville trop silencieuse. Cette soirée me fait cruellement penser à la nuit où s'est arrivé, à la nuit où j'ai été agressé. Cela n'aide en rien aux sentiments de crainte qui m'habitent alors que je suis Eren sur le trottoir, les mains dans les poches de mon petit manteau, aux aguets de la personne la plus suspecte. Heureusement que ma mère travaille tard ce soir, car jamais elle ne m'aurait laissé sortir « seul ».
-Où on va? Demandai-je pour la deuxième fois depuis notre départ.
-Tu vas voir.
Eren semble vraiment s'amuser, contrairement à moi qui commence presque à regretter ce marché. Surtout que le temps qu'il a été partit, je n'ai pas réussi une seconde à me concentrer sur mon livre. Tout ce que j'arrivais à faire, c'était angoisser pour cette sortie.
Je suis le spectre jusqu'à l'église, vide à cette heure-ci. Près d'elle, je vois un peu plus loin briller la clôture de fer qui entoure le cimetière. Connaissant aussitôt son intention, je m'arrête de marcher. Il s'en rend compte et se retourne vers moi.
-Je ne vais pas là.
-Et pourquoi ça? C'est juste un cimetière. Je crois que c'est le meilleur endroit pour que je te donne ma leçon. Il y a plein de fantômes et c'est tranquille, tu vois?
J'ai toujours trouvé les cimetières peu accueillants, même si avant je ne croyais pas au surnaturel. C'est tranquille, morbide et on marche au-dessus de personnes mortes. Je n'y viens jamais de soir, uniquement de jour, et jamais seul. Maintenant que je vois les fantômes, ça risque d'être encore pire.
Souhaitant me donner une idée de ce qui m'attend, je sors de ma poche mon cellulaire que j'allume en direction du lieu de sépulture. Un frisson parcourt mon corps lorsque j'entrevois plusieurs personnes à l'intérieur qui ne se soucient aucunement de ma présence. Je ne peux faire autrement que de baisser ma lumière. Pourquoi est-ce que j'ai peur? Depuis plus d'un mois, un fantôme me suit et « dors » dans ma chambre. Il me parle et se tiens à côté de moi en ce moment même. Alors pourquoi est-ce que je m'inquiète d'en voir d'autres?
-Leçon de Eren numéro un, déclare ce dernier, on reconnaît souvent les morts à leurs attitudes, souvent déconnecté de la vie. J'avoue qu'il y a aussi des humains ainsi, mais chez certains fantômes, c'est beaucoup plus flagrant. Nous avons les vêtements de notre mort, donc tu peux en reconnaitre certain selon l'époque à la quel ils semblent appartenir. La peau d'un spectre est plus pâle. Tu as la preuve avec moi. Avant, j'étais bien bronzé, tu vois?
Je l'écoute attentivement. En quoi pénétrer dans ce cimetière va m'aider? J'ai envie de rouspéter, mais je me désister. Pourquoi ne pas y aller pour lui faire plaisir? Pour qu'il me laisse tranquille par la suite?
-J'ai une question, soufflai-je.
-Je t'écoute.
-Au club vidéo, je t'ai senti me toucher. Tu étais fort et j'avais vraiment l'impression que tu étais un humain. Qu'est-ce qui va arriver si un fantôme essaie un jour de m'attaquer? Est-ce qu'ils pourraient me faire du mal?
Eren semble réfléchir à la question un instant, puis sans crier gare, il me prince le bras.
-Aille! Pourquoi t'as fait ça?
-Je voulais vérifier, avoue-t-il, en fait je n'y avais pas porté attention avant, mais j'ai l'impression que ton sixième sens te permet les contacts physiques avec les morts. Si je le voulais, je pourrais surement te donner un câlin. Ça me manque, tu vois... Tu veux un câlin?
Eren me regarde très sérieusement. Son sérieux à la suite de cette phrase m'inquiète presque.
-Non, je ne veux pas de câlin. Tu n'as pas répondu à ma question.
-Surement.
-Surement quoi?
-Que si un mort le veut, il pourrait te faire mal.
Je dois reconnaitre qu'il est au moins honnête, bien que très peu rassurant. En plus de devoir craindre les vivants, maintenant je dois aussi me méfier des gens qui sont morts! Tout pour me donner envie de sortir plus souvent de chez moi.
Je finis enfin par suivre Eren jusqu'au cimetière où j'essaie de me convainque que je n'ai rien à craindre. Mon cellulaire braqué devant moi comme lampe torche, j'ouvre, non sans trembler, le fléau de la porte de métal avant de la laisser s'ouvrir dans un grincement sonore qui me fait frissonner. Depuis quand je suis une telle mauviette? Ça ne me ressemble pas de trembler pour si peu... M'y voilà, je ne peux plus reculer.
J'entre à petits pas dans l'enceinte du cimetière, suivie de près par mon accompagnateur. Il y a tellement de gens... Des femmes, jeunes comme vieilles, des hommes, des enfants... Personne ne me regarde, comme si c'était moi le fantôme dans ce domaine des morts.
-Je n'ai jamais compris pourquoi certains restes près de leur tombe, avoue Eren, ce n'est pas un lieu accueillant.
