Chapitre 4 - POV Demeteria
Le temps est interminable dans cette prison déplaisante à l'atmosphère si joyeuse, douce et, pour faire court, répugnante.
« Rah les fées, toute aussi innocentes les unes que les autres » pensait sans cesse Demeteria. « Et puis, Sophitia... Me taper l'amitié avec cette... cette traînée qui n'accomplira rien de sensée dans sa vie, a été au péril de ma grande vie de démone. Oui, ma grande vie. Car bientôt, ces décennies d'enfermement, et d'acharnement à garder la tête haute pour ne pas flancher, vont bientôt s'envoler en fumée, accompagnées de toutes ces sorcières aux pouvoirs désastreux et inutiles. D'ici quelques jours, j'aurais trouvé un moyen de sortir sans complications. Les problèmes que la fuite de ce donjon m'apporteront deviendront des avantages. Et ces fées, oui, ces satanés fées, je les ramènerais, pauvres et sans magie, à mes semblable pour les réduire en esclavage. Haha! Mère sera fière de moi! Mes frères et sœurs, qui pensent sûrement que je suis morte, seront impressionnés et horrifiés de ma résurrection. Mais il faut déjà que je me calme, me pose et réfléchisse...».
Demi, qui, depuis quelques dizaines de minutes, faisait les cent pas dans la petite pièce morne et sale qui lui faisaient place de prison, s'arrêta et se mit furtivement en tailleur sur son lit à la recherche d'un plan d'évasion simple mais efficace. Une petite table de chevet était positionnée en évidence à sa droite. Deux tiroirs y étaient enfoncés. Elle ouvrit celui du haut et en sortit un carnet. Un carnet qui contenait des pages blanches, non utilisées.
À son arrivée ici, quand ses ennemis jurés avaient réussis à la capturer pour la première (et dernière) fois, elles lui avaient arraché tout ce qu'elle possédait. Ses bijoux, ses armes, et même ses habits. Mais le plus important, c'était ses carnets, son carnet qu'elle tenait depuis son enfance. Dedans y était répertoriés tous les meurtres qu'elle avait commis. Qu'elle avait pris plaisir à commettre. C'était son père, son cher père, qui lui avait appris toute les secrets, les ruse, et l'art de tuer. Et ce carnet lui permettait de garder en mémoire toute l'agonie de ces victimes, et même leurs visages.
Quand elle avait abouti ici, deux carnets remplissaient ses poches. L'un d'eux était vierge, et les fées, l'ayant remarqué, le lui avait rendu en pensant que ça allait peut être lui purifier l'âme ou du moins lui faire prendre conscience de toutes les horreurs qu'elle avait pu commettre et du regret qu'elle éprouvait pour ses victimes. «Purifier mon âme devant vous? Sous vos yeux? Je vais plutôt me la faire purifier par mon roi, pour m'être laissée capturer si facilement. Mais cela ne se reproduira pas de si tôt! Croyez le ou non, je m'enfuirais un jour, et sous votre nez! » leur avait-elle jeté à la figure, le premier jour de son enfermement. Et ce jour tant attendu arrivait à grand pas, pour ne pas dire à grande enjambées!
Elle contempla quelques secondes son carnet ouvert entre ses mains puis le posa bien délicatement à coté d'elle. Se retournant une nouvelle fois vers sa table de chevet, Demi se pencha et ouvrit le deuxième tiroir. Une plume et de l'encre y étaient rangés. Elle les prit et les mit en évidence à coté de son carnet. Des pas approchaient, elle les sentait. Des pas de femme, en colère, mais mêlé de pitié. On toqua à la porte. Un plateau contenant son repas glissa par une fente du mur.
«Ton repas.» lança Sophitia.
Elle. Demi sauta de son lit pour se rapprocher de la fée. Un mur d'acier les séparait mais elles pouvaient tout de même s'entendre. Et clairement qui plus est. Le souffle de Demi devint froid, glacé. Ses lèvres s'approchèrent de la porte au point de la toucher . Elle souffla à sa gardienne d'approcher, ce qu'elle fit, hésitante. Alors elle lui dit : «Ma petite Sophitia... En remerciement aux choses si gentilles et si délicates que tu m'as dites il y a quelques heures, je voulais t'informer de quelque chose, de quelque chose qui pourrait changer, ou même va changer, ta vie. À tout jamais. La prison où tu m'as enfermée durant si longtemps, sera tienne bientôt. Tu ne comprends pas? Toi, et ta... tribu, y serez enfermés comme je l'ai été. Alors je te conseille de profiter de ta positon de "gardienne" pendant qu'il est encore temps, d'accord?».
Elle recula de sa position, attrapa son plateau et s'en alla, contente de son effet. Quand à cette chère Sophitia, elle était restée impassible et s'en allait dans le même état.
Demi se remit à son plan. Elle prit vite son carnet et sa plume, qu'elle plongea dans l'encre. Diverses idées affluèrent dans son esprit, mais une seule, une seule idée, simple et prometteuse, retint son attention. Sa plume commença à danser sur les pages blanches qui ne demandaient que ça.
Et voici ce qu'elle y écrivit:
«Aujourd'hui, oui aujourd'hui, j'ai enfin décidé de m'enfuir. Pensant que sans mes pouvoirs je n'arriverais jamais à partir de cet endroit saine et sauve, je ne voyais pas jusqu'à maintenant l'intérêt de me fatiguer à chercher un plan d'évasion qui n'aboutirait de toute façon jamais. Mais aujourd'hui, j'ai la foi et surtout l'envie de partir d'ici. Les fées, quelles qu'elles soient finiront toutes bien un jour en esclavage, que je sois morte ou non.
Pour en revenir à mon plan. Je réclamerai à tout bout de champs une nouvelle gardienne, plus vivante, plus divertissante. Me prenant en pitié, elles me l'accorderont. Sûrement naïve (car toutes les fées le sont), je la charmerai, lui ferai des éloges de toutes sortes. J'étudierai ses manières, ses habitudes. Et puis, le moment viendra ou, un jour, je lui révélerai mes "vrais sentiments" (qui seront bien évidemment feints). Elle me croira, c'est certain. Alors, je la supplierai et surtout, la convaincrai de s'enfuir avec moi car je serai au paroxysme de la douleur d'être "si loin d'elle". Elle acceptera, évidemment. Au moment où elle me donnera mon repas, elle me fera passer un petit mot. Toutes les informations concernant mon évasion y seront indiquées. Le soir venu, elle viendra me libérer et nous nous enfuirons ensemble. Un peu plus tard, quand nous serons loin, si loin de la prison que personne ne pourra plus nous atteindre, je lui trancherai la gorge et la tuerai avec la même douceur, dont elle aura fait preuve en me sortant de ma prison et en m'aimant. Puis, enfin, et sans plus attendre, j'irai retrouver les miens. Bien sûr, plus tard, quelques uns de mes semblable et moi reviendrions dans cet endroit pour tuer toutes ces fées et mettre les plus jeunes en esclavage.
Quel joli plan, n'est ce pas? Je serai, pour ainsi dire, libérée, et pour toujours, de ses pestes de fée. Au travail, à présent!».
Et elle se leva, déterminée, pour commencer ce qu'elle allait sans tarder achever.
Auteur : HotelAndrea
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