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Chapitre 7 - POV Sophitia

La démone s'est enfuie.

Le message tournait en boucle dans ma tête. Mes collègues gardiens me pointaient déjà du doigt. On m'avait confié une simple mission, et je l'avais gravement foiré. Cette pourriture de Demeteria m'avait séduite pour retrouver une partie de ses pouvoirs. Je sentais toujours au fond de moi une partie de sa puissance et de ses dons. C'était comme une sorte de lien transcendant.

Assise sur le lit de ma chambre, je laissai mon esprit voyager. Je revoyais, encore et encore, la peau mate et les yeux rouges de mon ennemie. Je ne comprenais pas pourquoi, mais ce souvenir me troublait profondément.

Toute ma vie, on m'avait appris à détester tout ce que représentait cette ignoble monstruosité. Mais, à dire vrai, sa présence me manquait, son simple souvenir m'excitait. Je me voyais presque l'embrasser et me lover dans ses bras.

Je me levai et sortis de ma chambre. Je devais absolument me calmer. L'air frais de l'extérieur fit temporairement disparaître la chaleur qui bouillonnait dans mon ventre.

À l'extérieur, la ville était en état d'ébullition. Mes congénères volaient tout autour de la grande tour blanche de détention. Des soldats aux lances brillantes criaient des ordres aux passants qui admiraient le spectacle. La ville semblait comme en état de siège.

Je sentais que ma réputation risquait d'en prendre un coup. Je pouvais presque dire au revoir à tous mes rêves d'ascension sociale. Toute ma vie, je serai « la fée qui s'est faite charmer par une démone ». Les livres d'Histoire retiendraient mon échec et, dans plusieurs générations, on en parlerait encore et encore.

Tout en pensant à mon infamie, je ne pouvais m'empêcher de revoir ses doux cheveux de feu et son regard incandescent. J'étais tiraillée entre mon devoir et le manque de sa présence. Je reniais tout ce qui faisait de moi une bonne fée. Je détestais et j'adorais cette sensation. Je n'étais qu'une infime brindille perdue dans la jungle luxuriante qui bordait la cité.

« Sophitia, comment ça va ? »

C'était un de mes collègues de la prison qui me tirait de mes songeries. J'oubliais toujours comment il s'appelait. Dans son dos, des ailes azur brillaient et, sur son visage, un sourire méchant dévoilait ses dents trop blanches. Ses larges épaules étaient à peine contenues par son armure argentée. Une longue épée était accrochée à son flan. Ses intentions ne me semblaient pas vraiment amicales. Depuis mon affectation dans la prison, il ne cessait de remettre en cause mes compétences.

« Je vais bien, répondis-je sèchement.

- Tu as foutu un sacré bordel dans toute la ville. Ça me rappelle la fois où les démons ont attaqué ! »

Je n'étais guère née à cette époque. C'était une histoire qu'on racontait aux enfants au coin du feu. Certains artistes avaient peint la jungle en flamme, les corps déchiquetés et les cornes ensanglantées de nos ennemis. Cette bataille restait comme une plaie béante dans le cœur de toutes les fées de la cité.

« Va te faire foutre, répliquai-je sans affronter son regard.

- Tu sais ce qu'on dit partout : plus jamais ça. Depuis des années, nous frappons les démons, toujours les premiers, nous les traquons et nous les enfermons. Nous tuons leurs chefs et nous empêchons tout nouveau massacre de cette sorte.

- Je connais parfaitement l'Histoire de mon peuple.

- Tu sais aussi qu'à chacun de nos échecs, nous mettons en danger notre race. Il en va de la survie du peuple des fées. Les divins nous ont élus pour être le peuple le plus pur de ce monde.

- Je n'ai pas besoin de tes leçons, rétorquai-je, excédée.

- Dans ce cas-là, tu comprends ton erreur. Tu comprends qu'en t'accoquinant avec ce monstre, tu as mis en péril notre survie si durement gagné. »

Son sourire faux avait disparu depuis un moment. Il me transperçait du regard, alourdissant mes frêles épaules de culpabilité et de honte. À mon corps défendant, je me sentais sale d'éprouver de l'attirance pour Demeteria.

