Chapitre 21
Mika avait réservé le restaurant durant les heures de cours. Thomas se plaignit qu'il n'aimait pas sécher l'école, mais il semblerait que le restaurant était complet des mois d'avances et que Mika était tombé sur une annulation. Thomas finit donc par capituler puisque le châtain l'ai appelé pour faire son plaidoyer.
''Je conduis, je paie pour les deux, tu ne verras pas mon visage, tu entendras juste ma voix, on va manger de bon plat gastronomique et je ne te violerais pas!''
Tout cela avec beaucoup trop d'entrain pour Thomas. Il avait malgré tout fini par accepter. Il n'alla donc pas à ses cours de l'après-midi et se dirigea vers le lieu de rencontre que Mika lui avait donné. Lorsqu'il reconnut la voiture de son directeur, il entra dedans et sursauta en voyant Mika derrière le volant. Celui-ci portait un masque d'Halloween assez effrayant.
''Euh... Mika, pourquoi tu... c'est pourquoi le masque?''
''Pour pas que tu vois mon visage pauvre nouille. Je te l'avais dit.''
''Mais... tu arrives à conduire avec ça sur la tête?''
''Je sais pas, j'ai pas encore essayer.''
Thomas le dévisagea un moment avant de fouiller dans ses poches pour sortir son bandeau.
''Je vais me cacher les yeux, tu pourras l'enlever pour conduire. D'ailleurs tu... tu as un permis ou... juste la permission de ton père pour ça?''
''Non et je les encules tous, alors mets ton bandeau, j'étouffe sous ce machin.''
Thomas attacha donc son bandeau en tremblant. Ce n'était peut-être pas une bonne idée finalement. Vraiment pas une bonne idée. Il entendit Mika enlever son masque et bouger sur son siège. Puis des lèvres vinrent se déposer sur sa joue et Thomas se colla, apeuré, sur la portière.
''Qu'est-ce que tu fais ?!''
''Je t'embrasse. Ma mère embrassait toujours mon père quand il nous conduisait à un endroit.''
''Ah... euh... fais plus ça.''
''C'est mal ?''
''Non, mais je veux pas de bisou de toi.''
Pendant un moment, il y eu un silence dans l'habitacle, puis Mika mit en marche le moteur et se mit à conduire pendant près d'une heure. Une heure de silence complet où Thomas martyrisait son jean avec ses doigts, anxieux. Il finit par sentir l'auto se stationner et Mika déboucler sa ceinture. À l'aveugle, Thomas détacha la sienne et ouvrit la portière. Sans prévenir, une main forte l'agrippa et le tira violemment de la voiture. Thomas poussa un cri de frayeur en tombant dans les bras de l'homme qui avait montrer sa force au garçon.
''Mais tiens-toi, Tommy. Tu sais utiliser tes jambes d'habitude.''
Mika tira de nouveau sur son bras pour le forcer à se mettre droit. Thomas grimaça. La poigne du garçon était forte et il allait avoir un bleu au bras s'il ne le relâchait pas. Mika ne connaissait visiblement pas la douceur. Il vint malgré tout le relâcher et se placer derrière lui, une main sur chaque épaule et le poussant devant. Après avoir réglé quelques informations sur les allergies inexistantes de chacun et le fonctionnement du restaurant, on les conduisit dans la salle à manger.
''Tu peux enlever ton bandeau Tommy.''
Le brun obéit et fut surpris de constater qu'il ne voyait aucune différence. C'était le noir totale. Aucune infime partie de lumière était présente dans la salle. Autour de lui, des gens parlaient, mais il n'aurait pus les situer dans l'espace.
''Wow.''
''Je sais. C'est pas James qui t'aurais amener à un truc comme ça.''
Thomas se rembrunit. Mika prenait-il sa comme une compétition ?
''Il n'a pas besoin de le faire pour que je l'aime. Sa personne est déjà assez merveilleuse comme ça.''
''Je doute. Je le trouve insolent.''
''Venant de toi Mika ? Sérieux...''
''Hey !''