J'acquiesce sans le regarder. Avec tout ce monde, où certains discutent entre eux, j'ai presque le sentiment d'être autre part. Ils ont l'air si vivants.
-Concentre-toi sur les détails qui prouvent que ce sont des morts.
J'essaie de regarder leur couleur de peau ou leurs vêtements, mais j'ai de la difficulté à les différencier du monde normal.
Je laisse échapper un cri de terreur lorsque je sens une main m'agripper la cheville. Mon sang se fige dans mon corps et je viens près laisser tomber mon téléphone. Lorsque je reprends un peu mon sang froid, je vois couché sur le sol, à mes pieds, un homme chauve en habit militaire pris d'un fou rire. Visiblement, c'est lui qui a voulu me faire peur.
-C'est quoi ton problème, tonnai-je en l'éclairant, ça ne va pas de faire peur aux gens?
L'homme arrête de rire et me regarde. Je croise son regard vert alors que sa bouche s'ouvre avec surprise. Il regarde autour de lui, comme pour s'assurer que c'est bien à lui que je parle.
-Oui, toi le militaire, grognai-je, j'ai failli faire une crise cardiaque.
-Tu me vois?
Je viens peut-être de faire une erreur en lui montrant que j'ai le sixième sens. Celui qui doit être un fantôme se dépêche de se lever, maintenant timide. Il passe avec honte la main sur son crâne chauve. Ce gars est presque aussi petit que moi, mais en plus mince.
-Ça surprend, pas vrai, se mêle fièrement Eren, un vivant qui nous voit!
Le mort le dévisage avec une nouvelle expression de dédain. Il ne semble pas aimer que mon ami s'ajoute à la conversation, puis il se retourne vers moi :
-Tu es le premier médium que je rencontre. Je suis navré de t'avoir effrayé. Dis, tu viens de la ville? De pas loin?
-Oui... D'environ cinq minutes de marche.
-Tu connais Sasha Braus? Tu sais, une jolie fille aux cheveux bruns qui mange toujours? J'aimerais savoir comment elle va?
Je recule d'un pas, n'aimant pas beaucoup me faire bombarder de la sorte.
-Non, désolé. Je ne connais pas tout le monde...
Il continue à insister, jusqu'à ce qu'une dame s'en mêle. Assez âgée, elle pousse le soldat d'un air dégoûté.
-Laisse ce jeune homme tranquille. Tu vois bien qu'il n'a aucune idée de qui tu parles. Donc vous êtes un vivant?
L'homme semble outré par l'intrusion de la vieille, mais ne réplique pas. Cette fois, j'ignore si je dois répondre, mais je finis tout de même par acquiescer, ce qui la fait sourire.
-Tu pourrais me rendre un service, déclare-t-elle, pourrais-tu allez dire à mon imbécile de mari, Hannes, que cette garce avec laquelle il baise est beaucoup trop jeune pour lui.
Je suis légèrement surpris par le langage vulgaire qu'elle emploie et choqué à la fois qu'elle me demande une telle chose. D'autres fantômes viennent eux aussi à ma rencontre. Je ne sais plus quoi dire, ni quoi faire. Ils me parlent tous en même temps, me demandant de les aider d'une quelconque façon. Eren essaie de les calmer, mais il n'a pas assez d'autorité. La panique m'englobe alors que je ne sais plus où mettre ma tête. Les voix continues, continues, continues... Mes mains viennent d'instinct se placer sur mes oreilles afin que tout cesse.
-SUFIT !!
Sur cet unique mot, je m'enfuis à la course, jusque chez moi où je m'enferme dans ma chambre. Ils voulaient tous que je les aide. Pourquoi est-ce que j'ai ce fichu don?
Eren me rejoint bientôt, mal à l'aise. C'est sa faute si je suis allée là.
-Désolé, déclare-t-il, je ne croyais pas que ça tournerait ainsi. Je croyais que ce serait amusant, tu vois?
Je lui lance un regard mauvais. Si seulement il pouvait me foutre la paix une bonne fois pour toutes, tout irait déjà mieux! Je ne voulais pas sortir, il m'y a forcé, comme quand j'ai été obligé d'aller au club vidéo. Tout va mal depuis que je le connais.
-Amusant, répétai-je, il n'y a rien d'amusant depuis que tu es là. Tu ne me laisses jamais tranquille et je deviens fou par ta faute. Tu fais de ma vie une horreur, car tu es un vrai casse-pied! Tu sais ce que je souhaiterais le plus sincèrement? Ce qui serait vraiment amusant? C'est que tu fiches le camp et que je ne te revoie plus jamais.
Le regard de Eren s'éteint devant mes yeux, au même moment où son sourire s'efface pour laisser place à de la tristesse. Je me sens un peu mal maintenant que je me suis lâché, que je lui ai dit ce que j'avais à dire. Je l'aime bien en tant que tel, c'est seulement que j'en ai ras le bol.
-Très bien, souffle-t-il, je vais te laisser tranquille si c'est ce que tu veux. Excuse-moi.
Je me sens de plus en plus mal maintenant...
-Eren...
Il me lance un dernier regard, puis tourne les talons. Je le regarde passer à travers la porte. Il a disparu. Me voilà seul.
Ma chambre devient soudainement vide.
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