« Tu sais ce qui va se produire, ajouta-t-il. Du haut de leur tour d'ivoire, nos chefs ne feront rien. Ils blablateront sur les meilleurs moyens de ramener cette démone dans nos geôles, ils renforceront la sécurité, des patrouilles de garde voleront plus souvent aux abords de la tour, et ta démone pourra raconter à ses potes comment elle a pu s'enfuir. Ils verront à quel point nous sommes devenus faibles, et ça sera un nouveau génocide ! »

Un enfant passa prêt de nous, il semblait s'amuser de l'agitation qui régnait en ville.

« Regarde-le. Dans quelques mois, il sera certainement mort, continua le gardien avec un signe de la tête. Tout ça par ta faute.

- Que veux tu que je fasse ? Hurlai-je en pleurant.

- Tu sais pertinemment ce que tu dois faire, ma petite ! »

L'homme tourna les talons en me laissant seule avec ma culpabilité. Il n'était plus question d'attirance contre nature, à ce moment-là. Ce type avait raison, je devais prendre mes responsabilités. Je rentrai chez moi et enfilais mon armure. Le plastron brillait, il me protégerait contre les assauts pervers de la succube. J'attachai mon baudrier. Avant la fin de cette histoire, le sang devrait couler. Ma lame sortirait de mon fourreau, et je transpercerai le cœur de cette démone.

Bien que personne ne m'eut donné l'ordre de la tuer, je savais que cette mission m'était assignée, et se trouvait inscrite au plus profond de mes entrailles. Elle était un des devoirs les plus sacrés des fées. Je devais tuer cette abomination, et arrêter de penser à elle en tant que Demeteria. Les sentiments contradictoires que j'entretenais à son égard ne devaient pas retenir mon épée. Je serai le bras armé de la Justice.

Je sortis de chez moi et m'envolai vers la jungle. Je pouvais compter sur l'amitié des arbres pour m'indiquer ma future route. En quelques battements d'aile, j'arrivai à la lisière de la jungle. La démone n'avait plus d'ailes et elle ne pouvait pas se déplacer rapidement. J'espérais la rattraper rapidement.

Je me posai prêt d'un grand séquoia qui dominait la lisière de la forêt. Ses ramifications s'enfonçaient dans le bleu du ciel. Il avait connu des générations de fée et de démons. Il avait vécu tant de guerres et de massacres entre nos deux peuples. Il racontait tout le temps à qui voulait l'entendre que ses racines s'étaient abreuvés du sang mélangé de nos cadavres.

Je me posai au sol à quelques mètres de lui. Une rafale fit frémir ses feuilles. Tout autour de lui, la forêt retenait son souffle. Il avait repéré ma présence et il se réveillait. Je posai une main sur son tronc.

« Grand Séquoia, excuse-moi de troubler ton sommeil. »

Un grondement séculaire naquit dans mon esprit.

« Petite fée, que veux-tu, dis l'arbre directement dans ma tête.

- Je cherche une démone qui s'est enfoncée dans la forêt.

- Pourquoi la cherches-tu ?

- Elle s'est enfuie de notre prison. »

Au loin, un oiseau quelconque s'envola dans l'indifférence générale.

« Pourquoi enfermer un être vivant ?

- C'est une démone ! Elle est un danger pour mon peuple, je dois la retrouver.

- Les démons et les fées se battent depuis l'aube des temps. Pourtant, tout vous rapproche : vous volez tous deux dans le ciel, vous pouvez parler et créer des murs de pierre. Votre peau, votre sang sont les mêmes, et pourtant vous vous massacrez depuis des millénaires.

- Tant que les démons existeront, les fées ne pourront pas être tranquilles, répondis-je avec de moins en moins d'aplomb dans mon discours.

- Tu ne crois pas toi-même à ce que tu racontes, petite fée. Peut-être que les temps sont en train de changer.

- Je dois la retrouver et la tuer.

- Penses-tu vraiment être capable d'appliquer la sentence de ton peuple ? Cesse de te mentir ! »

Ma confiance en la justesse de ma mission s'écaillait. Cet arbre semblait ressentir les choses mieux que moi.