Même si Thomas ne voyait pas le visage de Mika, il pouvait très bien l'imaginer offusqué. Il retint inutilement un petit sourire. Mika ne pouvait voir qu'il se payait sa tête. On leur amena des repas en leur indiquant tactilement où se trouvaient leurs ustensiles. Au début, ce fut facile de manger, mais plus la nourriture dans l'assiette diminuaient, plus c'était difficile de s'en saisir avec la fourchette. Thomas mit plusieurs fois les mains dans le repas pour situer où la nourriture se trouvait et où il devait piqué avec son ustensile. Malgré tout, l'expérience était incroyable. La nourriture délicieuse. Il n'avait aucune idée de ce que chaque bouchée lui préparait, mais il adorait découvrir la saveur par surprise. À un moment, il se dit qu'il devrait peut-être faire la conversation avec son camarade. Après tout, il avait accepté dans l'espoir de le connaître un peu plus et de s'aider à surmonter toutes les épreuves que Mika lui avait mis dans les pattes.
''Donc... tu... euh...''
''Tommy ?''
'Les cicatrices, elles... à part la mort de ta mère tu... tu t'es coupé pourquoi ?''
Sans plus de gêne, ni ne semblant éprouver le moindre remord pour ses gestes, Mika fit le contre-rendu de sa mutilation.
''Il y en a une qui est pour mon cousin. Un été, il me faisait royalement chier, alors je l'ai poussé dans la piscine. Je savais qu'il ne savait pas nager et qu'il risquait de se noyer, mais je m'en fichais. Je voulais qu'il me laisse tranquille. C'est mon père qui a sauté pour le sortir de là. Même ma tante me regardait comme un monstre. Alors je me suis coupé pour ressentir la douleur que je leur avais fait ressentir.
Une autre est pour Julie, ma première copine. J'avais pris des photos pendant qu'on faisait des choses. C'était bien, je voulais garder un souvenir. Je les ai montrées à mes potes et elle a été très fâchée. Elle a changé d'école et ne m'a plus jamais parlé. Mon père m'a dit que c'était à cause de moi. Qu'elle avait reçu de l'intimidation et que mes photos circulaient dans l'établissement. Que j'avais mal agi. Je ne comprends pas, elles étaient belles mes photos. Mon père m'a dit que j'étais un monstre insensible, j'ai voulu lui prouver le contraire, alors je me suis coupé pour lui prouver que je ressentais quelque chose.
Une autre, c'est...''
''Ça va ! Arrête. Je veux plus trop savoir.''
Thomas se mordit la lèvre. Quelle autre chose horrible allait lui sortir Mika ? Il ne voulait pas savoir. Pauvre cousin, pauvre fille. Mais son cousin avait semblé lui avoir pardonné. Tout comme sa tante.
''Tu t'entends bien avec... pas ton père, mais... le reste de ta famille ?''
''Ma tante, c'est la jumelle de ma mère. Elle dit que j'ai ses yeux. J'aime beaucoup ma tante. Elle prend le temps de m'expliquer et me chicane rarement. Mon cousin aime les jeux vidéos comme moi. Quand il vient, on joue sur la console. Il me décourage souvent. Un vrai enfant, rien d'intelligent ne sort de sa bouche, mais il a neuf ans. C'est normal à cet âge.''
''Ils comprennent que... que tu... Au parc, j'ai vu ton cousin te dire que c'était mal après que tu es fait une action déplaisante à ses yeux."
''Oui, ma mère avait instauré ça. Quand je faisais quelque chose de bien, elle disait : Bien. Comme ça, je savais que je devais répéter mon action. Quand je faisais quelque chose de mal, elle le disait aussi et elle me l'expliquait. Ma tante et mon cousin le font encore, même après sa mort. J'aime ça. Mon père, lui, trouve ça ridicule. Lui, je ne l'aime pas.''
Le serveur vint reprendre leur plat dans le noir et leur offrit le dessert. Juste avant de quitter et de laisser les deux garçons seul, Mika l'arrêta.
''Je n'ai plus d'eau, puis-je en ravoir ? Et dites au chef que les choix de saveur étaient parfaits, je suis impressionné.''
''Tout de suite monsieur.''
Puis Thomas écouta le serveur partir et Mika manipula ses ustensiles. Le brun prit une fourchette et vint la planter dans son dessert. Il releva la tête vers l'endroit où il croyait que le châtain était assis, puis prit une grande inspiration.
''Mika ?''
''Oui, Tommy ?''
''Bien. Ce que tu as dis au serveur, c'était bien.''
Un doux silence emplit la pièce, pourtant Mika ne semblait pas être en train de déguster son dessert.
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