« Je... Je suis troublée par Demeteria.

- Bien ! Tu l'appelles par son prénom à présent, je pense qu'on a franchi une étape. Tu peux à présent reconnaître ton attirance pour elle.

- Je suis attirée par elle. Mais la mission sacrée de mon peuple passe avant mes préférences. Je dois l'affronter pour ma patrie. Je n'ai pas le choix ! C'est une question d'honneur.

- Tant que les fée et les démons raisonneront de cette manière, le sang coulera. Le monde n'a pas besoin de guerre et d'honneur. Il a besoin d'harmonie et d'amour. Vos peuples disparaîtront s'ils n'arrivent pas à faire la paix ! À mes yeux, vous n'êtes que des insectes bornés. Si vous vous aimez, vous pourrez changer votre monde !

- On ne peut pas faire confiance à ces créatures.

- C'est amusant, parce que les démons pensent la même chose de vous ! Ils pensent que les fées sont des êtres bornés qui passent leur temps à les tuer ou à les priver de leur liberté. Écoute ton cœur et ton corps, tu sauras ce que tu désires réellement. »

Je ne pouvais pas en entendre plus. Cet arbre n'y connaissait rien. Personne ne menaçait son peuple. Même si la jungle brûlait, la nature finirait toujours par reprendre le dessus. Les cendres vivifiaient les jeunes pousses. Mais le sang des fées ne donnait pas naissance à des bébés. Cette discussion ne menait nulle part.

« Dis-moi juste où elle est !

- Très bien, si tu le souhaites. »

Le séquoia m'envoya une image mentale de Demeteria. Comment avais-je pu oublier à quel point elle était belle ? Elle courrait dans la jungle comme un animal blessé. Dans son dos les cicatrices de ses ailes s'étalaient comme deux témoignages de la cruauté des fées. Nous étions implacables et aveugles dans nos sentences. Avions-nous perdu notre âme dans notre recherche de survie ?

« Tes positions vacillent, reprit l'arbre. Tu vois que tout n'est pas noir ou blanc. Le bien et le mal ne sont que les deux faces d'une même pièce. À chacune de tes actions, tu lances cette pièce, et tu justifies tes actes par l'honneur, l'amour, la survie, ou le bien de ton peuple. Tu n'es qu'un pion, petite fée. Pour la première fois de ta vie, tu peux te rebeller contre ta nature. Tu n'es pas obligée de suivre les préceptes idiots de ton peuple.

- Je dois le faire, murmurai-je.

- Retrouve là ! À ce moment-là, tu ne devras écouter que ton cœur. Change le monde ou condamne-le à la vendetta éternelle, petite fée. »

L'arbre coupa le contact mental. Je me retrouvai seule dans cette jungle. Je savais à présent dans quelle région Demeteria se trouvait. Je m'envolai au-dessus de la cime des arbres pour avoir une meilleure vue.

Au-dessus des feuilles, la jungle ressemblait à une mer verte parcourue de vagues de vent. Il n'y avait aucune logique dans le placement des arbres, seule la nature sauvage qui étendait ses mains d'émeraude à l'infini.

Cette forêt était un joyau pur et mortel. Je devais retrouver Demi avant que la jungle ne l'engloutisse. Pourquoi appelais-je cette démone par son surnom ? Pourquoi voulais-je vraiment arriver avant que la nature ne la massacre ?

Je m'éloignais de ma mission, de l'ordre immanent à ma race et à ma nature. Je ne pouvais aller contre la survie de mon peuple pour un simple coup de cœur.

Chaque battement d'aile m'approchait de mon destin. Ce serait l'honneur ou mon cœur. Il n'y aurait pas de troisième voie.

Au plus profond de mon être, je sentais toujours les pouvoirs de cette démone. Cette confiscation avait-elle créé un lien entre nos deux espèces ? Les divins seraient-ils en train de nous jouer un sale tour ?

Protégée par mon armure, mon cœur battait à tout rompre. Je savais que cela n'avait rien à voir avec le battement de mes ailes.


Auteur : laurent c

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